Publié aux éditions Le Cherche Midi – 2 février 2017 -432 pages
Merci aux éditions pour cette lecture qui fait du bien
Être père, c’est échouer
Sa femme partie en déplacement professionnel, Josh Lansky, scénariste, doit rester une semaine seul avec ses deux enfants en bas âge. Jusqu’à ce vendredi, il a réussi, tant bien que mal, à gérer l’essentiel : les petits sont toujours vivants, lui-même a survécu à Dora l’exploratrice, et n’a pas encore totalement pété les plombs. Mais lorsqu’il apprend par hasard que son épouse lui est peut-être infidèle, il ressent soudain le besoin urgent de faire une pause. Comme si c’était possible !
La pop culture a enseigné au hipster l’art de rester cool dans toutes les situations. Mais elle ne lui a pas appris que, dans certaines situations, il était impossible de rester cool. Ce qui se passe alors dans son esprit est ici merveilleusement décrit par Greg Olear, dont la férocité n’a d’égale que la drôlerie.
Ce roman diablement contemporain, qui n’est pas sans évoquer les livres de Nick Hornby, est réjouissant du début à la fin, avec ses multiples considérations sur la musique punk, l’écologie, Facebook, les manuels d’éducation, les effets dévastateurs des enfants sur la vie du couple, mais surtout sur la paternité. Si, comme l’écrit finalement Greg Olear, « Être père, c’est échouer », le naufrage est ici jubilatoire et incroyablement déculpabilisant.
Fête des pères est un roman que j’avais repéré grâce à sa couverture. Mais, n’ayant moi-même pas de père, je ne me suis pas arrêtée plus que cela sur le sujet. Et puis on m’a adorablement proposé de lire, et j’ai pris le temps de me pencher sur le thème. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que, si l’on entre bien dans un roman sur la parentalité, ce dernier est loin des clichés du genre. De plus, en lisant que l’écriture n’était pas sans rappeler celle de Nick Hornby, je ne pouvais qu’aimer. Ainsi j’ai dit oui à cette bouffée d’air frais aux références multiples et je me suis embarquée dans les terribles heures d’angoisses de Josh qui doit gérer ses enfants alors qu’il vient d’apprendre que sa femme le tromperait… Josh va nous faire vivre sa montée de paranoïa tout en repassant sur les efforts que demande la paternité.
Tout commence un vendredi matin, lors d’une « matinée d’activités » chez les MAF (comprenez mères aux foyers du quartier) où Josh, notre PAF (père au foyer), seul homme parmi toutes ces femmes et ces enfants, va apprendre LA nouvelle qui pourrait bien changer tout son week-end. Seul avec ses deux enfants depuis le début de la semaine, Josh est fatigué. Entre le caractère bien trempé de la petite Maude de 3 ans qui n’en finit pas de poser ses conditions, et l’ainé Roland, bientôt 5 ans qui, lui, demande une autre forme d’attention, il n’a pas vraiment eu une minute à lui. Alors qu’il dispose d’un répit de quelques minutes à cette matinée, Sharon, une des mères du coin, mais qui ne vient que rarement à leurs « rassemblements » amicaux, lui apprend que Stacy le trompe… Mais les évènements se précipitent, les émotions se bousculent et Josh n’aura pas le temps d’en savoir plus pour le moment. Le voilà parti à courir derrière ses obligations parentales et… éventuellement professionnelles.
Car oui notre charmant Josh (je dis charmant, il est tellement attachant, dans sa perfection faite de multiples imperfections) n’est pas que père, il est aussi scénariste en perdition et cherche à écrire quelques piges pour un journal. Ce qui tombe plutôt bien, vu qu’une rockstar, père probablement parfait, vit dans son entourage. Mais à l’instant où l’infidélité de Stacy est évoquée, tout vacille. Objectif : assurer auprès des enfants dont les besoins ne vont pas diminuer juste parce que papa a une contrariété et se renseigner sur cet adultère pour pouvoir confronter sa femme à son retour. Josh, en bon scénariste, se fait de multiples films à ce sujet qui ne manqueront pas de nous faire mourir de rire. En fait, Fête des Pères est un peu le guide de survie du père en perdition. Si être père c’est échouer, alors Josh embrasse cette philosophie. Mais il va surtout nous montrer que derrière les lassitudes et les galères, l’amour demeure. Que ses enfants, même si parfois, l’exaspèrent, restent ce qu’il a accompli de mieux.
Josh, en colère, blessé, dans le doute et la confusion, va mener de front ses différentes missions et ses multiples aventures de la journée ne manqueront pas d’apporter du piment à l’histoire. Heure par heure nous assistons au défilé des tâches, rendez-vous pour enfants, nous exploserions presque de rire grâce au passage à la ferme aux citrouilles (fantastique : lâchez des mômes dans un champ de citrouille et dites leur d’en choisir une seule…), nous le verrons pester de ne pouvoir joindre sa femme ou de toujours zapper ses appels, ce qui va engendrer des scénarios délirants et piquants ! Alors non seulement ce personnage est génial, mais il est en plus hilarant et nous n’avons qu’une envie c’est d’arriver à la fin du livre pour connaitre la réponse : Stacy l’a-t-elle trompé ? Et si oui, pourquoi ? Douter de son couple, avoir des regrets puissants, tout ça en 24 h, mais si finalement, un nouvel élan pouvait surgir d’une situation presque burlesque ?
Parlons pour terminer de la plume de Greg Olear qui je l’espère fera parler de lui. Son écriture est directe, vive, piquante et drôle ! Sarcasme, humour, cynisme, oui, ce récit façon Manuel de Survie des papas en solos qui pensent que leur femme les trompe n’a rien à envier au talent de Nick Hornby, bien connu pour son style déjanté ! Nous passons un excellent moment, nous croulons sous les références plus drôles les unes que les autres, mais Greg n’en oublie pas la beauté de l’amitié, de l’amour et de la vie. Qu’importe les difficultés, les épreuves, quand on a un foyer où se retrouver et se sentir soutenus. Quant aux enfants, Greg Olear en peint un tableau plutôt fidèle et quand, comme moi, vous êtes childfree, il vous fait confirmer votre choix. Pour autant, qu’on soit parent, futur parent ou anti-enfant, ce livre ne pourra que vous offrir une merveilleuse bouffée d’air frais, d’optimisme et d’espoir. Nous regrettons presque de quitter Josh, Maude, Roland et… Stacy.
Fête des Pères incarne le roman jubilatoire par définition où nous assistons à la chute dans la paranoïa et l’angoisse, d’un sympathique père au foyer. Si être père c’est échouer, Greg Olear lui, réussit avec brio ce roman hilarant et frais, dans lequel nous comprenons l’enjeu de la paternité, mais sublimé par l’amour d’un foyer. Des considérations multiples et drôles.
« La paternité, c’est la pression, et le bon père ne flanche pas quand elle augmente. Il s’acquitte des exigences chaotiques de la journée avec grâce, sang-froid, calme et détachement. »
« Pourquoi ai-je envie d’être témoin de ma propre destruction ?
Comme mon fils le sait bien, sans parler du premier producteur hollywoodien venu, c’est marrant de voir des choses se casser la gueule. «
La couverture est déjà terriblement drôle, mais le roman a l’air absolument génial et on a justement besoin de cet humour en ce moment !
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Je suis assez fan de la couverture !
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J’adore l’idée de paternité dans un roman :). On en parle trop peu.
Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!
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Tout à fait, c’est un sujet qui mérite d’être plus abordé !
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Il a l’air tellement chouette à lire ! Je le note de suite !
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oh oui qu’un bon moment !
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Je suis en plein dedans! Je passe un bon moment mais je ne pense pas être aussi emballée que toi. En tout cas, j’ai hâte d’avoir le mot de la fin sur toute cette histoire 🙂
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Moij’ai vraiment adoré. Je sais pas il y avait un truc qui tombait juste au bon moment
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Ce roman me faisait déjà envie par son résumé et ta chronique me conforte dans l’idée de me le procurer!! Je me le note 😉
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Un de plus ou un de moins dans la wishlist… ^^
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Ca a l’air d’être un roman plutôt drôle en effet, mais il ne me tente pas !
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Tout comme « Quelqu’un à qui parler » ce n’est pas un roman qui me plaisait mais je me dis « pourquoi pas ? », pour passer un bon moment et rigoler (et peut-être rendre hommage au papa que j’ai eu ^^).
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Je me suis réconciliée avec le rôle du père. Pas avec l’absence de mon père bien entendu, ça c’est autre chose. Mais ce papa a quelque chose qui fait que…
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