[Chronique] Fête des Pères de Greg Olear

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Publié aux éditions Le Cherche  Midi – 2 février 2017 -432 pages
Merci aux éditions pour cette lecture qui fait du bien

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Être père, c’est échouer

Sa femme partie en déplacement professionnel, Josh Lansky, scénariste, doit rester une semaine seul avec ses deux enfants en bas âge. Jusqu’à ce vendredi, il a réussi, tant bien que mal, à gérer l’essentiel : les petits sont toujours vivants, lui-même a survécu à Dora l’exploratrice, et n’a pas encore totalement pété les plombs. Mais lorsqu’il apprend par hasard que son épouse lui est peut-être infidèle, il ressent soudain le besoin urgent de faire une pause. Comme si c’était possible !

La pop culture a enseigné au hipster l’art de rester cool dans toutes les situations. Mais elle ne lui a pas appris que, dans certaines situations, il était impossible de rester cool. Ce qui se passe alors dans son esprit est ici merveilleusement décrit par Greg Olear, dont la férocité n’a d’égale que la drôlerie.

Ce roman diablement contemporain, qui n’est pas sans évoquer les livres de Nick Hornby, est réjouissant du début à la fin, avec ses multiples considérations sur la musique punk, l’écologie, Facebook, les manuels d’éducation, les effets dévastateurs des enfants sur la vie du couple, mais surtout sur la paternité. Si, comme l’écrit finalement Greg Olear, « Être père, c’est échouer », le naufrage est ici jubilatoire et incroyablement déculpabilisant. Lire la suite

[Chronique] Funny Girl de Nick Hornby

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Paru aux Editions Stock – 432 pages

 

resumeDans les Swinging Sixties la nation tout entière est sous le charme de Sophie Straw, la nouvelle star de la comédie à succès de la BBC. Ça tombe bien, cette ancienne Miss Blackpool n’a qu’une ambition dans la vie : faire rire les gens. En studio comme à l’écran, l’équipe du feuilleton vit de grands moments. Les scénaristes, pour qui le genre comique est une religion, cachent tous deux un secret. Pur produit d’Oxbridge, le producteur est dévoué corps et âme à l’équipe en général et à Sophie en particulier. Quant à Clive, le premier rôle masculin, il a la tenace intuition que ce n’est qu’une parenthèse dans sa carrière… Lorsque la fiction rejoint la réalité de trop près et que le scénario épouse les péripéties de la vie, chacun doit faire un choix. Continuer ou changer de chaîne ? Une défense et illustration de la pop culture et du divertissement, pleine de fous rires et de tendresse.

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Livre lu grâce à NetGalley et Editions Stock, merci à eux. 

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Photo par Greg Dutein

1964, dans le Nord Ouest de l’Angleterre, Barbara vient d’être élue reine de beauté, Miss Blackpool. Mais en quelques instants Barbara rend sa tiare et son titre car ce n’est pas cette vie qu’elle souhaite. Son rêve à elle ? Devenir la nouvelle Lucie Ball, faire rire les gens et jouer dans un des programmes de comédies de la BBC. C’est ainsi qu’elle part pour Londres, trouve une collocation et un job de vendeuse de parfums avant de courir les castings, sous son nouveau nom de scène : Sophie Straw. Un jour, sa rencontre avec une drôle d’équipe va venir changer sa vie et la propulser au rang de star du petit écran et de la comédie en lui donnant (grâce à sa franchise, son culot, sa beauté et son talent) le premier rôle dans une toute nouvelle série Barbara (et Jim) qui va alors conquérir le pays et enchaîner les succès.

Ce n’est pas un livre où nous apprenons beaucoup des personnages, juste ce qu’il faut pour les comprendre et saisir les interactions entre eux. D’ailleurs nous avons un « casting » assez réduit de personnages : Sophie, Clive (Jim), Bill et Tony (les scénaristes) et Dennis (le producteur). Ensemble, ils travaillent pour produire des épisodes de qualité et faire rire les gens. Nous assistons ainsi à leurs réflexions, aux difficultés d’écrire un scénario, aux limites budgétaires, le tout dans une ambiance d’équipe tellement agréable et remplie de mots d’humour que nous avons l’impression d’assister aux réunions. Chacun apporte quelque chose et le duo Bill et Tony est redoutable, inséparable.

Barbara/Sophie est une jeune et belle femme qui sait ce qu’elle veut, dotée d’une grande franchise, pleine d’ambition et de talent. Nous ne savons pas grand chose de son passé si ce n’est que sa mère n’a jamais été présente pour elle. Clive est un peu le macho typique des sixties, rêve de gloire, de premier rôle, de femmes mais nous fait beaucoup rire par ses réflexions. Bill et Tony sont un duo qui fonctionne mais qui cache un secret. Tony est marié, mais Bill assume sans complexe son homosexualité dans un contexte où cela était encore passible de peine d’emprisonnement…Dennis est le caractère le plus posé, le plus rationnel, très attaché à Sophie et malheureux en ménage. Ces cinq personnages apprennent à se connaître, à s’aimer et à travailler ensemble tout en jouant d’un humour sans limite.

C’est un livre bourré d’humour, porté par une plume dynamique, drôle et percutante. Mais l’auteur sait aussi nous rappeler des points essentiels du contexte des sixties tels que la position de la femme dans la société et la prohibition de l’homosexualité. Nous plongeons dans l’ambiance des années 60 Londonienne sous fond sonore de Beattles. Alternant humour et tabous, Nick Hornby parvient à rendre son roman à la fois drôle et profond, et les quelques photos qui agrémentent le livre nous plongent encore plus dans l’ambiance. L’écriture nous montre vraiment ce qu’était la production d’une série, l’ampleur que prenait la télévision et la comédie à l’époque, au détriment de choses plus intellectuelles ou plus philosophique. N’oublions pas que les années 50 puis 60 ont permis aux gens de célébrer l’après guerre et de s’amuser même si bien sûr tout n’était pas fête et bonheur. Nous suivons avec plaisir les différentes saisons de la série Barbara (et Jim) et c’est presque comme suivre notre série préférée hebdomadaire, ce qui rend le tout très addictif. Entre humour, sarcasme, paillettes, célébrité et tabous, l’auteur nous entraîne sur un rythme dynamique au cœur des swinging sixties et du monde télévisuel. Sans trop en dire j’ai adoré la fin du roman qui nous emmène 50 ans plus tard et c’est un régal de retrouver nos personnages adorés, nos héros de la TV d’un autre temps. Et moi j’aimerai beaucoup voir ces fameux épisodes de Barbara (et Jim) ^^

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Un exemple d’illustration

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Une comédie pétillante, un humour britannique au point, dans un contexte socio-culturel de l’Angleterre des années 60 décrivant honnêtement la position de la femme et de l’homosexualité dans la société. Un tableau réaliste du monde de la télévision de l’époque, insistant sur l’ampleur que ce média a pu prendre dans la vie des gens. Du rétro, de l’humour, des personnages sympathiques, le tout à Londres, c’est un mélange qui prend et nous fait passer un excellent moment.

MANOTE

18/20