Premières Lignes #9 : Du côté du bonheur d’Anna McPartlin

Chers lecteurs,

Je vous rappelle que ce rendez-vous du dimanche est orchestré par Ma Lecturothèque.

Voici le principe de « Premières Lignes » expliqué par la créatrice du rendez-vous :

Chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit. Mettez le lien de votre RDV en commentaire de l’article, et je dresserai une petite liste. Elle est actualisée chaque semaine en fonction des participant.e.s.

Facile et sympa, non ? Alors, c’est parti !

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[Chronique] Fête des Pères de Greg Olear

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Publié aux éditions Le Cherche  Midi – 2 février 2017 -432 pages
Merci aux éditions pour cette lecture qui fait du bien

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Être père, c’est échouer

Sa femme partie en déplacement professionnel, Josh Lansky, scénariste, doit rester une semaine seul avec ses deux enfants en bas âge. Jusqu’à ce vendredi, il a réussi, tant bien que mal, à gérer l’essentiel : les petits sont toujours vivants, lui-même a survécu à Dora l’exploratrice, et n’a pas encore totalement pété les plombs. Mais lorsqu’il apprend par hasard que son épouse lui est peut-être infidèle, il ressent soudain le besoin urgent de faire une pause. Comme si c’était possible !

La pop culture a enseigné au hipster l’art de rester cool dans toutes les situations. Mais elle ne lui a pas appris que, dans certaines situations, il était impossible de rester cool. Ce qui se passe alors dans son esprit est ici merveilleusement décrit par Greg Olear, dont la férocité n’a d’égale que la drôlerie.

Ce roman diablement contemporain, qui n’est pas sans évoquer les livres de Nick Hornby, est réjouissant du début à la fin, avec ses multiples considérations sur la musique punk, l’écologie, Facebook, les manuels d’éducation, les effets dévastateurs des enfants sur la vie du couple, mais surtout sur la paternité. Si, comme l’écrit finalement Greg Olear, « Être père, c’est échouer », le naufrage est ici jubilatoire et incroyablement déculpabilisant. Lire la suite

[Chronique] Là où elle repose de Kimberly McCreight

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Publié aux éditions Cherche-Midi – Août 2016 – 409 pages

Lu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire Price Minister

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À Ridgedale, petite ville aisée du New Jersey, le corps d’un bébé est retrouvé dans les bois voisins de l’université. Malgré toutes les rumeurs et les hypothèses que ne manque pas de susciter le drame, personne ne connaît l’identité de la fillette et encore moins les raisons de sa mort. Molly Anderson, journaliste indépendante récemment arrivée avec son mari et sa fille, est recrutée par le journal local pour couvrir le fait divers. Une affaire, pour la jeune femme, qui réveille un tourment douloureux. En effet, elle a perdu un bébé et ne s’est jamais vraiment remise de cette épreuve… Or, ses investigations vont mettre à jour certains secrets bien enfouis de cette petite communauté aux apparences si convenables.

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Normalement, si on a envie de gagner un cadeau, nous devrions faire une présentation originale et atypique de notre chronique. La seule idée « valable » pour ce livre ayant déjà été utilisée, je me suis dit qu’après tout je lisais plus pour découvrir un livre qui me faisait envie et vous en parler que pour gagner un lot. Donc cette chronique restera sous son format habituel, qui me permet d’exprimer tout ce que je souhaite plus librement. J’avais hâte de lire ce livre, car ma copine Carnet Parisien ayant adoré, je misais assez fort dessus. Je ne suis pas déçue du tout ! C’est un excellent roman, surprenant et touchant. 

img_9005 Lire la suite

[Chronique] Les derniers jours de Rabbit Hayes de Anna McPartlin

rabbithayesPublié aux éditions Le Cherche Midi – février 2016 – 454 pages

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Quand Mia, que l’on surnomme affectueusement Rabbit, entre en maison de repos, elle n’a plus que neuf jours à vivre, même si elle refuse de l’accepter, tout comme ses proches qui assistent, impuissants, au déclin de leur fille, sœur, mère ou amie. Tous sont présents à ses côtés pour la soutenir : Jack et Molly, ses parents, incapables de dire adieu à leur enfant ; Davey et Grace, son frère et sa sœur, qui la considèrent toujours comme la petite dernière de la famille ; Marjorie, sa meilleure amie et confidente ; et enfin Juliet, sa fille de 12 ans, qu’elle élève seule. À mesure que les jours passent et que l’espoir de sauver Rabbit s’amenuise, sa famille et ses amis sont amenés à s’interroger sur leur vie et la manière dont ils vont se construire sans cette femme qui leur a tant apporté. Rabbit est au cœur de ce petit groupe et des préoccupations de chacun de ses membres. Si elle a perdu la bataille, celle-ci ne fait que commencer pour son entourage. Et Rabbit a quelques idées bien particulières pour leur faciliter la tâche. Mais très peu de temps pour les mettre en œuvre…

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Quand My Pretty Books a évoqué ce livre sur sa chaîne booktube (il me semble) j’ai de suite su que je voulais le lire. Je suis passionnée par tout ce qui est fin de vie, accompagnement dans cette étape, deuil et acceptation. Je sais c’est étrange mais j’ai longtemps eu envie de travailler dans le domaine de l’accompagnement de fin de vie, les soins palliatifs. Permettre aux gens de partir le plus sereinement possible et accompagner les proches dans cette douloureuse épreuve. Les derniers jours de Rabbit Hayes est un roman sur la fin de vie, c’est un roman coup de coeur absolu qui m’a bouleversé et m’a tiré quelques litres de larmes…Pourtant ce n’est pas un livre qui a pour vocation d’être larmoyant. Bien sûr il est bourré d’émotions mais on rit autant qu’on pleure, on se sent tellement bien entre ces lignes, avec les proches de Rabbit qu’on aurait aimé y rester encore plus longtemps. Mais il n’y a plus que 9 jours…

Se lancer dans ce livre c’est avoir la certitude d’avoir le coeur brisé. Nous savons très clairement que Rabbit est condamnée et qu’il n’y a plus rien à faire. Tout le monde refuse d’accepter cette terrible vérité y compris elle-même. Tous veulent garder espoir : ses parents, son frère et sa soeur, sa fille, sa meilleure amie. Mais aussi les neveux. Et les autres, les amis du passé, ceux qui ont compté dans la vie de Rabbit. Rabbit n’est pas seule dans cette épreuve et elle est même très entourée. Au début de l’histoire nous apprenons que Rabbit doit aller finir ses jours dans un centre de soins palliatifs. Elle s’y rend de bonne grâce, car Rabbit est la gentillesse incarnée. Mais elle est persuadée qu’elle va ressortir et son entourage aussi. Seulement ils vont tous devoir se confronter à la terrible vérité : il n’y a plus d’espoir et elle n’a plus beaucoup de temps devant elle. Comment accepter l’inacceptable ? Comment des parents peuvent-ils accepter la mort de leur enfant ? Comment son frère et sa soeur peuvent dire adieu à leur cadette ? Comment sa fille peut envisager de ne plus avoir sa maman ? Tant de questions à affronter, des moments terribles mais aussi de fantastiques souvenirs, des rires.

Au fur et à mesure que Rabbit sombre, pour affronter la douleur elle nous entraîne dans son passé. Lorsqu’elle est tombée amoureuse de Johnny, alors encore toute jeune. Johnny son grand amour au destin touchant. Johnny son seul amour. Entre eux une relation unique que nous allons découvrir au fil des pages. Au fil de la douleur et au fur et à mesure que Rabbit s’éteint. En partant elle remonte le temps…Sa famille est confrontée à de délicats choix eux qui n’ont jamais cru qu’elle partirait si jeune et des tas de décisions doivent être prises. Mais c’est sans compter sur le drôle de caractère de cette jeune femme pétillante qu’est Rabbit. Elle a déjà tout en tête et fait tout pour aider ses proches à la laisser partir.

La plume de l’auteur est juste sublime, douce, posée. Elle s’adapte aux situations, aux personnages, à l’intensité du moment. Elle vous transporte dans le passé de Rabbit, vous apprenez à la connaître enfant. Elle vous emmène sur les routes, en tournée avec le groupe de Johnny. Elle vous prend par les sentiments, vous fait rire, vous fait pleurer. Et c’est une plume qui marque tant elle est belle. Tant elle a su délivrer un récit sublime sur un sujet aussi difficile que l’acceptation de la maladie et la mort certaine de l’être aimé.

C’est donc un sujet dur, triste mais traité avec une plume sublime, juste. Vous riez autant que vous pleurez. Les personnages sont tous, sans exception, attachants et on se sent bien dans cette famille, dans ce cercle amical. On a envie de vivre avec eux et de les aider à dire adieu à Rabbit. Rabbit à qui on a envie de tenir la main. Rabbit qu’on rêve d’entendre nous parler de Johnny. Pour moi, Johnny est un personnage clé de cette histoire et il est formidable. Les parents de Rabbit sont aussi extraordinaires et tellement dévoués à leur fille, leur bébé qui s’en va. Sa soeur mène sa vie et est prête à tout elle aussi pour apaiser Rabbit. Son frère qui vit sur les routes des U.S.A. va tout laisser en plan pour la rejoindre et grandir dans cette épreuve. Tous vont faire en sorte de faire les plus beaux adieux possibles et d’accepter. Restera le deuil…

 

enbref

Un livre coup de coeur bourré d’émotions sur un sujet difficile qu’est la fin de vie, l’acceptation de la maladie et le deuil à venir. Quand l’heure des adieux sonne comment être prêt ? Malgré tout c’est un livre où il fait bon « vivre » car l’humour est présent, les souvenirs nous font sourire et Johnny et Rabbit nous touchent en plein coeur. Une histoire de fin de vie mais d’espoir, de lumière et de deuil. Merveilleux.

MANOTE

20/20

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[Chronique] Le livre d’or de Deborah Copaken Kogan

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Paru aux éditions Le Cherche Midi – 2015 – 499 pages

resume« Jeunes quarantenaires », Clover, Addison, Mia et Jane sont des amies de longue date : elles partageaient un appartement sur le campus d’Harvard pendant leurs études. Vingt ans plus tard, elles sont conviées à la réunion des anciens élèves. Ce week-end teinté de nostalgie les invite à réfléchir sur leur vie, ce qu’elles ont accompli ou non, ce qu’elles regrettent, ce qu’elles aimeraient encore faire. Entre leurs espoirs d’alors et les réalités d’aujourd’hui, leur existence a pris un tour inattendu. Cette réunion est aussi l’occasion pour elles de revoir leurs anciens camarades de promotion, qu’elles n’ont jamais vraiment perdus de vue. En effet, tous les cinq ans, les anciens diplômés d’Harvard doivent remplir le livre d’or, dans lequel chacun est tenu d’écrire un court essai sur sa vie, sa famille et ses projets. Mais, entre l’image que l’on veut montrer au monde et la vérité, il y a parfois une nette différence : c’est ce que découvriront les quatre amies au cours de ces quelques jours qui vont bouleverser la vie de chacune d’entre elles.MONAVISV2

Pour tout avouer, j’ai craqué sur la couverture de ce livre avant même d’en connaître le contenu. Rien que la phrase d’accroche de la couverture me plaisait « Avant Facebook, il y avait… » C’est marrant car ce livre est tombé pile poile dans ma phase « réflexion » sur les réseaux sociaux et ce qu’on y montre. Il est impressionnant de  voir à quel point nos « amis » sur les réseaux ou même des inconnus sur la toile peuvent nous faire croire qu’ils ont une vie de rêve. On se base sur leurs photos, hautement mises en scènes et sur leurs « récits » qui nous font rêver. Mais au fond, si on creuse, si on gratte la jolie couverture dorée dont se parent leurs statuts et photos on se rend compte qu’ils sont bien souvent comme nous. A avancer dans la vie comme ils peuvent, à chercher leur place, à profiter des petits moments de bonheur que la vie leur apporte mais qu’ils sont eux aussi soumis à la pression extérieure et sociale et que tout n’est pas rose. Nous nous rendons compte qu’il est très facile d’enjoliver la vérité et de devenir quelqu’un d’autre sur les réseaux sociaux, que nous pouvons projeter de nous l’image qui nous plait.

Le livre d’or, c’est un peu cela. Tous les 5 ans les anciens diplômés doivent écrire un texte de quelques paragraphes sur leur vie actuelle. A eux de jouer franc jeu ou d’enjoliver la vérité. Qui a envie de dire qu’il a une vie « pourrie » alors que les autres ont réussi ? Chacun se cache derrière des mensonges et l’illusion de la vie rêvée. Quand ces personnages se rencontrent à l’occasion de la fête de leur promo, certains vérités se dévoilent et les mensonges volent en éclat mettant à mal les croyances et illusions.

Même s’il faut un peu de temps pour rentrer dans l’histoire, c’est un livre formidable que nous livre ici l’auteure. Le temps d’un week-end nous avons l’impression de cohabiter avec ces femmes qui se sont connues à la faculté et qui se retrouvent avec leurs familles. Très soudées, elles vont aussi être confrontées à d’anciens camarades, et voir ce qu’ils sont devenus. Alors que certains semblent mener une existence de rêve et prestigieuse, il apparaît évident que pour d’autre c’est plus compliqué. C’est un véritable tableau social américain qui nous est dressé et c’est captivant. Les personnages sont attachants, ayant tous une personnalité marquée et différente et des vies bien souvent très éloignées de ce dont elles rêvaient lors de leurs études ou de ce qu’elles ont pu écrire dans le livre d’or.

Le roman n’a rien d’ennuyeux et nous entraîne, le temps de ce week end de retrouvailles sur des routes sinueuses et des péripéties incroyables, parfois dramatiques. Prison, crise d’adolescence, retrouvailles avec un ex etc…Mia, Clover, Jane et Addison vont, le temps d’un week end comprendre énormément de choses et remettre en question tout leur quotidien et les acquis. Apprendre à aimer, à s’accepter, à pardonner, à avancer, il n’est jamais trop tard. Certaines vont se rendre compte du poids de leur vie et vont tout faire pour réparer les erreurs. D’autres vont admettre avoir fait fausse route, alors que d’autres assument ce qu’elles sont. Leurs familles viennent apporter un sacré dynamisme, entre enfants et maris, certains situations sont alors cocasses. Nous voyons rapidement qui a été honnête dans son livre d’or et qui a tenté d’améliorer son image. Mais la vérité ne saurait se dissimuler à ses vrais amis et le but de chacun va d’être d’éclairer l’autre pour qu’enfin il trouve sa place et le bonheur qui lui est dû.

Il est difficile d’en dire plus sans « spoiler » les péripéties, découvertes et personnalités de chacun et cela serait vraiment dommage. L’auteure a sur créer des femmes fortes et captivantes qui vont se battre pour leur vie, leur destin. Des femmes en quête de vérité, d’authenticité. Nous les suivons avec délectation dans chacune de leurs aventures, passant par la joie, les émois, les larmes, les humiliations, les révélations et l’acceptation de soi. Une véritable aventure humaine, une amitié hors du temps et un week end exaltant. Le temps de leurs retrouvailles, nous quarantenaires replongent avec nostalgie dans leurs années universitaires et analysent leur parcours, leurs vies. Une plume acerbe, franche et pourvue également d’humour qui rend ce roman addictif et marquant, nous entraînant à la réflexion sur nos propres existences et ce que l’on en montre au monde extérieur. Les apparences sont bien souvent trompeuses mais la vérité n’est pas toujours le meilleur chemin à prendre.

 

enbref

Un roman qui peut paraître d’emblée banal, mais il n’en est rien. A l’occasion d’une réunion d’anciens universitaires les masques tombent, les secrets se dévoilent et les révélations font mal. Un week end qui permettra à ces quarantenaires de reprendre leur vie en main et d’opérer les changements nécessaires à leur bonheur et de se diriger vers l’authenticité. Une très belle aventure humaine et une amitié entre 4 femmes qui fait envie.

MANOTE

16/20


CITATIONS

« Mais tu sais aussi bien que moi qu’on peut soigner la frigidité féminine, et qu’on ne divorce pas d’un mari parfaitement acceptable bien qu’un peu distant d’un point de vue affectif simplement parce qu’une meilleure version plus passionnée et plus compatible vient de faire son apparition. Les gens ne sont pas des voitures qu’on échange à loisir pour un nouveau modèle. Ce sont des personnes, avec une vie émotionnelle intérieure complexe, des liens filiaux, et une psyché qui n’est que trop aisément écorchée. »

« Jane embrasse du regard toute cette agitation, ce qu’elle voit et ce qu’elle ne peut qu’imaginer, et se sent submergée par cette folie. qu’est-ce que cela signifie, toutes ces minuscules actions, tous ces secrets tus, tous ces humains fragiles qui, à travers les épreuves, les amitiés et les coucheries, tentent de survivre à cette course effrénée et épuisante contre le temps. »

« Il n’y a pas que la vérité qui compte, dit-il souvent à ses patients. La découverte de la vérité est souvent suivie de conséquences, comme beaucoup de personnalités politiques l’ont appris à leurs dépens. Les commentaires qui surgissent de nos lèvres ne méritent pas tous d’être imprimés. Les pensées qui nous traversent n’ont pas forcément besoin d’être transformées en paroles. Les doléances de chacun ne doivent pas toujours être énoncées à voix haute. Et les secrets n’exigent pas tous d’être dévoilés, en particulier si le besoin de tout révéler n’est motivé que par le désir d’expier sa culpabilité. Il a vu des mariages tout à fait solides tomber en morceaux sous le poids d’une confession superflue. Il recommande la discrétion, chaque fois qu’elle est envisageable. »

« Combien d’entre nous ici présents pouvons dire que nous vivons notre vie de manière authentique ? Combien d’entre nous sommes fidèles à nous-mêmes, à nos idéaux, fidèles à ces gamins de 18 ans qui sont entrés ici pour la première fois, la tête pleine de rêves ? Nous n’avons qu’une vie. Une seule. Et nous nous dirigeons tous vers la même fin malheureuse. Alors voilà ma question : comment comptez-vous remplir le restant de vos jours ? Comment ferez-vous pour vivre de manière authentique ? »