[Chronique] Désolée, je suis attendue d’Agnès Martin-Lugand

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Publié aux Editions Michel Lafon – Avril 2016 – 378 pages

resumeYaël ne vit que pour son travail. Brillante interprète pour une agence de renom, elle enchaîne les réunions et les dîners d’affaires sans jamais se laisser le temps de respirer. Les vacances, très peu pour elle, l’adrénaline est son moteur. Juchée sur ses éternels escarpins, elle est crainte de ses collègues, et ne voit quasiment jamais sa famille et ses amis qui s’inquiètent de son attitude. Peu lui importe les reproches qu’on lui adresse, elle a simplement l’impression d’avoir fait un autre choix, animée d’une volonté farouche de réussir. Mais le monde qu’elle s’est créé pourrait vaciller face aux fantômes du passé.

MONAVISV2L’an dernier, pour mon anniversaire, ma maman m’a offert deux livres d’Agnès Martin-Lugand à savoir Les gens heureux lisent et boivent du café et sa suite La vie est facile, ne t’inquiète pas. J’avais énormément aimé mes lectures ainsi que celle d’Entre mes mains le bonheur se faufile. J’attendais donc avec GRANDE impatience une nouvelle histoire de l’auteure, car à chaque fois, elle sait nous transmettre des émotions, des sensations, elle joue de la réalité avec une dextérité incroyable et ses personnages deviennent captivants, vrais, authentiques. Agnès Martin-Lugand écrit des histoires de femmes, de remises en question, de destin bouleversé, mais aussi d’amour et d’épanouissement. Lire un de ses livres, c’est l’assurance de passer un excellent moment porté par la douceur et la lumière de sa plume.

Ce nouveau roman de l’auteure met à nouveau en scène une femme. Ici, nous suivons Yaël, une trentenaire qui ne vit que pour et par son travail, rien d’autre ne compte dans sa vie que sa réussite professionnelle et de gravir les échelons. Talentueuse et destinée à une carrière prometteuse, la jeune femme ne compte pas ses heures et se plie en 4 pour satisfaire la moindre exigence de son patron ou de ses clients fortunés. Vivant constamment sous pression, elle délaisse ses proches qui sont pourtant ses plus fidèles amis depuis le temps des études et leur demande de comprendre son choix. Cette bande de potes, inséparable, qui compte notamment sa sœur, supporte de moins en moins la situation et s’inquiète pour Yaël; elle n’est plus la même. Et si les fantômes du passé pouvaient tout faire basculer dans ce petit monde aseptisé et dépourvu de chaleur qu’elle s’est construit telle une forteresse ?

Au tout début de ce roman, nous faisons connaissance avec la jeune Yaël qui vient tout juste de terminer ses études et qui rêve d’évasion, de vivre libre et en toute légèreté. À l’issue de son stage, Bertrand, le directeur de l’agence, lui propose un emploi qu’elle accepte plutôt à contrecœur, après tout comment dire non à un travail de nos jours ? Le soir même, elle célèbre l’évènement avec sa bande d’amis dans leur café préféré. Nous la retrouvons ensuite 10 ans plus tard et nous n’avons alors plus du tout la même jeune femme face à nous. Devenue bourreau de travail, elle exécute le moindre souhait de Bertrand et a gravi les échelons. Elle qui était fêtarde et adorait passer du temps avec sa sœur et ses amis ne leur accorde désormais qu’à peine un jour par mois. Adieu look négligé et basket, bonjour coiffure stricte, tailleur sombre et Louboutin. Yaël ne sait plus vivre, ni s’amuser, elle ne sait que travailler. Que s’est-il passé pour qu’elle soit autant transformée ?

Agnès Martin-Lugand n’a pas son pareil pour écrire des destins de femmes, des tranches de vie. Puisant dans un registre émotionnel toujours fort, elle parvient à nous embarquer dans le quotidien de son héroïne et à la faire comprendre. Quand, au détour d’une rue, un évènement du passé de Yaël surgit, elle perd pied et nous tombons avec elle. Véritable ascenseur émotionnel, ce livre pourra vous arracher quelques larmes. Les personnages auxquels l’auteure donne vie sont tellement authentiques avec leurs qualités, leurs défauts, sentiments, inquiétudes, éclats. Agnès Martin-Lugand nous peint un formidable et très enviable tableau d’amitié tout au long de cette histoire. Une amitié si belle, si fiable et inconditionnelle qu’elle vous serre le cœur. Cette amitié où tout peut être dit, même si cela fait mal, pourvu que l’autre soit heureux au bout du compte.

Yaël verra son univers complet chamboulé, ses barrières détruites et devra faire des choix. Elle se trompera, chutera, remontera et devra apprendre de ses erreurs. Ses remises en question feront écho chez le lecteur qui ne pourra alors que s’interroger sur sa propre vie, ses choix, ses priorités. La plume de l’auteure nous propose ici, sans doute son plus beau roman, le plus abouti, le plus réaliste. Dotée d’une sensibilité et d’une empathie fabuleuses, elle enchaîne les mots avec grâce Elle captive le lecteur qui ne peut qu’aimer Yaël et surtout, apprécier de la voir, petit à petit, laisser entrer un peu de lumière, un peu de bonheur dans sa vie. Les autres personnages sont aussi très attachants. Ils ressemblent à nos propres amis, à ceux qu’on a pu avoir et perdre de vue dans les aléas de la vie, à ceux que nous n’avons, peut-être pas encore rencontrés. Ils n’ont rien d’exceptionnel si ce n’est leur cœur, pas de fabuleux destins, pas des superhéros, mais ils aiment inconditionnellement et sont fidèles.

Ce roman m’a beaucoup fait penser à Entre mes mains le bonheur se faufile, car ici aussi, il est question d’une femme qui s’est sacrifiée, s’est soustraite au bonheur en s’aveuglant de la douce illusion d’une vie parfaite et choisie. Il sera question d’épanouissement aussi bien personnel que professionnel et la juste dose à accorder à chaque dimension de la vie. Yaël est une femme complexe mais formidable. Nous pourrons tous nous identifier à elle et vivre son envolée.

enbrefAgnès Martin-Lugand signe ici son roman le plus abouti. Tout en émotions, le récit nous propose des remises en question écrites avec la plus grande justesse, une formidable histoire d’amitié et une sublime ouverture au bonheur. Nous passons un moment merveilleux entre les lignes et repensons notre propre vie.

MANOTE18/204flamants


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Les gens heureux lisent et boivent du caféLa vie est facile, ne t’inquiète pasEntre mes mains le bonheur se faufile

26 réflexions sur “[Chronique] Désolée, je suis attendue d’Agnès Martin-Lugand

  1. myprettybooks dit :

    Encore une fois, je me reconnais entièrement dans ta chronique, j’ai eu le même ressenti, du début à la fin. Et l’amitié en effet joue un rôle primordial dans ce roman. Je l’ai adoré aussi, l’auteur ne nous déçoit décidément jamais 🙂

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  2. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Bon, eh bien, encore un magnifique avis ma belle ! Il me donne encore une fois, envie de craquer, surtout que cette auteure m’intrigue de plus en plus 😀

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  3. billetsdefanny dit :

    Je ne peux pas encore lire toute ta chronique, car c’est mon livre en cours, je peux juste dire que j’en suis en plus de la moitié et j’aime beaucoup Je trouve que son point fort c’est la psychologie des personnages.

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  4. mabiblio1988 dit :

    Comme promis me revoilà 🙂
    J’ai eu un coup de coeur pour ce roman. La plume de Agnès Martin Lugand est juste magnifique, elle nous transmet parfaitement les émotions, ses mots sont toujours justes…
    Yaël est un personnage vrai, on l’aime, on la déteste, on a pitié, on l’envie…
    J’ai hâte de lire Entre mes mains le bonheur se faufile mais d’un autre côté je devrais ensuite patienter pour retrouver la plume de l’auteure…

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