
Publié aux Editons Hugo Roman – Collection New Way – Janvier 2015 – 327 pages
Titre original : The House
Delilah Blue n’a d’yeux que pour Gavin. Le regard ténébreux et la silhouette toujours parée de noir, le garçon a l’air de sortir tout droit de l’univers sombre et – il faut l’avouer – franchement tordu de ses dessins. Tout chez lui est bizarre, jusqu’à la vieille bâtisse dans laquelle il vit, qui donne une sorte de cachet inquiétant à leur petite ville. Lorsque Gavin décide d’emmener Delilah chez lui, un privilège exceptionnel, elle découvre avec stupeur que les lieux semblent capables de communiquer. Cheminée, par exemple, allume sur demande son propre feu. Lit s’agrandit selon les exigences de Gavin, et Piano lui a appris à jouer lorsqu’il était petit… Très vite, Delilah va comprendre que ce qui vit ici n’est pas humain…À quel prix gagnera-t-elle le droit d’aimer le propriétaire de ces lieux tourmentés ?
Christina Lauren est un duo d’auteures formé par Lauren Billings et Christina Hobbs bien connu pour la série Beautiful. Pour ma part, le seul ouvrage que j’ai lu du duo est Sublime et je n’avais été qu’à moitié conquise, lui attribuant alors une note de 14/20. Même si l’histoire de base était captivante, je fus relativement vite lassée des répétitions et des risques pris par le héros masculin pour rejoindre la jeune femme morte que lui seul peut voir. Déconcertée par l’histoire un peu dérangeante et qui ne m’avait finalement pas convaincue, laissant un goût d’inachevé. Mais quand j’ai vu la 4ième de couverture ainsi que la couverture de Hantée j’ai eu envie de donner une seconde chance aux auteures. Le thème me plaisait, la couverture dégage à la fois de la lumière et des ténèbres et on sait d’avance qu’on verra naitre une belle romance mais que celle-ci va connaître des épreuves bien atypiques. Autant vous le dire tout de suite, j’en suis la première surprise mais ce livre est un coup de coeur. Pas pour le style d’écriture, qui est très simple et n’a rien de magistral ou de poétique, mais pour l’ambiance. L’ambiance sombre, oppressante montant crescendo tel un Shining jeunesse.
Delilah se voit contrainte de revenir dans la petite ville de Morton où vivent ses parents et d’y terminer sa scolarité. Ces 6 dernières années elle était dans un pensionnat de filles suite à son exclusion de l’école pour avoir protégé et défendu un garçon jugé trop différent des autres et vivait sous la protection de sa grand-mère. De retour donc à Morton de manière définitive elle y retrouve son meilleur ami Dhaval, jeune homme gay et enjoué, toujours là pour elle. Et elle revoit Gavin. Le garçon qui a toujours fait battre son coeur. Gavin est différent, mais attirant. Elle n’a d’yeux que pour lui. Delilah est une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux, qui est très franche et directe et qui a un goût surdéveloppé pour le paranormal ou le glauque. Elle ainsi sans doute la seule à ne pas avoir peur des rumeurs lancées à l’encontre de la maison patchwork de Gavin. C’est simple cette maison effraie toute la petite ville et tout le monde pense qu’elle est hantée et que la mère de Gavin y vit recluse. Sauf que les choses ne sont pas aussi simples que cela. Delilah va se rapprocher de Gavin qui lui aussi n’a d’yeux que pour elle depuis toujours et comprendre qu’il n’a jamais vécu de manière normale dans cette maison où il va l’inviter…
Maison est en effet un personnage à part entière. A la manière de l’hôtel de Shining elle semble dotée de sa propre âme, de sa propre conscience. Tous les objets y sont animés et Gavin a été élevé par tout cet ensemble d’objets. Il ignore où est sa mère et n’en garde d’ailleurs aucun souvenir. Il ne connaît même pas le prénom de cette dernière. Vous allez me dire : il s’est jamais posé de questions plus que cela ? Et bien oui et non car il n’a jamais manqué de rien et Maison a toujours veillé sur lui. Gavin, bien que conscient qu’il est différent, a toujours vécu dans SA normalité à lui et s’est toujours senti aimé et choyé par Maison qui lui a toujours procuré tout ce dont il avait besoin. Seulement, le fait d’y amener une fille, ou plutôt LA fille va tout chambouler et déclencher la colère de Maison. A quel prix lui et Delilah peuvent-ils vivre leur amour ? Est-il vraiment libre ? Quel pouvoir Maison exerce-t-elle réellement sur Gavin et les gens qui l’entourent ?
La romance s’installe dès le départ et est typique de la découverte du premier amour adolescent, de l’attirance sexuelle et des premières expériences. Mais nos deux personnages sont eux atypiques. Nous aurons bien compris que la vie de Gavin est plutôt singulière et Delilah est aussi une jeune femme différente. Au début, elle est ravie de se retrouver dans cette maison normalement angoissante, mais elle va vite déchanter et prendre peur de Maison quand elle verra que cette dernière n’est pas que bonté et bonnes intentions. L’amour entre les deux adolescents est, je dirais, en retrait par rapport à l’intrigue angoissante de cette maison et c’est ce qui fait tout le charme de ce roman. Le rythme est parfaitement équilibré, l’alternance de points de vue Elle / Lui donne le ton et nous permet de bien comprendre les personnages, leur psychologie et leurs sentiments. Gavin est vraiment un jeune homme touchant qui a vécu une enfance hors norme mais qui avance sans jamais se plaindre. L’arrivée de l’amour dans sa vie change ses perspectives d’avenir et à partir du moment où il introduit Delilah dans sa Maison, les choses ne seront plus jamais pareilles. Ils vont devoir agir, se protéger. Se battre pour vivre librement leur amour, leur vie. Maison n’est pas celle que Gavin croyait. Et pourquoi tout le monde semble penser que sa mère est encore en vie quand lui n’en a pas le moindre souvenir ?
L’ambiance est donc sombre, angoissante, parfois oppressante. Les descriptions sont frissonnantes sans jamais rentrer dans un glauque inutile. Nous retenons notre respiration pour les personnages. Nous voulons les voir triompher mais surtout comprendre ce qui anime réellement Maison et quelles sont ses intentions. L’univers nous apparaît au début presque enchanteur avec cette Maison bienveillante envers Gavin et qui lui fournit tout ce dont il a besoin…mais d’enchanteur nous passons vite à cauchemardesque et la menace rode, particulièrement autour de Delilah. Maison ne semble pas vouloir partager son petit protégé…
C’est un roman captivant, largement au dessus de Sublime selon moi. C’est beaucoup plus approfondi, l’intrigue est parfaitement menée, l’univers et la romance créée de la manière la plus appropriée et les personnages sont très attachants en particulier Gavin. Les personnages secondaires auront aussi leur importance mais sont très peux nombreux : Dhaval le meilleur ami de Delilah très dévoué et attachant, et les parents de Delilah qui n’ont de parents probablement que le nom…La petite ville de Morton prend vite des aspects effrayants et la moindre fissure dans la route, la moindre branche devient une menace et nous tombons presque dans un tourbillon paranoïaque au fur et à mesure des découvertes. Une fin pour le moins halletante, explosive et déconcertante, remplie de surprises. Une histoire de ténèbres et de lumière, d’amour et de liberté. Une romance adolescente atypique entre deux jeunes qui n’ont rien de « normal » mais qui s’en contentent.
Une romance atypique et captivante mais qui finalement n’est pas le réel coeur de l’intrigue qui se situe plus du côté de l’emprise de Maison, personnage à part entière du récit, à la manière de l’hôtel de Shining. Un livre hautement addictif, dans une ambiance frissonnante parfaitement maitrisée et au rythme adapté. Nous assistons au combat de nos deux ados pour la liberté et l’amour, nous découvrons la vérité sur Maison et ses capacités et il est impossible de lâcher le roman avant le point final.
20/20
COUP DE COEUR pour l’ambiance, l’univers MAISON et les personnages qui sortent des clichés américains standards. Une romance douce, qui se met en place rapidement mais ne domine jamais le récit, nous laissant tomber dans l’effroyable réalité d’une maison hantée.
« -J’ai toujours été un mec un peu à part, tu sais, mais étant donné la façon dont j’ai été elevé, ça n’aurait pas pu se passer autrement. Mon premier jour au jardin d’enfants, ce n’est pas un de mes parents qui m’a amené mais un tricycle qui couinait à côté de moi. Je n’étais pas dessus, il m’accompagnait. Il est resté devant la classe jusqu’à ce que j’en sorte et là, il a roulé près de moi tout le long du chemin. Je ne savais même pas ce que c’était l’école, jusqu’au moment où j’ai vu les autres enfants qui jouaient, et compris que je devais me joindre à eux. Mais même là, à cinq ans, je savais que je ne devais rien dire à personne. Je savais qu’il fallait poser la main sur le guidon pour avoir l’air de le diriger, alors que c’était le contraire qui se passait.
Delilah semblait au bord de l’évanouissement.
-Et quand je suis arrivé chez moi, ce jour-là, continua-t-il, un goûter m’attendait sur la table de la cuisine, à côté d’un nouveau Lego…un cadeau pour me récomposer de m’en être si bien tiré. Jusqu’en CE2, j’ai té accompagné à l’école par quelque chose de la maison. Le tricycle ou une poussette ou même un petit jouet qui me réchauffait la main comme pour me rassurer. La maison a l’art de se glisser dans des objets inanimés. Elle s’occupe de moi. Depuis toujours. «
- « -Tu es trop petit, dit-il à Lit.
Presque aussitôt retentit un grondement métallique à travers la chambre. Lit tremblait, ses ressorts grinçaient et des raclements de métal retentissaient autour de lui.
Gavin attendit calmement que Lit achève de s’allonger sous lui d’au moins de trente centimètres, et de s’élargie de près d’un mètre. Parfois, il se demandait si Maison se rendait compte qu’il avait grandi ou si tout, à l’intérieur, le considérait encore comme le petit garçon qu’il avait été. »
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