[Chronique] L’année où je t’ai perdu de Emily Martin

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Publié aux éditions Hugo, collection New Way – Mai 2016 – 334 pages

Merci aux éditions pour cette lecture

resumeHarper est la spécialiste des grosses bourdes. On peut même dire qu’elle y excelle ! L’année passée, elle s’est faite virer de son équipe de natation, a gagné la réputation de la pire garce du lycée, puis est devenue le mouton noir officiel de sa famille. Mais sa pire erreur est sans doute d’avoir perdu son meilleur ami, Declan. Après six mois d’absence et de silence, Declan revient dans leur ville natale pour y passer l’été. Tout chez lui semble différent : il est plus grand, plus fort, et surtout plus séduisant que jamais… Harper aussi a changé, surtout depuis qu’on a diagnostiqué un cancer à sa mère. Declan ne veut plus avoir affaire à Harper. Pourtant, il est le seul à qui elle aurait voulu se confier. Mais alors que le destin les rapproche à nouveau, ils devront décider ce qu’ils peuvent sauver dans leur histoire…MONAVISV2

Voici un livre qui m’a de suite attirée pour son résumé et aussi pour sa couverture. Généralement les parutions New Way sont des petites pépites, des concentrés d’émotions et de sentiments et j’avais très hâte de découvrir celui-ci. J’ai bien remarqué que sur Livraddict les avis sont plus que mitigés mais j’étais bien déterminée à découvrir par moi-même. Et je ne regrette pas. Certes, il est en dessous de mes attentes mais j’ai passé un très bon moment avec ce livre. Voyons cela dès à présent.

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Harper est une lycéenne « ordinaire » si ce n’est que sa réputation de garce la suit à la trace et qu’elle a déçu sa famille, perdu son meilleur ami et petit ami! Elle vient juste d’apprendre que sa mère est atteinte d’un cancer et elle a beaucoup de mal à encaisser le choc, traumatisée par un évènement encore trop récent. De plus, voilà que Declan, le fameux meilleur ami/petit ami perdu, est de retour. Et il a changé. Mais elle aussi. Connaît-il la réputation sulfureuse de Harper ? Peuvent-ils de nouveau s’entendre, communiquer et se comprendre ? Que reste-t-il de leur histoire à sauver ?

Ce roman prend place en été et nous est narré par Harper. Harper n’est pas l’héroïne typique à laquelle on s’attache facilement. Elle aurait même tendance à nous agacer avec son manque de maturité et son égoïsme. Mais souvenons-nous qu’à son âge, la vie est loin d’être un cadeau, que c’est vraiment la fin de l’innocence, le temps des premiers amours, des premiers moments d’indépendance et donc forcément des premières erreurs. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Harper s’y connaît en erreurs et qu’elle souffre surtout de sa plus grosse erreur, celle d’avoir perdu Declan. Celle de ne pas avoir su affronter la vérité. Le retour de Declan la bouleverse et nous assistons alors à une totale transformation de la jeune femme qui, le temps d’un été, va comprendre beaucoup de choses et tout faire pour (re) devenir une fille bien, méritant l’amour de Declan, de sa famille et aussi l’amitié de Cory et celle des nouvelles rencontres de l’été.

Car dans cette histoire nous avons également le plaisir de lire une très belle mise en valeur de l’amitié et ses valeurs. Parfois, l’amitié ne se trouve pas là où on le pense et c’est un trésor qu’il faut chérir, entretenir. Et puis l’amour, d’abord familial puis le grand amour, celui de toujours. Harper qui a tendance à fuir les complications va devoir apprendre ce que cela implique d’aimer : être là pour l’autre dans les bons comme les mauvais moments et savoir faire des compromis. Cet été sonne l’heure de l’apprentissage et de la maturité pour Harper.

Les personnages secondaires sont très agréables, sympathiques. Malgré un manque évident de psychologie des seconds rôles, l’auteure parvient à mettre en scène des jeunes attachants et qui tous quelque chose à apprendre les uns des autres. C’est, pour moi, ici le premier point faisant perdre de la valeur au livre : la psychologie n’est pas assez fouillée. Le passé d’Harper, sur lequel elle ne cesse de s’épancher en regrets, est très présent, et ce, malheureusement, au détriment de la psychologie des adolescents et de leurs émotions. Ces aspects ne sont qu’effleurés, il n’y a vraiment que vers la fin du livre qu’on pourra enfin toucher du doigt la peine, les blessures et l’amour qui lie Declan et Harper. D’ailleurs, Declan est vraiment peu approfondi, sa psychologie absolument pas fouillée, ce qui est gênant pour le comprendre pleinement.

En revanche, ce livre est un parfait portrait, très réaliste, de l’adolescence et de ses douloureuses étapes. Nous avons également une belle mise en avant de l’impact des rumeurs et du manque de communication. Nous sommes face à un véritable roman d’apprentissage, l’auteure faisant passer notre héroïne par des erreurs relativement typiques de cet âge, la fait tomber pour mieux la relever. Les amis d’Harper sont toujours présents, parfois trop gentils avec elle, mais ils ne cessent de croire en elle et de voir derrière les apparences et les rumeurs.

Enfin, soulignons que, malgré le manque d’approfondissement des thématiques, ces dernières sont nombreuses : l’amitié, l’amour, la famille, la sexualité, l’alcool et la drogue, la maladie, le deuil, la perte de confiance et la peur de perdre l’autre. C’est ce manque cruel de profondeur dans les sujets abordés, couplé à celui de la psychologie des personnages qui est regrettable. Aussi, l’attitude d’Harper peut apparaître parfois peu justifiable, elle plonge dans l’alcool et les soirées, on s’imagine facilement que le point de départ est un véritable drame et que c’est alors son seul refuge, mais il n’en est rien… il s’agit d’une erreur typique d’adolescente encore trop immature pour faire face à la vérité et assumer ses actes. Certes, les pensées qu’elle formule font suite à une perte douloureuse, mais Harper s’en sert trop facilement de prétexte à ses moindres doutes et faiblesses. Dommage que la prise de conscience de l’héroïne face à tout cela ne s’accompagne pas d’un petit peu plus d’émotions. Nous aurions eu alors un excellent roman entre les mains.

enbref

L’année où je t’ai perdu est un sympathique roman à l’ambiance estivale sur l’adolescence et ses apprentissages. Avec une héroïne parfois agaçante, l’auteure fait passer des messages et apporte alors à Harper la maturité manquante à son existence. Dommage toutefois que la psychologie des personnages et les émotions ne soient pas plus développées. Une lecture sympathique et une très belle histoire d’amitié.

MANOTE

15/20

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10 réflexions sur “[Chronique] L’année où je t’ai perdu de Emily Martin

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Oooh, encore une superbe photo qui me fait rêver ma belle ! Pour tout te dire, lorsque j’ai vu ce livre dans le programme partenaire, je n’ai pas du tout été tenté et je ne suis pas sûre que ton avis me fasse changer d’opinion…

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