CONCOURS : Quand la nuit devient jour, le chef d’oeuvre de Sophie Jomain

Aujourd’hui est un jour de concours !

Eh oui, chers lecteurs, grâce à J’ai lu j’ai la chance de pouvoir vous offrir 4 exemplaires du format poche de mon roman préféré. Oui, j’ai beau retourner dans tous les sens la question, il se place toujours en tête de liste. TOUJOURS. Parce que c’est un roman qui se passe de commentaires et qui se savoure, se comprend et se réfléchit. Ne jugez jamais les choix des autres. Mais quel est ce roman ? Je suis certaine que certains auront deviné. Pour info et je le redis plus bas, le concours sera ouvert dans la soirée (normalement entre 18 et 20h.)

Lire la suite

Bienvenue décembre et pourquoi je ne suis pas à Montreuil, finalement.

Chers lecteurs,

Je ne sais pas pour vous, mais j’ai l’impression que cette année est passée à une vitesse incroyable. Nous voici déjà en décembre et le froid mordant attaque nos joues. Certains d’entre vous ont même eu la surprise de se lever sous un délicat voile blanc, cette atmosphère unique que confère la neige. Ici, dans le vignoble nantais le soleil brille mais l’air est vif et bien frais. Je ne pense pas que nous puissions assister au spectacle fantastique de la poudreuse, mais à vrai dire, il vaut mieux, je crois. Car dans le coin, personne ne sait vraiment comment vivre avec la neige.
Bref, je ne suis pas venue vous parler météo, même s’il y aurait toujours matière à disserter sur le sujet. Non, je suis ici pour deux choses : accueillir ce mois de décembre et vous expliquer les raisons de mon absence à Montreuil. On va d’ailleurs commencer par ce point le plus douloureux pour moi. Lire la suite

[Pause thé] Un dimanche en douceur #25


logoteatime

Bonjour à tous,
Je n’avais pas prévu de faire une Pause Thé aujourd’hui mais les évènements récents m’ont donné envie de vous proposer ce moment de douceur. Cette semaine, j’ai posté un article très personnel, celui de ma dépression. Je ne m’attendais pas à recevoir autant de commentaires, mots, mails et soutien. Clairement, je me suis rendue compte d’une chose : je ne suis pas seule. Vous êtes nombreux à m’avoir remercié de poser les mots et chaque message m’est allé droit au coeur. Ne m’en voulez pas si je n’ai pas encore répondu au votre, c’est en cours. Du fond du coeur, MERCI.

auprogramme

  • Etsy : tour d’horizon de quelques marque pages
  • Plaisirs de la semaine
  • Quelques photos de ma semaine

Lire la suite

Dans ma pensine : le jour où j’ai appris ma dépression

Nouvelle rubrique pour pensée intime, idée et faits divers.

Certains jours, j’ai eu envie de vous en parler. Je l’ai fait à demi-mot. Je l’ai fait de manière détournée, un peu comme si ce secret était honteux. Hier, l’idole de toute une génération était retrouvée pendue chez lui. De nombreux messages commémoratifs ont déferlé, mais aussi les inévitables « c’est lâche de se suicider » ou encore « il avait de l’argent et du succès, faut pas déconner ». Alors j’ai tweeté ceci :

Vous savez les gens, personne n’a le droit de juger un suicide. Souvent on ne se suicide pas pour mourir, mais juste pour ne plus souffrir.

Et j’ai eu de nombreuses réponses, beaucoup d’empathie et de soutien. Beaucoup de gens qui étaient d’accord avec moi et oui, j’ai lâché l’information sur ma santé : ma dépression a été diagnostiquée en juin 2014. Je suis dépressive depuis 2 ans. Rien à voir avec la déprime, gardez vos phrases toutes faites. La dépression ne peut se comprendre que si elle a été réellement vécue. C’est une souffrance incroyable, une spirale de noirceur et de douleur. Alors oui, souvent, le suicide est la solution ultime. Non pas parce que vous voulez mourir, mais parce que vous avez tellement mal qu’il vous semble alors que c’est la seule issue pour ne plus souffrir. Bien entendu quand vous avez des pensées suicidaires, vous avez conscience des gens qui vous entourent, pour peu qu’il y en ait. Mais la douleur est plus forte que tout, la mer monte et vous emporte dans un abîme si profond que vous ne parvenez pas toujours à en ressortir.

Le travail plus que réaliste de Shawn Coss. Cliquez pour voir ses autres réalisations

Si le but de ma pensine aujourd’hui est de vous parler de la dépression, je vais faire ici un dernier point sur le suicide et répondre clairement aux questions qui pourraient être posées : oui j’ai eu de très nombreuses idées suicidaires. Oui je voulais partir. Oui j’étais rendue à réfléchir à la meilleure méthode, celle qui n’imposerait pas le plus grand des traumatismes à celui qui me trouverait. Mais la mort n’est pas douce, le deuil ne vous saisit jamais en délicatement. Pourquoi n’ai-je pas sauté le pas ? Parce que croyez-moi il en faut du courage pour s’ôter la vie soi-même. Ce n’est pas un acte de lâcheté, non. Ce n’est pas forcément un appel à l’aide. Seulement quand tout vous apparait si noir que vous vous détestez, que la souffrance vous étouffe, quel autre choix ? Honnêtement, pour que vous puissiez comprendre, je me permets de vous repartager le livre fabuleux écrit par Sophie Jomain, sur une jeune femme en souffrance et qui entreprend la démarche du suicide assisté (que vous ne pourrez pas faire en France). Fin de la parenthèse suicide.

Vous allez me dire : mais que fait un article sur la dépression sur un blog littéraire ? J’avoue, c’est particulier. Ça fait plus de deux ans que j’ai envie de le poster, mais que je n’en avais pas la force. Et le fait de le pouvoir aujourd’hui me prouve une chose : je suis sur le chemin de la guérison. Je ne me contente pas de poster des photos sombres avec des citations tout aussi sombres, non je viens vous expliquer quelle souffrance c’est et quel peut être le quotidien d’un dépressif. Ne jugez jamais quelqu’un sans connaitre sa vie. Alors oui, sur mon blog, parce qu’au-delà de lire j’aime écrire et où puis-je le faire mieux que sur mon espace bloguesque ? Non je ne souhaite pas écrire un livre sur ma dépression, car honnêtement, il n’y aura jamais assez à dire et que certaines blessures me seront à jamais impossibles à évoquer en dehors du cabinet de mes thérapeutes.

Comment ça a commencé : si je connais la date de diagnostic de ma maladie, en revanche j’ignore comment c’est arrivé, pourquoi j’ai craqué. Certaines personnes vont tomber en dépression avec une contrariété qui vous paraitra à vos yeux à vous minime, mais nous sommes tous différents et recevons les stimuli de manière bien différente également. Plutôt que de parler de la date à laquelle un mot fut posé sur mon problème, je préfère évoquer ci les 20 ans de souffrance psychologique que j’ai tenté d’occulter, les années d’humiliations ou de harcèlement scolaire, les échecs, ma route qui a croisé celle d’un pervers narcissique, mon estime de moi réduite à zéro bien trop souvent, les deuils à répétition et à nouveau le harcèlement. Je me suis rendu compte que je ne pouvais plus continuer comme ça quand je pleurais matin, midi et soir. Quand la douleur était si sourde, si dévorante que je ne pouvais plus rien ressentir. Quand je me planquais dans les toilettes au travail pour hurler silencieusement mon mal et finir en sanglots. Quand à chaque trajet en voiture je ne pensais qu’à une chose : foncer dans le décor et mettre fin à tout ce bordel. Il faut savoir que la dépression ce n’est pas dans la tête et que les « sors un peu ça te fera du bien » ou encore les « mets toi un coup de pied aux fesses ça ira mieux », ne sont aucunement applicable à la situation et encore moins utile. Pire ils sont humiliants. Alors mon mari m’a pris un rendez-vous chez ma généraliste. Triste de voir que je passais mes nuits à pleurer plutôt qu’à dormir et mes jours de repos à errer dans ma souffrance plutôt qu’à en profiter, il a agi. Mon médecin m’a évaluée à l’aide d’un test spécifique, mais aussi grâce à une longue observation. Ce jour-là, mon rendez-vous a duré une heure. Vous comprenez pourquoi parfois les médecins ont du retard ? Parce que certaines douleurs ne prennent pas que 15 minutes. Bien entendu, le verdict fut celui de la dépression sévère. Je suis ressortie avec une ordonnance et la demande de contacter une psychologue et une psychiatre pour mon suivi. C’était il y a deux ans. Mon parcours n’a pas été simple, car trouver un psychiatre qui a de la place et ne vous prend pas juste pour un chéquier, ce n’était pas évident. Mais, désormais, je suis entourée de trois femmes formidables qui font tout pour m’aider, me soutenir.


Aujourd’hui, je commence à peine à sortir la tête de l’eau et encore, croyez-moi la tasse je la bois bien souvent. Cela fait deux ans que sortir m’est quasi impossible, que voir des amis m’épuise au plus haut point, qu’adresser la parole à un inconnu me terrorise, que faire mon ménage est une mission trop épuisante. Beaucoup de choses de la vie quotidienne sont compliquées, même aller chercher mon courrier par exemple.  Je pourrais vous citer tellement de choses, mais je ne suis pas là pour cela, pas pour me faire plaindre. Je suis entourée et écoutée. Je sais pertinemment que dans mon entourage, tout le monde ne comprend pas. Qu’il en soit ainsi, j’ai toujours été incomprise depuis l’enfance. Est-ce un défaut ? Non je m’efforce d’y voir une qualité. La différence ne fait pas de moi quelqu’un de mauvais. Si l’estime de moi n’est absolument pas revenue à son top, nous y travaillons très fort avec ma psychologue. Ma psychiatre elle, s’occupe d’ajuster le traitement et ce n’est pas toujours évident, surtout en raison de mes insomnies et de blessures tellement anciennes qu’elles paralysent parfois le reste. Alors oui, je me plains de prendre beaucoup de médicaments, mais je n’ai pas le choix. J’ai totalement conscience du côté addictif de tous ces comprimés, merci oui, j’ai étudié la psychologie et la pharmacologie. Mais parfois, nous n’avons juste pas le choix et il faut accepter la maladie. Accepter que ce soit aussi une affaire chimique et que les très redoutés antidépresseurs, anxiolytiques ou somnifères soient là pour nous aider.

La dépression n’est pas égale à la déprime. La dépression est une maladie. Elle ne relève ni d’une fatalité ni d’une faiblesse de caractère. Elle peut toucher tout le monde et nécessite une prise en charge par un professionnel compétent. Pour en savoir plus, voyez les liens en bas d’article. La dépression n’est pas dans la tête, ce n’est pas une invention, ça ne va pas disparaitre subitement. Ma dépression m’a entrainé un fichu ralentissement psychomoteur, une fatigue chronique et énormément d’anxiété. Je ne compte même plus mon nombre de phobies ou d’éléments entrainant un stress important. Je me suis isolée socialement, pour me protéger, mais aussi parce que je n’étais pas du tout capable de faire face aux autres. Pendant longtemps, je ne me suis pas crue malade, mais faible et je me détestais pour cela. Pendant des mois et des mois, je n’acceptais pas le diagnostic. Mais l’évidence était pourtant sous mes yeux. J’ai aussi cru que j’allais guérir en quelques semaines, au pire 3/4 mois. Ma souffrance est plus résistante que cela, elle vient de si loin, de sujets si sensibles qu’aujourd’hui encore je suis incapable de les aborder sans que cela menace le très fragile équilibre de ma vie.

La lecture fut ma bouée de secours. Sans les livres, sans la communauté livresque, alors non je pense que je n’aurais pas tenu et que j’aurais fini hospitalisée ou à la morgue. Je n’avais que cela à me raccrocher, car même si vos proches vous tendent la main, parfois vous ne parvenez pas à la saisir, parfois vous ne voulez pas les impliquer. Lire encore et toujours plus pour ne pas sombrer. Lire, ce moment magique qui est désormais ma force, mon capital guérison. Et désormais, écrire, qui me pousse à avancer, inconsciemment, qui me libère de certains poids. Le roman que j’écris n’est absolument pas autobiographique, mais l’empathie que je ressens pour mes personnages est un vecteur incroyablement puissant qui tente de me tirer vers le haut. Je suis consciente qu’il faudra encore beaucoup de temps, mais désormais je l’accepte. Petit pas par petit pas, à non à grandes foulées comme je le voulais. Savoir s’écouter et prendre soin de soi, se préserver et se protéger. Réapprendre à s’aimer et s’autoriser à avoir des doutes, des moments de tristesse, de mélancolie. Comprendre que nous sommes humains et qu’on fait de notre mieux. Oui, certains jours encore j’irai très mal, mais je sais que l’ouragan perd de sa force et que j’ai des alliés : mes livres, mes proches et même aussi vous, la jolie communauté livresque.

Je n’ai pas écrit cet article pour recevoir de la compassion. Sans doute un peu pour me libérer, je le pense. Mais surtout pour que vous compreniez bien qu’une dépression est une réelle maladie et que celui qui en souffre a besoin que l’on comprenne ça. Arrêtez les phrases toutes faites ou l’exemple de l’oncle qui s’en est sorti en buvant du jus d’herbe, etc. Vraiment. Quand quelqu’un est diagnostiqué, respectez le et abstenez vous de moqueries et de dénigrer son mal-être. Tant que vous ne l’avez pas vécu, vous ne pouvez pas comprendre ce que cela représente et affecte au quotidien. Je termine juste par un petit point pratique sur les causes biologiques de la dépression qui sont absolument à prendre en compte avant de porter un jugement :

La dépression se traduit par un déséquilibre au cœur du système cérébral. Le fonctionnement de certains neurotransmetteurs, ces molécules qui véhiculent les informations d’un neurone à l’autre, se trouve déséquilibré. On a ainsi identifié, dans le cas de la dépression, un dysfonctionnement des neurotransmetteurs suivants :

  • la sérotonine, qui a pour fonction d’équilibrer le sommeil, l’appétit et l’humeur ;
  • la norépinephrine (ou noradrénaline), qui gère l’attention et le sommeil ;
  • la dopamine, responsable de la régulation de l’humeur ainsi que de la motivation ;
  • le Gaba mais aussi certains neuromodulateurs, le plus souvent des peptides, joueraient également un rôle.

Lorsque tous ces neurotransmetteurs sont bien régulés, tout se passe bien. Mais il suffit d’un petit déséquilibre, des neurotransmetteurs présents en trop grande ou trop petite quantité, pour que la machine se dérègle : les symptômes de la dépression apparaissent.

Source

La dépression est multifactorielle, comme les personnes qui sont un jour touchées sont différentes. Personne ne réagit de la même façon à un stimulus, nous avons tous des failles, des cicatrices et personne n’est à l’abri de tomber dans cette souffrance. Comprenez bien que la douleur ressentie est difficile à mettre en mots et que même quelqu’un qui à vos yeux est « fort » ou « a tout pour être heureux » peur être touché par la dépression. Ce n’est pas une maladie de faibles. C’est une maladie de tous et il est dans notre devoir de comprendre les gens et respecter leur souffrance. Si vous-même allez trop mal, consultez, n’ayez pas honte. J’ai grandi dans une famille où il fallait taire ses failles et ses plaies pourtant béantes, croyez-moi, cela n’a réussi à personne. N’ayez jamais honte d’être ce que vous êtes et d’avoir mal.

A consulter pour plus d’infos :

http://www.psycom.org/Troubles-psychiques/Troubles-depressifs

http://www.info-depression.fr/

Quelques livres sur le deuil ou la dépression ou encore des livres qui m’ont vraiment fait du bien (liste non exhaustive) :

PS : j’ignore si je laisserai cet article en ligne longtemps ou pas

[Chronique] Quand la nuit devient jour de Sophie Jomain

quandlanuitdevientjour

Publié aux Editions Pygmalion – 27 avril 2016 – 238 pages

resumeOn m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée.coupcoeur

MONAVISV2Nous retrouvons ici Sophie Jomain dans un registre assez différent de ses précédents écrits. Rien qu’à lire cette 4e, nous pouvons imaginer que nous allons être touchés, bouleversés, émus. Quand l’auteure a annoncé ce livre, je savais déjà qu’il était « pour moi », qu’il me le fallait, que ça allait faire écho en moi. Je peux vous dire, que oui, ce roman, tragiquement, me parle, qu’il est bouleversant et saisissant de réalisme. Je voulais ici encore, remercier Sophie Jomain d’avoir su raconter une telle histoire sans jamais tomber dans le « drame larmoyant » ni dans l’ironie ou les clichés. Des faits, avec des émotions, mais pas de jugement. Quand la nuit devient jour est un itinéraire de vie qui sonne terriblement vrai avec tout ce que cela implique.

Nous suivons donc le cheminement de Camille, une jeune femme en souffrance depuis aussi loin qu’elle s’en souvient. Camille commence par nous raconter son parcours, entre haine de son corps, seins qui ne poussent pas comme ceux des filles de son âge, boulimie, anorexie, poids qui va dans tous les extrêmes. Et puis, premier amour, premier cœur brisé. Mais, toujours, cette douleur, cette brûlure lancinante, indéfinissable, invisible pour les autres, indescriptible sans doute pour ceux qui ne l’ont jamais vécue. La dépression. Le mal qui ronge Camille porte ce nom et depuis des années elle se bat, en vain, contre cette souffrance destructrice. Mais Camille en a assez. En Belgique, il est légal de demander à mourir, dignement, par euthanasie volontaire assistée. Camille, franco-belge, majeure va alors s’engager dans ce parcours et nous raconter les derniers mois de sa vie. Plus de combats sans fin, plus de souffrance, juste la délivrance.

Il est évident qu’aborder un tel sujet, en France, est assez délicat. Dans notre pays, l’euthanasie volontaire est encore interdite et surtout très mal vue. Déjà, en France, la dépression est vraiment méconnue et bien souvent confondue avec un coup de blues passager ou bien un manque d’envie de s’en sortir. Pourtant, la dépression est une véritable maladie, avec des facteurs chimiques, et parfois, les médicaments ne suffisent pas à aider la personne. Bien sûr, ici, Camille aura plusieurs suivis psychiatriques, des internements. Elle tentera même de se suicider. Mais, elle se sent plus sereine, face à ses parents, de partir dignement. C’est pour cela qu’elle fait ce choix : mourir dans la dignité, tout prévoir, ne pas imposer un corps à découvrir à ses parents et la violence d’une fin qu’on s’inflige. Tout au long du récit, Camille sait nous faire part de sa souffrance. Peut-être que certaines personnes ne parviendront pas à s’en saisir, à la comprendre, à l’intégrer. Pour d’autres, plus touchés par le sujet, les propos de Camille feront écho d’une manière très violente, très réaliste. La question qui se pose est alors : comment, à même pas 30 ans, alors qu’on a des parents présents et aimants, peut-on décider d’en finir avec la vie ? Une question qui se pose toujours en cas de suicide, bien sûr, et qui bien souvent ne trouve jamais de réponses. L’autre interrogation est la légitimité d’un tel acte : comment, un médecin, une structure, peut-il accepter d’euthanasier une jeune femme, qui d’apparence, est en pleine forme physique ? La dépression, le mal-être psychologique est invisible de l’extérieur, et souvent, induit une certaine confusion pour les gens de l’extérieur qui ne peuvent comprendre à quel point c’est une douleur dévastatrice, à quel point parfois, la personne en souffrance veut que tout s’arrête, car, cette intolérable douleur jamais ne cesse de vous torturer. Camille a alors tout un tas de somatisations qui apparaît, mais pour autant, ses parents sont incapables d’accepter sa décision. Comment pouvez-vous ne pas culpabiliser alors que votre fille vous annonce qu’elle va mourir et qu’il faut respecter son choix ?

Avec une plume simple, mais bourrée de souffrance, d’émotions, de mots qui vous impliquent, Sophie Jomain nous raconte ce parcours douloureux pour nous immerger dans le mal-être de Camille. Et puis nous l’accompagnons dans le centre de soin où elle va vite ses derniers moments. Ce centre qui a accepté sa décision et qui la respecte, qui jamais ne tentera de la faire changer d’avis, le protocole ayant été validé par des gens compétents. Personne ne peut plus l’arrêter. Dans ce centre, Camille vivra de nouvelles émotions. Auprès d’une femme aimante et formidable, Brigitte, mais surtout aux côtés d’un psychiatre aux méthodes pour le moins atypiques, Marc Peeters. Ces deux personnages vont vite devenir le quotidien de Camille, elle qui s’est sentie toujours seule. Tous les deux vont tout faire pour lui rendre son départ le plus agréable possible, ses dernières semaines les plus douces qui soient. Et puis, Marc va aussi tenter d’aider Camille à communiquer avec ses parents à ce sujet. Il est difficile de vous en dire plus, c’est déjà trop ce que je livre ici. Mais sachez que grâce à la beauté et la légèreté d’une plume sensible et émouvante, Sophie Jomain vous plonge dans cette histoire, plutôt courte, mais intense, sans jamais la faire souffrir de lourdeur ou de choses trop dures à lire. La nuit devient jour via cette écriture douce, humaine, lumineuse.

Quand la nuit devient jour est l’histoire d’une femme qui décide de mourir dignement. Qui décide que c’en est fini des combats, des médicaments, des psychothérapies. Sophie Jomain confie que ce livre fut difficile à écrire et qu’elle n’était pas sûre de ce récit. À mon commentaire Facebook la complimentant pour ce roman elle me répond, entre autres : « J’étais si incertaine en l’écrivant. Je le suis encore, car j’ai conscience d’avoir surement raté des éléments essentiels. Je ne suis pas Camille, mais j’ai eu à cœur de la comprendre et, c’est un peu bête de le dire, de l’accompagner jusqu’au bout. «  Quoi de plus beau qu’un écrivain qui s’efforce de vivre son personnage, de la comprendre, d’en retranscrire les émotions les plus brutes, les plus brulantes, dévastatrices, mais aussi les moments de paix, rares bien sûr, de douceur, de légèreté. Quand Sophie dit qu’elle a conscience d’avoir surement raté des éléments essentiels, j’ai juste envie de lui dire : oui, certainement, qui sait ? Chaque dépression, chaque mal-être se vit différemment et tout n’est pas fait pour être verbalisé. Les lecteurs qui connaissent cette souffrance y verront un reflet de leur propre expérience et y ajouteront certains sentiments, en enlèveront d’autres. Mais, la force de ce récit, selon moi, c’est aussi qu’il puisse donner accès aux personnes n’ayant jamais vécu cela à un panel de mots, d’émotions racontées par Camille, qu’ils puissent enfin ouvrir les yeux sur cette souffrance bien trop tabou, mais aussi sur la question de l’euthanasie volontaire et le souhait de mettre fin à sa vie quand on le souhaite.

Au-delà de la dépression, de sa compréhension, de son intégration dans les consciences, de sa reconnaissance en tout que réelle souffrance, parfois incurable, Sophie Jomain nous offre la possibilité de réfléchir de manière plus large à l’euthanasie volontaire assistée. Bien entendu, j’ai eu une pensée pour Will (Avant toi) puisque ce choix y est abordé aussi, et qu’on ne peut pourtant que respecter. Au même titre que nous devons garder la liberté de choix pour notre corps, notre vie nous appartient, à nous et nous seuls, et nous devrions être en mesure, dans certains cas, d’en déterminer la fin. Alors bien sûr, je ne vous parle pas d’en décider sur un coup de tête et à aucun moment il n’en est question dans ce récit. C’est au bout de plus de 20 ans de souffrance que Camille s’engage dans cette lourde procédure. La décision ne se prend pas en une heure et une séance avec un psychiatre, c’est tout un processus d’entretiens, d’analyse, de dossiers sur des années, etc. Heureusement. Mais en France, c’est toujours trop tabou. Au même titre, la dépression souffre de trop peu de reconnaissance. Alors, merci, Sophie Jomain d’avoir eu ce courage d’écrire une telle histoire. Bravo pour ces mots qui touchent en plein cœur, pour les émotions, les sentiments et tout ce que cela peut induire dans nos réflexions personnelles. Oui, je me suis reconnue en Camille sur beaucoup d’aspects, moins sur d’autres. Mais en tout cas, ce récit a eu un écho profond en moi, et je me suis beaucoup attachée à Camille.

Certains lecteurs pourraient être déstabilisés par ce récit et surtout pour sa fin, très inattendue, peut être même trop « brute ». Pourtant, l’auteure n’aurait pu faire de meilleur choix. Tout est parfaitement orchestré du début jusqu’à la fin. Et, oui, Sophie Jomain a su accompagner son personnage jusqu’à la fin. C’est aussi la sensation qu’a le lecteur : d’avoir été accompagné du début à la fin pour comprendre, ne pas juger, respecter. Quand la nuit devient jour est un roman coup de poing, mais aussi d’une douceur et d’une beauté exceptionnelles. Difficile de trouver plus de mots concernant ce coup de cœur énorme qu’est ce livre, ce bijou d’émotions et de réalisme. Tout sonne vrai, chaque scène, chaque mot. C’est un récit profondément humain et respectueux, une histoire qui touche et bouleverse. Merci Sophie Jomain. Enfin nous pouvons souligner, le choix, important, fait dans ce récit : Camille est une jeune femme « ordinaire », qui a eu une vie familiale « simple », pas de traumatismes ou de violences, pas de dossiers secrets à nous révéler au fil des pages. Camille souffre d’un mal sournois, sur lequel les mots sont difficiles à poser. La dépression est une souffrance qui n’est pas évidente à expliquer. Mais, c’est là, toute la réalité de cette maladie, vicieuse et perverse elle ne se nourrit pas nécessairement de traumatismes, ne se « justifie » pas forcément par un élément déclencheur particulièrement difficile. Non, la dépression peut concerner tout le monde, elle ne se contente pas des gens faibles, bien au contraire. Il sera sans doute peu aisé donc pour certains lecteurs de comprendre Camille et de ne pas se dire qu’il faut qu’elle se secoue, qu’elle n’a aucune raison d’être comme ça. Et pourtant. Ouvrez-vous, écoutez là, tout est « vrai ». Cruel constat, saisissant de réalisme. Peut-être vous faudra-t-il poser votre livre pour encaisser, souffler. Vous pourriez même avoir besoin de mouchoirs. Ou comme moi, vous ne pourrez plus le lâcher et serez totalement absorbés. C’est une histoire qui se lit pour la vivre, la comprendre, s’en imprégner.

enbrefUn récit poignant sur la dépression et la décision de quitter ce monde dignement par euthanasie volontaire assistée. Sophie Jomain prouve ici toute la sensibilité dont elle dispose pour impliquer ses lecteurs dans une histoire dramatique, de choix de vie et de sujets bien trop tabous en France. Un parcours qui permet de comprendre une maladie « invisible » et de s’interroger sur les choix qui sont alors offerts. Beaucoup d’émotions, mais, tout comme elle le fait avec Camille, Sophie Jomain accompagne son lecteur jusqu’au bout.

MANOTE20/20

5flamantscoupcoeur


CITATIONS

« J’ai suivi une psychothérapie individuelle. La psy utilisait des approches psychoéducatives et humanistes. Il fallait chercher et comprendre la provenance de mes troubles et essayer d’en déterminer l’origine pour mieux m’aider. Elle avait beau parler, théoriser, mettre en place différentes approches, je ne parvenais pas à réharmoniser mon corps et à l’accepter. Et justement, tout se tenait dans ce « ré ». Avais-je seulement déjà trouvé mon corps harmonieux ? Non. Jamais. Alors, comment reconstruire quelque chose qui n’a jamais existé ? Il fallait tout créer. C’est ce que personne ne comprenait.  »

« 16 janvier 2016

Le compte à rebours a commencé depuis dix-sept jours. J’ai peur. Ce n’est pas la perspective de mourir qui m’effraie, je sais, en mon âme et conscience, que j’ai pris la bonne décision. Ce qui me broie les entrailles, c’est la réaction de mes parents lorsque je leur aurai annoncé que leur fille unique s’éteindra dans à peine plus de trois mois et que rien ni personne ne pourra l’empêcher de mourir. Je ne peux plus repousser l’échéance, garder le secret plus longtemps. Le médecin qui me suit a raison. Ils doivent savoir. Il le faut. »

« Mademoiselle Duclercq, rétorque-t-il avec un soupçon d’autorité dans la voix. Personne n’est ici pour juger votre choix ou vous convaincre de rester en vie. Je ne comprends pas votre décision, mais vous avez été reconnue admissible à l’euthanasie, il n’est pas question de remettre en cause le diagnostic de mes confrères, mais de m’assurer que, jusqu’à la dernière minute, vous êtes toujours en adéquation avec votre décision d’origine. »

« La douleur se répercute jusque dans mon crâne, une migraine insoutenable me vrille les temps. Je me tiens la tête, je me balance d’avant en arrière. Je veux que ça cesse et ça ne cesse pas. »

« Mais jamais je ne perds de vue le but ultime. La liberté. J’avance vers elle, déterminée. »

 

[Chronique] Tout plutôt qu’être moi de Ned Vizzini

toutplutotquetremoi

Publié aux éditions La Belle Colère – 2016 – 397 pages

resumeDurant l’une des séances chez son psy, Craig Gilner apprend qu’il existe une maladie mentale appelée le syndrome d’Ondine : ceux qui en souffrent oublient de respirer ; pour ne pas mourir asphyxiés, ils doivent se répéter sans cesse « respire, respire, respire ». La dépression, Graig va en faire l’expérience, c’est ce qui arrive quand on oublie de vivre.

Comme beaucoup d’adolescents, Craig est bien décidé à réussir sa vie. Il intègre l’une des plus prestigieuses prépas de New York, de celles qui font de vous un homme et assurent votre avenir. Seulement, au bout d’un an, il ne mange plus, ne dort plus, n’arrive plus à se lever, pense sans arrêt à ses devoirs, ses exams et à la jolie copine de son meilleur ami. Pour faire front à tout ça, il ne trouve d’autre solution que de fumer de l’herbe en glandant pendant des heures. Craig est pris dans une spirale d’anxiété, d’inquiétudes, de peurs qui l’acculent et le paralysent. Comment en est-il arrivé là ? Comment est-on pourré au point où la pression tellement forte et nous, si faibles que la seule solution qui s’offre à nous, c’est d’en finir ?

Dans ce roman tendre et émouvant, inspiré d’un séjour qu’il a effectué en hôpital psychiatrique, Ned Vizzini aborde ses propres démons, son long combat contre cette maladie qui l’accable depuis des années. D’un sujet aussi délicat et tabou que la dépression adolescente, Vizzini crée un livre tout à la fois drôle et empreint d’espoir.

A propos de l’auteur :692c226ae3cffc4e734368f7eeafcdb9

 

Né en 1981, Ned Vizzini commence à écrire pour la presse new-yorkaise, dont le Times, à l’âge de 15 ans alors qu’il est encore au lycée. Il publiera ensuite six livres dont Tout plutôt qu’être moi, qui sera adapté au cinéma. Parallèlement à sa carrière d’écrivain (il publie des articles dans le New Yorker et le Los Angeles Times, entre autres), il participe à l’élaboration de la série Teen Wolf, intervient régulièrement dans les librairies et les lycées pour expliquer comment l’art et l’écriture peuvent aider à surmonter les problèmes psychologiques. Le 19 décembre 2013, Ned Vizzini se jette du haut d’un immeuble de Brooklyn. Il a 32 ans, cela faisait des années qu’il se battait contre la dépression.

MONAVISV2

« Quand te prend l’envie de te suicider, parler devient presque impossible. Rien à voir avec un quelconque problème mental – c’est physique, comme si tu étais incapable d’ouvrir la bouche. Les mots ont du mal à sortir ; on dirait des morceaux de glace pilée crachés par un distributeur et c’est plus fort que tout. 

Les gens normaux, eux, parlent de façon limpide, en parfaite synchronisation avec leurs pensées. Mais dans ton cas, les mots trébuchent et se bousculent au bord de tes lèvres dès que tu essaies de dire quelque chose. Alors, tu te tais »

Ainsi commence le roman. Le ton peut sembler donné, vous pourriez alors penser que ce roman, histoire d’une dépression va être particulièrement sombre et au fond…déprimant. Mais il n’en est rien. Si la souffrance relative à la dépression est relatée avec précision et véracité, l’auteur n’en oublie pas pour autant le sens de l’humour et la lumière dans le traitement de ce parcours. L’optimisme transpire au travers des pages, l’envie de vivre semble se battre contre chaque pensée négative au fur et à mesure de l’avancement du roman. C’est une histoire coup de poing sur un sujet très sensible et si peu reconnu. Pour beaucoup de gens, la dépression n’est pas considérée comme une véritable maladie, à tort. Ned Vizzini nous offre ici une vision « médicale » mais surtout vécue de la dépression, à l’âge où elle est sans doute la plus difficile à remarquer : l’adolescence. Comment peut-on faire la différence entre difficile passage à l’âge adulte et le petit pas qu’il y a à franchir pour sombrer dans la dépression?

Notre jeune garçon, Craig, subit une énorme pression sociale liée à ses études et aspirations futures. Il ne vivait que pour un concours et quand il finit par le décrocher et intégrer la prestigieuse école dont il rêvait son monde s’écroule. Ses résultats ne sont pas à la hauteur, il ne se sent pas à la hauteur. D’ailleurs, Craig a une estime de lui même très basse. Malgré le soutien d’une famille aimante il sombre et ses symptômes prennent de l’ampleur. Jusqu’au jour où Craig n’a qu’une envie : mourir. Ce serait si simple…C’est ce qui va l’amener à passer quelques jours en hôpital psychiatrique, séjour marqué par des rencontres et une envie de reconstruction. La plume de l’auteur est juste fabuleuse pour traiter avec finesse, humour et lumière d’un sujet aussi grave, aussi sombre que la dépression. Notre jeune dépressif garde un sens de l’humour à toute épreuve, de l’auto-dérision alors qu’il est au plus mal. Au fond, la dépression, c’est ne plus savoir vivre et Craig n’a qu’une envie : réapprendre à vivre. Comprendre qui il est, faire des choix, progresser, changer. Sortir la tête de l’eau, se trouver. La dépression qui est traitée ici n’est pas une simple ou ordinaire crise d’adolescence mais bel et bien une vraie maladie. Peu de gens savent que la dépression « ce n’est pas dans la tête » et qu’il ne suffit pas de vouloir s’en sortir pour y parvenir. Ici, l’auteur nous fait bien passer le message et ne néglige en aucun cas le support médical, le suivi psychothérapeutique et l’appui des médicaments le temps de remonter.

Tout est beau dans ce livre, de l’histoire de Craig aux rencontres qu’il fera. Des sentiments naissants, à l’abnégation. Craig va beaucoup évoluer au cours de ce roman et toucher profondément le coeur du lecteur. Bien sûr quand vous connaissez le tragique destin de l’auteur, le roman n’en est que plus poignant. Alors que ce livre parle de guérison, d’espoir et de combat pour la vie, alors que l’auteur faisait des conférences sur la guérison de la dépression grâce à l’art, nous savons qu’il a perdu le combat face à de nombreux assauts de la maladie et qu’il a mis fin à ses jours en 2012. Mais, ce sujet n’étant absolument pas évoqué dans le livre, ce n’est pas ce que vous retenez de votre lecture. Non ce qui transperce l’ombre, la noirceur du monde et du quotidien brumeux de Craig c’est un rayon de soleil qui prend bien des formes. L’amour, les premiers sentiments, les rencontres, les différences, les contacts, l’art, trouver ce pour quoi il est fait, s’accepter, lâcher prise, respirer, vivre.

La structuration du récit est très pertinente en plus d’une narration à la première personne. En effet, l’histoire de Craig est divisée en « étapes » : Là où j’en suis, Comment j’en suis arrivé là, Baboum, L’hôpital puis chaque journée passée dans cet hôpital. La plume de l’auteur est captivante, et on sent vraiment la (malheureuse) maîtrise du sujet. Nous ressentons les émotions de Craig, nous les palpons, les comprenons. Pour les lecteurs ne connaissant pas la dépression, ce qu’elle induit, ce qu’elle est et ses conséquences sur le quotidien, l’auteur répond avec justesse à toutes les questions que l’on pourrait se poser. Les personnage secondaires apportent tous une contribution intéressante à l’histoire, à l’évolution de la maladie (qu’il sombre ou qu’il avance) de Craig et nous livre une formidable leçon de vie. L’auteur passe un message d’espoir au travers des moments sombres de son héros tout en y affrontant ses propres démons. Il est très rare qu’un livre parle aussi bien d’un sujet aussi dur, lourd et même tabou dans notre société où la performance est de mise, dans un monde qui ne nous laisse plus le temps de nous poser pour l’essentiel : vivre. Au travers des choix de Craig, de ses découvertes et de son évolution, le lecteur est touché, s’attache à ce jeune homme et garde espoir pour lui et son avenir. Les patients de l’hôpital ont aussi pour certains une histoire à nous transmettre sans leçon de morale ni récit sombre. Tout sonne incroyablement juste, vrai. Souhaitons à notre jeune Craig une meilleure fin que celui qui l’a crée mais vu le récit, c’est à n’en pas douter. Se battre, la joie de vivre vaincra.

Vous l’aurez compris, j’ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre. C’est vraiment une histoire que j’avais besoin de lire et que je relirai. Même si pour l’auteur l’écriture n’a pas suffi à être salvatrice (nous ne savons pas ce qu’il vivait donc aucun jugement dans cette phrase), nous pouvons apprendre beaucoup de ce roman aux notes de vécu. A lire par les parents qui s’inquiètent pour leurs adolescents, à lire par les adolescents qui s’interrogent sur ce qu’ils ressentent, à lire par vous qui voulez comprendre cette maladie qu’elle vous touche ou touche vos proches. A lire par ceux qui veulent lire un fabuleux roman traitant d’un sujet lourd sans jamais oublier l’espoir. A vous qui culpabilisez d’être malade, vous n’avez pas à le faire. A vous qui pensez que vous n’avez aucune raison d’être dépressif et ne comprenez pas votre maladie, lisez ce livre, il n’y a pas besoin d’un contexte horrible pour être malade.

 

enbref

Un roman tout en émotions et optimiste traitant de la dépression d’un adolescent qui nous raconte son séjour en hôpital psychiatrique où il réapprend à vivre au contact des autres. Une histoire poignante sur un sujet dur mais traité avec humour et lumière. Bien sûr quand on connaît le destin de l’auteur on ne peut s’empêcher d’être bien plus ému et touché par ce récit qui sent le vécu dans les sensations et descriptions de la dépression.

MANOTE

20/20

coupdecoeur

Je tenais à adresser un petit coucou à Léa et My Pretty Books grâce à qui j’ai découvert ce roman et eu envie de le lire mais aussi grâce à qui j’ai découvert une maison d’édition dont le concept me plaît énormément. Je peux déjà vous dire que j’ai fait l’acquisition d’un autre ouvrage de la collection. 


 

CITATIONS

NB : j’ai noté beaucoup de citations de ce roman. Ceux ou celles qui connaissent ou ont connu la dépression s’y retrouveront forcément. Il est évident que l’auteur savait vraiment de quoi il parlait en écrivant cette histoire et qu’on y retrouve son vécu, indéniablement, même si le personnage est autre que lui même.

  • « – Les pensées suicidaires ?

J’ai de nouveau hoché la tête. Le docteur Barney m’a regardé droit dans les yeux, en faisant la moue. Pourquoi prenait-il les choses tellement au sérieux ? Qui n’a jamais pensé au suicide étant gosse ? Comment peut-on grandir dans ce monde et ne pas y penser une seule fois ? C’est une voie que beaucoup de gens célèbres ont choisi d’emprunter, après tout : Ernest Hemingway, Socrate, Jésus…Et d’ailleurs même avant le lycée, j’avais pensé que ce serait la seule chose à faire si je devenais célèbre un jour. […]

– Je pensais que… tant que vous n’aviez pas envisagé le suicide, vous n’aviez pas vraiment vécu, ai-je expliqué. Je me disais que ce serait bien d’avoir un bouton reste dans la vie, comme dans les jeux vidéo, pour pouvoir tout recommencer à n’importe quel moment en empruntant un autre chemin.

– J’ai l’impression que ça fait longtemps que tu te bats contre cette dépression, a fait remarquer le docteur Barney.  »

  • « – Sais-tu comment fonctionne la dépression ?

– Oui. » L’explication était fort simple. « Il y a des substances chimiques dans le cerveau humain qui transportent des messages d’une cellule cérébrale à l’autre. On appelle ça des neurotransmetteurs. Et l’un d’eux s’appelle la sérotonine.

– Très bien.

– Les scientifiques pensent qu’il s’agit du neurotransmetteur lié à la dépression…Les gens avec un déficit de sérotonine ont plus de chances d’être sujets à la dépression. […] Et donc ai-je continué, après que la sérotonine a passé son message d’une cellule à l’autre, elle est aspirée par la cellule cérébrale de départ afin de pouvoir être réutilisée. Mais le problème, c’est que parfois les cellules du cerveau sucent trop – je glousse- et ne laissent pas assez de sérotonine dans votre système pour véhiculer les messages. Il existe des drogues pour corriger ça, des inhibiteurs sélectifs de recapture de sérotonine qui empêche le cerveau d’en aspirer trop. On se sent mieux en les prenant. »

  • « On ne guérit pas de la vie […] On la gère »
  • « Alors bientôt, les gens auront des crises encore plus jeunes. On peut même imaginer que les médecins ausculteront chaque enfant à la naissance en se demandant s’il est apte à vivre dans le monde, s’il est équipé pour surmonter ces épreuves ; s’ils décident qu’il n’a d’ores et déjà pas l’air heureux, ils le mettront sous antidépresseurs, et l’entraineront sur la voie de la consommation à outrance. »

NedVizzini

Ned Vizzini

Besoin d’aide ?

S.O.S Suicide Phenix 01 40 44 46 45

S.O.S Dépression  0892 70 12 38

Info Dépression