[Chronique] Tu ne m’as laissé que notre histoire d’Adam Silvera, le livre qui m’a tant fait pleurer

Publié aux éditions Collection R – Octobre 2018 – 432 pages –
Traduction Constance de MASCUREAU
Merci à la Collection R pour cette excellente lecture Serial R-eaders

J’espère que je ne dis ou ne fais rien qui force le monde à repartir dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

« Tu m’avais fait la promesse de ne jamais mourir… Tu ne l’as pas tenue. Tu ne m’as laissé que notre histoire. »

La mort ne prévient jamais. Lorsque Griffin apprend la disparition brutale de Theo, son premier amour, son univers vole en éclats. Bien que Theo ait déménagé en Californie pour ses études et ait commencé à fréquenter Jackson, Griffin n’a jamais douté qu’il reviendrait un jour vers lui. À présent, l’avenir qu’il s’imaginait a changé du tout au tout et le vide laissé par Theo demande à être comblé…
« Ce livre vous fera pleurer, réfléchir, puis pleurer de plus belle ! » Nicola Yoon, auteure best-seller de Everything, Everything


Tu es toujours en vie dans des univers parallèles, Theo, mais moi j’habite dans le vrai monde, celui où tes funérailles ont eu lieu ce matin devant un cercueil ouvert. Je sais que tu es là, quelque part, en train de m’écouter. Et tu devrais savoir que je suis vraiment furax parce que tu m’avais juré que tu ne mourrais jamais et, pourtant, regarde où on en est. Ce qui me fait encore plus mal, c’est que ce n’est pas la première fois que tu ne tiens pas une promesse…

Au moment où je commence cette chronique, je me demande combien de temps il me faudra réellement pour l’écrire. J’avais hâte de découvrir cette histoire écrite par Adam Silvera puisque l’auteur m’avait déjà énormément touchée avec Et ils meurent tous les deux à la fin. Pourtant, j’avais déjà pu lire que Tu ne m’as laissé que notre histoire n’était pas le meilleur roman de l’auteur. Peut-être. Moi j’ai totalement fondu pour cette histoire. Des livres tristes ou émouvants, touchants ou dramatiques, j’en ai lu pas mal et même si cela ne fait que quelques années que je suis capable de pleurer avec un livre, jamais je n’avais été autant bouleversé par un roman, et là dans ce cas, un roman young adult. Il m’a fallu plusieurs sessions de lecture tant les larmes devenaient difficiles à supporter. Ce n’est pas nouveau je suis une hypersensible et là nous étions en période de Pleine Lune du Loup, en Lion, les émotions pouvant alors se lâcher. Donc, voyons d’un peu plus près ce qui rend ce livre si particulier.

Si je veux survivre à la journée d’aujourd’hui, à celle de demain et à toutes celles qui vont suivre, il faut que je reprenne tout depuis le début, depuis l’époque où on était deux garçons qui ont appris à se connaître en faisant des puzzles et ont fini par tomber amoureux..

Theo. Griffin. Jackson. L’amour. La vie. La mort. Le roman nous plonge direct dans l’horreur de la perte. Griff vient de perdre son meilleur ami et l’amour de sa vie. Theo n’aura jamais 19 ans. Theo restera à jamais coincé dans cet âge et son avenir brusquement déchiré. Pour Griffin c’est une horrible épreuve, inimaginable. Ils vivaient loin l’un de l’autre depuis quelque temps mais devaient se retrouver. C’était prévu. Mais Theo ne reviendra jamais et notre narrateur va devoir affronter le deuil, ses diverses émotions, ses regrets, sa culpabilité, sa colère. Mais pas seulement, parce que Griffin est aussi un personnage à la psychologie très complexe et qui a de nombreux soucis (TOC très handicapants, angoisses, crises de panique…). Nous allons lire l’hommage vibrant d’un jeune homme amoureux. L’histoire d’une reconstruction. L’histoire d’un amour qui existera pour toujours dans un univers parallèle.

Ça fait un mois que l’univers t’a perdu. Un mois que tu ne t’es pas réveillé le matin. Un mois que tu n’as pas ouvert un livre. Un mois que tu n’as pas mangé un repas. Un mois que tu n’as pas écrit de textos. Un mois que tu n’es pas allé te balader. Un mois que tu n’as pas tenu la main de quelqu’un. Un mois que tu n’as pas embrassé ton copain. Un mois que tu n’as pas pensé à un avenir qui n’arrivera jamais. Un mois que tu n’as pas rêvé de tes univers parallèles.

Ça fait un mois que tu es mort

La narration va alterner entre le présent, où Griffin s’adresse directement à Theo (car il doit l’entendre, non ? Il ne peut pas être totalement parti) qui lui avait promis de ne jamais mourir, et le passé où il nous raconte ce qu’était Theo, un jeune homme exceptionnel et solaire, leur histoire, leur amour, les failles et la beauté… Et voilà je pleure parce que Griffin aime tellement Theo qu’il sait tout ou presque de lui. Ce Theo qui le fascinait par son intelligence, sa douceur, sa compassion, sa patience, sa joie de vivre et aussi ses nombreux Univers Parallèles. Tout ce que nous apprenons le rend si vivant, comparé à ce corps auquel Griff dit adieu tout en se sentant absent, comme s’il n’était pas possible que Theo soit mort. Et pourtant. Adam Silvera nous sert un panel de personnages plus vrais que nature, tous avec leurs défauts et leurs qualités et on s’attache alors profondément à chacun. La peine d’une mère, d’une petite soeur, d’un petit copain, d’un meilleur ami, d’une famille qui le connaissait par coeur, de l’amour de sa vie. Toute cette tristesse se mêle dans la douleur et nous sommes alors nous aussi entourés par la perte d’un jeune homme que nous aurions voulu connaitre.

C’est la fin. Le moment où on abandonne tout espoir d’inverser le temps, le moment où on renonce à trouver un remède contre la mort, le moment où on doit vivre dans cet univers sans Theo, le moment de lui dire adieu.
Je n’en suis pas capable. Pour la plupart des gens c’est un adieu, mais pas pour moi. Jamais.

Griffin est également un personnage très attachant qui n’a jamais su vivre sans Theo. Depuis que Theo est parti à l’autre bout du pays, Griff est perdu et ne vit que pour leurs instants de retrouvailles. Il est désormais solitaire et l’assume. Il est aussi blessé, en colère mais jamais ne perd espoir. Son amour est pur, intense, bouleversant, alors comment faire face à l’inacceptable. C’est auprès de quelqu’un de bien particulier aussi que notre narrateur va trouver un peu de réconfort et qui sait, peut-être alors de la rédemption. Car si Theo est mort, le monde, lui, continue à tourner et il va bien falloir se remettre en marche. J’avoue avoir eu aussi beaucoup d’affection pour Jackson, ce « rival » qui peut tant comprendre Griffin et qui, lui aussi, souffre tant. Par amour, pour son deuil, Griff est prêt à endurer bien des souffrances, car, comme le dis si justement le titre, Theo est parti sans prévenir, ne lui laissant que leur histoire. Et qu’elle fut belle et pleine de passion, tolérance, solidarité, amour. On n’oublie jamais son premier amour. Jamais. Et ce même si l’on doit aussi en comprendre et en accepter les failles.

Les blessures ne se referment jamais et la douleur reste, toujours vive, toujours lancinante, toujours suffocante, toujours sanglante.

La plume de l’auteur m’a entrainée et comme je vous le disais, drainée aussi, vu les litres de larmes que j’ai versé. Des larmes que Theo aurait mangé sur les joues de Griffin, si nous étions dans un univers où l’auteur n’aurait pas choisi la mort de Theo. Le style d’écriture m’a séduite, il n’en fait pas trop, juste ce qu’il faut et finalement on oublie totalement l’auteur, emportés par ce narrateur aux pensées complexes et au problèmes si handicapants. Nous vibrons avec lui et ressentons cet amour qui déborde, qui sort par tous les pores de la peau, par tous ses grattages de paumes, ses paires et le côté gauche. Que c’est magique de pouvoir écrire et modeler des personnages si touchants ! Adam Silvera a construit une psychologie remarquable, y compris dans les personnages réellement secondaires. Nous nous sentons tellement vivants dans cet univers, celui des deux garçons et du monde qui s’écroule pour Griffin. Pour Jackson. Pour Wade. Pour Denise…

Que dire de plus si ce n’est qu’il faut lire ce roman. Il fait pleurer ou touche peu importe, l’histoire est racontée, l’avenir reste à jouer, Theo ne reviendra pas et il faut l’accepter. Un deuil comme tout le monde en a connu un jour ou en connaitra. Reste à ne garder que le meilleur et à faire vivre cette histoire, à raconter sa version de Theo, car Theo était un garçon complexe et ordinaire à la fois. Theo était un premier amour, et même si cela semble horrible, Griffin connaitra d’autres histoires et son univers sera alors comme il se doit d’être. Sans Theo.

Je ne sais pas comment vivre sans lui…

Ce roman coup de coeur entre dans la catégorie que j’aime tant des livres qui font grandir. La fiction se teinte d’authenticité à travers des personnages touchants et inoubliables. Les émotions sont nombreuses, plus encore que celles du deuil. Regrets et culpabilité étreignent notre narrateur qui ne veut qu’une chose désormais : raconter l’histoire que Theo lui aura laissé. Leur Histoire dans un univers où Theo n’est plus là mais où la vie doit continuer.

L’amour ne commence et ne finit pas avec un statut en ligne.

Pour découvrir l’autre roman d’Adam Silvera que j’ai lu et vraiment aimé, plus qu’à cliquer ici !

6 réflexions sur “[Chronique] Tu ne m’as laissé que notre histoire d’Adam Silvera, le livre qui m’a tant fait pleurer

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