[Chronique] Tu ne m’as laissé que notre histoire d’Adam Silvera, le livre qui m’a tant fait pleurer

Publié aux éditions Collection R – Octobre 2018 – 432 pages –
Traduction Constance de MASCUREAU
Merci à la Collection R pour cette excellente lecture Serial R-eaders

J’espère que je ne dis ou ne fais rien qui force le monde à repartir dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

« Tu m’avais fait la promesse de ne jamais mourir… Tu ne l’as pas tenue. Tu ne m’as laissé que notre histoire. »

La mort ne prévient jamais. Lorsque Griffin apprend la disparition brutale de Theo, son premier amour, son univers vole en éclats. Bien que Theo ait déménagé en Californie pour ses études et ait commencé à fréquenter Jackson, Griffin n’a jamais douté qu’il reviendrait un jour vers lui. À présent, l’avenir qu’il s’imaginait a changé du tout au tout et le vide laissé par Theo demande à être comblé…
« Ce livre vous fera pleurer, réfléchir, puis pleurer de plus belle ! » Nicola Yoon, auteure best-seller de Everything, Everything

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[Chronique] Smoke de Dan Vyleta, saurez-vous résister aux tentations et à la Fumée ?

Publié aux éditions Robert Laffont – Janvier 2018 – 572 pages
Traduction Isabelle Delord-Philippe
Merci à Robert Laffont pour cette lecture


Angleterre, fin du XIXe siècle. À Londres s’entassent les classes laborieuses qui par tous les pores exsudent une infecte Fumée, preuve de leur noirceur intérieure et de leur infériorité. À la campagne vivent les aristocrates, d’une blancheur de lys et qui ne fument jamais, signe de leur vertu et de leur droit à gouverner.
Dans un internat d’élite, Thomas et Charlie, seize ans, s’exercent sans relâche à dompter leurs instincts afi n de ne pas fumer. Mais le doute les tenaille : comment se fait-il que l’un de leurs congénères, un vrai petit tyran, soit épargné par la marque du vice ? Avec l’aide de la ravissante et très prude Livia, ils enquêtent sur la nature réelle de la Fumée. Et découvrent que l’ordre établi est fondé sur une scandaleuse duperie.
Dès lors, une lutte à mort s’engage entre eux et la police politique. C’est la guerre de la passion contre la raison, du désir contre la bienséance, du droit contre l’injustice – même si leurs frontières sont souvent imprécises.
Un tour de force d’une féroce imagination, un conte d’une audace dickensienne en parfaite résonance avec notre époque.

« Smoke est une réflexion provocante sur la nature du mal, du pouvoir, de la foi et de l’amour. » Publishers Weekly. Lire la suite

[Chronique] David Bowie n’est pas mort de Sonia David

Publié aux éditions Robert Laffont – 24 août 2017 – 180 pages
Lu en partenariat avec Netgalley et Robert Laffont , merci !

« Ma mère est morte. Mon père est mort. David Bowie est mort. Ce ne sont pas uniquement de mauvaises nouvelles. »

À un an d’intervalle, Anne, Hélène et Émilie perdent leur mère, puis leur père. Entre les deux, David Bowie lui aussi disparaît. Dans l’enfance d’Hélène, la « soeur du milieu », le chanteur a eu une importance toute particulière, dont le souvenir soudain ressurgit. Alors, elle commence à raconter… Sur les thèmes inépuisables de la force et de la complexité des liens familiaux, de la place de chaque enfant dans sa fratrie, voici un roman d’une déconcertante et magnifique sincérité.

Il m’aura fallu du temps pour vous parler de ce roman. Celui de l’assimiler et celui qui est nécessaire à lui accorder le meilleur possible. Car pour la « petite » histoire, David Bowie n’est pas mort restera dans la liste des ouvrages ayant marqué ma vie. C’est pour cette raison que j’en ai offert un exemplaire à ma mère, qui elle même en a offert un à sa sœur. Parce qu’aimer lire, c’est aussi partager, transmettre. Nos parents nous transmettent un héritage, nous le transmettons nous-mêmes à nos descendants, etc. Pour moi, la lecture c’est ça. En l’occurrence, j’ai offert l’opportunité à ma mère de lire un livre qui ne pourrait que lui plaire et lui parler. Car la thématique abordée par Sonia David est universelle, celle du deuil. Et que, si vous avez vécu ces moments si particuliers de l’existence, vous ne pouvez que comprendre. Un récit intimiste, mais universel, voilà ce qu’est ce roman. Et sous la plume de l’auteure, il se transforme en une sublime histoire familiale, qui pourrait être la vôtre, la nôtre. Lire la suite

[Chronique] C’est le coeur qui lâche en dernier de Margaret Atwood

Publié aux éditions Robert Laffont – Pavillons – 17 août 2017 – 450 pages
Merci à Netgalley et Robert Laffont pour cette lecture 

Le nouveau chef-d’oeuvre de Margaret Atwood, l’auteure de La Servante écarlate
Stan et Charmaine ont été touchés de plein fouet par la crise économique qui consume les États-Unis. Tous deux survivent grâce aux maigres pourboires que gagne Charmaine dans un bar sordide et se voient contraints de loger dans leur voiture… Aussi, lorsqu’ils découvrent à la télévision une publicité pour une ville qui leur promet un toit au-dessus de leurs têtes, ils signent sans réfléchir : ils n’ont plus rien à perdre.
À Consilience, chacun a un travail, avec la satisfaction d’oeuvrer pour la communauté, et une maison. Un mois sur deux. Le reste du temps, les habitants le passent en prison… ou ils sont également logés et nourris ! Le bonheur. Mais le système veut que pendant leur absence, un autre couple s’installe chez eux avant d’être incarcéré à son tour. Et Stan tombe bientôt sur un mot qui va le rendre fou de désir pour celle qui se glisse entre ses draps quand lui n’y est pas : « Je suis affamée de toi. »
Avec C’est le coeur qui lâche en dernier, Margaret Atwood nous livre un roman aussi hilarant qu’inquiétant, une implacable satire de nos vices et travers qui nous enferment dans de viles obsessions quand le monde entier est en passe de disparaître.

Je suis certaine que vous connaissez le nom de l’auteure pour son roman La servante écarlate, récemment adaptée en série TV. Dystopie profondément féministe, elle a fait du bruit et apparemment devenue incontournable. Je compte bien la lire d’ailleurs, mais je n’ai pas pu résister à cette nouveauté de Rentrée littéraire chez Robert Laffont. Je tenais donc à remercier Netgalley et Robert Laffont pour cette lecture sympathique. Si le début du roman et même je dirai sa première moitié me laissait présager d’un coup de cœur, ce ne fut pas le cas malheureusement, mais il n’empêche que c’est un très bon roman qui pousse sur des pistes de réflexion solides, sans hésiter à jouer avec des codes clichés et sarcastiques.

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[Chronique] Ni le feu ni la foudre de Julien Suaudeau

nilefeu

Publié aux éditions Robert Laffont – Août 2016 – 270 pages

Merci à Babelio et Robert Laffont pour cette lecture dans le cadre de Masse Critique

resume

« Si les choses pouvaient en rester là.
Le boulevard Magenta, marinant à jamais dans le bruit, le noir des murs et les vapeurs des pots d’échappement.
Les feuilles encore vertes aux branches des platanes.
Ma bouteille à moitié vide, mais à moitié pleine.
Moi, toujours en vie, sentinelle au-dessus du trafic, parlant au chien pour le rassurer et sentant sous mes doigts le fer forgé de la balustrade.
Cinq sens, aucune raison que ça s’arrête. Pas de date de péremption. J’envelopperais tout dans du papier cadeau et je le mettrais à l’abri, en promettant de ne pas regarder.
J’aimerais la pollution et le vacarme des autobus comme la prunelle de mes yeux – comme la vie elle-même.
Les feuilles des arbres ne finiraient pas par tomber.
Ma bouteille ne se viderait pas.
J’aurais neuf vies de chat devant moi. »
Du petit matin jusqu’au soir du 13 novembre 2015, cinq personnages chassent le bonheur dans les rues de Paris, poussés par des vents contraires : l’espoir et les regrets, la colère et le calme, la joie et le deuil. Les pas de ces Parisiens les rapprochent du concert ou les en éloignent ; leurs destins s’entrelacent ou s’écartent. Ni le feu ni la foudre capte la lumière de ces étoiles sur le point de s’éteindre. Lire la suite

[Chronique] À demain, Lou de Marie-Claude Vincent

AdemainlouPublié aux Éditions Robert Laffont –  Avril 2016 -168 pages

Livre découvert grâce à Pretty Books, merci ❤

resume

Élisabeth, Lou et la petite Laura forment avec leurs parents une famille unie et joyeuse. Jusqu’au jour où Éli part passer le week-end chez une amie et ne revient pas. Bloquée par le silence des adultes, Lou n’ose pas poser de questions. Le corps pressent ce que l’esprit refuse d’accepter, mais admettre qu’Éli est morte serait plus terrible encore que ce mutisme qui, peu à peu, empoisonne tout.

C’est sur cet événement que Lou revient à la veille de ses seize ans, l’âge d’Éli à sa disparition. Comment continuer à vivre sans cette grande soeur qu’elle chérit tant ? Comment se résoudre à devenir plus vieille qu’elle ? Comment cesser d’être « la petite soeur d’Éli » ? Il va bien falloir, pourtant, passer ce cap…

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Quel sujet touchant, émouvant, bouleversant que celui du deuil. Je crois que je vous en ai déjà parlé sur mon blog, mais le deuil ainsi que l’accompagnement de fin de vie sont des sujets qui me passionnent. N’y voyez rien de morbide, seulement une envie de comprendre ce processus, d’accompagner, aider les gens. Ici, Lou aurait sans doute dû bénéficier d’un accompagnement. À 12 ans, comment comprendre que sa grande sœur chérie ne reviendra jamais ? À la veille de ses 16 ans, l’âge auquel son aînée a disparu, Lou revient sur les 4 dernières années, celles passées sans Éli, celle à attendre son retour. Mais comment, maintenant qu’elle a bien compris que sa sœur était morte peut-elle accepter de devenir plus vieille qu’Éli au moment de la mort de cette dernière ? Comment accepter alors de ne plus être « la petite sœur d’Éli ».

Vous l’aurez compris, ici, le deuil est raconté sous une forme différente, originale. La narratrice Lou va plonger dans ses souvenirs des jours qui ont précédé le drame, des jours qui ont suivi, des mois de déni, des moments d’acceptation et surtout cette angoisse d’être plus vieille que sa soeur. Quand Éli est partie pour le week-end chez une copine, après de formidables vacances en famille, Lou était triste. Mais Éli, lui a promis de rentrer le lendemain « À demain, Lou ». Mais Éli ne rentre pas, on parle à Lou d’accident et qu’Éli est « partie ».

« Cela fait quatre ans que ma sœur aînée est morte. Laura, ma petite sœur n’avait qu’un an à la mort d’Éli. Moi j’en avais douze, mais il a fallu qu’oncle Charles rentre de Yokohama le jour de mes treize ans pour que je réalise que je ne reverrais plus jamais Éli. Mon oncle est le premier à avoir prononcé ces mots : Élisabeth est morte ».

Voilà les premières lignes de ce roman. Il aura fallu des mois à Lou « Louloulou » pour admettre la vérité, comprendre que sa sœur ne reviendrait pas. Pendant de longs mois, elle fera tout ce qu’elle peut pour oublier l’absence de son aînée, imaginant des stratagèmes voués à occulter la vérité. Elle sera profondément bouleversée, mais surtout, autour d’elle, tout n’est que silence. Personne ne parle d’Éli, personne ne dit qu’elle est morte, on évite d’en parler, on décroche sa photo du mur, on vide ses tiroirs, donne ses vêtements. Lou, elle, ne comprend pas ce silence et va devoir malgré tout avancer. Mais la pauvre jeune fille est comme bloquée par ce silence. Elle n’ose pas poser de questions. Elle ne peut pas se confronter à une réalité que ses parents, pensant bien faire et gérant leur chagrin comme ils le peuvent, font tout pour occulter. Ne plus parler d’Éli semble pour eux la solution pour que chacun puisse faire son deuil.

Pour autant, Lou vit dans une famille équilibrée, soudée, aimante et qui prend soin d’elle. Seulement, quand on est parents et qu’on perd un enfant, il doit être très difficile de gérer son propre chagrin et en plus de comprendre celui des autres enfants restants. Ses parents, même s’ils commettent, en quelques sortes, cette erreur du silence, ne cesseront d’être présents pour Lou et Laura. Ils ne deviendront pas des fantômes, ne laisseront jamais tomber leurs autres filles, seulement, ils sont silencieux.

Lorsqu’à la veille de ses 16 ans, Lou prend conscience que bientôt, elle sera plus vieille que sa propre grande sœur, elle panique et perd de nouveau contrôle de ses émotions. C’est ainsi qu’elle nous raconte son parcours. Elle nous ouvre la porte de son cœur, de son chagrin, de ses pensées les plus intimes, et nous livre un récit, certes court, mais profondément touchant. Nous comprenons sa détresse et aussi les étapes par lesquelles elle est passée. Nous acceptons que pour elle, Éli ne peut pas être partie pour toujours. Elle développe des TOC, des réflexes et nous, lecteurs, nous lisons sa souffrance, impuissants. Quelle douleur plus vive que la perte de quelqu’un d’aussi proche ? Lou a perdu son modèle, son repère, sa bouffée d’oxygène et elle ne sait plus quoi faire de cet âge qui s’approche et la ramène à tant de douloureux souvenirs. Lou prend conscience de tout ce que sa sœur aurait dû vivre.

C’est une histoire magnifique qui peut tirer quelques larmes. Après avoir refermé le livre, il m’a fallu quelques heures pour me poser et digérer l’histoire. L’émotion est puissante, belle, salvatrice. L’écriture, un peu particulière, reste sublime et parfaitement adaptée à Lou. Nous avons l’impression de vivre ce deuil à ses côtés sans jamais pouvoir l’atteindre, ni l’aider. Nous vivons vraiment cette épreuve comme si nous étions dans la tête d’une jeune fille de 12 ans et non comme un adulte le raconterait. Bravo à l’auteure pour cette prouesse. Nous pourrions, peut-être, juste regretter la brièveté de ce roman, quelques pages sur les autres années de Lou, auraient peut être pu renforcer notre attachement à la jeune fille. En revanche, il est très facile de succomber au charme de « l’âme » d’Éli et encore plus à celui de Laura, adorable petite fille que cette mort n’a pas vraiment atteint.

enbref

À demain, Lou est un court roman sur le deuil. À 12 ans comment admettre la mort de sa sœur aînée et son caractère immuable ? Avec une plume profondément adaptée à l’âge de la narratrice sans faire enfantin pour autant, l’auteure nous entraîne aux côtés de Lou qui va devoir grandir et devenir plus vieille que sa grande sœur. Une histoire d’une émotion intense et bouleversante. Quelques pages de plus auraient pu prolonger notre émotion et l’intensifier.

MANOTE

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