[Chronique] Rituels d’Ellison Cooper, une plongée terrifiante dans un mode opératoire déroutant

Publié aux éditions Cherche-Midi, octobre 2018, 432 pages
Traduction Cindy COLIN KAPEN
Merci à Benoit pour la lecture et à la #TeamThrillerCHM

 

Des meurtres étranges, des enquêtes captivantes, un univers inédit dans le thriller.

Spécialiste des neurosciences, Sayer Altair étudie pour le FBI les profils psychologiques de tueurs en série. Déroutée par une scène de crime très particulière, sa hiérarchie fait appel à elle. On vient de trouver, dans une maison abandonnée de Washington, le corps d’une jeune fille à qui l’on a injecté une drogue hallucinogène utilisée par les shamans d’Amazonie durant les cérémonies rituelles. Lorsque l’on découvre d’étranges symboles mayas sur les lieux, l’enquête se dirige vers un tueur aussi passionnant qu’insaisissable.

Docteur en anthropologie, Ellison Cooper ouvre avec Rituels une série consacrée à Sayer Altair, qui mêle meurtres, neurologie et superstitions. Un univers aussi inédit que fascinant, des intrigues captivantes, un personnage inoubliable… on attend déjà avec impatience son prochain thriller, Sacrifices, à paraître en 2019 au cherche midi.

« Les gens aimaient se représenter les tueurs en série comme des incarnations du mal absolu, mais la vérité est beaucoup moins terrifiante – le mal absolu n’est rien d’autre qu’un type au cerveau détraqué. Les vrais monstres ne sont que des êtres humains affranchis des obligations morales qui sous-tendent toutes les relations. »

 

Cela fait un paquet d’années désormais que je n’ai plus regardé la télévision et pourtant, ce livre m’a immédiatement rappelé une série que je regardais de temps en temps à l’époque où le téléviseur s’animait encore : Esprits Criminels. Certes, le profiler de l’équipe est bien loin d’être aussi charmant que Spencer, on a pas de voluptueuse et brillante Penelope (mais un Ezra tout à fait convaincant) et point de Morgan (THE beau gosse de la série, on ne va pas se mentir). Mais cessons ici les comparaisons hasardeuses et entrons dans le vif du sujet ou plutôt de l’enquête donc Sayer Altair, jeune femme métisse et en constante évolution dans sa carrière, hérite.

 

Rituels est le premier tome d’une série centrée sur le personnage de Sayer Altair et je dois dire que je l’ai trouvé presque rafraichissant. Hormis deux trois clichés poussiéreux et vraisemblablement incontournable dans le genre, Rituels nous propose de rencontre une héroïne qui change un peu. Nous sommes au sein du FBI et elle est à la tête d’une équipe de professionnels performants afin de résoudre une sordide affaire de meurtres, ressemblant à des rituels chamaniques ou inspirés d’autres cultures ancestrales. La victime qu’ils viennent de retrouver est jeune, et Sayer s’inquiète d’une autre jeune femme qui pourrait être en danger.

 

Au cours de l’enquête, les révélations vont venir nous surprendre parfois, d’autres non, disons que la balance est bien équilibrée et qu’il y a ce qu’il faut de suspens et d’addictif pour ne pas avoir envie de refermer le livre, mais bien de dévorer la moindre page. L’autrice du roman n’épargnera pas les lecteurs et n’hésitera pas à mettre les personnages en grand danger, et c’est bien peu dire. L’équipe que constitue Sayer peut nous paraitre bancale et peu adaptée, mais finalement c’est un ensemble de personnalités qui se complètent. Les drames et la mort sont présents, mais aussi le rappel de la vie du quotidien, du bonheur et des sourires.

 

Notre héroïne est très professionnelle, capable d’empathie, mais aussi de colère impulsive. Ayant elle même vécu son drame personnel, elle parvient à garder son sang-froid la plupart de temps et à prendre le recul nécessaire à sa santé psychologique. En revanche, l’enquête se déroulant sur peu de jours, on ne peut pas dire que le repos fasse partie du vocabulaire de notre équipe qui est sur le qui-vive en permanence. L’intrigue est bien montée et les rituels des meurtres se font presque fascinants s’il n’y avait pas l’odeur de la mort pour chasser l’admiration des connaissances ancestrales et scientifiques. Car il sera vite établi que notre tueur en série sait ce qu’il fait.
Le traitement du profilage est également une belle réussite puisque, si le profileur est détestable, il n’en reste pas moins compétent, du moins quand il parvient à mettre son égo gonflé à l’hélium de côté. Pour être transparente, on ne peut pas dire qu’on apprend beaucoup à connaitre nos personnages ici, mais pour un tout premier tome, j’ai trouvé que c’était largement adapté, nous aurons tout le temps de faire connaissance avec les concernés au fil des enquêtes.

 

« Je veux comprendre de quoi sont fait les tueurs et comment nous pouvons les réperer dès le début de leur vie. Si nous parvenons à comprendre pourquoi ils agissent ainsi, peut-être nous pourrions les empêcher de tuer. »

 

Le style est fluide, prenant, habile, la narration se fait à la troisième personne donc un peu distante et pourtant nous arrivons à comprendre les souffrances de chaque personnage rencontré, ou du poids qui pèse sur leurs épaules. Sayer est une femme blessée qui se met à fond dans son travail et son esprit scientifique la conduit à faire des rechercher en neurosciences en complément du travail de terrain. Comme moi, elle est fascinée par le cerveau humain et son fonctionnement et je dois avouer avoir été totalement emballée et un peu surexcitée par ses théories, brillamment mises en scènes par l’autrice qui sait s’arrêter où il faut et ne jamais en faire trop.

 

Comme je le disais, j’ai aimé le rythme, ce n’est ni insoutenable ni lent, le juste équilibre est apporté comme il le faut. Pour ce qui est du suspens, il y en a à juste dose, mais je vais vous le dire en toute transparence, j’avais deviné l’identité du coupable assez rapidement. Ce qui ne m’a pas empêché de monter et démonter ma théorie au fil des chapitres. Je ne pense pas que l’autrice ait laissé trop transparaitre de choses, mais je vous ai déjà parlé de mon instinct parfois pénible avec les thrillers… Bref, cela ne m’a pas gâché ma lecture pour autant, car les révélations sont finalement bien plus énormes et dramatiques que je ne pouvais l’imaginer. Résultat j’ai passé un excellent moment et j’ai d’ores et déjà hâte de retrouver Sayer dans un prochain tome ainsi que son équipe. Vu la bombe qui est lâchée entre les mains de la jeune femme, on ne peut que s’interroger sur l’état d’esprit dans lequel nous allons bien pouvoir la retrouver… Cela risque de ne pas être bien joli à voir.

 

Si j’enlève l’identité du coupable, légèrement prévisible pour moi, je dois avouer avoir passé un fantastique moment avec ce thriller qui en a tous les bons codes. Bien entendu, nous n’échappons pas à certains clichés ou éléments déjà-vu dans ce genre d’histoire, mais la mise en scène criminelle est prodigieuse et riche en informations. Un excellent premier tome donc

 

C’est assez limpide, donc je n’en rajoute pas, notez le sur votre liste de Noël ! Et mention spéciale pour le personnage d’Ezra mais aussi Tino !

7 réflexions sur “[Chronique] Rituels d’Ellison Cooper, une plongée terrifiante dans un mode opératoire déroutant

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Je dois avouer que j’apprécie tout particulièrement cet aspect profilage, j’avais peur que ce soit un peu trop gore, mais ça a l’air d’aller d’après ton avis ma belle, du coup, je note absolument !

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