[Chronique] La fille sous la glace de Robert Bryndza

Publication aux éditions France Loisirs – 9 août 2017 – 512 pages
Merci à France Loisirs et Alexandra pour cette lecture 

Le thriller qui a fait fondre le monde entier
La glace a immortalisé sa jeunesse, sa beauté… et son mystère : qui était vraiment Andrea ? Victime ou manipulatrice ?

Encore marquée par la mort en service de son mari, l’inspectrice en chef Erika Foster découvre son nouveau poste dans un commissariat de Londres. Premier jour, première affaire et non des moindres : le corps d’Andrea Douglas-Brown, fille d’un riche industriel, a été retrouvé dans le lac gelé du Horniman Museum de Forest Hill. Que faisait la jeune femme mondaine dans ce quartier mal famé ?
Effondrée par la disparition d’Andrea, sa famille semble pourtant redouter ce que l’enquête pourrait dévoiler d’eux. Hasard ? Vengeance ? Crime passionnel ? Pour faire éclater la vérité, Erika Foster devra faire la lumière entre règne des apparences et sombres secrets.

Pourquoi France Loisirs a choisi ce roman :

Dans le monde, ils sont près de 2 millions à avoir succombé au premier polar de Robert Bryndza, ancien comédien qui s’est d’abord adonné, en tant qu’auteur, aux comédies romantiques. Changement de style plus que réussi : nous n’avons pas hésité longtemps à vous faire découvrir ce roman pour son intrigue bien menée, suspense garanti jusqu’à la dernière page !
Robert Bryndza nous offre, qui plus est, une peinture sans concessions de la société londonienne. Autre point fort du roman : son héroïne, Erika Foster, flic d’expérience, courageuse, intègre, et pourtant malmenée par sa hiérarchie. On s’accroche à sa détermination, elle nous emmène jusqu’au bout de cette enquête étonnante !

 

À votre avis, ai-je frissonné sous la glace avec Andrea ? Ai-je accompagné la DCI Foster sur tout son parcours vers la vérité ? Ai-je vraiment éprouvé le suspens annoncé ? L’intrigue est-elle à la hauteur des promesses ? Et qu’en est-il de cette critique de la société londonienne qui se mêle à un crime abominable ? Puis-je ajouter que la misogynie y est mise à mal grâce à notre chère Erika ? Alors oui, ce roman remplit ses promesses, mais pour autant je ne peux pas dire avoir été convaincue à 100%, et ce, malgré l’excellent moment de lecture que j’ai pu passer et le triturage de méninges pour deviner le coupable.

Tout commence par une mort. Celle d’une jeune femme habillée pour sortir, une jeune femme qui marche sur ses hauts talons, seule dans l’ombre d’un sombre quartier londonien. Il arrive en voiture, il la capture. Nous n’en saurons pas plus. Jusqu’à ce qu’un employé découvre un corps. Ou plutôt découvre-t-il d’abord la sonnerie d’un téléphone portable avant de tomber nez à nez avec Andrea, figée dans sa beauté, sous la glace. Mais Andrea n’est pas n’importe qui, sa famille, très puissante dans le milieu londonien, élite parmi les élites, semble ne pas vraiment vouloir connaitre la vérité. Pire, Erika, de retour sur le terrain ne parviendra pas à plaire au père d’Andrea, ce dernier a le bras long. Aussi long que l’intuition d’Erika qui lui souffle que tout part sur la mauvaise piste. Prête à tout pour rétablir la vérité et coffrer la bonne personne, Erika ne reculera devant rien, surtout pas devant les menaces d’un riche homme londonien ou celle de ses patrons. Si elle est de retour dans le métier, après la tragédie qui a conduit à la mort de son mari en service, ce n’est pas pour se planter. Courageuse, elle décidera aussi d’affronter la misogynie de certains collègues et les rumeurs sur son fiasco lors de sa dernière affaire. Mais il en faut plus pour la faire reculer. Aussi atteinte soit-elle par la douleur, seule l’intégrité de son métier compte et déterminée plus que jamais, elle ira jusqu’au bout de l’enquête, nous entrainant avec elle d’indices en intuitions, pour finalement mettre la main sur quelque chose de terrible. Que nous n’avions pas vu venir!

Je vous l’ai dit il y a quelque temps, j’étais en manque de thriller et je voulais absolument en lire cet été. Ainsi, quand France Loisirs m’a proposé de lire cette nouveauté au Club, je n’ai pas hésité une seconde. Un auteur que je ne connais pas, une 4e prometteuse et une couverture quelque peu rafraichissante, parfaite pour renouer avec le genre. Si j’ai lu des thrillers bien mieux élaborés et plus glaçants pour le coup, je dois avouer que ce livre nous promène un moment avant que nous puissions comprendre ce qu’il s’y passe et qui pourrait être le coupable de ce sordide meurtre. D’abord, il va falloir qu’Erika décrypte la jeune victime : qui était-elle, que faisait-elle dans un quartier mal famé ? Quels secrets pouvait-elle bien cacher ? Qui sont les témoins ? Les suspects ? Et la famille ? Ah oui, la famille, intouchable. Riches personnalités de la bonne société londonienne, répondre à des questions sur la mort de leur fille leur cause un préjudice incroyable, voyons. Mais Erika jouit d’un fichu caractère et peut parfois dépasser les bornes. Même si son comportement rend parfois dingues le lecteur et sa hiérarchie, nous comprenons très vite que c’est un flic qui marche à l’instinct et qui doit faire de nouveau ses preuves depuis la dernière affaire ayant coûté la vie à son mari. De même, nous observons très vite les comportements sexistes en vigueur dans son milieu professionnel. Heureusement, son professionnalisme, mais aussi son caractère lui vaudra de solides alliés dans son équipe.

Un flic qui se démène pour la vérité et qui n’a pas peur d’appuyer là où ça fait mal, ça, c’est intéressant. Le roman nous permet de suivre Erika et parfois, de plus courts chapitres nous entrainent sur les traces du meurtrier et de ses pensées, ses envies. Pourtant, il nous est impossible de savoir qui il est, ce qu’il cherche, son mobile, ses motivations et ses peurs. Non, nous comprenons juste l’excitation que lui procure le meurtre. Et si ce n’était pas la première fois? Très vite, Erika va faire des liens, bien trop vite pour notre assassin. Cette persévérance est admirable et exemplaire et notre flic n’hésite pas à se mettre en danger. Toutefois, elle passera également par une sérieuse introspection, souffrant d’une cruelle solitude et portant encore le deuil. Tous ces éléments font qu’elle peut parfois manquer de sang-froid ou de discernement, mais elle veillera toujours à rétablir son professionnalisme, se fiant toujours à son incroyable instinct.

En effet, le suspens est garanti jusqu’à la fin puisque l’identité de l’assassin arrive vraiment sur les dernières pages et que l’auteur aura bien pris soin de nous promener autour d’autres personnes, d’autres pistes. Finalement, nous découvrons une jeune fille qui dérange, une famille pourrie par l’argent et la notoriété et un système policier plus que corrompu. Mais qu’importe, puisqu’Erika obtiendra ce qu’elle souhaitait : le vrai coupable. Alors si le roman remplit ses promesses pourquoi ne suis-je pas convaincue à 100% ? Eh bien tout simplement parce qu’avec un titre pareil, je m’attendais à un peu plus de frissons, des scènes un peu plus stressantes, glaçantes. De même, j’aurais aimé une plus grande prise de risque dans ce qu’Erika entreprend face à sa hiérarchie et que des têtes tombent plus facilement. Je me suis laissée porter et me suis rendu compte qu’on nous conduisait au coupable sans vraiment nous donner de quoi travailler sur l’enquête ou se faire notre propre liste de suspects. Certaines choses sont trop rapidement amenées, d’autres au contraire à peine effleurées. Nous sommes bien dans le genre policier pur et dur, mais sans angoisse, un peu loin de certains thrillers à l’ambiance oppressante. Et pourtant avec un titre pareil, c’est ce que j’en attendais. Aucun reproche à faire pour autant à la construction du roman qui ravira les fans du genre.

La critique de la société londonienne demeure un incontestable point fort que j’ai pris plaisir à découvrir, ignorant tout de ces agissements. De même, j’ai compris le fonctionnement du système policier et de ses limites, du pouvoir des riches sur les forces de l’ordre, l’importance des médias et des âneries qu’ils peuvent sortir. Nous croiserons les journalistes vautour bien entendu. Erika se fera démolir fermement par pas mal de collègues et supérieurs masculins, mais, mûre, intègre et professionnelle, elle saura toujours faire face de son mieux et n’hésite pas à reconnaitre ses erreurs ou mauvais calculs. Sans elle, l’affaire n’aurait jamais connu son épilogue, car tous partaient sur une fausse piste, tout comme nous. Comme je le disais, je n’ai pas deviné qui était le vrai coupable avant qu’Erika ne le comprenne elle-même. L’auteur a su orchestrer sa mise en scène aux petits oignons pour nous permettre de découvrir en « temps réel » avec son inspectrice et nous coupe le souffle. Les personnages sont également un excellent point fort, je retiens surtout les deux alliés principaux d’Erika dans son équipe ainsi que la sœur de la victime qui ont des profils fascinants. À noter que le style se veut fluide et efficace, pas de perte de temps, nous filons à l’essentiel à l’aide de chapitres parfois très courts, qui viennent rythmer notre enquête et l’accélérer pour nous faire perdre haleine. Une chose est certaine : si je m’attendais à plus, je ne vais par pour autant perdre l’auteur de vue, car j’ai passé un très bon moment avec La fille sous la glace et si jamais Erika revenait dans une affaire, je suis preneuse, une femme avec autant d’aplomb, je signe tout de suite (psst petit secret, elle est déjà revenue en Angleterre alors…).

La fille sous la glace est un polar addictif et efficace qui sait tenir son lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages. A l’aide d’une enquêtrice déterminée et intègre, l’enquête s’affranchira des conventions sociales et de la bourgeoisie londonienne. Le roman dénonce tout aussi bien le laxisme que le pouvoir de la haute société tout comme la misogynie, le racisme ou l’homophobie en distillant de précieux moments. Amateur de suspens, il est pour vous ! On regrettera juste un léger manque de frissons.

 

 

 

9 réflexions sur “[Chronique] La fille sous la glace de Robert Bryndza

  1. La route des lecteurs dit :

    Comme tu dis, avec le titre et la couverture, on peut s’attendre à un peu plus de frissons.
    Pourtant, tous les sujets abordés me donnent envie de lui laisser sa chance un jour. Par contre, j’attendrais qu’il sorte chez un autre éditeur, n’étant pas chez France Loisirs.

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