[Chronique] La fin d’une imposture de Kate O’Riordan

lafinduneimposturePublié aux éditions Folio Policier – Janvier 2017 – 448 pages 
Lu grâce aux partenariats Livraddict 

resume

La veille de Noël, deux policiers frappent à la porte d’une jolie maison située dans une banlieue cossue de Londres. Rosalie est déjà lancée dans les préparatifs de cette fête de famille, comme pour oublier que Luke l’a trompée, lorsque les policiers leur annoncent le décès de leur fils aîné. Des mois de descente aux enfers s’ensuivent pour les parents et Maddie, leur deuxième enfant en pleine adolescence. Une chute qui semble brusquement s’interrompre lorsque mère et fille rencontrent Jed dans un groupe de parole. Jeune homme au charme envoûtant, il sait vite se rendre indispensable à la famille. Mais la vulnérabilité qu’a créée ce deuil n’est-elle pas la porte ouverte à toute forme d’emprise?

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J’avais ajouté La fin d’une imposture à ma wishlist à l’époque de sa sortie en grand format, mais cela n’avait pas été plus loin. Quand j’ai vu qu’il sortait en format poche, je me suis dit : parfait. Et puis Livraddict l’a proposé en partenariat et là, c’était encore mieux. Malheureusement, même si ma lecture reste agréable, le roman ne se révèle pas du tout à la hauteur de mes attentes et je reste mitigée, presque déçue par ma lecture. C’est aussi pour cela que j’ai pris le temps d’écrire ma chronique, car les critiques négatives ou moyennes sont toujours les plus difficiles à tourner. Vous ne trouvez pas ?

L’histoire s’ouvre sur un douloureux moment pour la famille que nous rencontrons. À quelques jours de Noël, des policiers viennent annoncer aux 3 membres de la famille déjà bien étiolée par un adultère, que leur fils, alors en vacances en Thaïlande est décédé, des suites d’une noyade. La Terre s’ouvre sous leurs pieds et la mère a beaucoup de mal à accepter les faits : son fils était un excellent nageur, ce n’est pas possible. Malheureusement, l’identification du corps rendra réelle la mort de leur enfant et le deuil va alors prendre un tournant pour le moins particulier. Le couple, déjà très affaibli va faire le choix de vivre séparément. L’adolescente, Maddie, va quant à elle changer de comportement et devenir totalement incontrôlable, s’accusant de la mort de son frère et enchainant les mauvaises fréquentations. Mais, à la suite d’un incident, Maddie et Rosalie décident de se rendre à un groupe de parole pour faire face à leur douleur et travailler sur leur deuil. Là-bas, ils vont rencontrer Jed, un jeune homme d’une vingtaine d’années, qui, lui aussi, a perdu quelqu’un de proche. Rapidement, le courant va passer entre lui et Madie, et Rosalie voit en ce séduisant garçon, une opportunité pour sa fille de se reconstruire. Mais si Maddie renait de ses cendres, Rosalie, elle commence à douter face au comportement étrange du garçon qui s’immisce de plus en plus dans leur vie… Et s’il était trop tard ?

Le thème de base me semblait intéressant et j’attendais avec impatience de voir comment il allait être traité. Malgré moi, je crois que j’imagineais un thriller bien plus psychologique que cela, avec un outsider dérangé ou machiavélique. Mais ce n’est pas vraiment ce que nous avons entre les mains. Certes, l’habileté de l’auteur n’est pas à renier, elle nous fait nous aussi succomber au charme de Jed mais n’évite malheureusement pas la prévisibilité de l’intrigue et des directions qu’elle peut prendre. Bien entendu, nous ne devinons pas 100% des faits, mais facilement vers où tout cela va nous mener et les différents pions que les personnages peuvent avancer dans ce jeu qui devient stratégique au cœur du tourbillon de la souffrance. Nous n’échapperons malheureusement pas à certains clichés qui pourtant auraient pu aisément être évités. Je ne vais pas les détailler ici, ce sera vous gâcher quand même certaines choses.

Heureusement, les personnages peuvent se montrer intéressants. Rosalie, notre protagoniste est une mère dans la souffrance : son couple est détruit, sa fille est tombée très bas et elle doit faire le deuil de son fils. Ce fils si souriant et qui les rendait si fiers. Mais si Rosalie veut vraiment comprendre ce qui s’est passé le jour de la mort de son enfant, il va falloir qu’elle soit prête à entendre des choses qu’une mère aurait sans doute préféré ignorer. Nous pourrions dire qu’elle s’acharne à vouloir comprendre, mais en même temps, quoi de plus normal pour une maman en deuil ? Sa fille, Maddie est malheureusement clichée et insupportable, faisant caprice sur caprice et n’en faisant de manière générale qu’à sa tête. Après avoir mené la vie dure à ses parents avec de très sombres histoires, la voilà qui s’entiche de Jed et qui ne cesse de faire du chantage à sa mère. Bien entendu, nous comprenons très vite l’influence de Jed sur Maddie, cette influence qui peu à peu contamine la famille, à l’exception du père de famille et du Père de la paroisse locale, meilleur ami de Rosalie.

Rapidement, le lecteur se demande qui est Jed et ce qu’il veut. Mais l’auteure nous lance des informations de manière parfois trop précipitée et les sous-entendus pour l’héroïne deviennent pour nous des indices trop gros. De manière générale, si l’intrigue tient debout, elle manque de subtilité et de suspens. J’aurais aimé que le méchant de cette histoire ait une emprise encore plus profonde, plus sombre sur la famille. Finalement, il se retrouve lui-même dans quelque chose qu’il ne maitrise pas et malheureusement ça ne tient que péniblement la route. Certains évènements se sentent des pages et des pages à l’avance et nous lisons alors d’un air presque las, ce qui vient de se passer. En dépit d’un manque de suspens et d’une prévisibilité agaçante, le roman se lit très facilement et nous dévorons rapidement les 400 et quelques pages. Pour moi, pas de surprise, j’avais déjà deviné une grosse partie des révélations finales et surtout comment tout cela allait se régler. Dommage, car le style de l’auteur n’est absolument pas mauvais, la plume est même agréable et la psychologie qui n’est qu’effleurée laisse entrevoir une puissante maitrise de l’angoisse. Mais ici, tout sera laissé à la surface et ne réussit pas à répondre aux attentes que peut nous donner le résumé.

Nous retiendrons tout de même le caractère de Rosalie, une mère prête à tout pour sauver la mémoire de son enfant et préserver la jeunesse de celle qu’il lui reste. Notre jeune femme « ordinaire » saura se montrer courage et déterminée, rusée et organisée. Sans doute la seule façon de se défaire de la toile tissée par celui qui voulait s’introduire dans une famille qui n’est pas la sienne…  Enfin, terminons par parler de cette vulnérabilité liée au deuil. Oui, le thème est bien entendu exploité dans l’histoire. Mais, il aurait pu l’être d’une manière plus aboutie et moins « hormonale ». Il est dommage de voir que cette faille est exploitée par le physique d’un garçon. Certes, il se montre presque parfait et indispensable, mais le cliché du beau gosse lui colle à la peau plus que sa serviabilité ou sa détermination à se faire accepter de la famille. Dommage, car il y avait là quelque chose à exploiter de manière certaine.

enbref

Si l’intrigue de La fin d’une imposture se montre prévisible et finalement pas à la hauteur de mes attentes, la lecture du roman n’en reste pas moins agréable. À prendre sans avoir trop d’attentes, sans envisager un suspens insoutenable. Une histoire de deuil, mais aussi de manipulation dans les moments de faiblesse qui se lit très facilement.

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10 réflexions sur “[Chronique] La fin d’une imposture de Kate O’Riordan

  1. Pinklychee dit :

    Oh il me tente terriblement celui-ci il a l’air top! Dommage qu’au final ça ne l’ait pas fait plus que ça 😕
    Je pense que je le lirai quand même si l’occasion se présente, histoire de me faire mon propre avis ^^

    J’aime

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