[Chronique] Inalia – 1. Le Prince des Loups de Maud Cordier

inaliasmallPublié aux éditions Des mots en flots – Juin 2016 – 439 pages

Disponible en numérique chez L’ivre book

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121 ans après le Grand Changement, l’Histoire des Hommes a disparu. Le Roi Richard, un homme tyrannique, veut marier ses deux fils pour s’assurer de transmettre la couronne, mais aussi pour honorer une vieille promesse…
Chez les De Morvan, Pénélope, une jeune servante, est au service de Laurine, l’une des 3 filles de la Marquise. Aux côtés de ses amies servantes, Sylvia, Lucie et Christine, elle tente de survivre aux maltraitances et aux humiliations…
Pourtant, lors de la venue des Princes, Pénélope fait, par hasard, la rencontre du Prince Stéphane, et leurs interrogations quant au passé des hommes pourraient bien les rapprocher…

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Avant de me lancer dans cette chronique, je tenais à dire que j’ai craqué sur ce livre pour trois raisons : la couverture, le sous-titre « prince des loups » et la sympathie de l’auteure. À aucun moment, je n’ai lu la 4e de couverture, si ce n’est à la fin de ma lecture. J’ai eu vraiment envie de me laisser porter, de faire confiance à la plume d’une auteure que je n’avais jamais découverte avant et j’ai passé un somptueux moment. Si l’auteure a laissé passer quelques répétitions ou redondances (et même une ou deux coquilles), cela ne gêne en rien la lecture et la qualité narrative, les personnages fascinants viennent rapidement au secours de ces mini-lacunes et nous les font totalement oublier. Si je me les remémore ici, c’est dans un souci de transparence totale envers vous, mes lecteurs. Et si je vous en parle dès le départ, c’est que ce n’est pas ce que j’ai retenu de l’histoire et que je préfère me concentrer sur toutes les autres sensations et émotions procurées par ce roman.

Un univers extrêmement riche et ouvert aux possibilités

Ce premier tome nous introduit un univers mystérieux et fascinant, incroyablement riche. Nous nous rendons assez rapidement compte que nous baignons dans une dystopie captivante : l’intrigue prend place 121 ans après un évènement nommé Le Grand Changement. Ce « drame » semble avoir décimé une grande partie de la population et des continents, réduisant à néant l’Histoire de l’humanité et ses connaissances. Ainsi nous nous retrouvons plongés dans un univers sans modernité et où les castes dirigent votre vie. Notre héroïne, Pénélope appartient à la caste la plus basse et est au service de La Marquise de Morvan et de ses 3 filles. Dans sa caste, vous n’avez aucun droit : pas d’identité ou de papiers, pas de mariages. Elle doit donc se contenter de subir humiliations, tyrannie et brimades chaque jour de l’année et rester aux petits soins pour des femmes de la Noblesse, autre caste reconnue, mais toujours moins importante que la Royauté. Et justement, notre jeune fille et ses amies servantes vont se retrouver immergées en plein dans l’univers du Roi d’Inalia, lorsqu’il est annoncé que ses deux fils doivent prendre épouse et qu’au moins l’une des filles de Morvan sera sélectionnée. Là où Pénélope a de la chance dans son malheur, c’est qu’elle est au service de la jeune Laurine, la plus douce des sœurs de Morvan. En revanche, ses amies doivent subir la haine et le mépris de Julie, Mélodie ou bien de l’infâme Marquise. Si l’on peut voir ici des clins d’œil à La Sélection (caste, milieu du château et une princesse de sélectionnée) ou encore à la saga Le Joyau (aucun droit selon vos origines de naissance, univers du château également), Inalia propose bien son propre environnement romanesque et nous livre une expérience inédite.

Des personnages à la hauteur de l’intrigue

Pénélope, notre personnage principal, et par qui la narration se fait, est extrêmement attachante. Le fait que l’histoire nous soit racontée à la première personne nous rapproche énormément de la jeune femme qui ne nous épargne rien de ses réflexions, pensées, interrogations et humeurs. Elle n’est pas faite pour servir, mais doit s’en contenter. Alors qu’elle n’a que 17 ans, elle cumule déjà 4 années de service auprès de ces femmes immondes qui n’hésitent pas à blesser physiquement ou moralement leurs servantes, considérant que leur vie ne vaut absolument rien. C’est un point de vue que Pénélope a beaucoup de mal à intégrer et nous sentons qu’en elle gronde une révolte, qu’elle aimerait que son existence jouisse de plus de liberté, ses valeurs plus reconnues et ses services payés. Car oui, Pénélope ne perçoit pas de salaire et devrait juste s’estimer heureuse et reconnaissante d’avoir l’immense honneur de finir les restes de table et les pommes moisies, de servir ces Dames et de vivre dans une pièce minuscule avec ses amies tout en portant de véritables sacs à patates en guise de vêtements. L’auteure insistera avec pertinence et d’une manière très juste sur les humiliations et les blessures psychologiques, sur l’impact des mots sur Pénélope ou ses amies. Parfois, Pénélope ressassera les mêmes agacements, mais nous ne pouvons que la comprendre. Dans un monde pétri d’injustices, de complots, de mesquineries, de trahisons et autres manipulations, il apparait difficile de discerner lumière et espoir. Pénélope rêve de respect et de liberté.

Les personnages créés par Maud Cordier incarnent une véritable force dans cet univers parfaitement bâti. En un seul tome, déjà, nous voyons se dessiner les personnalités de chacun. Nous comprenons rapidement que les gens de la Noblesse ou de la Royauté sont des êtres infâmes, mais que des exceptions existent, notamment au travers de deux d’entre eux qui deviennent terriblement attachants et aussi importants pour Pénélope. Les amies de Pénélope jouissent toutes d’une personnalité très différente et tout ce beau monde se complète à merveille, se soutenant et s’entraidant, pour résister aux pires humiliations des filles de Morvan. L’auteure confère beaucoup d’impulsivité et de spontanéité à ses personnages, les rendants encore plus vivants, plus authentiques. Les deux Princes apparaissent bien opposés mais une chose semble les lier sans qu’ils en prennent véritablement conscience. Le Roi et la Reine d’Inalia ne peuvent être qualifiés que d’infects et machiavéliques.

Du mystère et la Nature au coeur de l’univers d’Inalia

Le Grand Changement est le point mystérieux de ce premier opus et nous nous posons beaucoup de questions à ce sujet. Pénélope ne conçoit pas le fait de ne rien savoir et doute de beaucoup d’éléments qui leur servent de connaissances. Elle n’accepte pas que l’intégralité de l’Histoire ait pu s’effacer et que l’Humanité se retrouve « bloquée » à ce stade de style médiéval. Pourtant des expressions populaires et du langage de l’ère précédente restent et les références leur sont inaccessibles. Pénélope n’a qu’une envie : en apprendre plus sur l’Histoire. Bien entendu, un tel savoir demeure totalement hors de portée, surtout pour une servante. Mais Pénélope s’est fait, malgré elle, remarquer par le Prince Stéphane et cette soif de connaissance pourrait bien les rapprocher.

Un ami très mystérieux nous honore également de sa présence dans ce roman : Céleste. Avec lui, Pénélope se sent en confiance et libre. Elle est pourtant, au début, très loin d’imaginer les surprises qu’il peut lui réserver. Et là, je ne peux qu’applaudir l’audace de Maud Cordier pour cette idée absolument fabuleuse, onirique et captivante. L’histoire prend un tour très poétique et invite à réfléchir. Il nous tarde d’arriver au tome 2 pour en savoir encore plus sur cet univers fantastique qui vient flirter avec romance et interdits, secrets et complots. Car oui, Maud Cordier a réussi à mêler un ensemble de problématiques plus intéressantes les unes que les autres dans ce premier tome. Nous ne pouvons que nous interroger sur ce qu’elle nous réserve pour la suite et comment le tout sera abordé et traité. Finalement, alors qu’au bout de quelques pages, nous pensions lire une histoire dystopique assez classique nous nous retrouvons au cœur d’une intrigue incroyablement riche et il serait réducteur de vouloir lui décerner une seule et unique étiquette. Je terminerai en ajoutant enfin que j’ai beaucoup aimé les réflexions de l’auteure sur la chasse ou la cruauté envers les animaux, c’est amené de manière pertinente, surtout dans « l’époque » où se situent nos personnages. La morale qui s’en dégage est légère et en totale adéquation avec ce que vit notre héroïne.

enbref

Un univers dystopique et fantastique merveilleusement bien orchestré, sous le charme duquel nous tombons rapidement. Ajoutons-y la fabuleuse place accordée à la Nature, de la romance, des complots et des envies de liberté et nous obtenons cette sublime recette qu’est Inalia. Ce premier tome nous encourage à poursuivre l’aventure et à retrouver Pénélope et Stéphane. Une très belle plume à découvrir.

MANOTE

18/20

4flamants

PS : merci à l’auteure auprès de qui j’ai pu acheter ce livre, et qui m’a dédicacé à la fois l’ouvrage et le joli marque-pages.

9 réflexions sur “[Chronique] Inalia – 1. Le Prince des Loups de Maud Cordier

  1. autantenemporteleslivres dit :

    Coucou! J’ai lu ce livre alors qu »il n’était encore qu’un manuscrit et j’avais adoré aussi. J’ai lu ensuite un autre manuscrit de l’auteure et j’ai tout autant aimé. Je suis contente que de plus en plus de monde découvre sa jolie plume. Bises

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