[Chronique] Le cri de Nicolas Beuglet

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Publié aux éditions XO – septembre 2016 – 496 pages

Lu en partenariat avec Livraddict et les éditions Xo que je remercie

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Hôpital psychiatrique de Gaustad, Oslo. À l’aube d’une nuit glaciale, le corps d’un patient est retrouvé étranglé dans sa cellule, la bouche ouverte dans un hurlement muet. Dépêchée sur place, la troublante inspectrice Sarah Geringën le sent aussitôt : cette affaire ne ressemble à aucune autre…
Et les énigmes se succèdent : pourquoi la victime a-t-elle une cicatrice formant le nombre 488 sur le front ? Que signifient ces dessins indéchiffrables sur le mur de sa cellule ? Pourquoi le personnel de l’hôpital semble si peu à l’aise avec l’identité de cet homme interné à Gaustad depuis plus de trente ans ?
Pour Sarah, c’est le début d’une enquête terrifiante qui la mène de Londres à l’île de l’Ascension, des mines du Minnesota aux hauteurs du vieux Nice.
Soumise à un compte à rebours implacable, Sarah va lier son destin à celui d’un journaliste d’investigation français, Christopher, et découvrir, en exhumant des dossiers de la CIA, une vérité vertigineuse sur l’une des questions qui hante chacun d’entre nous : la vie après la mort…
Et la réponse, enfouie dans des laboratoires ultrasecrets, pourrait bien affoler plus encore que la question !

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[Chronique] Ainsi fleurit le mal de Julia Heaberlin

ainsifleuritlemalPublié aux éditions Presses de la Cité – 8 septembre 2016 -560 pages

Merci à Netgalley France et Presses de la Cité pour cette lecture

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« J’ai toujours pensé que la mort avait quelque compte à régler avec moi. »
À seize ans, Tessa est retrouvée agonisante sur un tas d’ossements humains et au côté d’un cadavre, dans une fosse jonchée de milliers de marguerites jaunes aux yeux noirs. Partiellement amnésique, seule survivante des « Marguerite » – surnom que les journalistes ont donné aux victimes du tueur en série –, elle a contribué, en témoignant, à envoyer un homme dans le couloir de la mort. Terrell Darcy Goodwin, afro-américain, le coupable parfait pour la juridiction texane.
Presque vingt ans ont passé. Aujourd’hui, Tessa est une artiste et mère célibataire épanouie. Si elle entend parfois des voix – celles des Marguerite qui n’ont pas eu sa chance –, elle est toutefois parvenue à retrouver une vie à peu près normale. Alors, le jour où elle découvre un parterre de marguerites jaunes aux yeux noirs planté devant sa fenêtre, le doute l’assaille… Son « monstre » serait-il toujours en cavale ? La narguerait-il ? Lire la suite

[Chronique] Derrière la haine de Barbara Abel

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Edition présentée : Pocket – 2013 – 344 pages

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D’un côté, il y a Tiphaine et Sylvain ; de l’autre, il y a Laetitia et David. Deux couples voisins et amis, ayant chacun un enfant du même âge. Deux couples fusionnels et solidaires qui vivent côté à côte dans une harmonie parfaite. Jusqu’au jour du drame. Un tragique accident fait voler en éclats leur entente idyllique, et la cloison qui sépare leurs maisons tout comme la haie qui sépare leurs jardins ne seront pas de trop pour les protéger les uns des autres. Désormais, les seuls convives invités à la table des anciens amis s’appellent Culpabilité, Suspicion, Paranoïa et Haine…

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[Chronique] Memorex de Cindy Van Wilder

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Publication aux Éditions Gulf Stream – Collection Électrogène – 6 mai 2016 – 403 pages

resume2022. Cela fait un an que la vie de Réha a basculé. Un an que sa mère est morte dans un attentat contre sa fondation, Breathe, qui promeut un art contemporain et engagé. Un an que son père, un scientifique de génie, ne quitte plus Star Island, l’île familiale. Un an qu’Aïki, son frère jumeau, son complice de toujours, s’est muré dans une indifférence qui la fait souffrir. Le jour de ce sinistre anniversaire, la famille est réunie sur l’île : c’est le moment de lever les mystères, les tabous, les rancoeurs que Réha ressasse depuis un an. Au coeur de l’énigme : Memorex, la multinationale pharmaceutique de son père, ainsi que ses expérimentations sur la mémoire. Des expérimentations qui attisent les convoitises de personnages puissants et sans scrupules, prêts à tout pour accomplir leurs rêves les plus fous.

blablaTout d’abord avant de commencer cette chronique je voulais envoyer de gros bisous à Cindy, l’auteure de ce formidable roman. C’est aussi une femme géniale avec qui j’adore papoter sur Twitter et que j’espère bien rencontrer prochainement. Elle me doit un câlin, je lui dois un café. Pour toi Cindy :flamingos.heart

Quand Cindy a commencé à nous teaser avec Memorex, je savais que je voulais absolument lire ce livre. Il y avait quelque chose dans ses propos qui me fascinait. Ensuite elle a présenté la couverture, coup de foudre. Tellement original ce mélange de vert et de noir, cette tranche colorée. La collection Electrogène est vraiment qualitative. J’ai eu la chance de remporter un exemplaire lors d’un concours et c’est avec empressement que je me suis plongée dans l’histoire de Memorex. Je voulais ici, réitérer mes propos facebook avant de vous laisser avec ma chronique :

Chers flamants,
Je déclare officiellement ma flamme pour le talent, le génie, l’œuvre de Cindy Van Wilder – Auteur
Je viens de terminer Memorex et pour le moment je n’ai même pas les mots. C’est phénoménal. Oui.
Il sort bientôt, lisez-le, c’est une immense surprise.
Cindy a du talent, croyez-moi et j’espère bien qu’on va entendre parler d’elle très longtemps pour ses écrits ! Voilà.
Pour info, c’est publié chez les Nantais de Gulf Stream Éditeur ! Donc si comme moi vous êtes du coin, une raison de plus pour acheter ce fantastique roman.

Sachez, toutefois, que ma chronique n’est en rien influencée par l’affection que je porte personnellement à Cindy. C’est vraiment mon ressenti de lecture, et oui, c’est un immense coup de cœur. Pourtant, je ne m’y attendais pas. Certes, je faisais confiance à Cindy, je pensais passer un excellent moment mais je ne m’attendais pas à une telle claque. Un peu comme avec I.R.L. d’Agnès Marot.coupcoeur

MONAVISV2

 

L’intrigue prend place dans un futur proche, en 2022, entre les Etats Unis et une île paradisiaque. Le monde a connu des progrès assez intéressants, mais reste semblable au nôtre. Réha, notre héroïne a perdu sa mère dans un terrible attentat en 2021. Ce crime visait la fondation Breathe, que sa mère dirigeait et qui soutenait l’art contemporain et engagé, un endroit sublime qui laissait place à une grande liberté d’expression artistique. Depuis, la vie de Réha a basculé dans une langueur et son quotidien s’est assombri. Suite à cette catastrophe, son jumeau et elle ne communiquent plus. Aïki était son frère, mais aussi son meilleur ami, sa moitié et il ne semble plus capable d’exprimer le moindre sentiment à son égard, il est froid et passe son temps à l’éviter. Réha souffre énormément de cette situation, mais a au moins l’avantage d’être soutenue par sa meilleure amie, Ilse. À l’heure des vacances de Thanksgiving, toute la famille doit se rejoindre sur Star Island, île privée de la famille et lieu de travail de Kassa, père de Réha et Aïki, éminent chercheur à la tête du programme Memorex. C’est aussi l’anniversaire du jour tragique qui a changé leur vie à jamais, celui de la mort de leur mère. C’est le coeur lourd que Réha rejoint le convoi en direction de l’île avec son frère et la petite amie (Holly) de ce dernier que Réha trouve insupportable. À leur arrivée sur l’île très particulière qu’est Star Island, une certaine tension se fait ressentir…mais ce n’est que le début.

Très vite le roman va nous entraîner sur une intrigue complexe et extrêmement bien pensée, qui semble graviter autour de Memorex, la multinationale de Kassa, qui comme son nom peut le laisser présager travaille sur la mémoire. Ici, le sujet est parfaitement exploité et devient vite passionnant. Nous comprenons qu’un très grand nombre de mystères entourent Memorex et commençons très vite à nous interroger sur les réelles circonstances de l’attentat de 2021. Sans trop en dévoiler (mon Dieu que c’est dur de parler de ce roman sans spoiler tant il y a de choses d’exploitées), l’île va rapidement se transformer en un huis clos angoissant, oppressant où les masques vont devoir tomber et la réalité, aussi sordide soit-elle se dévoiler. Réha est une jeune fille qui saura faire preuve de beaucoup de sang-froid et aussi de tempérament pour comprendre enfin ce qu’on lui cache. Surprenant des conversations suspectes elle va devenir méfiante et se mettre en tête de comprendre ce que fait réellement son père et ce qui s’est joué après l’attentat. En effet, rescapée miraculeuse de l’horreur de 2021, Réha peine à se souvenir de certains éléments. Pourquoi ?

Nous comprendrons rapidement que Memorex, au-delà d’être un roman original porté par une fabuleuse plume est un réel thriller et que l’enquête s’avère bien plus complexe que l’on aurait pu s’y attendre. L’auteure a su travailler avec la psychologie des personnages, les poussant dans des retranchements, des interrogations, de l’introspection, des remises en question et surtout en les confrontant à l’enfer. Chaque personnage a son importance dans cette histoire et même si l’on ne sait pas vraiment à qui se fier, il nous faudra, au même rythme que Réha avancer. Le personnage de Réha est vraiment très intéressant. Bien sûr, elle souffre de la perte de sa maman et un an après la douleur est encore vive. Mais ce qui lui fait le plus de mal c’est la distance que son frère lui impose et le fait qu’il n’est plus le même. Elle saigne vraiment de cette séparation forcée et aura du mal à accepter Holly dans leur cocon familial sous tension. Pourtant, Holly est une jeune femme qui va beaucoup nous surprendre tout au long du roman. Partant du cliché « petite miss parfaite » comme dirait Réha, Cindy Van Wilder la fait évoluer en une jeune femme terriblement courageuse et qui sait dire les choses. Elle sera d’une très grande aide pour Réha et leur survie sur une île où le danger viendra roder plus que jamais. Magali, la tante de Réha et ennemie publique numéro 1 de la famille jouera également un rôle très important. Même si elle n’aura que peu d’occasions de faire face au lecteur, nous comprendrons tous les sentiments qu’elle a pu nourrir depuis le décès de sa soeur et ce qu’elle veut accomplir en revenant sur l’île. En ce qui concerne Aïki, il est difficile de vous en parler, c’est un personnage mystérieux mais fascinant, auquel on s’attache même s’il est distant. Enfin, Kassa et son mentor sont des personnages à la psychologie complexe, des scientifiques tourmentés par leurs propres découvertes.

Bien sûr, et là ça ne spoile rien, vous vous doutez bien que Memorex n’a rien d’un enfant de chœur et que leurs fondateurs se brûlent les ailes en voulant manipuler ce qui ne devrait pas l’être. De nature captivée par la mémoire et son fonctionnement, j’ai été subjuguée par la façon dont le sujet est traité ici. On ne nous assomme pas de détails scientifiques, mais on nous présente un homme passionné qui s’est battu pour sa vie et qui est poussé par son mentor, tout aussi animé par leurs découvertes. Mais parfois, les expériences dépassent leurs chercheurs et il est trop tard. Quant au pourquoi du comment de Breathe et de ce sordide attentat, cela constituera une autre part de l’intrigue et ici, c’est tout à fait bluffant, car on s’attend à tout, sauf à cela. Mais, Cindy n’a pas ménagé ses lecteurs. Alors que vous pensiez avoir tout compris, de nouvelles révélations, époustouflantes vous tombent sur le nez. Niveau narratif, là encore, le concept de l’auteure est habile. Si le récit nous est principalement proposé à la première personne (« Je » étant Réha), elle nous entraînera aussi dans la tête d’autres personnages, en particulier Kassa, le père de Réha et Aïki, ce qui sera particulièrement instructif. Je ne vous en dis pas plus pour le reste des techniques narratives, mais c’est tout à fait maitrisé, de même que les allers-retours 2021-2022.

Au final, c’est un récit bourré d’émotions, d’interrogations sur notre monde et de questionnement que nous livre l’auteure. Au-delà d’un thriller et d’un rythme parfaitement dosé, elle parvient à nous faire réfléchir sur l’humanité, la science et ses dérives. Nous nous attachons énormément aux personnages, nous sommes en totale empathie avec eux et ressentons leur souffrance. Fait très surprenant, les personnages que ne nous attendions pas forcément à apprécier deviennent tellement attachants qu’on ne peut que pleurer sur leur sort et la sinistre vérité à laquelle ils sont alors confrontés. Cindy Van Wilder saura nous briser le coeur et nous tirer quelques larmes, mais apportera une sublime conclusion à son roman. Star Island est peut être une île polynésienne qui fait rêver, mais méfiez-vous, elle n’est sans doute pas si abordable et sécurisante que cela…

Cindy Van Wilder a donc réussi avec brio à mêler drame familial, huis clos oppressant sur une île (presque) paradisiaque, science-fiction et au fond une touche d’anticipation. Amenant son lecteur à un réel questionnement sur le futur de l’humanité et la déontologie scientifique, mais aussi sur la notion d’identité et de mémoire en tant que propriété propre de chaque être vivant, elle parvient à marquer notre esprit. Alors que le lecteur ne sait absolument pas à quoi s’attendre en commençant ce roman, il sera vite totalement plongé dans l’intrigue et ne pourra pas reposer le livre avant d’en connaître le dénouement. Un roman Young Adult qui se démarque profondément des autres livres du genre par la complexité de son intrigue, l’identité de ses protagonistes et les pistes de réflexion qu’il nous laisse tout en nous bouleversant. Attachez, vos ceintures, mesdames et messieurs, et soyez prêts à décoller pour Star Island. Le retour indemne n’est pas garanti.

enbref

Ce thriller YA hautement addictif et parfaitement maîtrisé nous prouve tout le talent de Cindy Van Wilder pour concocter des histoires fabuleuses à l’intrigue totalement inattendue. Mêlant les genres avec brio, elle nous entraîne dans une incroyable introspection et une réflexion sur l’humanité ainsi que sur la déontologie scientifique. À l’aide de personnages passionnants, elle nous enferme sur une île pas si paradisiaque que cela, mais à aucun moment le lecteur ne sait à quoi s’attendre. Stupéfiant !

MANOTE

20/20

5flamantscoupcoeur

[Chronique] Il court, il court, le furet de M.J. Arlidge

ilcourtilcourtPublié aux Éditions Les Escales (Noires) – Mars 2016 – 400 pages

Un grand merci aux Éditions Les Escales pour cette lecture

resumeSouthampton, quartier rouge. Le corps d’un homme est découvert. Atrocement mutilé, le coeur arraché. Peu de temps après, un colis est déposé au domicile de la victime. Sur un écrin de journaux, repose… son coeur. Bientôt, un autre corps est retrouvé. Même mise en scène macabre. La peur s’empare de la ville.
Pain bénit pour les tabloïds, le tueur en série est bientôt comparé à Jack l’Éventreur. Pourtant, ce ne sont pas les prostituées qui sont visées mais leurs clients. Les victimes, des hommes en apparence bien sous tout rapport, fréquentaient tous en secret les bas-fonds de la ville.
Le commandant Helen Grace est chargée de l’enquête. Le tueur est déchaîné. À elle de l’arrêter avant qu’il ne frappe à nouveau.
Dans la continuité d’Am stram gram, Il court, il court, le furet est le nouveau thriller électrisant de M.J. Arlidge.

MONAVISV2

Si vous me connaissez un peu, vous saurez de suite ce qui m’a attiré dans ce roman. Oui le mot « furet ». C’est une évidence. Et puis ce thème me disait bien. Un cœur arraché, pourquoi ? Que se passe-t-il dans la ville de Southampton ? L’occasion parfaite de retrouver Helen Grace, commandant de police que j’avais particulièrement apprécié dans Am Stram Gram, dont je vous ai parlé il y a peu. Alors avant tout chose : est-il obligatoire de lire Am stram gram avant cette nouveauté ? Non, ce n’est pas nécessaire à la bonne compréhension de cette histoire, les rappels utiles sont faits. MAIS, il serait dommage de ne pas dévorer Am stram gram avant, car dans Il court, il court le furet, le dénouement de l’affaire précédente est repris avec ses plus grandes révélations. Donc si vous voulez découvrir l’auteur, commencez bien dans l’ordre sinon vous seriez « spoilés ». Par ailleurs, ne parcourez pas cette chronique si vous souhaitez lire Am stram gram car risque d’éventuels « spoilers ». Vous êtes prévenus.

L’histoire se déroule plus d’un an après les évènements terribles qui ont ébranlé la ville, mais surtout l’équipe du poste de police où officie Helen Grace. Celle-ci, toujours aussi professionnelle, reste marquée par les pertes engendrées au cours de cette affaire. De son côté, Charlie s’apprête à revenir de congés maladie, elle qui fut victime du tueur en série lors de l’enquête en question. Helen ne voit pas vraiment le retour de Charlie comme positif, lui rappelant ce qu’il lui en a coûté. Mais ce qu’elle oublie c’est que Charlie a aussi perdu beaucoup dans cette affaire. Au-dessus d’Helen, il y a une nouvelle responsable qui n’a qu’une envie, collaborer avec la presse et notamment la journaliste de type charognard, Emila, que déteste Helen. Cela n’augure rien de bon quand un tueur en série semble sévir en ville et que la population commence à prendre peur. Un rapprochement est fait avec le célèbre Jack l’Éventreur, même si ici, les prostitués ne sont pas visées, mais uniquement leurs clients. Assassinés sauvagement, le cœur arraché et envoyé ensuite par courrier à la famille ou aux relations professionnelles, rien ne semble lier ces victimes masculines. Ces hommes sont en apparence bien sous tout rapport, mais en fait, tous fréquentaient les prostitués des bas-fonds de la ville, vice caché et dur à encaisser pour les veuves.

Nous retrouvons ici la personnalité froide et blessée d’Helen Grace, toujours aussi torturée par son passé et obsédée désormais par un jeune homme qu’elle suit et veut à tout prix sauver. Perpétuellement pétrie de traumatismes et de barrières, elle se lance à nouveau corps et âme dans cette sombre enquête. Qui peut bien s’en prendre à ces hommes ? S’agit-il d’un énième règlement de comptes entre « gangs » de prostitués et leurs proxénètes ? L’investigation conduira Helen et son équipe sur diverses pistes et des découvertes plus sordides les unes que les autres. La violence des crimes ne nous est pas épargnée, mais l’auteur ne fait pas pour autant dans le gore. Non, il sera plus dans le registre médical des choses et d’ailleurs nous retrouvons le fameux médecin légiste blasé du premier livre de la série Helen Grace. Helen nous entraîne dans les quartiers sombres de la ville, où la prostitution est courante, et le crime, commun. Quand la presse s’empare de l’affaire, elle sait qu’elle n’aura plus beaucoup de temps pour mettre la main sur l’assassin. Très vite, un profil commence à se dessiner, mais cette personne reste mystérieuse, invisible, introuvable et surtout ne laisse aucun indice sur les lieux du crime.

Dans cet épisode des aventures d’Helen Grace nous assistons aussi à la constitution d’une nouvelle équipe, la dernière ayant été particulièrement touchée par le drame précédent. Ainsi elle doit réapprendre à déléguer et faire confiance. Ses relations avec la chef, fraîchement débarquée seront très tendues, voire haineuses. Cette dernière semble vouloir s’attirer toute la gloire et n’accorde que peu de marge de manœuvre à Helen. Ce roman nous laisse aussi entrevoir un aspect psychologique profond des victimes et de leurs familles. En effet, les relations que ces hommes entretenaient avec des prostitués étaient totalement inconnues de l’entourage. Ces dernières se retrouvent alors non seulement choquées par la disparition subite de leur proche mais aussi par la révélation de ces relations et encore plus par le crime violent, sordide. Chaque membre de l’équipe devra également affronter ses propres démons à l’instar du premier opus. C’est aussi ce qui est fascinant dans les romans de M.J. Arlidge, c’est cette psychologie des personnages travaillée à merveille. Dans ce tome, nous en apprenons beaucoup sur Tony et son quotidien, mais nous voyons aussi la relation Helen/Charlie évoluer, se renforcer. Nous en savons également plus au sujet de chacune, de leur vie privée. Helen souhaite faire pénitence pour quelqu’un d’autre, Charlie veut pouvoir concilier travail et couple avec des projets de bébé. Mais le tout est-il réellement possible quand des horreurs sans nom hantent votre routine professionnelle jour après jour ?

La révélation finale est époustouflante, et absolument rien ne pouvait nous conduire sur une telle piste. Un dénouement bouleversant, émouvant, mais parfaitement dans la continuité du récit. Nous ne pouvons désormais qu’attendre une nouvelle enquête d’Helen Grace pour la voir de nouveau s’oublier dans le travail et traquer les assassins, jusque dans les lieux les plus infâmes de la ville, quitte à y perdre des plumes. Helen devient une femme à laquelle on s’attache, qu’on a envie de comprendre et sa formidable psychologie rend l’enquête addictive. Encore une fois, l’auteur a le sens du rythme, le récit est très fluide avec une alternance remarquablement habile de points de vue et des chapitres courts, tout comme dans Am stram gram. Toutefois, je dois avouer que pour moi, ce second opus est, très légèrement, en dessous d’Am stram gram, sans doute car les crimes, bien que sordides sont ici un peu moins psychologiques. Cependant, c’est un thriller haletant, et oui électrisant, qu’on aura bien du mal à lâcher, avançant au rythme effréné d’un tueur plus que déchaîné et déterminé à en finir.

 

enbref

Un thriller haletant et passionnant qui confirme que désormais nous pouvons compter sur M.J. Arlidge dans le monde du polar. Avec une psychologie des personnages dévoilée crescendo, une alternance des points de vue et des chapitres courts, l’auteur nous entraîne dans une fabuleuse course à l’assassin. L’équipe d’Helen Grace devra à nouveau faire face à ses propres démons pour résoudre cette enquête au dénouement sombre et bouleversant. Nous ne pouvons qu’attendre avec grande impatience un nouvel opus des aventures d’Helen.

MANOTE16/20

4flamants

 

[Chronique] Am stram gram de M.J. Arlidge

amstramgramPublié pour la version poche aux éditions 10/18 – 2016 – 407 pages

Disponible en grand format aux éditions Les Escales (Noires)

Merci aux éditions Les Escales pour cette lecture

resume

Deux jeunes gens sont enlevés et séquestrés au fond d’une piscine vide dont il est impossible de s’échapper. À côté d’eux, un pistolet chargé d’une unique balle et un téléphone portable avec suffisamment de batterie pour délivrer un terrible message : « Vous devez tuer pour vivre. » Les jours passent, la faim et la soif s’intensifient, l’angoisse monte. Jusqu’à l’issue fatale.
Les enlèvements se répètent. Ce sont les crimes les plus pervers auxquels le commandant Helen Grace ait été confrontée. Si elle n’avait pas parlé avec les survivants traumatisés, elle ne pourrait pas y croire.

Helen connaît les côtés sombres de la nature humaine, y compris la sienne ; pourtant, cette affaire et ces victimes apparemment sans lien entre elles la laissent perplexe.
Rien ne sera plus terrifiant que la vérité.

MONAVISV2

Ce titre je l’avais repéré et « mis de côté » en me disant que je finirais bien par le lire, le thème me plaisait. Et puis j’ai vu la sortie du second titre de l’auteur et donc seconde enquête de Helen Grace et là je fus irrésistiblement attirée : Il court, il court le furet. Oui il m’en a fallu peu pour me pencher sur cette nouveauté (dont je vous parlerais dans les semaines qui viennent) et avoir envie de le lire. Mais il était préférable de commencer avec Am stram gram pour bien faire connaissance avec notre policière et je me suis « exécutée » avec le plus grand plaisir. C’est très simple, ce livre se lit vit, très vite et il est très difficile de le relâcher avant de connaître la vérité, terrifiante.

Vous le savez j’aime lire de tout et régulièrement des thrillers viennent ponctuer mes lectures. J’aime les romans bien sombres où la nature humaine est mise en lumière dans ses aspects les plus pervers, cruels, terrifiants. J’aime la complexité du cerveau humain et comprendre ses agissements, tenter de démêler ce qui est peut conduire un être humain à de telles atrocités. Car ici c’est vraiment tordu. L’histoire commence par Sam et Amy, deux amoureux fous l’un de l’autre. A la fin d’une soirée, ils rentrent en stop, ils ont l’habitude Une personne s’arrête et les prends à bord de son véhicule, leur offre un café bien chaud. Trou noir. Réveil, terreur. Très vite le jeune couple découvre l’effroyable vérité, ils sont dans une piscine vide, sans issue possible (trop haute, pas de faille dans le carrelage pour escalader et bien sûr pas d’échelle), sans eau ni nourriture. Un téléphone sonne et délivre le terrible message : pour survivre l’un doit tuer l’autre, un seul sortira vivant. Puis le portable s’éteint et ne permet bien sûr aucun contact avec l’extérieur. Les cris sont inutiles, personne ne peut entendre les appels au secours. Personne ne leur rend visite. Ils sont seuls avec un pistolet chargé d’une unique balle. Comment peut se comporter un être humain privé de l’essentiel jour après jour. Pourra-t-il lutter ? Amy et Sam seront les premiers à échouer et l’un d’eux va mourir pour sauver l’autre. Et les crimes du genre se répètent. D’autres victimes, d’autres liens entre eux, d’autres lieux. Comment relier ces « innocents » entre eux, quelle est la motivation de l’assassin et ses méthodes ? Helen Grace se lance dans cette enquête aux crimes pervers et inimaginables, rencontrant les « survivants » traumatisés par « l’expérience » à laquelle ils ont alors participé bien involontairement. Pourquoi eux ? Et tout simplement pourquoi ?

Composé de chapitres courts et de divers points de vue sur l’affaire ce roman se dévore en un rien de temps et le lecteur est poussé par l’envie incroyable de comprendre. Comprendre certes les mobiles du tueur et comment le choix est fait mais aussi comprendre les survivants. Au fond on s’interroge sur une question essentielle : vaut-il mieux être mort et libéré ou avoir survécu avec le souvenir du crime atroce perpétué pour survivre ? La survie justifie-t-elle tout ? Et puis nous avons les policiers, personnages bien imparfaits. Ici certes nous avons un très bon flic, Helen mais qui cache un côté sombre, très particulier. Qui ne lâche jamais rien qui pourrait permettre aux autres de franchir les barrières en béton qu’elle a érigé autour d’elle. Helen et sa propre perversité, ses propres démons, son douloureux vécu. Et puis nous avons Marc, très bon flic mais totalement à la dérive et qui noie son chagrin, celui d’un divorce et d’un enfant qui lui a alors été enlevé, dans l’alcool. Helen et Marc forment pourtant un bon duo et savent s’entourer des meilleurs pour avancer sur cette enquête. Mais à mesure qu’on avance, la perversité devient de plus en plus sordide et la vérité encore plus terrible à affronter pour Helen.

Beaucoup de suspens, de tension. Chaque « meurtre » apporte son lot de noirceur, de questions, de regrets, de douleurs et complexifie l’enquête. Très vite un « profil » est posé sur l’identité sexuelle de l’assassin, mais rien d’autre ne perce les ténèbres de cette histoire. Les victimes traumatisées ont beau décrire la personne, tout est flou. Opaque. Helen parviendra à dénouer les fils horribles de cette histoire bien sûr mais pas sans sacrifices. Ici, chacun y laissera une partie de son âme. Nous ne sommes pas dans une histoire où tout est bien qui finit bien, les flics rentrent sagement chez eux et font la fête. Non, là, chacun y perdra quelque chose. Noirceur est le maître mot de ce thriller dont l’intrigue, complexe, est drôlement bien ficelée et nous entraîne sur une révélation finale explosive et douloureuse.

Si ce thriller est assez classique dans sa construction, il se démarque par son côté haletant et totalement addictif. Des chapitres courts et efficaces tels des coups de fouets de vérité, des personnages imparfaits mais qui donnent tout ce qu’ils ont. Et puis la réalité économique d’une ville et ses difficultés, les constructions abandonnées, le quotidien d’une commune portuaire en proie à la crise. La délinquance, les dérives, les perversions. Un roman qui derrière son intrigue complexe prend le temps de nous présenter ses personnages, leur psychologie et nous permet de faire connaissance avec eux. Un point d’autant plus important puisque nous retrouverons donc Helen dans Il court, il court le furet. Helen est un personnage passionnant, une femme de caractère qui cache quelque chose de lourd, trop pesant et qui gère son quotidien d’une façon bien personnelle, bien sombre. Au fil des découvertes les pièces s’emboîtent mais à aucun moment il n’est possible de vraiment savoir QUI est à l’oeuvre de ces crimes sordides. Seule Helen pourra parvenir jusqu’à la réalité effroyable.

Enfin saluons la plume de l’auteur qui est parfaitement adaptée aux codes du thriller et qui fait dans la noirceur sans jamais tomber dans le glauque, dans la douleur sans tomber dans le pathos, il torture ses personnages et n’épargne personne. Il parvient à nous entraîner dans cet am stram gram insoutenable et nous fait tourner les pages avec avidité. Le style est cru, direct, sombre mais aussi réaliste, immersif.

enbref

Des victimes séquestrées et forcées de se livrer à un diabolique jeu d’am stram gram pour survivre, des flics imparfaits qui combattent leurs propres démons et une intrigue parfaitement ficelée, voilà ce qui fait de ce roman un très bon thriller hautement addictif. Noirceur de l’âme et perversité, traumatismes et désespoir sont explorés à la loupe pour notre plus effroyable plaisir. Bonus : un dénouement final surprenant.

MANOTE

17/20

4flamants