[Chronique] City on Fire de Garth Risk Hallberg

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Publié aux Editions Plon – Feux Croisés – Janvier 2016 – 992 pages

Lu en « partenariat » avec NetGalley et les éditions Plon. Merci à eux.

resume31 décembre 1976. New York se prépare pour le réveillon. Chez les Hamilton-Sweeney, Felicia accueille financiers et mondains tandis qu’à l’autre bout de la ville, dans le Lower East Side, Charlie, venu de Long Island, attend Sam pour assister à un concert punk. Mais Sam a un autre rendez-vous auquel elle tient plus que tout. Elle retrouvera Charlie dans quelques heures à la station de métro de la 72e Rue.
À quelques encablures de là, dans Hell’s Kitchen, Mercer Goodman tourne et retourne un délicat carton d’invitation. Et s’il se rendait à la réception des Hamilton-Sweeney pour retrouver Regan, cette sœur que William, en rupture avec sa famille, lui a toujours cachée ? Pourquoi ne pas saisir l’occasion d’en apprendre plus sur William, son amant, l’ancien leader du groupe punk Ex Post Facto ? Bientôt, des coups de feu retentissent dans Central Park.
Une ombre s’écroule dans la neige… Qu’est-ce qui peut bien unir ces êtres – qui n’auraient jamais dû être amenés à se rencontrer – à un meurtre commis au cœur de Central Park ? Au sein de ce roman choral, leurs histoires s’entremêlent et nous entraînent dans les recoins les plus infimes de la ville. Lire la suite

[Chronique] Tout le monde te haïra de Alexis Aubenque

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Paru aux Editions Robert Laffont, collection La Bête Noire – 2015 – 432 pages

Lu en « partenariat » avec NetGalley et les éditions Robert Laffont, merci à eux pour leur confiance.

 resumeEn Alaska, la ruée vers l’horreur a commencé.

White Forest, petite ville côtière du sud de l’Alaska, est en émoi. Pris dans les glaces, un navire ayant sombré en 1920 vient d’être découvert. Les corps des marins en ont été extraits, mais manquent à l’appel ceux d’une centaine d’orphelins…
C’est dans cette étrange atmosphère que débarque Alice Lewis, avec l’espoir de retrouver sa sœur disparue. Elle engage aussitôt un ancien flic au passé trouble devenu détective privé, Nimrod Russell.
De l’autre côté de la ville, la lieutenante Tracy Bradshaw récupère une sordide affaire : pendu par les pieds dans sa grange, un notable a été éventré à l’aide d’un hakapik, l’arme inuit servant à abattre les phoques.
Envers, et surtout contre tous, les deux ex-coéquipiers, Tracy et Nimrod, vont devoir travailler ensemble alors que plane sur eux l’ombre des enfants disparus.

MONAVISV2Voici le troisième titre paru dans la collection La Bête Noire. Ayant particulièrement aimé les deux premières parutions ( Tu tueras le père de Sandrone Dazieri et Les Fauves d’Ingrid Desjours) c’est très naturellement que j’ai eu envie de lire cette nouveauté. Surtout que l’auteur, sur Facebook a su « tesaer » avec succès son histoire avant la sortie du livre, nous abreuvant d’image pour nous plonger dans le contexte et les paysages de son livre.

Bienvenue dans une petite ville de l’Alaska, bienvenue dans un froid glacial et une ambiance tout autant polaire. Alice Lewis a appris très récemment qu’elle avait une sœur. Seulement, celle ci ne donne plus signe de vie et son mari semble très évasif quand il en parle…Elle serait partie avec un autre homme abandonnant derrière elle son enfant. Alice en est persuadée, il lui est arrivé quelque chose. Elle engage alors Nimrod, ex flic devenu détective privé et connaissant les environs comme sa poche pour comprendre ce qui est réellement arrivée à la belle fille du maire de la ville. De son côté, Tracy Bradshaw a du pain sur la planche avec ce meurtre sordide dont elle peine à trouver le motif. Quand des pistes s’éclairent elle fait appel à son ex-coéquipier, Nimrod pour tenter d’y voir clair. Ils sont loin de s’imaginer ce que cette sordide histoire cache…

C’est donc un thriller dans un univers glacial à l’intrigue captivante que nous allons suivre. Les pistes restent brouillées très longtemps et on avance péniblement dans les découvertes et le lecteur semble pris dans la torpeur du climat ambiant. La plume de l’auteur, bien que simple, nous embarque sans mal dans ces paysages et cette météo particulière, nous fait faire connaissance avec ses personnages sympathiques et déterminés à découvrir la vérité. Nous adorons suivre la complicité et l’amitié puissante entre Nimrod et Tracy, qui bien qu’ils n’en ont plus le droit, vont s’associer pour comprendre les récents événements de la vie plutôt tranquille de White Forest et tenter de voir si le tout peut être relié.

L’intrigue est parfaitement menée du début à la fin. Par moment nous avons le récit d’un enfant de la mine qui vient compléter le récit et épaissir les mystères de ce thriller. Fait il partie des 100 orphelins disparus à l’époque de la ruée vers l’or ? Qui a pu tuer sauvagement cet homme dans la grange et surtout, pourquoi ? Quand en plus le maire se sent intouchable et tente de faire dériver l’enquête, la patience des enquêteurs sera mise à rude épreuve.

Tracy est un personnage auquel on s’attache tout de suite. Tiraillée entre la passion de son métier et sa famille qui lui réclame un peu plus d’attention, elle est une dure à cuire et ne voudra rien lâcher tant qu’elle ne connaîtra pas la vérité. Elle a une conscience professionnelle incroyable mais n’hésitera pas à contourner un peu la loi si nécessaire pour avancer. Elle pourra compter en permanence sur l’aide de Nimrod, dévoué et surtout en manque du terrain. Nimrod est un personnage torturé par son passé qui vit un peu à l’écart avec sa chienne mais qui n’hésite pas une seconde à aider la douce et fragile Alice. Bien sûr d’autres personnages évoluent autour d’eux, tels que les autres flics ou le shérif, le mari de la soeur d’Alice, le maire intouchable etc.

Au delà de l’histoire sordide dont il est question, Alexis Aubenque vous promet un véritable dépaysement dans les paysages sauvages et neigeux de l’Alaska. Le climat refroidit l’ambiance générale et nous tentons de comprendre s’il y a un lien entre les 4 histoires : le bateau retrouvé dans la glace, Vassili, la femme disparue et le meurtre. L’auteur prend le temps de faire s’imbriquer les pistes et la révélation s’avère plutôt surprenante. Pour ma part, je ne l’ai pas sentie venir, j’étais loin de m’imaginer une telle chose, tant c’est une histoire plus profonde que je le pensais. Bravo pour le suspens ménagé, pour les personnages sans scrupules et pour les héros de cette histoire qui donneront tout ce qu’ils ont au nom de la vérité. Toutefois, il y a quelques points qui restent dans le flou et ce malgré des explications pourtant données par le « méchant » de l’histoire; certains détails auraient pu être un peu plus creusés pour approfondir un sujet pourtant marquant. Allons-nous retrouver le duo Nimrod- Tracy pour une autre enquête au coeur de l’Alaska ?

enbrefUn thriller au style fluide qui vous embarque dans les sublimes paysages, la froid polaire et l’immensité de l’Alaska pour découvrir de terribles secrets. Une intrigue menée parfaitement et laissant place au suspens avec des personnages forts, attachants et déterminés. Une fin en apothéose qui nous entraîne au plus profond de la noirceur de l’âme.

MANOTE16/20

 

[Chronique] N’oublier jamais de Michel Bussi

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Paru aux Editions Pocket – mai 2015 – 544 pages

resume« Vous croisez au bord d’une falaise une jolie fille ? Ne lui tendez pas la main ! On pourrait croire que vous l’avez poussée.  » Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper et l’ambition de devenir le premier handicapé à réaliser l’une des courses d’endurance les plus ardues du monde, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Parti s’entraîner, ce matin de février, sur la plus haute falaise d’Europe, il a d’abord remarqué l’écharpe rouge accrochée à une clôture ; puis la vision d’une femme, incroyablement belle, les yeux rivés aux siens, prête à sauter dans le vide. Ils sont seuls. Le temps est suspendu. Ultime recours, Jamal lui tend l’écharpe, mais la femme bascule. Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, Jamal trouve le corps inerte de l’inconnue, un filet de sang qui s’échappe du crâne. A son cou, l’écharpe rouge.Ceci est la version de Jamal. La vraie ? »MONAVISV2

Ce livre de Bussi m’a séduit par son résumé en 4ième de couverture. D’entrée de jeu, Michel Bussi place son personnage dans une situation ambigue : devons-nous croire sa version et le penser innocent ou bien nous ment-il ?  Il nous met donc volontairement à distance du personnage mais crée un homme suffisamment sympathique, courageux et plein de ressources pour qu’on s’y attache et le croire innocent quand tant de faits l’accusent. Les pistes se brouillent, et on suit le parcours de Jamal pour prouver son innocence. De plus ce meurtre rappelle celui d’une autre femme, exactement dans les mêmes circonstances il y a 10 ans…Jamal est troublé, je ne peux pas en dire plus pour ne pas vous dévoiler l’invraisemblable histoire de Jamal.

Autour de lui de bien curieux personnages qui brouillent encore plus les pistes. Jamal est seul face à ce crime qu’il jure ne pas avoir commis. Jamal en vient à regretter d’avoir pris cette écharpe et l’avoir tendu à la jeune femme qu’il voulait sauver…Mais comment expliquer qu’à l’issue de la chute l’écharpe se soit retrouvée autour du coup de la jeune femme ? Une sordide histoire au déroulement plein de rebondissements, on passe du doute à l’étonnement, on compile les infos au fur et à mesure que Jamal les reçoit…Jamal ce coupable idéal, « arabe unijambiste », facile à accuser vu d’où il vient dans une France aux clichés tenaces.

Il est difficile de parler de ce livre sans en révéler de trop. Bussi sème sans arrêt indices et contre indices, mêlant le tout à l’improbable, à des personnages plus que mystérieux et rend le tout invraisemblable pour mieux perdre le lecteur. Son personnage principal que tout semble accuser est doté d’une force incroyable et va tout faire pour prouver son innocence. Quand les pièces du puzzle s’emboîtent et que nous comprenons l’incroyable première vérité, nous tombons de haut. Et je dis bien première vérité car le premier dénouement n’est que le premier effet d’une vérité et d’une machination bien plus machiavélique. La plume de Bussi est toujours aussi addictive même si le début est ici un peu plus traînant et qu’on redoute les clichés raciaux d’un système judiciaire aux préjugés faciles. J’ai eu un coup de coeur pour Jamal, ce jeune homme incroyablement fort qui, malgré tout ce qui lui arrive fera tout pour s’en sortir et nous faire croire en son innocence. Une histoire à l’issue triste et tragique, à déconseiller pour les fans de happy ending.

enbref

Une enquête mystérieuse, des faits inexplicables et un personnage principal dérouté pour lequel on est pris d’une grande empathie. Qui croire ? Est-il coupable ou innocent ? Des rebondissements incessants après un début un peu lent et un suspens montant. Encore une fois, Bussi a l’art de ménager ses fins théâtrales où explose enfin l’effroyable vérité, exposée ici en deux actes épatants.

MANOTE

16/20

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