[Chronique] Pardon d’Erika Boyer

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Auto-édité – Novembre 2016 – 240 pages

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Tandis que le monde évolue et que la jeunesse fait preuve d’une plus grande ouverture d’esprit qu’avant, il reste tout de même des sujets dont il ne faut pas parler, des tabous qui ne sont pas prêts à être brisés. Mais quand l’inceste cache un amour inconditionnel, que deux âmes ont simplement eu la malchance de ne pas naître dans les bons corps, n’est-il pas envisageable d’accepter l’inacceptable ?
Will ne prendra pas le risque, il préférera partir à 600 km de sa soeur plutôt que de potentiellement l’entraîner dans sa déchéance. Reste à savoir si « loin des yeux, loin du coeur » est une réalité ou bien un proverbe menteur, et si Sarah acceptera de perdre son frère dans ce sacrifice amoureux.

« Je ne veux pas tourner la page. J’aime ce livre dont nous sommes les héros. »

blabla

Avant de commencer cette chronique, je voulais préciser deux ou trois petites choses. Erika ne m’est pas totalement inconnue puisque nous avons déjà échangé par internet. D’ailleurs elle m’avait proposé la lecture de son roman avant de le publier, mais faute de temps, je n’avais pas pu. Tout cela pour vous dire que mon avis n’est en aucun cas influencé par la « relation » entre Erika et moi. Tout comme quand je vous parle des livres de Julia M Tean avec qui j’ai l’occasion d’échanger bien souvent. Non, ce que je vais vous livrer ici, mon avis, mais aussi ma note, est 100% garanti honnête et sincère. Bien entendu, cet avis n’engage que moi, comme pour tous les livres lus. Enfin une dernière précision importante : quand Erika m’a présenté son ouvrage au tout début, je me disais « cela me fait penser à Forbidden de Tabitha Suzuma », livre pas encore traduit en français, mais cela ne saurait tarder. Seulement, Erika, ne l’a pas lu, elle, ce livre. Et je peux vous assurer qu’il n’y a aucune ressemblance et/ou inspiration. Rien à voir. Un traitement totalement différent qui m’a bluffée, car au-delà de la différence de statut social et familial des personnages entre les deux histoires, je ne voyais pas quel angle pouvait permettre d’attaquer ce sujet si tabou d’une autre manière. Erika m’a prouvé qu’un autre ton, d’autres évènements, d’autres réponses pouvaient être apportées et ce livre m’a chamboulée. Vraiment. Après ce long blabla, je remercie Erika d’avoir signé sa première dédicace sur mon livre (si tu deviens la prochaine J.K.Rowling, j’aurais un trésor à la maison) et merci d’avoir écrit une si belle et si puissante histoire. Place maintenant au vif du sujet : la chronique. (Nb : Erika, quand elle vous mail, ou même pour des commentaires est encore plus bavarde que moi, je vous jure que c’est possible).

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Will vient d’avoir son baccalauréat et c’est pour lui l’occasion de commencer une nouvelle vie. Loin de sa famille, enfin surtout de sa sœur. Adieu La Bretagne qu’il aime pourtant beaucoup, Will s’inscrit à l’université de Bordeaux. Il ne sait pas trop bien encore ce qu’il va faire de sa vie, mais une chose est certaine : il lui faut prendre de la distance. Car l’impossible s’est produit : Will est tombé irrémédiablement amoureux de sa petite sœur. Ce n’est pas du désir, mais bel et bien de l’amour, le vrai. Seule solution, s’éloigner et tenter de l’oublier. Mais est-ce vraiment en mettant 600km entre eux et en coupant le plus possible les communications qu’il va pouvoir passer à autre chose ? Peut-il réellement effacer des sentiments aussi forts et pourtant interdits ? De plus, Will en est convaincu et d’ailleurs il ne se pose même pas la question : cet amour est unilatéral. Sa sœur ne peut pas l’aimer autrement que comme son frère… Arrivant sur Bordeaux, Will va se construire une nouvelle vie avec une seconde famille et des amis extraordinaires. Mais ce n’est pas pour autant que Sarah s’effacera de sa mémoire et de son cœur. Et puis, cette dernière est-elle prête à laisser partir son frère comme ça, sans un réel au revoir ?

Vous l’aurez donc compris, Pardon nous parle d’une histoire d’amour peu ordinaire, celle qui se déroule entre un frère et une sœur. L’histoire tabou d’un amour qui vous tombe dessus sans que ne puissiez y faire quelque chose. Je vais, avant d’aller plus loin, citer les notes de l’auteure qui viennent introduire l’ouvrage :
« Il est important de rappeler qu’une relation incestueuse n’est pas illégale lorsqu’elle est consentie. Il ne faut pas confondre l’inceste avec un abus sexuel ou un viol incestueux, l’un est légal tandis que les autres sont punis par la loi, l’un est consenti tandis que les autres sont des actes criminels. Si l’inceste reste un sujet tabou dans notre société, il n’est cependant pas illégal ». Pour moi, ce fut ici, déjà, une révélation. Ce n’est PAS illégal. C’est illicite, c’est-à-dire défendu par la morale dans le cas présent.

N’allez pas croire pour autant que le livre d’Erika Boyer incarne un plaidoyer pour l’inceste. Ce livre est tout sauf cela, tout sauf un jugement sur la relation. Là où notre jeune auteure excelle, c’est dans la neutralité qu’elle va conserver tout à long de son histoire, pourtant racontée du point de vue de Will. À aucun moment, l’apologie d’une telle relation n’émerge, mais elle ne tombe pas non plus sous le couperet d’un jugement négatif. Bien entendu, l’histoire de Will et Sarah rencontrera des avis très différents, très tranchés même, et je suis certaine que rien que parmi vous, mes lecteurs, certains sont comme moi, ouverts à ce genre de relations, car l’amour ne se choisit pas, mais ouverts ne veut pas dire inciter ou promouvoir. Et pour d’autres j’imagine que c’est tout l’inverse et que l’idée d’un couple formé par un frère et une sœur vous répugne, révulse. Oui, mais ne réfléchissez pas à votre propre relation avec vos frères et sœurs. Pensez ouvertement, librement, sans vos schémas et ancrages familiaux. Car c’est ce que Pardon vous invite à faire. C’est ce que Will vous propose, malgré lui. Will n’aura de cesse de se flageller et de se maudire pour ses sentiments qu’il ne peut avouer. Will part loin, se punit, car que mérite-t-il de mieux ? Will ne peut aimer une autre femme, quand il embrasse une fille, il sait que ce n’est pas Sarah. Personne ne peut la remplacer, elle occupe une place bien trop importante.

D’une manière générale, l’auteure a su créer une histoire qui tient la route et qui nous entraine sur un cheminement, une réflexion intéressante sans chercher non plus à trop intellectualiser l’ensemble. Le livre ne présente rien de snob ou d’élitiste sur la question et n’a pas besoin de références littéraires alambiquées pour nous entrainer sur une piste intéressante, abordée avec une neutralité exceptionnelle. Au cours de ses études sur Bordeaux, Will va rencontrer des étudiants, dont son meilleur ami qui est super, une jeune femme qui sera très proche de lui, mais aussi celui qui lui loue son logement et l’accueille comme un fils, Achir accompagné de son fils et de sa fille. Achir, de religion musulmane, n’aura pas forcément l’ouverture d’esprit qu’on souhaite voir au sujet des sentiments de Will, et puis les différents avis des personnages principaux ou secondaires viendront se croiser, pour refléter notre réel, notre société où la diversité des opinions demeure. Toutefois, dans le traitement de ces avis, Erika Boyer n’en fera jamais de trop. Ne vous attendez pas à voir des personnages super enthousiastes de tels sentiments par exemple. Mais partez plutôt à la recherche de l’acceptation, de la tolérance. 

Un point que j’avais souligné lors de ma lecture et dont j’ai fait part à l’auteure, c’est qu’elle a eu le courage d’écrire le roman à la première personne, celle de Will. Nous entrons véritablement au plus profond de ses pensées, des plus pures aux plus impures, de sa culpabilité, de ses émotions, de sa souffrance. Will a cheminé tout au long des années et nous fait part de sa façon de voir les choses et surtout de comment il a compris que ce n’était pas une lubie ou un simple désir, mais du véritable amour et pas vraiment celui qui lie un frère et une sœur. Will, ce garçon au cœur tendre, mais pris par une seule personne et qui ne se laisse pas approcher. C’est un personnage très attachant. C’est au fond un Mr Toutlemonde, tout comme ses amis, ils sont simples, naturels, authentiques. Tout sonne juste, vrai et si vous êtes allés à la FAC alors vous vous remémorerez sans problème l’ambiance de l’université et de ses « à côté ». L’auteure nous a épargné les clichés pour faire de ses personnages des êtres vivants, vibrants, aimants. Will sait aussi qu’il plait facilement aux femmes, mais, de par son humilité et de par les sentiments qu’il porte à Sarah, il n’en jouera jamais. Le mot qui nous vient en tête pour le décrire, au-delà de l’amour inconditionnel pour sa petite sœur est son respect, son humanité. Aimer sa sœur est un lourd secret, un fardeau même et Will restera très longtemps réticent à partager tout cela avec ses proches.

Sarah, la petite sœur, apparaitra bien entendu dans cette sublime histoire. Jeune femme touchante, passionnée d’art, nous ressentirons sans aucune difficulté toute sa sensibilité et sa douceur. Ces sourires ne sont que lumière, sa douceur n’est que torture pour Will. Tandis que ce dernier lutte pour rester éloigné, Sarah elle ne veut pas perdre son frère. Alors que le lecteur ignore tout des sentiments et des attentes de Sarah, il suit en même temps la fuite de Will. Et le tout donne un jeu de chat et de la souris qui les dépasse. Entre eux, tout se transforme en évidence, ils ne font qu’un, ils sont inséparables. Je ne vais pas vous révéler ici l’issue de l’histoire et ce qu’il advient de l’amour que Will porte à Sarah, mais sachez que le traitement de l’histoire n’aurait pu être mieux à mon sens. Tout ce qui doit être amené le sera en douceur et toujours de manière neutre. Comprenez bien que Pardon ne fait pas l’apologie de l’inceste, mais ne le condamne pas non plus. Comprenez que ce ton neutre n’est pas non plus dénué de nuances fascinantes, bien au contraire cette neutralité qui comporte ses propres reliefs vous entraine sur une réflexion pertinente et intense, authentique et réaliste.

Quant aux personnages secondaires de l’histoire, mais importants, le travail s’avère remarquable également. Pas de cliché, des gens comme vous pouvez en rencontrer tous les jours, des sentiments amicaux qui se développent, tout comme la confiance. David sera bien entendu le personnage qui nous marquera le plus ainsi que sa petite amie. Même si un élément de leur histoire se sent un peu de « loin », rien n’est entaché pour autant et nous adorons les découvrir, comprendre ce qu’ils peuvent alors apporter à notre cher Will. J’avoue en revanche avoir moins apprécié Kelia, mais je ne veux pas en dire trop pour que vous puissiez la découvrir vous-même et vous faire votre propre avis. Ce n’est pas du tout un mauvais personnage, simplement, je n’approuve pas certaines choses à son sujet. Il y aura aussi les connards de service toujours présents dans une bande de potes de fac, mais non clichés. Juste mauvais. Et puis les autres qui aident Will à avancer, Luke et sa femme, mais également sa seconde famille.

Retenez surtout une chose à propos de ce roman au sujet tabou : les choses sont abordées d’une manière unique et lumineuse. Pas besoin de faire dans le pathos ou le dramatique, mais au contraire, versons dans l’amour, la lumière et l’acceptation des sentiments, de soi et des choix différents. À aucun moment l’auteure ne juge ou condamne ses personnages, à aucun autre elle ne les encourage. L’histoire s’incarne avec authenticité sous sa plume, avec évidence et passion et cette exposition des faits n’a d’autre but que d’être comprise. Personne ne vous demande de le cautionner ni de le juger, juste de comprendre et le respecter. Quel courage que d’écrire son premier roman sur une thématique si sensible! Quelle prouesse aussi de faire passer un message de tolérance et d’acceptation des sentiments « non conventionnels ». Et quelle audace que de nous prouver que parfois, rien ne peut s’opposer au destin!

Mais attention, Pardon n’incarne pas pour autant un conte de fées où tout est beau, merveilleux. Will et Sarah s’exposent à des choix difficiles, au jugement de certains. Ils savent qu’ils devront affronter des choses ensemble s’ils décident de s’engager dans cette relation. Le sacrifice sera important. D’ailleurs, il commencera par confronter leur mère, si douce et si spéciale à la fois. Mon seul regret dans ce livre c’est justement que la maman n’ait pas eu un peu plus de place au cœur des choix et de la vie des personnages. Mais c’est un parti pris que je respecte et Erika Boyer nous a proposé là encore un personnage authentique qui bien sûr s’inquiète de son fils, mais ne veut pas empiéter sur sa liberté, qui travaille plus qu’il ne le faut et qui dissimule certaines choses dans l’intérêt de ses enfants. Une vraie mère qui se sacrifie même si nous ne la voyons que peu. Une mère qui a fait des erreurs, mais qui n’a jamais cessé d’aimer.

Enfin, parce que tout ne saurait être parfait (déjà que pour un premier roman je suis sur les fesses hein), je note juste un petit bémol sur le début du livre, notamment le chapitre 1, blindé d’aller-retour dans les dates qui a commencé par me déstabiliser. Soyez rassurés, ce ne sera plus le cas par la suite. Si bien entendu nous avons le droit à des flashbacks essentiels, ils ne viendront plus vous troubler, mais bel et bien vous apporter des points complémentaires nécessaires à la bonne compréhension de cette relation unique et magique. Une histoire sans clichés, quand on se lance véritablement dans la publication, je ne peux qu’applaudir. Bonus : sachez que vous trouverez une sublime explication à l’illustration de la couverture de ce roman au cours de l’histoire. 

enbref

Quand une jeune auteure se lance avec un roman aussi audacieux que Pardon, nous ne pouvons qu’applaudir. S’affranchissant de clichés ou de jugements inutiles, Erika Boyer nous présente une histoire d’amour moralement inacceptable, sous sa forme la plus lumineuse. À l’aide de personnages touchants et totalement authentiques, elle ne peut qu’atteindre son lecteur et l’amener à réfléchir sur cet amour entre un frère et une sœur. Brillant et émouvant.

MANOTE

18/20

4flamants

20 réflexions sur “[Chronique] Pardon d’Erika Boyer

  1. Erika dit :

    J’ai lu ta chronique et puis j’ai laissé passer un peu de temps, parce que je ne trouvais pas mes mots. (C’est un comble ! En plus ça te fait mentir quand tu dis que je suis encore plus bavarde que toi :p) Et finalement me revoilà pour te remercier encore une fois pour cette magnifique chronique. J’ai le sentiment de ne pas en mériter tant, du coup je suis partagée entre ma reconnaissance et ma gêne… Mais tes mots m’ont beaucoup touchée et tu présentes mon livre d’une très belle manière. Je n’aurais pas pu rêver mieux.

    Je suis heureuse en te lisant parce que mon désir d’offrir une nouvelle perspective sur l’inceste semble être un parti remporté. J’avais très peur que mon histoire soit comme celle ‘Forbidden’, comme je ne l’avais pas lue j’étais inquiète que cela soit similaire et qu’on compare les deux, mais au final j’ai choisi une direction qui est apparement tout autre. J’ai choisi quelque chose qui me correspond davantage, je pense. Je voulais faire passer un sentiment d’acceptation et ça me fait vraiment plaisir de voir que j’ai réussi à le faire.

    Je ne vais pas m’étaler, on a déjà pas mal discuté toi et moi et puis il ne faudrait pas que mon commentaire soit plus long que ta chronique haha ! Mais je termine en te remerciant encore d’avoir pris le temps de me lire et de m’avoir donné ton avis puis de l’avoir partagé ici avec ceux qui te suivent. Même si c’est peu, merci beaucoup ♡

    P.S. : Je ne serais jamais la prochaine J.K.Rowling, objectivement, je n’ai pas le talent. Je pense que mon seul talent c’est de ressentir énormément de choses et de réussir à me dépatouiller pour coucher mes émotions sur papier xD Donc ma dédicace ne te rapportera rien, navrée = D

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  2. Erika dit :

    Le thème doit être hyper dur à aborder que ce soit à l’écriture pour l’auteure et à la lecture. Pour cela chapeau ! En plus, ton avis est extrêmement argumenté et donne envie de découvrir, de donner une chance à ce livre!

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  3. Askara dit :

    Ça a déjà été dit, mais j’aime bien la couverture, je la trouve jolie. 🙂

    Tu prends beaucoup de pincettes dans ton avis! ^^’ Ceci dit, ça donne envie de découvrir cette histoire, même si en même temps le côté immoral freine un peu et fait pas mal hésiter…
    ça me fait penser un tout petit peu à un téléfilm qu’ils ont passé la semaine dernière en attendant Noël, « La fille du désert », où il y a de l’inceste et des relations aujourd’hui immorales…. et pourtant, ça traitait d’un épisode biblique! Bref, tout ça pour dire que cette lecture a l’air pas mal et que ça se comprend que ça fasse hésiter. ^^’ Après, tu as très bien parlé de la chose je trouve!
    Je pense que si je le trouve en bibliothèque, je l’emprunterais, en attendant, il va dans ma wishlist! 🙂 µ

    Bonnes lectures à toi!

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    • BettieRose dit :

      Des pincettes oui, car avouons que c’est un sujet délicat. Mon ouverture d’esprit me fait dire qu’une relation consentante ne devrait pas être taboue mais cette opinion n’engage que moi. Et ici, je trouvais important de laisser une certaine neutralité par rapport à l’histoire d’Erika. Elle a réussi à écrire ce parcours d’une manière pertinente, sans en faire l’apologie ni le procès. Libre à chacun de trancher. Bien sûr, tout au long du roman le côté « immoral », « ce n’est pas bien », « je n’ai pas le droit de l’aimer » reviendra et notre personnage masculin n’aura de cesse de se torturer avec des pensées contradictoires.
      Je n’ai pas vu le téléfilm dont tu parles dans la mesure où je n’ai pas la TV mais ici, tu n’auras pas vraiment de traitement biblique. Tu auras des points de vue de diverses origines et cultures en revanche.
      Je ne sais pas si tu pourras le trouver en bibliothèque car Erika s’est lancée dans l’auto-édité…

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  4. Nova Baby dit :

    Je suis très très très curieuse au sujet de ce roman. Et ton avis me donne encore plus envie de me pencher dessus, car c’est le genre de thème qui peut faire un peu peur s’il es ttraité sans nuances, et visiblement, ce n’est pas le cas.

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