[Chronique] Sphinx de Christian Jacq

sphinxPublié aux éditions XO – octobre 2016 – 396 pages
Merci à XO pour cette lecture

resumeILS SONT NEUF.
Neuf représentants d’une confrérie mystérieuse dénommée SPHINX.
Neuf détenteurs des secrets de la vie, disséminés à travers le monde.
Neuf condamnés à mort par les nouveaux maîtres de la technologie, adeptes de l’argent-roi, dont l’objectif fait froid dans le dos : la prise de contrôle définitive du cerveau humain par les machines.
Depuis New York ces derniers ont engagé une traque implacable pour éliminer, un à un, les membres de Sphinx.
C’est compter sans la détermination d’un journaliste écossais, Bruce Reuchlin, redoutable enquêteur, prêt à prendre tous les risques pour déjouer leur plan diabolique.
Pour Bruce, désormais, chaque pas est un danger de mort. Plus il avance dans son enquête, plus la question l’effraie :
QUI GOUVERNE VRAIMENT NOTRE MONDE ?

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Voici un livre que j’ai souhaité lire pour découvrir la plume de l’auteur. Je ne sais pas si pour vous, les souvenirs sont les mêmes, mais Christian Jacq a toujours fait partie des bibliothèques des proches (enfin le peu de proches que j’avais qui lisaient) quand j’étais jeune lectrice. Un nom qui m’intriguait et que j’ai toujours, bien entendu associté à l’Egypte. D’ailleurs, avant de voir vraiment à quoi il ressemblait, je ne pouvais m’empêcher de lui prêter le visage de mon professeur d’histoire Mr N.(paix à son âme) qui nous enseignait l’histoire de l’Egypte (en sixième) avec une passion débordante. Bon finalement, je ne crois pas qu’ils se ressemblent. Bref, ici Christian Jacq ne fait pas dans ses célèbres sagas sur l’Egypte ancienne mais signe bel et bien un thriller fascinant et troublant.

Je suis convaincu que, dans mille ans, notre monde sera dominé par des machines massivement intelligentes. Cette révolution sera rendue possible par la progression époustouflante des performances électroniques, qui permettront de loger un grand volume de mémoire dans un cerveau artificiel. Je pense même que les machines et les hommes ne feront plus qu’un. Nous serons une symbiose organique parfaite. Nous aurons également des mémoires implantables et nous téléchargerons dans notre cortex des modules de connaissance. Steven Spielberg

Deux choses sont infinies : l’univers et la bêtise humaine. Mais pour l’univers, je ne suis pas encore complètement sûr. Albert Einstein. 

Voici comment s’ouvre le roman Sphinx. Immédiatement, nous sommes intrigués par cette phrase de Steven Spielberg et la réalité que dénonce Albert Einstein. Des machines qui fusionneraient avec l’homme ? De l’intelligence artificielle autonome ? Que veut nous dire l’auteur? Quand on regarde la couverture, nous y voyons le Sphinx, bien entendu. On nous parle de 9 détenteurs des secrets de la vie. Mais qui sont-ils, quels sont ses secrets, sur quelle piste va donc nous entrainer l’auteur dans sa recherche de la vérité ? Neuf humains tenus au secret, éparpillés sur la planète, mais menacés de mort. Pourquoi ? Car les nouveaux maitres de la technologie veulent s’emparer du pouvoir ? Mais alors, qui gouverne ? Bruce, journaliste d’investigation obsédé par la vérité va se mettre sur des pistes les plus dangereuses les unes que les autres pour déceler LE scoop. Il ne se rend alors pas compte dans quoi il met les pieds et qu’il aura ainsi bien besoin de son seul ami, Mark.

Proposant des paysages et scènes très variés, l’auteur ne nous laissera aucun répit une fois les dés jetés. Nous allons de continent en continent, nous nous posons quelques doux instants en Islande où vit Bruce et nous repartons dans des jets privés d’un bout à l’autre de la planète. Mark est un riche héritier et son père lui transmet petit à petit l’entreprise. Quand soudainement il doit reprendre les rênes, il comprend que quelque chose de louche se trame. Au même moment, son meilleur ami Bruce le contacte, car il flairé quelque chose de gros avec une confrérie secrète nommée Sphinx dont les membres sont visiblement menacés. Bruce, qui est un reporter d’investigation pour un groupe de presse dirigé par Mark, veut foncer sur les pistes et comprendre le secret que détiennent ces personnes mystérieuses dont certaines sont d’ores et déjà hors d’état de nuit. Un chemin qu’ils ne seront donc pas les seuls à emprunter et il leur faudra jouer fin pour garder une longueur d’avance et ne pas se retrouver dans des situations plus que dangereuses. Car une chose est certaine : leurs adversaires sont déterminés à exterminer les 9. Mais qui sont ces adversaires, qui les dirige, qui nous dirige ? Bruce est un personnage qui vaut le détour à lui tout seul. Presque cliché, il est bourru, vulgaire, avec sa carrure de rugbyman il fonce dans le tas et exige la vérité. Raconter des bobards ? Très peu pour lui. Son moteur ? L’alcool oui, mais surtout la vérité. Mark l’aide en finançant tous les projets d’investigation, mais aussi par son amitié, sa présence. C’est un duo éclectique, mais parfaitement complémentaire. Et Mark se révélera très convaincant, contrairement à ce qu’on aurait pu présager dans les débuts.

Sphinx incarne le type de roman qui vous fait lever les sourcils et dire « Quoi ? ». Vous en apprenez à chaque page. Nous sentons le travail historique derrière et pourtant ce roman est résolument contemporain. La plume est vive, moderne, acérée et va droit au but. Bien entendu, les explications nécessaires nous sont apportées de manière juste, mais nous percevons également le sarcasme en filigrane dans cette histoire. Au fond, nous comprenons rapidement que derrière cette quête des membres de Sphinx, l’auteur va nous proposer une dénonciation des dérives technologiques. Et si l’homme finissait par perdre le contrôle de ces intelligences artificielles qu’il crée chaque jour ? Sphinx est l’opposé total de ces dérives modernes, et notre duo va devoir comprendre les enjeux mondiaux et géopolitiques qui en découlent. Les pages défilent aisément. Nous regrettons juste une légère facilité dans les déplacements des personnages (merci Mark le millionaire) et leur rapidité d’adaptation au jet lag. Certes, c’est une remarque un peu superflue, mais cela reste un élément qui m’a froissée. Cela ne m’a pas empêché d’aimer ma lecture et j’avoue que je ne m’attendais absolument pas à une telle fin. Du début à l’issue de l’enquête, nous allons de surprise en surprise, de découverte en découverte, nous rencontrons des personnages formidables, d’autres abominables et de nombreuses références contemporaines ancrent l’histoire de notre réalité. Totalement raccord avec son époque, Sphinx avance à 100 à l’heure et même s’il faut un temps d’adaptation pour comprendre Bruce ou apprécier la plume, ce n’est ensuite que du bonheur et je suis ressortie enrichie de cette lecture.

enbref

Qui dirige notre monde ? Telle est la question à laquelle Sphinx souhaite répondre au travers d’une enquête sans temps mort et une course contre la montre de pays en sites historiques. Découvertes, secrets, meurtres, danger permanent, les éléments du thriller sont réunis et font de Sphinx un excellent représentant du genre, surprenant, moderne et fascinant.

MANOTE16/20

4flamants

[Chronique] La fille de Brooklyn de Guillaume Musso

Lafilledebrooklyn

Publié aux éditions XO – Mars 2016 – 470 pages

resumeJe me souviens très bien de cet instant. Nous étions face à la mer.
L’horizon scintillait. C’est là qu’Anna m’a demandé : « Si j’avais commis le pire, m’aimerais-tu malgré tout ? »
Vous auriez répondu quoi, vous ?
Anna était la femme de ma vie. Nous devions nous marier dans trois semaines. Bien sûr que je l’aimerais quoi qu’elle ait pu faire.
Du moins, c’est ce que je croyais, mais elle a fouillé dans son sac d’une main fébrile, et m’a tendu une photo.
– C’est moi qui ai fait ça.
Abasourdi, j’ai contemplé son secret et j’ai su que nos vies venaient de basculer pour toujours.
Sous le choc, je me suis levé et je suis parti sans un mot.
Lorsque je suis revenu, il était trop tard : Anna avait disparu.
Et depuis, je la cherche.

MONAVISV2

Il vous que vous sachiez que je suis assez faible concernant Guillaume Musso. Même s’il n’est pas mon auteur favori il m’est très difficile de résister à ses nouveautés. Déjà parce que j’ai apprécié tous les livres que j’ai lu de lui (quasi tous). Bien que ses livres ne soient pas, pour moi, des petits bijoux qui me marquent pour longtemps, j’y trouve toujours mon compte et passe de bons moments et ce même quand les ficelles ou retournements de situations sont un peu gros (Central Park par exemple). Bref, qui dit nouveauté Musso, auteur français le plus lu en France, dit Musso dans ma bibliothèque. Et je peux vous dire que je ne regrette pas mon choix, car je pense avoir lu ici l’un des meilleurs Musso. Sans doute son plus abouti en matière de suspens. Moins rocambolesque, plus polar et sans doute plus sombre, La Fille de Brooklyn confirme le talent de l’auteur pour nous tenir en haleine.

Raphaël est fou amoureux d’Anna qu’il a rencontré il y a quelques mois maintenant. Dans 3 semaines il doit l’épouser. Mais il a du mal à faire pleinement confiance depuis une rupture quelque peu particulière et surtout il n’est pas tout seul en jeu, il a aussi son fils, sa raison de vivre. Ayant encore un léger doute, au retour d’une belle soirée en amoureux, il insiste auprès d’Anna pour savoir si elle a des secrets. Il est persuadé de ne pas connaître une partie de sa personnalité, un aspect de son passé, il lui semble certain qu’Anna cache quelque chose. Anna lui révèle alors l’impensable. Sous le choc, il s’enfuit, avant de revenir vite sur ses pas. Mais trop tard, Anna avait disparu. Il va alors devoir se lancer dans une enquête incroyable pour retrouver la femme qu’il aime et savoir qui elle est vraiment. Aidé de son voisin, ancien flic, Raphaël va aller de la France jusqu’aux Etats-Unis pour mener l’enquête.

Dans ce nouveau roman on retrouve vraiment les codes de Musso. L’enquête, déjà, sur une histoire sombre, floue. Qui est Anna ? Est-elle vraiment coupable de ce qu’elle montre en photos à son futur époux ? Pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ? Et surtout pourquoi avoir si soudainement disparu ? Aucune trace d’elle non plus à Paris, Raphaël va être obligé de remonter loin le passé de la jeune femme pour connaître sa réelle identité et son terrible passé. L’enquête ne laisse aucun temps mort. Alternant les avancées de Raphaël et de son voisin, Marc, nous apprenons beaucoup de choses pages après pages. Certains autres passages, consacrés à d’autres personnages qui nous livrent alors leur histoire, enrichissent encore l’enquête et les découvertes. Nos deux enquêteurs recoupent régulièrement leurs informations et petit à petit les pièces du puzzle s’emboîtent. Ici, une nouvelle fois, Musso nous prouve l’amour de la France mais aussi celui des Etats Unis qu’il nous fait parcourir dans de nombreux romans. Raphaël, écrivain, y a déjà ses repères mais de là à connaître Brooklyn, c’est autre chose et il est vraiment loin d’imaginer que sa recherche va le plonger loin, très loin de le passé de certaines personnes et le moins qu’on puisse dire c’est que cela ne plaira pas à tout le monde. Et si Anna était liée à beaucoup plus lourd que ce qu’ils pensaient au départ ?

Les personnages sont comme toujours chez Musso assez attachants. Raphaël est un homme dévoué, amoureux, qui s’occupe à merveille de son fils (dont les comportements sont bien détaillés et ce petit bout de chou est mignon) et qui est prêt à tout pour sauver Anna. Il ne la croit pas responsable de ce qu’elle lui a montré. Marc, son voisin ex-flic, est un personnage un peu plus bourru qui a su garder ses entrées où il faut (pratique dans ce genre d’enquête) et qui va se montrer d’une aide incroyable auprès de Raphaël. Il est également très proche du petit Théo dont il s’occupe régulièrement. Quant à Anna, bien qu’elle soit le coeur central de cette enquête, nous n’aurons pas vraiment l’occasion de la connaître. Nous avons juste sa vie, vue par les autres et elle nous est présentée sous une forme très attachante, on ne peut que ressentir de l’empathie pour cette femme. La rencontre avec sa famille est un véritable choc pour Raphaël comme pour la famille et il est pourtant alors loin d’imaginer tous les fils qu’il va lui falloir démêler. Il est difficile de vous en dire plus sans vous dévoiler des points clés de l’histoire. Musso a vraiment bien travaillé son intrigue et nous allons de surprises en surprises, de rebondissements en révélations scandaleuses, on passe par de l’angoisse, de l’horreur, de l’empathie et puis d’un coup, comme toujours avec notre cher écrivain, les dernières pages qui vous donnent une claque monumentale. Alors que vous pensiez le tout résolu, une nouvelle page s’ouvre…

La plume de Musso est toujours aussi addictive et je trouve qu’elle s’est un peu enrichie. Toujours très descriptive et immersive, elle nous permet de vivre le roman à cent à l’heure et nous sommes vraiment plongés au coeur même de l’intrigue, que ce soit donc sur le rythme, ou la géographie. Nous apprenons des tas de choses et tout s’emboîte au fur et à mesure, Musso ayant l’art de distiller les indices au bon rythme. Si parfois dans ses anciens romans j’avais trouvé des choses un peu « faciles » ici, il n’en est rien et il s’agit plus de coïncidences que de facilités. Le roman est addictif, difficile de le reposer avant de savoir qui est Anna, qui est cette mystérieuse Fille de Brooklyn. Il faut dire qu’à mesure que l’enquête avance, les secrets se déterrent et pas des moindres. C’est du très lourd que nous sert Musso ici. Un roman à la hauteur de son succès qui confirme qu’il n’a pas son pareil pour ménager le suspens et qu’il sait entraîner son lecteur dans une course haletante entre la France et les Etats Unis, le passé mystérieux d’une femme et l’urgence présente de la retrouver.

 

enbref

Du Musso dans toute sa splendeur et même mieux, un suspens insoutenable et des personnages attachants qui nous entrainent dans une histoire vertigineuse, déterrant de lourds secrets. Mais à quel prix ? Une formidable enquête entre la France et les Etats Unis pour comprendre qui est La Fille de Brooklyn et trouver l’amour. Une fin surprenante. Musso est bel et bien parti sur le chemin du polar.

MANOTE17/20

Ps : j’espère que cette chronique n’est pas truffée de fautes. Je suis encore un peu malade et mes relectures sont floues. Promis demain je relirai à nouveau au cas où…