[Chronique] À la lumière du petit matin d’Agnès Martin-Lugand, le roman qui a illuminé mon coeur…

Publié aux éditions Michel Lafon – Mars 2018 – 334 pages
Merci à Michel Lafon pour cette lecture

À l’approche de la quarantaine, Hortense se partage entre son métier de professeur de danse et sa liaison avec un homme marié. Elle se dit heureuse, pourtant elle devient spectatrice de sa vie et est peu à peu gagnée par un indicible vague à l’âme qu’elle refuse d’affronter. Jusqu’au jour où le destin la fait trébucher… Mais ce coup du sort n’est-il pas l’occasion de raviver la flamme intérieure qu’elle avait laissée s’éteindre ?

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[Chronique] La femme qui ment de Hervé Bel

Publié aux éditions Les Escales – Domaine Français
Octobre 2017 – 240 pages
Merci aux éditions les Escales pour cette lecture.

Sophie a quarante-trois ans. Elle vit à Paris avec Alain. Tous les jours, elle prend le RER pour aller travailler à la Défense. On la veut efficace, rapide, moderne, performante. Elle s’y emploie. Mais la cadence est infernale, elle se sent au bout d’un cycle – bientôt elle sera vieille.

Un jour, acculée par son patron qui lui reproche la mauvaise gestion d’un dossier, elle ment. Prétend être enceinte. C’est le début d’un engrenage, tout un système de défense qui, un temps, allège son quotidien. Grisée, Sophie décide de mentir à son tour à Alain. Lui laisser croire qu’elle attend un bébé en fera peut-être venir un pour de bon ?

Alors que le mensonge l’enserre peu à peu, le passé de Sophie se déploie – son enfance, sa jeunesse en banlieue, au pied des tours de la Défense qui, lentement, surgissaient de terre. Comme les barreaux de sa future prison.

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[Chronique] La soeur de l’ombre – Saga Les sept soeurs Tome 3 de Lucinda Riley

Publié aux éditions Charleston – 7 avril 2017 – 592 pages
Lu dans le cadre de la formidable expérience Lectrices Charleston 2017

Star d’Aplièse est à un carrefour de sa vie après le décès brutal de son père bien-aimé, le millionnaire excentrique surnommé Pa Salt par ses six filles, toutes adoptées aux quatre coins du monde. Il leur a laissé à chacune un indice sur leurs origines, mais Star, la plus énigmatique, hésite à sortir du cocon qu’elle s’est créé avec sa soeur CeCe.

Désespérée, elle décide de suivre le premier indice, qui l’entraîne dans une librairie de livres anciens à Londres… Un siècle auparavant, l’indépendante et entêtée Flora MacNichol jure qu’elle ne se mariera jamais. Elle est heureuse et en sécurité dans sa demeure du Lake District, vivant à proximité de son idole, Beatrix Potter, lorsque divers événements qu’elle ne maîtrise pas l’entraînent à Londres, dans la maison de l’une des hôtesses les plus réputées dans la haute société edwardienne : Alice Keppel.

Flora est tiraillée entre un amour passionnel et ses devoirs envers sa famille, mais arrive à trouver sa place sur l’échiquier – qui comporte des règles que seuls certains connaissent, jusqu’à ce qu’un mystérieux gentleman lui révèle ce qu’elle a cherché durant toute sa vie…

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[Chronique] Il était une lettre de Kathryn Hughes

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Publié aux éditions Calmann-lévy – 3 février 2016 – 300 pages

Lu grâce à Netgalley et Calmann-Lévy, merci à eux.

 
resumeTina est malheureuse auprès d’un mari trop porté sur la boisson et souvent violent. Le week-end, pour ne pas être à ses côtés, elle se réfugie dans une boutique caritative où elle est vendeuse bénévole. C’est alors que sa vie bascule lorsqu’elle y découvre une lettre dans la poche d’un vieux costume. Cette lettre n’a jamais été ouverte, le timbre n’est pas cacheté et elle date de septembre 1939 : c’est une demande en mariage.
Très émue que la destinataire n’ait jamais reçu cette demande, Tina va mener l’enquête et découvrir l’histoire bouleversante d’un amour impossible… Celui de Chrissie, jeune sage femme de 17 ans qui tombe éperdument amoureuse du jeune séducteur de son quartier, malgré les réticences de son père, un médecin très strict. La guerre finit par exploser et son grand amour est contraint de partir au front, la laissant enceinte, et seule face à ce secret honteux qui va faire exploser sa cellule familiale.
Pendant que Tina poursuit ses recherches, elle découvre qu’elle aussi est enceinte, mais d’un homme qu’elle n’aime plus. Elle décide d’essayer de retrouver à tout prix Chrissie et son enfant, en espérant ainsi redonner du sens à sa vie.MONAVISV2

Voici un livre qu’il me tardait de lire. Le résumé me faisait penser à La dernière lettre de son amant de Jojo Moyes même s’il y a des différences fondamentales. Dans le livre de Jojo Moyes il y a aussi une femme qui trouve une lettre (dans les archives du journal où elle travaille) et fait tout pour en retracer l’histoire, en retrouver les propriétaires, reconstituer les échanges. C’est une histoire que j’avais adoré et je me suis dit que Il était une lettre pourrait bien me séduire aussi. Ce fut le cas, j’ai adoré cette jolie histoire et sa construction.

Tout au long du livre nous allons suivre deux histoires en parallèle. Celle de deux femmes charismatiques et qui prennent leur destin en main. Celles de deux femmes dont la seule erreur fut d’aimer « la mauvaise personne ». Fin des années 70, Tina vit avec son mari qui vient de perdre son emploi et sombre dans l’alcoolisme. Depuis le jour même de leur union ce dernier est violent et frappe Tina. Malheureuse, elle a trouvé un refuge pour la journée du samedi dans une boutique caritative. Un jour, elle trouve une lettre dans la poche d’un beau costume. Elle remarque que cette dernière n’a jamais été postée. Intriguée, elle l’ouvre. Une demande en mariage qui n’est jamais parvenue à sa destinataire. Tina va alors tout faire pour retrouver la femme à qui était destinée cette lettre. Cette lettre, Billy l’a écrite pour Chrissie, la deuxième jeune femme que nous allons suivre. 1939, Chrissie a 17 ans, vit avec ses parents, auprès d’une mère aimante mais d’un père très strict. Elle tombe amoureuse du « mauvais garçon » et son père va tout faire pour ruiner cette relation. En plus de l’opposition formelle de son père, un autre obstacle menace le couple, l’appel à la guerre. Chrissie sait qu’à tout moment, l’homme de sa vie peut être appelé. Tout tourne mal le jour à elle se rend compte qu’elle est enceinte. Jetant le déshonneur sur sa famille, son père l’exile. Billy, lui, est appelé à la guerre.

Nous avons donc deux destins de femmes à deux époques différentes. Deux femmes touchantes, attachantes, victimes d’hommes, qu’il soit le mari ou le père. Pour Tina, rechercher la mystérieuse correspondante, c’est une échappatoire à son terrible quotidien. Remettons nous dans le contexte : fin des années 70, pas d’internet, des recherches à l’ancienne, en se déplaçant, en rencontrant les gens. Et Tina va faire des rencontres marquantes, comprendre petit à petit les enjeux de cette histoire et à quoi cela a mené. Elle va tout faire pour retrouver Chrissie. Pendant ce temps, elle doit gérer sa vie, la violence de son mari, la pression de ses amis pour le quitter, la peur au ventre en permanence et sa grossesse à son tour. 1939, Chrissie, elle, est exilée chez une tante qui vit dans la campagne irlandaise. Vide rude, sans confort, elle apprend à vivre éloignée de sa mère et d’un soutien quelconque. Sa grossesse est un fait humiliant pour toute la famille et elle doit la cacher. Un enfant hors mariage n’est absolument pas acceptable dans un monde encore si « fermé » et dans une famille si portée sur la religion.

L’auteure, douée d’une plume féminine et douce, nous entraîne vraiment dans la vie de ces deux femmes. Elle a su donner vie à deux personnages dotés d’un charisme indéniable, deux femmes qui savent aimer et donner. Nous ressentons une profonde empathie pour elles, l’envie de les protéger, de les voir s’en sortir et de trouver une issue à tous leurs problèmes. Bien sûr, Kathryn Hughes sait nous tenir en haleine : Tina va-t-elle retrouver la destinataire de la lettre ? Qu’est ce que cela va changer tant d’années après ? Pourquoi fait-elle cela ? Le roman nous fait passer par beaucoup d’émotions, tout en alternant les époques. Il y a des épreuves très dures, celles de la vie, celles de la guerre, celles de la violence, celles de la question de l’enfant à naître auprès d’un père violent, la quête d’identité, pardonner, se pardonner, comprendre. Nous avançons avec elles, entre le passé de Chrissie et le présent de Tina et c’est juste magnifique. Nous plongeons dans ce roman à l’intrigue maîtrisée, parfaitement rythmée et qui laisse place à des rebondissements parfois cruels mais nécessaires à l’avancement des choses. Les sujets abordés sont quand même durs, la violence conjugale nous est relatée avec un réalisme saisissant, la rupture familiale n’épargne pas la jeune Chrissie. Mais il y aussi des notions sublimes d’amitié, de solidarité, d’espoir. C’est assez magique de voir Tina se transformer, opérer des changements dans sa vie, comme modelés par la tragédie vécue par Chrissie. Le passé de cette femme qu’elle ne connaît pas parvient à la toucher, à la faire avancer. C’est un roman vraiment touchant et avec lequel nous ne nous ennuyons pas une seule seconde.

enbref

Un récit émouvant et bouleversant mettant en parallèle deux destins, celui de Chrissie en 1939 et celui de Tina à la fin des années 70. Derrière le sujet de la violence conjugale se cache l’espoir, l’amour et la reconstruction. Une quête de réponse, d’identité, d’amour et pardon qui nous entraînera sur des jolies routes irlandaises et anglaises. Une plume agréable et une intrigue parfaitement menée. Deux destins liés à jamais.

MANOTE18/20

 

[Chronique] Rêves de garçons de Laura Kasischke

9782253123644-TresumeA la fin des années 1970, trois pom-pom girls quittent leur camp de vacances à bord d’une Mustang décapotable dans l’espoir de se baigner dans le mystérieux Lac des Amants. Dans leur insouciance, elles sourient à deux garçons croisés en chemin. Mauvais choix au mauvais moment. Soudain, cette journée idyllique tourne au cauchemar.MONAVISV2Ce livre m’a été offert dans le cadre de l’opération 2 poches achetés 1 offert. Ayant eu une expérience un peu décevante avec l’auteur et son ouvrage Esprit d’hiver (ma chronique est disponible en cliquant sur le lien) j’ai eu envie de lui donner une seconde chance. Malheureusement avec moi ça ne prend pas et cette seconde lecture me laisse à penser que les livres de Laura Kasischke ne sont pas pour moi. Pourtant ici, la 4ième de couverture me captivait. Je m’imaginais déjà une lecture très angoissante, sombre et intriguante. Mais il n’en fut rien.

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Nous suivons donc des jeunes filles lors de leur camp d’été de cheerleaders et plus particulièrement Kristy. Un jour, profondément ennuyées par leur cours d’abdos, Kristy, sa meilleure amie Desiree et une nouvelle connaissance Kristi (ouais déjà deux prénoms identiques ça m’a même pas amusé…Ça m’a même paru lourd) décident de prendre le large le temps de l’après midi à bord de la décapotable de Kristy afin d’aller nager au Lac des Amants, lac réputé sans fond. Mais sur leur route elles vont croiser deux ados à qui Kristy (avec un Y, ne la confondez pas avec celle avec un I) va sourire, conformément à ses habitudes de « Soeur Sourire ». Elles vont alors être prise de panique à l’idée que ces garçons puissent les suivre et s’en prendre à elle…

Voilà le sujet est posé. A partir de là je m’attendais à une ambiance très angoissante, voir peut être à une séquestration ou je sais pas des tentatives d’intimidations…Certes Kristi prétend qu’ils rôdent mais Kristy-avec-un-y- semble s’en moquer éperdument. Et il ne se passe rien…nous nous contentons de suivre le morne quotidien de pom-pom girls en vacances avec leurs petits tracas habituels et des souvenirs de Kristy, nous apprenant un peu plus qui elle est, à savoir une ado plutôt banale…L’auteure nous peint un décor de vacances d’été plutôt charmant, sous fond d’été américain, de lacs et de baignades.

Le livre est court et se concentre donc sur les relations entre les filles du camp, sur la meilleure amie qui drague le maître nageur et sur la seconde Kristi qui est assez inquiète suite à la rencontre brève avec les garçons. Tout au long du récit j’attendais qu’il se passe quelque chose et que l’angoisse monte. Mais ce n’est jamais monté. La fin, certes surprenante et qui arrive sans s’annoncer tient sur quelques pages. Et on est donc censés aimer ce livre à partir de cette conclusion. Il en était un peu de même dans Esprit d’hiver où la fin vous chamboulait totalement et remettait toute l’histoire en question, mais là pour moi ça n’a pas pris. La fin est glaciale mais ne m’a rien fait ressentir. Et encore moins l’épilogue que personnellement j’ai trouvé quelque peu inadapté et presque inutile. Toutefois la plume de Laura Kasischke reste qualitative et trouvera son public, on ne peut nier qu’elle est extrêmement cinématographique.

enbrefUn roman qui promet du suspens mais qui ne prend pas. C’est lent, heureusement qu’il est court. Une fin totalement surprenante mais qui ne suffit pas à remonter l’ensemble. Une 4ième de couverture qui nous attire sur une fausse piste. Un livre toutefois porté par une plume cinématographique.

MANOTE10/20

[Chronique] Tes mots sur mes lèvres de Katja Millay

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Paru aux Editions Fleuve Noir – Territoiresresume

Ancienne pianiste prodige, Nastya Kashnikov désire aujourd’hui deux choses : traverser sa période de lycée sans que personne n’apprenne rien de son passé, et faire payer le garçon qui lui a tout pris – son identité, son âme, sa volonté de vivre.
L’histoire de Josh Bennett n’est un secret pour personne. Chaque être qu’il a un jour aimé lui a été pris, jusqu’à ce qu’à 17 ans, il ne lui reste personne. Désormais, il veut qu’on le laisse seul, et les gens le font car quand votre nom est synonyme de mort, tout le monde est enclin à vous laisser votre espace.
Tous… sauf Nastya, cette mystérieuse nouvelle fille à l’école qui a commencé à venir le voir et ne veut plus s’en aller, s’insinuant dans chaque aspect de sa vie. Mais plus il apprend à la connaître, plus elle devient une énigme. Alors que leur relation s’intensifie et que des questions sans réponses s’accumulent, il commence à se demander s’il apprendra un jour les secrets qu’elle cache… ou même s’il le souhaite réellement.

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C’est typiquement le genre de livre sur lequel je ne me suis pas penchée plus tôt à cause de la couverture. Couverture qui soyons clair ne rend pas du tout hommage à la jolie pépite qu’est ce roman. Je suis donc très heureuse d’en avoir autant entendu de bien et de lui avoir donné sa chance. En revanche, même si j’avais pu constater l’enthousiasme des lecteurs, je n’en connaissais pas vraiment l’histoire et à peine le résumé. Ce fut une magnifique surprise et j’ai dévoré les 500 pages très rapidement tellement je voulais avancer et découvrir ce qui était vraiment arrivé à Nastya.

Nastya est une jeune femme brisée. Elle est morte, revenue à la vie sans la possibilité de faire tout ce pour quoi elle vivait : jouer du piano. De pianiste prodige elle passe à jeune femme torturée. Quand elle se souvient de ce qui lui est arrivé, elle décide de ne plus parler. Elle ira même jusqu’à changer de lycée et d’apparence pour ne plus jamais avoir à souffrir ni communiquer avec qui que ce soit. Elle se déteste et est terriblement en colère.

Josh Benett est solitaire. Tous les gens qu’il aimait sont morts et il vit seul. Personne ne l’approche et il s’en accommode très bien, va même jusqu’à cultiver son isolement. Son seul ami est Drew, le tombeur du lycée. Quand Nastya décide de pénétrer dans la bulle de Josh, bulle que personne n’ose franchir, ils vont devoir apprendre à communiquer, à se comprendre. Mais si les démons de Josh sont connus de tous, ceux de Nastya restent une énigme et bien que les sentiments entre nos deux lycéens se renforcent, il est très difficile pour Josh de comprendre ce qui a pu se passer.

Ces deux personnages principaux sont touchants. Grâce aux chapitres alternant leurs points de vue nous rentrons dans leur intimité, leurs pensées et tentons de les comprendre. Nastya nous laisse entrer dans son univers que par petites touches et nous mettons beaucoup de temps à apprendre ce qui lui est réellement arrivé et d’où provient cette colère, cette tristesse et ce mal être. Connaitre son histoire est le fil rouge de ce roman. Les personnages autour d’eux sont également très intéressants et bien plus complexes qu’il n’y parait. Ainsi, Drew, le don juan du lycée n’est pas si mauvais que cela et cache même un coeur énorme, rempli de bons sentiments et de bonnes intentions. Sarah, la famille Leighton, Clay ou encore Margot, tous ont une personnalité attachante. Nastya va-t-elle se sentir capable d’affronter ses démons ainsi entourée ? Alors qu’elle s’ouvre peu à peu à Josh, son mystère reste entier et lourd.

L’écriture est simple et plutôt percutante. Nous n’avons aucun mal à ressentir les émotions. Le style est mature, tous comme les lycéens du roman. On est loin, bien loin même du cliché romance adolescente. Ici, la relation met le temps à s’établir et se construire au fur et à mesure que les personnages apprennent à se connaître et à se faire confiance. Tes mots sur mes lèvres est une histoire très triste, avec un sujet plutôt lourd, mais est également plein d’espoir. L’espoir de se reconstruire, de renaître et de savoir qu’un jour, ça ira mieux. Bien sûr la romance est présente mais elle est douce, naturelle, émouvante. Quand deux âmes perdues se rencontrent, le résultat peut être si fort.

enbref

Une histoire dramatique qui prend aux tripes. Un roman touchant, émouvant et que vous refermez les larmes aux yeux. Des personnages complexes, une plume sensible, les 500 pages étant la juste longueur nécessaire pour nous inviter dans le monde torturé de Nastya.

MANOTE

18/20