Top Ten Tuesday : 10 livres pour s’ouvrir au Monde et enseigner la tolérance

Cette semaine, je triche. Et oui, le thème français proposé ne me convient pas, je n’étais pas inspirée et j’ai du mal à avoir un jugement aussi arrêté, définitif sur la plume d’un auteur. Qui sait ce que l’avenir nous réserve dans ce domaine ? Donc, je voulais vous faire un TTT des 10 livres que je voudrais faire lire au monde entier mais j’ai vu que ma copine Saefiel faisait le thème 10 livres que je voudrais vous faire lire de force. Ca me semblait tellement similaire que j’ai décidé de reporter le mien pour plus tard et de parler de livres importants, qui véhiculent des valeurs, des messages pour mieux comprendre les autres, leurs modes de vie, leurs choix. Pour moi lire peut enseigner l’amour et la tolérance et c’est donc dans ce domaine que je vais aller piocher. Ne soyez pas étonnés de revoir surgir ici des livres dont j’ai déjà parlé plusieurs fois… C’est juste que ces livres nous percutent et continuent de vivre en nous par la suite.

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10 livres pour s’ouvrir au Monde et enseigner la tolérance
Si je parle d’enseignement, c’est tout simplement dans le fait de transmettre, que ce soit le livre, l’histoire ou des passages. J’ai volontairement « divisé » en catégorie, ce qui est paradoxal pour quelqu’un qui n’aime pas les étiquettes mais c’était ici plus simple pour vous. La plupart des romans ont été chroniqués sur mon blog si vous voulez en savoir plus. Lire la suite

[Chronique] Résilience de Julia M. Tean

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Publié aux éditions Rebelle – Octobre 2016 -150 pages –

1 euros reversé à l’association Le Refuge pour chaque vente. 

Merci Julia pour ta confiance

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Pour ses dix-neuf ans, Vincent s’est offert un parricide. Il a tué son bourreau. Mais peut-on vraiment se libérer de l’emprise du Mal ? Peut-on se reconstruire après avoir subi le pire ? Incarcéré, Vincent doit affronter ses démons, apprendre à se connaître et s’accepter… pour atteindre la délivrance, sa résilience.

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[Chronique] Je m’appelle Leon de Kit de Waal

jemappelleleonPublié aux éditions Kero – Août 2016 – 352 pages

Merci aux éditions Kero et à Netgalley France pour cette lecture

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Leon, 9 ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n’arrive plus à se lever le matin, il s’occupe de son demi-frère Jake. Quand l’assistante sociale emmène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c’est lui qui sait de quoi le bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu’on lui dit que chez ses nouveaux parents il n’y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c’en est trop. Heureusement Leon rencontre Tufty, qui est grand et fort, qui fait du vélo comme lui et qui, dans son jardin, lui apprend comment prendre soin d’une petite plante fragile. Mais Leon n’oublie pas sa promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant. Le jour où il entend une conversation qui ne lui était pas destinée, il décide de passer à l’action… Lire la suite

[Chronique] L’insouciance de Karine Tuil

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Publié aux éditions Gallimard – 18 août 2016 – 524 pages

resumeDe retour d’Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes, le lieutenant Romain Roller est dévasté. Au cours du séjour de décompression organisé par l’armée à Chypre, il a une liaison avec la jeune journaliste et écrivain Marion Decker. Dès le lendemain, il apprend qu’elle est mariée à François Vély, un charismatique entrepreneur franco-américain, fils d’un ancien ministre et résistant juif. En France, Marion et Romain se revoient et vivent en secret une grande passion amoureuse. Mais François est accusé de racisme après avoir posé pour un magazine, assis sur une œuvre d’art représentant une femme noire. À la veille d’une importante fusion avec une société américaine, son empire est menacé. Un ami d’enfance de Romain, Osman Diboula, fils d’immigrés ivoiriens devenu au lendemain des émeutes de 2005 une personnalité politique montante, prend alors publiquement la défense de l’homme d’affaires, entraînant malgré lui tous les protagonistes dans une épopée puissante qui révèle la violence du monde.

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[Chronique] Des Mensonges dans nos têtes de Robin Talley

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Paru aux Editions Mosaïc, 384 pages

Livre lu grâce à Netgalley et aux éditions Mosaïcresume

Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah. Rien que des mensonges? 1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent — parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté. C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer — parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les coeurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…

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Rappelez-vous, il y a quelques temps je vous parlais de mon coup de cœur pour Sweet Sixteen, traitant de la difficile intégration d’étudiants Noirs dans des lycées jusqu’alors réservés aux Blancs. Ici,  nous avons le  même sujet de base et le même système narratif : ce que vit l’étudiante Noire, Sarah, et ce qui vit l’étudiante Blanche, Linda. Mais dans ce roman, le racisme ne sera pas le seul problème évoqué et nous sommes confrontés à une histoire d’apprentissage et d’acceptation de soi magnifique.

1959 : Sarah va faire sa première rentrée dans un prestigieux lycée réservé jusqu’alors aux Blancs mais qui doit ouvrir ses portes et participer au programme d’intégration. Bien sûr, dans un monde où les Noirs sont encore considérés comme inférieurs aux Blancs et n’ont pas les mêmes droits, l’ensemble des élèves et parents d’élèves y est totalement opposé. C’est donc dans la violence, les insultes et la peur que les élèves vont faire leur rentrée. (A noter que bien que basé sur une histoire vraie, les lieux et personnages ici sont fictifs).

Nous allons suivre l’année scolaire selon 2 points de vue, à savoir celui de Sarah, élève Noire qui intègre le lycée et de Linda, jeune fille blanche dont le père, influent dans le monde de la presse est fermement opposé à ce que sa fille fréquente des Noirs. Les chapitres sont tous présentés selon des mensonges, ces mensonges étant en fait les préjugés que chacune des jeunes femmes a dans la tête, préjugés inculqués par la société ou leur éducation. Bien entendu, les « mensonges » de Linda sont profondément racistes, c’est ce qu’on lui a toujours appris. Mais les deux jeunes femmes vont, malgré elles, se côtoyer et petit à petit les mensonges vont être bouleversés et elles vont apprendre à se faire leurs propres vérités.

C’est un roman d’apprentissage qui se situe dans un contexte racial et violent. Chaque jour les élèves Noirs doivent affronter menaces, insultes, coups, crachats et mauvais coups, leur quotidien est épouvantable. Mais ils font partie de la vague des premiers lycéens à intégrer un lycée de Blancs dans cet Etat et ils sont les seuls à pouvoir marquer l’histoire et prouver que les choses peuvent changer. A ce contexte racial se mêlent bien entendu les clichés classiques des années 50 et Linda n’y échappe pas : sitôt le BAC passé elle se mariera avec son petit ami et deviendra la parfaite petite épouse qui n’aura jamais à travailler et devra seulement se préoccuper de son foyer, son mari et sa future progéniture. Encore un mensonge dans une société qui est en pleine évolution.

Les deux jeunes femmes qui sont donc amenées à passer du temps ensemble vont voir petit à petit les barrières tomber et les sentiments apparaître. Les certitudes se bousculent dans leur tête. Bien entendu elles vont tout faire pour les refouler, se réfugiant derrière d’autres mensonges : Les Noirs et les Blancs ne peuvent pas s’aimer, deux femmes ne peuvent pas s’aimer. Elles vont donc devoir affronter leurs craintes, Linda va devoir s’opposer totalement à son père, elle vont progressivement apprendre la tolérance, apprendre à s’accepter et à être elles mêmes et non ce qu’on attend d’elles. Grâce à leur rencontre elles vont pouvoir apprendre que rien n’est tout noir ou tout blanc dans la vie et que les préjugés se doivent d’être bousculés, qu’il est trop facile de se reposer sur les mensonges déjà élaborés pour nous et que grandir, évoluer, c’est aussi se créer ses propres vérités et opinions.

Les personnages sont profonds et crédibles, humains et attachants, ils sont vrais tout comme leur cheminement et leurs réflexions. Linda a un chemin bien plus difficile à parcourir car c’est sa vie entière qui se voit alors transformée par l’arrivée de Sarah dans son quotidien. Sarah est une jeune fille combative qui ne manque pas de répartie. Mêlant deux tabous de l’époque, homosexualité et racisme, l’auteur sait nous faire rentrer dans l’histoire (nous sentons que le travail d’écriture est riche en documentation), nous révoltant, nous indignant mais l’espoir arrive et nous voyons qu’en effet tout n’est pas noir ou blanc. Comme je l’avais dit pour Sweet Sixteen, c’est une partie de l’histoire qui est très proche de nous et qu’il faut veiller à ne pas oublier. La plume est juste et nous transporte dans un climat de tension et d’injustice permanent, elle peint parfaitement le réalisme cruel historique de cette intégration et rend compte avec profondeur de la cruauté à laquelle les Noirs ont pu être confrontés pour avoir les mêmes droits que les Blancs.

 

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Un roman d’apprentissage dans une époque où les clichés raciaux sont encore très présents. Une histoire faisant référence à des faits historiques réels. Les deux personnages doivent faire face à leurs préjugés et apprendre à s’accepter et accepter leurs ressentis, lutter contre les tabous raciaux et sexuels de l’époque. Des héroïnes marquantes, une plume qui peint le décor avec justesse et sans détours. Comme Sweet Sixteen, tout le monde devrait lire ce livre pour ne pas oublier par quoi sont passés les Noirs et la bataille qu’ils ont menés pour être intégrés et avoir les mêmes droits que les Blancs.

MANOTE

19/20

Pour lire ma chronique sur Sweet Sixteen

Pour aller plus loin la biographie de Melba Patillo, l’une des courageuses premières élèves à avoir intégré un lycée de Blancs, histoire vraie.

[Chronique] Sweet Sixteen d’Annelise Heurtier

sweet-sixteenParu aux éditions Casterman Poche – 200 pages

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Rentrée 1957.
Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l’aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.
Cette histoire est inspirée de faits réels.

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Si vous me lisez régulièrement ou me suivez sur Facebook vous savez certainement que j’ai une grande passion pour les années 50. Toutefois j’ai bien conscience que les années 50 n’étaient pas roses et bien difficiles sur de nombreux aspects tels la condition des femmes mais aussi celle de Noirs. C’est sur ce sujet que se porte l’histoire de Sweet Sixteen. J’ai dévoré ce livre et il m’a été impossible de le lâcher. L’histoire est poignante, révoltante…Dire que c’était il n’y a même pas 60 ans !

Rentrée 1957, 9 lycéens Noirs s’apprêtent pour la première fois à faire leur entrée dans un lycée de blancs. Rappelons le contexte : à cette époque les Noirs étaient toujours considérés comme inférieurs aux Blancs et le racisme était plus que violent. Insultés, battus, dénigrés ils n’avaient aucun droit de se mélanger au Blancs. Nous allons suivre la jeune Molly qui est déterminée à entrer dans ce lycée suite à la loi sur l’intégration, désormais les étudiants Noirs pourront bénéficier de la même éducation que les Blancs. Mais ça, c’est sur le papier.

Nous allons suivre l’unique année scolaire de Molly dans ce lycée. L’opposition des Blancs à cette rentrée, les insultes et brimades quotidiennes que les élèves doivent subir, les menaces de mort et tentatives d’intimidation mais également leurs amis qui leur tournent le dos de peur de subir eux aussi des représailles. Mais il y a aussi le rejet, l’indifférence voir le mépris de leurs professeurs. L’histoire alterne entre la vie de Molly, notre courageuse étudiante Noire et de la jeune Grace, jeune fille blanche bien sous tout rapport qui, au fil des événements et de l’année va se poser des questions sur la justification d’une telle haine raciale.

Molly est juste un personnage génial. Elle est forte, déterminée et émouvante. C’est juste incroyable ce qu’elle va traverser pour son droit à une bonne éducation, dans une école dotée de moyenne alors qu’elle y est profondément haïe et humiliée au quotidien. Elle se veut représentante de ce début, pas pour être elle dans l’histoire, mais pour que l’histoire avance. Elle fait preuve d’une grande maturité et lucidité sur le monde qui l’entoure.

Grace est une jeune fille riche très populaire, intéressée par les garçons mais qui voit sa vie petit à petit chamboulée par l’arrivée de ces 9 étudiants et particulièrement par Molly. Ayant grandi auprès d’une nounou noire elle n’a pas la même haine que les autres élèves, même s’il lui faut s’en garder. Elle sera profondément marquée par une scène humiliante que subit la jeune Noire et l’idée que Noirs et Blancs puissent être égaux va alors faire son chemin dans son esprit. Nous allons la voir évoluer au cours du roman et faire des choix non conventionnels.

La plume est résolument jeunesse mais bien loin de s’y restreindre. L’année scolaire n’est pas passée en revue en détail, on la parcourt rapidement et malgré tout nous savons ce que ces 9 étudiants subissent au quotidien. Le danger est tellement présent que chaque étudiant se voit affublé d’un militaire personnel. Il est capital de prendre conscience de ce qu’il se passait il n’y a pas encore si longtemps. De comprendre qu’il y moins de 60 ans, les Noirs n’avaient pas de droits. Pour souligner ce contexte je vous ai sélectionné quelques citations. Un livre que l’on devrait mettre dans les programmes scolaires. Un livre qu’on se doit de lire pour ne pas oublier.

« On les fit rapidement monter les marches d’un escalier gris, et ils arrivèrent soudain au milieu d’un couloir rempli d’étudiants blancs. En quelques secondes, ceux-ci s’éparpillèrent, comme si une main avait jeté une pierre sur dans une fourmilière :

-Oh, mon Dieu ! Ca y est, les nègres sont là ! cria une fille en levant les bras. […]

-Ca pue !

– Dehors les nègres !

– Putain, vous n’allez pas laisser entrer ces ratons laveurs ici ? »

« Du doigt, le jeune homme pointait Molly :

-Hey, regardez qui voilà : Quelqu’un a des cacahuètes ?

Ses copains, hilares, lui tapèrent dans le dos, et Anton se lança dans une imitation de singe qui fit tordre de rire la classe entière »

« Molly avait soupiré. A comportement égal, ce n’était pas demain la veille qu’un Noir serait jugé comme un Blanc. Un Blanc pouvait vous insulter, vous cracher au visage, vous frapper, vous pendre à un lampadaire…il aurait toujours raison. Les Noirs, eux, avaient simplement le droit de se laisser faire sans broncher ».

Un roman qui fait partie de ceux qui sont importants et qui se doit d’être lu. Une lecture bouleversante, un sujet révoltant, une jeune héroïne admirable qui a fait avancer les choses, qui a su marquer son époque. N’oublions pas que le personnage de Molly Costello est inspirée de Melba Pattillo qui a publié une autobiographie que je compte lire et que j’ai dores et déjà commandée.

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MANOTE

18/20

Fait partie de mes lectures Booktube-a-thon du 3 au 9 août

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