[Chronique] Les derniers battements du coeur de Kelley York et Rowan Altwood, le coup de coeur de ce mois de février

Publié aux éditions Pocket Jeunesse – Février 2018 – 336 pages
Traduction Laurence Richard
Merci à PKJ pour cette lecture

Selon une légende japonaise, créer 1000 origamis peut soigner n’importe quelle maladie.
Evelyn serait prête à en faire des millions si cela pouvait guérir Luc…
Selon une légende japonaise, plier mille origamis peut soigner n’importe quelle maladie.
Si cela pouvait guérir Luc, Evelyn serait prête à en faire des millions…
Quand Luc avait seize ans, une inconnue lui a sauvé la vie : on lui a transplanté son coeur. Trois ans après, son corps rejette la greffe. Lassé des hôpitaux et des traitements, Luc se résigne à faire ses adieux. Pour cela, il s’organise un roadtrip jusqu’en Oregon, où l’euthanasie est légale. Mais sa meilleure amie, Evelyn, se joint au voyage et réveille en lui des sentiments enfouis. Sa présence suffira-t-elle à lui redonner l’envie de se battre ?

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Top Ten Tuesday : 10 livres pour s’ouvrir au Monde et enseigner la tolérance

Cette semaine, je triche. Et oui, le thème français proposé ne me convient pas, je n’étais pas inspirée et j’ai du mal à avoir un jugement aussi arrêté, définitif sur la plume d’un auteur. Qui sait ce que l’avenir nous réserve dans ce domaine ? Donc, je voulais vous faire un TTT des 10 livres que je voudrais faire lire au monde entier mais j’ai vu que ma copine Saefiel faisait le thème 10 livres que je voudrais vous faire lire de force. Ca me semblait tellement similaire que j’ai décidé de reporter le mien pour plus tard et de parler de livres importants, qui véhiculent des valeurs, des messages pour mieux comprendre les autres, leurs modes de vie, leurs choix. Pour moi lire peut enseigner l’amour et la tolérance et c’est donc dans ce domaine que je vais aller piocher. Ne soyez pas étonnés de revoir surgir ici des livres dont j’ai déjà parlé plusieurs fois… C’est juste que ces livres nous percutent et continuent de vivre en nous par la suite.

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10 livres pour s’ouvrir au Monde et enseigner la tolérance
Si je parle d’enseignement, c’est tout simplement dans le fait de transmettre, que ce soit le livre, l’histoire ou des passages. J’ai volontairement « divisé » en catégorie, ce qui est paradoxal pour quelqu’un qui n’aime pas les étiquettes mais c’était ici plus simple pour vous. La plupart des romans ont été chroniqués sur mon blog si vous voulez en savoir plus. Lire la suite

[Chronique] The memory book de Lara Avery

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Publié aux éditions Lumen – Mai 2016 – 422 pages

resumeOn me dit que ma mémoire ne sera plus jamais la même, que je vais commencer à oublier des choses. Au début juste quelques-unes, mais ensuite beaucoup plus. Alors je t’écris, cher futur moi, pour que tu te souviennes !

Sam a toujours eu un plan : sortir première du lycée et filer vivre à New York. Rien ne l’en empêchera – pas même une anomalie génétique rare qui, lentement, va commencer à lui voler ses souvenirs, puis sa santé. Désormais, ce qu’il lui faut, c’est un nouveau plan.
C’est ainsi que naît son journal : ce sont les notes qu’elle s’envoie à elle-même dans le futur, la trace des heures, petites et grandes, qu’elle vit. C’est là qu’elle consignera chaque détail proche de la perfection de son premier rendez-vous avec son amour de toujours, Stuart. Le but ? Contre toute attente, contre vents et marées : ne rien oublier.

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[Chronique] Les derniers jours de Rabbit Hayes de Anna McPartlin

rabbithayesPublié aux éditions Le Cherche Midi – février 2016 – 454 pages

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Quand Mia, que l’on surnomme affectueusement Rabbit, entre en maison de repos, elle n’a plus que neuf jours à vivre, même si elle refuse de l’accepter, tout comme ses proches qui assistent, impuissants, au déclin de leur fille, sœur, mère ou amie. Tous sont présents à ses côtés pour la soutenir : Jack et Molly, ses parents, incapables de dire adieu à leur enfant ; Davey et Grace, son frère et sa sœur, qui la considèrent toujours comme la petite dernière de la famille ; Marjorie, sa meilleure amie et confidente ; et enfin Juliet, sa fille de 12 ans, qu’elle élève seule. À mesure que les jours passent et que l’espoir de sauver Rabbit s’amenuise, sa famille et ses amis sont amenés à s’interroger sur leur vie et la manière dont ils vont se construire sans cette femme qui leur a tant apporté. Rabbit est au cœur de ce petit groupe et des préoccupations de chacun de ses membres. Si elle a perdu la bataille, celle-ci ne fait que commencer pour son entourage. Et Rabbit a quelques idées bien particulières pour leur faciliter la tâche. Mais très peu de temps pour les mettre en œuvre…

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Quand My Pretty Books a évoqué ce livre sur sa chaîne booktube (il me semble) j’ai de suite su que je voulais le lire. Je suis passionnée par tout ce qui est fin de vie, accompagnement dans cette étape, deuil et acceptation. Je sais c’est étrange mais j’ai longtemps eu envie de travailler dans le domaine de l’accompagnement de fin de vie, les soins palliatifs. Permettre aux gens de partir le plus sereinement possible et accompagner les proches dans cette douloureuse épreuve. Les derniers jours de Rabbit Hayes est un roman sur la fin de vie, c’est un roman coup de coeur absolu qui m’a bouleversé et m’a tiré quelques litres de larmes…Pourtant ce n’est pas un livre qui a pour vocation d’être larmoyant. Bien sûr il est bourré d’émotions mais on rit autant qu’on pleure, on se sent tellement bien entre ces lignes, avec les proches de Rabbit qu’on aurait aimé y rester encore plus longtemps. Mais il n’y a plus que 9 jours…

Se lancer dans ce livre c’est avoir la certitude d’avoir le coeur brisé. Nous savons très clairement que Rabbit est condamnée et qu’il n’y a plus rien à faire. Tout le monde refuse d’accepter cette terrible vérité y compris elle-même. Tous veulent garder espoir : ses parents, son frère et sa soeur, sa fille, sa meilleure amie. Mais aussi les neveux. Et les autres, les amis du passé, ceux qui ont compté dans la vie de Rabbit. Rabbit n’est pas seule dans cette épreuve et elle est même très entourée. Au début de l’histoire nous apprenons que Rabbit doit aller finir ses jours dans un centre de soins palliatifs. Elle s’y rend de bonne grâce, car Rabbit est la gentillesse incarnée. Mais elle est persuadée qu’elle va ressortir et son entourage aussi. Seulement ils vont tous devoir se confronter à la terrible vérité : il n’y a plus d’espoir et elle n’a plus beaucoup de temps devant elle. Comment accepter l’inacceptable ? Comment des parents peuvent-ils accepter la mort de leur enfant ? Comment son frère et sa soeur peuvent dire adieu à leur cadette ? Comment sa fille peut envisager de ne plus avoir sa maman ? Tant de questions à affronter, des moments terribles mais aussi de fantastiques souvenirs, des rires.

Au fur et à mesure que Rabbit sombre, pour affronter la douleur elle nous entraîne dans son passé. Lorsqu’elle est tombée amoureuse de Johnny, alors encore toute jeune. Johnny son grand amour au destin touchant. Johnny son seul amour. Entre eux une relation unique que nous allons découvrir au fil des pages. Au fil de la douleur et au fur et à mesure que Rabbit s’éteint. En partant elle remonte le temps…Sa famille est confrontée à de délicats choix eux qui n’ont jamais cru qu’elle partirait si jeune et des tas de décisions doivent être prises. Mais c’est sans compter sur le drôle de caractère de cette jeune femme pétillante qu’est Rabbit. Elle a déjà tout en tête et fait tout pour aider ses proches à la laisser partir.

La plume de l’auteur est juste sublime, douce, posée. Elle s’adapte aux situations, aux personnages, à l’intensité du moment. Elle vous transporte dans le passé de Rabbit, vous apprenez à la connaître enfant. Elle vous emmène sur les routes, en tournée avec le groupe de Johnny. Elle vous prend par les sentiments, vous fait rire, vous fait pleurer. Et c’est une plume qui marque tant elle est belle. Tant elle a su délivrer un récit sublime sur un sujet aussi difficile que l’acceptation de la maladie et la mort certaine de l’être aimé.

C’est donc un sujet dur, triste mais traité avec une plume sublime, juste. Vous riez autant que vous pleurez. Les personnages sont tous, sans exception, attachants et on se sent bien dans cette famille, dans ce cercle amical. On a envie de vivre avec eux et de les aider à dire adieu à Rabbit. Rabbit à qui on a envie de tenir la main. Rabbit qu’on rêve d’entendre nous parler de Johnny. Pour moi, Johnny est un personnage clé de cette histoire et il est formidable. Les parents de Rabbit sont aussi extraordinaires et tellement dévoués à leur fille, leur bébé qui s’en va. Sa soeur mène sa vie et est prête à tout elle aussi pour apaiser Rabbit. Son frère qui vit sur les routes des U.S.A. va tout laisser en plan pour la rejoindre et grandir dans cette épreuve. Tous vont faire en sorte de faire les plus beaux adieux possibles et d’accepter. Restera le deuil…

 

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Un livre coup de coeur bourré d’émotions sur un sujet difficile qu’est la fin de vie, l’acceptation de la maladie et le deuil à venir. Quand l’heure des adieux sonne comment être prêt ? Malgré tout c’est un livre où il fait bon « vivre » car l’humour est présent, les souvenirs nous font sourire et Johnny et Rabbit nous touchent en plein coeur. Une histoire de fin de vie mais d’espoir, de lumière et de deuil. Merveilleux.

MANOTE

20/20

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[Chronique] L’épopée du perroquet de Kerry Reichs

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Publié chez Pocket (pour la présente édition) – 2014 – 476 pages

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Une pétillante jeune femme en quête d’elle-même, Un perroquet au sens de l’à-propos déconcertant, Une vieille voiture bringuebalante…
Tous en route pour Hollywood ! Cette fois, la coupe est pleine ! A 25 ans, Maeve est sur le point de craquer. Alors qu’elle vient de perdre son job, ses parents ont décidé de lui couper les vivres pour l’aider à se prendre en charge… Ni une ni deux, Maeve, accompagnée de son perroquet Oliver, part refaire sa vie à Hollywood. Mais c’est compter sans le destin qui s’acharne. En pleine traversée des Etats-Unis, sa voiture rend l’âme au milieu de nulle part.
Voici Maeve coincée avec son perroquet, loin des siens, loin de son rêve, dans une petite ville perdue du fin fond de l’Arizona. Petite ville perdue certes, mais qui recèle bien des charmes, comme Maeve ne tarde pas à le découvrir… Au point de renoncer à rejoindre la mythique Hollywood ?

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Voilà un roman que j’ai lu quand j’ai eu envie de « feelgood ». Léger, pétillant mais allant quand même au coeur de sujets plus profonds que je le pensais, j’ai passé un excellent moment en compagnie de Maeve, de son perroquet Oliver et des habitants de Coin Perdu !

Maeve cumule les erreurs, les gaffes, les problèmes. Alors qu’elle vient de perdre son job, ses parents décident qu’il est grand temps qu’elle se prenne en mains et s’assume. Ils lui coupent les vivres pour qu’elle soit capable de montrer ce dont elle est capable. C’est ainsi qu’elle décide de rejoindre son amie d’enfance, perdue de vue et retrouvée grâce aux réseaux sociaux, à l’autre bout du pays…A Hollywood où celle-ci semble avoir une vie rêvée d’assistante de production sur les prestigieux plateaux cinés et vivre de folles soirées hollywoodiennes.

Plutôt débrouillarde, Maeve embarque son perroquet et quelques bagages et part au volant de sa capricieuse et vieille voiture qu’elle aime plus que tout. Mais voilà que cette dernière rend l’âme au milieu de nulle part, dans une ville où le garagiste s’est absenté pour un délai indéterminé…et Maeve le sait, la facture va être salée. Elle n’a pas le choix, elle va devoir s’arrêter quelques temps dans la petite ville paumée et se mêler au peu d’habitants qui y résident, travailler pour gagner sa vie et se loger. Elle était loin d’imaginer un accueil aussi chaleureux, des habitants aussi accueillants et adorables…Alors qu’elle trouve à se loger, elle dégote aussi un petit boulot sympathique où elle rencontre sa nouvelle meilleure amie et un homme au charme bien particulier…Elle affirmera aussi sa passion pour la photographie. Sans le savoir Maeve apprend à vivre, ou plutôt revivre et nous confiera son passé, en même temps qu’elle le confie aux habitants de la ville…

C’est une histoire qui peut sembler banale mais qui est plutôt originale au fond. L’oiseau de Maeve donne une touche d’originalité à l’histoire, de même que les différentes personnalités qu’elle va rencontrer sur place. Maeve, suite à un grave soucis (je ne dévoile rien mais c’est ici le sujet profond) et aussi suite au décès de sa meilleure amie est perdue et cherche à trouver un but à la vie. Elle ne pensait pas que la route d’Hollywood la conduirait dans ce petit Coin Perdu si charmant, si atypique…Et si sa vie l’attendait ici ? Si l’amour, le bonheur et sa carrière était là ? Maeve va devoir grandir, mûrir et apprendre des autres. Mais c’est vraiment une jeune femme pétillante, qui a une drôle de passion voir obsession pour les chaussettes montantes aux motifs variés, et qui sait voir la vie d’une manière unique.

Les habitants de la petite ville sont tous très intéressants, touchants et aimants. Même la vieille bique du village nous donnera le sourire à plusieurs reprises. La librairie dans laquelle Maeve va être amenée à travailler fera rêver plus d’une livraddict. Coup de coeur pour May, jeune femme délurée et adorable qui va soutenir Maeve et devenir sa meilleure amie. Le docteur Samuel est un personnage adorable et touchant aussi mais bien sûr, le meilleur personnage masculin reste notre libraire au caractère tellement particulier…Maeve pourrait bien tomber amoureuse de cette ville et de ses habitants. Mais elle est aussi très têtue et veut absolument se rendre à Hollywood comme prévu pour ne pas avoir l’impression d’échouer.

Un joli roman sous fond de road trip, puis de découverte d’un lieu de vie calme, paisible, perdu mais aux habitants charmants et accueillants où Maeve semble pour la première fois de sa vie se sentir chez elle. Jeune femme courageuse et déterminée nous la suivons mener un véritable combat pour assumer sa vie, ses choix et envies et devenir adulte malgré toutes les épreuves et effroyables cicatrices du passé. Elle va devoir apprendre à aimer sa vie, mettre de côté les traumatismes et avancer en ayant confiance, en se donnant la chance d’aimer, d’être heureuse et d’être aimée. Maeve est une jeune femme terriblement attachante et il est difficile de ne pas aimer suivre son parcours en quête de bonheur. Une jolie plume pour ce roman qui nous touche et nous donne le sourire, faisant preuve de talent aussi bien dans les traits d’humour que dans les sujets lourds, tristes, et sachant nous apporter les émotions nécessaires avec justesse. Un roman qu’on dévore avec plaisir, porté par un rythme régulier et efficace.

enbref

C’est un livre drôle et émouvant à la fois, où nous suivons une jeune femme déjà éprouvée par la vie dans sa quête de construction d’identité et de bonheur. Sous fond de road trip avec son perroquet rigolo, Maeve traverse les Etats Unis et tombe en panne au beau milieu d’une ville perdue mais où les habitants feront tout pour l’aider et s’attacheront vite à elle. Et si le bonheur se trouvait justement au milieu de nulle part ? Un roman plein d’optimisme, feel good et touchant, moins léger qu’il n’y parait.

MANOTE16/20

 

[Chronique] Je t’ai rêvé de Francesca Zappia

jetaireveParu chez Robert Laffont, Collection R – 2015 – 442 pages
Quatrième de couverture : « La folie est son quotidien, rien ne la préparait à être « normale ».
– On joue au jeu des vingt questions ?
– OK , mais c’est moi qui les pose cette fois.
– Ça marche.
– Si je devine en moins de cinq questions, je serai vraiment déçue.
Il esquisse un sourire et répond :
– Ne m’insulte pas.
– Est-ce que tu es vivant ?
– Oui.
– Tu habites ici ?
– Oui.
– Je te connais ?
– Oui.
– Est-ce que je t’ai rêvé ? »

resumeVous, les gens normaux, êtes tellement habitués à la réalité que vous n’envisagez pas qu’elle puisse être mise en doute. Et si vous n’étiez pas capables de faire la part des choses ? Jour après jour, elle se retrouve confrontée au même dilemme : le quotidien est-il réel ou modifié par son cerveau détraqué ? Dans l’incapacité de se fier à ses sens, à ses émotions ou même à ses souvenirs, mais armée d’une volonté farouche, Alex livre bataille contre sa schizophrénie. Grâce à son appareil photo, à une Boule Magique Numéro 8 et au soutien indéfectible de sa petite sœur, elle est bien décidée à rester saine d’esprit suffisamment longtemps pour aller à l’université. Plutôt optimiste quant au résultat, Alex croise la route de Miles, qu’elle était persuadée d’avoir imaginé de toutes pièces… Avant même qu’elle s’en rende compte, voilà que la jeune femme se fait des amis, va à des soirées, tombe amoureuse et goûte à tous les rites de passage de l’adolescence. Mais alors, comment faire la différence entre les tourments du passage à l’âge adulte et les affres de la maladie ? Tellement habituée à la folie, Alex n’est pas tout à fait prête à affronter la normalité. Jusqu’où peut-elle se faire confiance ? Et nous, jusqu’où pouvons-nous la croire ?

MONAVISV2Voici un livre plutôt unique en son genre, qui change beaucoup de la littérature young adult classique. Ici, on vous annonce la couleur clairement : nous allons suivre les « aventures » d’Alex, jeune fille qui se bat depuis longtemps contre la schizophrénie et qui doit sans cesse se battre pour distinguer le vrai du faux. Alors qu’elle est en pleine adolescence et que des changements s’opèrent dans sa vie, Alex va devoir faire appel à de nombreux « indices » pour identifier ce qui est de l’ordre du « normal », ce à quoi elle n’est pas habituée et de l’ordre de ce qu’elle appelle la « folie », son quotidien. Car pour Alex, schizophrène, la vie est loin d’être simple et son cerveau lui joue sans cesse des tours. Il lui est difficile de mener une vie ordinaire d’adolescente car elle pourrait à tout moment « confondre » la réalité et donc afficher au grand jour sa maladie. Sa rencontre avec Miles, drôle de personnage va changer pas mal de choses dans sa vie…Mais est-il réel ? Pouvons-nous croire ce qu’elle nous raconte ?

On ne peut pas dire que ce livre soit ordinaire, c’est une certitude. Quand je l’ai refermé j’étais décontenancée et assaillie par tout un tas d’émotions. Alors que le ton reste léger et humoristique, que l’héroïne se bat pour avancer, nous ne pouvons nous empêcher de ressentir sa souffrance, son désarroi et d’avoir envie de crier à l’injustice. C’est un roman bouleversant sur la maladie, sans être sur la maladie…Il n’est pas question de « larmoyant » mais bien de combat quotidien contre un mal très difficile à traiter. Entre ses parents et sa psychologue, Alex tente de prendre des repères. Mais vu que son cerveau lui joue souvent des tours elle ne sait trop à qui se fier. Et si Miles était son point de repère ? Alors qu’elle ne s’y attend pas, Alex tombe amoureuse de ce garçon si particulier qui semble si bien la cerner et la comprendre…

L’auteure nous immerge totalement dans la maladie puisque nous sommes en compagnie d’Alex, dans ses pensées, dans sa tête. Nous avons accès à ses interrogations, doutes et sentiments. Nous la voyons se battre pour comprendre ce qui est vrai, à l’aide de son appareil photo, à l’aide de sa mystérieuse boule magique. Mais là où nous sommes « perdus » c’est que nous ne savons pas si nous pouvons la croire…Alors que elle même ne distingue pas le vrai du faux, que la maladie est plus sournoise que jamais, quels éléments nous laisse-t-elle pour s’approcher de la réalité ? C’est donc une histoire très perturbante et oui, déconcertante mais aussi totalement addictive. Notre personnage principal est attachante et nous sommes forcément pris de compassion. Elle se montre forte même si certaines réalités sont trop dures à accepter pour elle. Elle fera tout pour obtenir une vie normale, pour vivre une relation ordinaire mais belle avec Miles. L’auteure parvient à nous faire passer de la comédie, de l’humour, de la légèreté au drame, aux larmes à la dure réalité. Alex n’est pas dépourvue d’humour et de sarcasme concernant sa maladie qu’elle accepte comme faisant partie d’elle. Elle nous raconte ses aventures avec légèreté, même quand la souffrance est là. Miles est mystérieux, bad boy redouté de tous car agit sans limites, sans se poser de questions. Il n’est pas le beau gosse du lycée, il est celui à qui on fait appel pour les mauvais coups…Et ça, ça révolte Alex autant que cela finira par l’attirer. Car lui aussi a ses démons, ses secrets et il pourrait bien la comprendre mieux qu’elle le pense.

L’auteur sème le trouble. On s’attend à un roman sur la maladie, finalement elle nous embarque sur une romance avant de faire un retournement de situation théâtral et nous perd, nous laisse nager en pleine confusion…Ca vient sans qu’on s’y attende et le roman est mené avec brio car tout s’emboîte, tout s’enchaîne et nous déroute tout en nous émouvant. Déconcertant, bouleversant, grand huit d’émotions et de questions, injustice de la maladie et quotidien d’une jeune femme qui voudrait tant être ordinaire, Francesca Zappia impose ici un style inédit et efficace en plus d’être addictif. Enfin soulignons que la couverture, identique à la version originale, est absolument magnifique et correspond parfaitement au roman et aux émotions qu’il dégage. Un très bel objet livre signé par la Collection R.
enbrefUn livre terriblement addictif dont la narratrice est atteinte de schizophrénie et nous embarque dans la difficulté de son quotidien pour démêler le vrai du faux. Elle nous fera vivre tout un tas d’émotions, comme son premier amour et ses premiers vrais amis, le quotidien d’une lycéenne mais aussi des rebondissements dramatiques. Un roman déconcertant, émouvant, bouleversant. Un point de vue unique sur la maladie. Une fin magistrale !

MANOTE18/20


CITATIONS

« Parfois, je pense que les gens tiennent la réalité pour acquise. De la même manière qu’on fait bien la différence entre le rêve et la vraie vie. Quand on rêve, on ne le sait pas forcément, mais quand on se réveille, on perçoit bien que ce n’était qu’un rêve et que tout ce qu’on a rêvé, bon ou mauvais, n’est pas réel. A moins qu’on soit dans la Matrice, le monde est réel et tout ce qu’on y fait aussi. Pas besoin d’y réfléchir pendant des heures. « 

« Einstein a dit « La folie c’est de toujours faire la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Je continuais à prendre des photos en espérant que je repérerais les hallucinations rien qu’en les regardant. Je me livrais à mes contrôles de périmètre en espérant finir par pouvoir me balader sans éprouver de bouffée de paranoïa. Chaque jour, j’espérais que quelqu’un me dirait que je sentais le citron. D’après la définition d’Einstein, j’étais folle. »