[Chronique] Le Paradis Blanc de Kristin Hannah, le roman qui nous entraine dans un froid glacial…

Publié aux éditions Michel Lafon – Octobre 2018 – 540 pages
Traduction Matthieu Farcot
Merci à Michel Lafon pour cette lecture

Quand Ernt rentre du Vietnam,  Leni, dix ans, ne le reconnaît pas. Poursuivi par de terribles cauchemars, Ernt se montre violent envers sa femme Cora. Un jour, il reçoit une lettre du père d’un de ses amis, mort dans ses bras durant cet enfer, qui lui lègue une masure en Alaska. Il se dit qu’il pourra peut-être s’y reconstruire. Avant la guerre, ils étaient si heureux…

« Ici vous pouvez commettre une erreur, la deuxième vous tuera. » Lire la suite

[Chronique] À l’ombre de nos secrets de Lily Haime

Publié aux éditions Milady – avril 2017 – 512 pages
Merci à Milady pour cette lecture

Seconde Guerre mondiale. La passion interdite entre un officier allemand et un résistant français, qui repousseront sans cesse les limites pour survivre et combattre la barbarie.

À quatre-vingt-onze ans, Julien vit aux États-Unis entouré de sa grande famille. Une famille qui ne connaît rien de son passé. Ce jour-là, au crépuscule de sa vie, il se souvient, pour eux…

En 1941, Julien a dix-neuf ans. Le domaine familial, en région bordelaise, est occupé par l’armée allemande. Idéaliste et courageux, le jeune homme se tourne vers la résistance, alors même que l’ennemi est sous son toit. Un ennemi qui peut avoir de nombreux visages… dont celui, saisissant, de Engel, soldat de la Werhmacht qui ne cautionne aucune des horreurs commises par son propre camp, et éveille en Julien des sentiments coupables. À l’heure trouble de l’un des plus grands génocides de l’histoire, au milieu de ces hommes et de ces femmes qui se soulèveront pour leur liberté, l’attirance qu’ils éprouveront l’un pour l’autre les mettra toujours plus en danger.

L’amour peut-il vraiment triompher de la guerre et des préjugés ?

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[Chronique] Outlander : Le chardon et le tartan – Tome 1 de Diana Gabaldon

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Présente édition : J’ai lu -2014 – 852 pages 

Date originale première édition française : 1995

resumeAncienne infirmière de l’armée britannique, Claire Beauchamp-Randall passe des vacances tranquilles en Ecosse où elle s’efforce d’oublier les horreurs de la Seconde Guerre mondiale auprès de son mari, tout juste rentré du front…
Au cours d’une promenade sur la lande, elle est attirée par des cérémonies étranges qui se déroulent près d’un menhir. Elle s’en approche et c’est alors que l’incroyable survient : la jeune femme est précipitée deux cents ans en arrière, dans un monde en plein bouleversement ! 1743.
L’Écosse traverse une période troublée. Les Highlanders fomentent un nouveau soulèvement contre l’occupant anglais et préparent la venue de Bonnie Prince Charlie, le prétendant au trône. Plongée dans un monde de violences et d’intrigues politiques qui la dépassent, Claire ne devra compter que sur elle-même pour surmonter les multiples épreuves qui jalonnent ce formidable voyage dans le temps. Elle connaîtra l’aventure et les périls, l’amour et la passion. Jusqu’au moment crucial où il lui faudra choisir entre ce monde palpitant qu’elle aura découvert et le bonheur qu’elle a connu et qui, désormais, lui parait si lointain…

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Enfin, je pense qu’il est plus que temps de faire cette chronique. J’ai déjà mis une éternité pour me lancer dans cette lecture, je constate qu’il me fallait du recul pour vous en parler. Alors, déjà, OUI, j’ai aimé. J’ai même vraiment adoré et oui, je lirai la suite. Pas dans l’immédiat, mais je continuerai. Avant de me lancer dans le vif du sujet, sachez que j’ai fait l’acquisition du coffret blu-ray de la série afin de voir l’adaptation qui est apparement très bonne. Et dernière info, ce tome 1 devrait faire l’objet du book club de juin sur Livraddict, donc si vous avez envie d’en parler, d’en débattre les points positifs ou négatifs, rejoignez-nous.

Comme beaucoup d’entre vous le savent déjà, nous allons suivre les aventures de Claire, qui se retrouve projetée dans un lointain passé, en Écosse, dans une sombre période de conflits. Sur sa route, elle croisera rapidement un groupe d’écossais qui vont la prendre sous leur aile, intrigués par cette femme si atypique, à la tenue bien trop légère pour l’époque et au langage cru pour une dame. Claire fait alors la connaissance de Jamie. Elle ne sait pas encore que son destin va être bouleversé. Comment retourner à son époque et rejoindre son mari ? Au fil des aventures, des dangers, Claire va apprendre à connaître le formidable Jamie et à l’aimer passionnément, follement. Mais elle devra faire un choix : Jamie ou Franck et sa vie d’avant ?

Présenté comme cela, on pourrait penser, qu’au fond, Outlander n’est rien qu’une histoire d’amour. Non, c’est bien plus que cela. Oui, bien sûr, une très grande place est accordée à la romance dans ce « pavé ». Mais c’est une histoire d’amour sublime, qui connaîtra bien des épreuves, rien que dans ce premier tome. C’est un amour qui devra résister au passé de chacun des personnages, à leurs ennemis, à la guerre, à la violence, aux dangers. Mais surtout, au choix, celui de Claire, entre Jamie et Franck. Diana Gabaldon n’a pas son pareil pour faire vivre les émotions, dans tous les registres, des plus douces, plus belles, plus lumineuses, plus passionnelles aux plus infâmes, terribles ou douloureuses. Tout est merveilleusement orchestré par une plume de très haut niveau, d’une poésie et d’une beauté incroyable. Même s’il faut un peu de temps pour plonger dans l’univers et accrocher à l’écriture qui nous livre des tas de descriptions, force est de constater que cette dernière nous rend accros à son histoire, et qu’il nous devient alors, difficile de refermer le livre.

Les descriptions faites par l’auteure nous plongent vraiment dans une Écosse sauvage, difficile, tiraillée et déchirée par la guerre. Les paysages, les lieux, les ambiances sont si bien détaillés que nous avons l’impression de voir le film de l’aventure défiler sous nos yeux. Pourtant, l’écriture n’en devient pas cinématographique ou scénaristique pour autant. Non, elle conserve de sa superbe tout du long, juste ce qu’il faut pour nous plonger totalement dans cet univers fantastique. Nous parvenons à visualiser les couleurs, à sentir les odeurs, même les plus terribles, telles que celles du sang, de la souffrance, de la violence. Car Outlander ne nous épargne rien d’une époque brutale, voire bestiale. Romance et violence se côtoient en permanence (attention, ce n’est pas l’histoire d’amour qui est violente, je parle de la globalité du sujet), et font vibrer le lecteur. Les très nombreux rebondissements nous entrainent dans un suspens parfaitement ménagé. Le contexte historique semble maîtrisé, nous apprenons des choses, nous comprenons les us et coutumes de cette Écosse, plutôt « primitive », et découvrons la rage de ces hommes, dépossédés de leurs terres.

Les personnages sont tous fascinants, leur psychologie étant développée de manière parfaite, nous avons alors l’impression de les connaître à l’issue du roman. Je fais partie de ces lectrices qui ont eu le coup de cœur pour Jamie, je le reconnais. L’incroyable Jamie est un jeune homme aussi naïf que déterminé, autant courageux que blessé. Il jouit d’une personnalité incroyable, c’est un homme qui aime entièrement, se bat pour sa cause, pour ceux qu’il aime et encaisse les coups et les épreuves comme personne. Un Jamie que pourtant, l’auteure n’épargnera pas et à qui elle réserve d’horribles coups du sort, de bien sombres moments. Jamie est très touchant, très romantique quand il veut, totalement charmé par Claire. Claire est, aux premiers abords, « réservée » et méfiante, ce qui peut se comprendre, elle vient de faire un bon de deux cents ans dans le passé et elle ne connaît pas grand-chose de cette vie. Elle sort juste de la Seconde Guerre mondiale pour replonger dans un combat où la violence fait rage. Nous sentons que, très vite, elle lutte contre des sentiments naissants pour Jamie, des sentiments et émotions qu’elle veut s’interdire de ressentir. Après tout, elle est mariée dans sa réalité à elle. Mais l’attraction, la passion est parfois plus forte que tout. Cette romance est juste sublime. Jamie et Claire forment un couple touchant, émouvant, une histoire d’amour qui n’est pas rose, mais dont la force des sentiments vient sublimer même la pire des épreuves. Deux personnages qui s’unissent, se complètent, s’aimantent et tout simplement s’aiment d’une passion incroyable. Diana Gabaldon nous narre des scènes d’amour magnifiques, justes, belles, lumineuses, jamais vulgaires. Elle nous fait vibrer au rythme du couple.

La violence fait partie de ce monde et l’auteure n’épargne rien de l’horreur au lecteur. Elle va parfois loin, très (trop ?) loin dans les supplices infligés à ses personnages, dans la barbarie d’un monde encore sauvage. Ici aussi, elle excelle dans la narration et le conflit prend alors forme sous les yeux du lecteur qui reste suspendu à chaque mot pour connaître l’issue pour les personnages impliqués. Elle n’hésite pas non plus à mettre en mots les vices, les pires qui soient, les sentiments comme les émotions les plus ignobles qui existent. Mais attention, ce n’est pas un roman d’horreur, juste l’humanité dans ses extrêmes, ce que l’Homme est capable de faire, d’infliger sans scrupules. Je suis de ces lecteurs qui prétendent ne pas aimer les romans historiques, et c’est ce qui me bloquait alors pour me lancer dans cette saga : l’époque ne me disait absolument rien, je redoutais la « barbarie » des conflits et des mentalités. Pourtant, Diana Gabaldon a su m’accrocher, me captiver, me faire m’intéresser à cette période de l’Histoire qui m’était inconnue. Elle met de la lumière dans les plus profondes ténèbres, mais jamais ne rend les choses « guimauves ». Tout est beau et vrai, tout est horrible et réel. Cette auteure a vraiment su m’entrainer dans un univers totalement nouveau pour moi.

On pourra toutefois reprocher à l’ouvrage quelques longueurs, mais en même temps, dans un tel pavé, c’est « attendu ». Nous serons confrontés à quelques moments d’inertie et à des passages qu’on voudrait accélérer, mais à chaque fois c’est pour mieux repartir. L’occasion alors de reprendre notre souffle qu’on avant l’épreuve suivante, encore plus dure que la précédente. Le conflit monte en puissance, gagne en rage et en horreur. L’amour devient de plus en plus passionnel, fusionnel, et même vital. Les âmes de nos deux personnages qui sont indissociables, pour le meilleur comme pour le pire. Et croyez-moi, pour le pire, l’auteure n’est pas du genre à épargner Jamie, notre bel écossais à l’accent charmant, aux manières déroutantes, aux sentiments purs. C’est est un homme blessé de tant de manière qu’on ne peut que l’admirer pour être encore debout. Claire et Jamie, je vous retrouverai pour le tome 2. Ainsi que les autres personnages très intéressants dont je n’ai pas parlé dans la chronique, car il est vraiment difficile d’évoquer tous les éléments de ce roman sans dévoiler trop de choses, sans tomber dans une revue longue et trop descriptive. Faites comme moi, avant de le lire, n’en apprenez pas trop sur l’histoire, la 4e en dit bien assez, plongez dans l’Écosse de 1743 et suivez Claire et Jamie, ils vous montreront le chemin vers leurs aventures incroyables.

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Ce roman exceptionnel, porté par la sublime plume de Diana Gabaldon, entraîne le lecteur, sans ménagement, dans la brutalité de l’Écosse en plein conflit au XVIIIe siècle. Nous y découvrirons des aventures, des rebondissements, des épreuves, du fantastique, une pointe d’humour même et puis l’amour, dans toute sa splendeur, incarné par un couple inoubliable. Une ambiance et un voyage exceptionnels.MANOTE

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CITATIONS« Son visage se ferma et ses joues s’empourprèrent.
– Tu suggères que je t’ai été infidèle ? dit-il, incrédule. On est rentrés au château il y a moins d’une heure. Je suis couvert de poussière et de sueur après deux jours en selle. Je suis si épuisé que mes genoux en tremblent et, malgré tout, je me serais précipité pour séduire une gamine de seize ans ?
Il secoua la tête, l’air abasourdi.
– Je ne sais pas si c’est un compliment à ma virilité ou une insulte à ma morale, mais, dans un cas comme dans l’autre, Sassenach, je crois que tu perds la tête. »

« Je fis une dernière tentative.
-Et cela ne vous ennuie pas que je ne sois plus vierge ? demandai-je.
Il hésita un moment avant de répondre:
-Pas tant que vous ne voyez aucun inconvénient à épouser un puceau. »

« Je crois qu’on a tous en nous un petit espace qui n’appartient qu’å nous, comme une forteresse, notre refuge le plus intime. C’est peut-être notre âme, cette chose qui fait qu’on est soi-même et personne d’autre. C’est un endroit qu’on ne montre à personne, sauf parfois à quelqu’un qu’on aime beaucoup. »

« Je ne veux pas te pousser à me confier des secrets qui ne me regardent pas. J’ai moi aussi des choses que je ne peux pas te dire, du moins pour le moment. Je ne peux donc attendre de ta part ce que moi-même je ne suis pas en mesure de donner. En revanche, si tu dois me parler, alors dis-moi la vérité. Et je te promets de faire de même. Notre seul bien pour l’instant, c’est le respect l’un de l’autre. Or, le respect n’est pas incompatible avec les secrets, mais il l’est avec le mensonge. Tu es d’accord avec moi? »

« – Claire, je t’aime.
La tendresse dans sa voix m’alla droit au coeur. Je posai ma tête contre sa veste, sentant sa chaleur et la force de ses bras autour de moi.
– Moi aussi, je t’aime.
Nous restâmes enlacés un long moment, oscillant lentement sous l’effet du vent qui balayait la route. »

« Je te veux, Claire. Je te veux tellement que je peux à peine respirer. »

 

[Chronique] Le Chant du Rossignol de Kristin Hannah

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Publié aux Editions Michel Lafon – Avril 2016 – 525 pages

Merci à Livraddict et Michel Lafon pour cette lecture

resumeFrance, 1939. Dans le village de Carriveau dans la Loire, Vianne Mauriac fait ses adieux à son mari qui part au front et se retrouve seule avec sa fille. Elle ne peut imaginer que les nazis vont envahir le pays. Pourtant, lorsqu’un capitaine allemand réquisitionne sa maison, elle est forcée d’accueillir un officier sous son toit. Et fait le choix de protéger sa fille avant la liberté de son pays… Sa sœur Isabelle, 18 ans, a passé son enfance dans des pensionnats depuis la mort de leur mère, et son père décide de l’envoyer vivre avec Vianne. Mais son tempérament rebelle met en danger leurs vies à toutes. Isabelle décide donc de partir vivre à Paris, le jour de l’entrée des Allemands dans la ville. Impétueuse et pleine d’idéaux, elle s’engage très vite dans la Résistance sous le nom de code  » Le Rossignol  » et fait régulièrement passer des aviateurs anglais en Espagne. Deux sœurs, deux destins et deux façons de survivre à la guerre et à l’envahisseur. Un grand roman sur l’amour, la liberté, les idéaux et sur le rôle des femmes pendant la guerre.coupcoeurMONAVISV2

J’ai pu lire ce livre grâce aux partenariats Livraddict. Je l’avais déjà repéré, notamment chez Pretty Books, et il me tardait de le découvrir à mon tour. J’ai toujours dit que les romans historiques ne sont pas pour moi et je me rends compte que c’est faux. Disons que tout dépend de la forme et surtout de l’époque. Ici, l’époque de la Seconde Guerre mondiale, en France, ne pouvait que me captiver. Et surtout, l’auteure ici, nous parle des femmes qui « restent », elle nous raconte la guerre de ces femmes et non celle des hommes partis au front. Autant le dire, ce livre fut un immense coup de coeur et je ne suis pas près de l’oublier. C’est un hommage magnifique aux femmes de la guerre. Sortez les mouchoirs.

Le chant du Rossignol, The Nightingale en version originale a connu un énorme succès outre-Atlantique. Si vous jetez un oeil à la fiche goodreads du roman, vous remarquerez sa très haute note et un très grand nombre de lecteurs. La couverture proposée par les éditions Michel Lafon est juste formidable (attention fille qui chipote : la demoiselle de la couverture semble porter des chaussures DrMartens, assez reconnaissables à la semelle et à la couture jaune en bas, mais la marque fut créée uniquement en 1947, donc léger anachronisme visuel, mais on s’en moque. C’est le point historique mode du jour offert par BettieRose). Certes, l’ouvrage est un joli pavé de plus de 500 pages, mais soyez certains que vous ne verrez pas le temps passé, plongé dans l’histoire de deux femmes exceptionnelles, qui vivront la guerre sous des aspects bien différents et qui ne seront plus jamais vraiment les mêmes.

Le chant du Rossignol, c’est l’histoire de deux sœurs, très différentes. Quand leur mère est morte, Vianne a résisté, a tenu le coup et a rencontré Antoine, l’homme de sa vie. Pour Isabelle, ce ne fut que larmes et hurlements, elle n’a jamais accepté que leur père les abandonne dans la maison familiale Le Jardin avec une femme inconnue qu’elles devaient appeler Madame. Toutes deux se sont éloignées rapidement, trop différentes, et puis pour Vianne c’était vraiment dur de devoir s’occuper de sa petite sœur. Des drames ont touché Vianne qui tentait désespérément d’avoir un enfant, Isabelle fut chassée de pensionnat en pensionnat, toujours plus rebelle. À partir de ces éléments, nous comprenons que nous aurons face à nous deux caractères très différents, opposés, et qui sait, peut-être, complémentaires. Nous sommes donc en 1939. Isabelle se fait mettre à la porte d’un énième établissement. Elle se fait ensuite chasser par son père pour la énième fois. Elle rejoint alors sa sœur. Vianne a une petite fille de 8 ans, Sophie, son mari Antoine est appelé à la guerre, tout comme Marc, celui de la voisine et meilleure amie de Vianne, Rachel. Alors que les hommes partent au front, la ville de Carriveau se retrouve assiégée par les Allemands. Vianne n’a pas le choix et doit héberger un Allemand à son domicile. Isabelle, elle, ne supporte pas la situation et veut se battre. Bientôt, elle sera Le Rossignol et aidera des centaines de soldats étrangers à rentrer chez eux avant de tomber dans les griffes de l’ennemi. Nous allons donc suivre ces deux femmes, alternativement, menant chacune son propre combat tout au long de la guerre.

L’horreur de la guerre, les atrocités commises, la difficulté de la vie, les tickets de rationnement, les violences et les pertes, les drames, les deuils, les camps de travail, nous en connaissions l’existence. On nous l’a même enseigné. Mais cela n’empêche pas que chaque fait énoncé par l’auteure nous déchire littéralement, nous brise le cœur, et l’on se demande :  « mais comment ? ». Comment peut-on faire cela ? Comment peut-on y survivre ? Alors que nous pensons que nos personnages ont déjà connu le plus terrible, des éléments encore pires surviennent et l’on se dit qu’il n’est pas possible de s’en sortir indemnes. La plume de l’auteure est juste sublime. Tout est décrit avec réalisme et poésie. Mais pas une poésie qui enjolive, oh non. Une écriture qui met face à la dure véracité des choses. Il est également très appréciable de « lire » la guerre du point de vue des femmes. Les deux sœurs, chacune de leur côté, vont être confrontées à des choix horribles pour vivre, survivre ou protéger leurs proches. Nous voyons aussi Sophie, petite-fille, encore dans l’innocence de l’enfance qui se retrouve à grandir vite, trop vite, et qui comprend les atrocités, qui observe avec ses yeux d’enfants, qui est brisée et ne sera jamais la même.

Il y a beaucoup d’amour dans ce livre. Des rencontres, des liens, des sacrifices. Il y a surtout beaucoup d’humanité et c’est un sublime hommage à la Résistance et au courage de ces hommes et femmes qui ont fait ce qu’ils pouvaient, sans jamais renoncer, sans jamais abdiquer. Il y a la cruauté de l’ennemi, mais pas seulement. L’auteure nous fait connaître ces soldats qui eux, ne pensaient pas être engagés pour de telles abominations, et elle nous fait rencontrer les pires, ceux que la Mort amuse, la terreur excite, ceux dont la violence n’a pas de limites. Humiliations, pillage, vols, abus sexuels, coups donnés, famine, détresse, maladie, pertes, toutes ces étapes d’une vie et en bien plus condensées en quelques années de guerre, violente, atroce.

L’Histoire de notre pays, de cette guerre, y est fidèlement reportée, mais va au-delà. On ne peut s’empêcher d’être secoués face aux découvertes, aux témoignages, aux nouvelles atrocités. De haïr ceux qui collaborent par peur, ceux qui ne pensent qu’à eux, totalement contrôlés par la terreur. Et puis nous avons ceux qui donnent, qui soutiennent, qui aident. Nos deux sœurs, certes de manière très différente, vont marquer l’Histoire à la hauteur de leurs possibilités. L’une en s’engageant dans la Résistance sous le nom du Rossignol dont les Allemands voudront la peau, l’autre d’une façon inattendue, mais, sublime. Chacun agit avec son cœur, et nous livre un témoignage unique, poignant, incroyable, qui nous secoue et nous ouvre les yeux sur des réalités parfois oubliées.

Enfin, le point fort de ce livre, c’est qu’il relate de faits moins enseignés, moins connus, qui ne sont pas politiques, qui ne concernent pas les armées, mais vraiment le vécu, le quotidien de deux femmes aux opinions radicalement opposées. Nous nous identifions forcément à elle tant leur psychologie est travaillée, développée. Nous avons l’impression de les connaitre, de les comprendre et pourtant nous ne pouvons jamais prédire comment elles vont agir. Leur instinct est fort en temps de guerre, parfois, nous les verrons vouloir baisser les bras, ou d’autres se battre comme jamais. Ce qui est certain c’est que les sœurs Rossignol ont quelque chose à offrir, un rôle à jouer dans cet abominable conflit. Nous apprendrons comment elles survivent; Vianne Mauriac attend avec espoir et crainte mêlés, l’homme de sa vie, et donne tout pour protéger sa fille des atrocités du quotidien, des choses qu’une enfant ne devrait même pas imaginer. Isabelle agit en suivant sa détermination, voulant aider, se battre, prendre les armes; elle est impulsive et engagée, têtue et forte tête. Le Chant du Rossignol nous parle de la France, de notre passé encore frais dans les mémoires, mais parfois moins. Elle nous livre un récit d’une richesse incroyable et nous confie avec une humanité fantastique le vécu de la Résistance. Ce récit rend hommage, et nous bouleverse, c’est un livre à lire absolument pour sa beauté, sa véracité et pour comprendre encore plus ce que fut la Seconde Guerre mondiale. Une ode à la liberté, au combat, à la force de celles et ceux qui ont tout risqué, y compris leur vie, pour la Résistance et la justesse d’une lutte contre l’horreur et l’inhumanité.

enbrefLe Chant du Rossignol est sans aucun doute le plus beau récit de guerre. Un roman qui nous plonge dans le quotidien de celles qui restent et se battent, elles aussi, pour la liberté. Le destin de deux sœurs aux opinions et caractères opposés qui combattent, à leur façon pour leur pays. Beaucoup d’émotions dans ce roman incroyablement humain, porté par une plume magnifique. Inoubliable.

MANOTE20/20

 

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