[Chronique] Tu as promis que tu vivrais pour moi de Carène Ponte

Publié aux éditions Michel Lafon – 1er juin 2017 -360 pages
Merci à Netgalley et Michel Lafon pour cette lecture

Quand on a trente ans, on n’est jamais préparé à perdre sa meilleure amie. C’est pourtant le drame que Molly doit affronter quand Marie est emportée par la maladie en quelques mois à peine. Juste avant de mourir, celle-ci demande à Molly de lui faire une promesse : vivre sa vie pleinement, pour elles deux. Elle y tient, alors Molly accepte.
Mais par où commencer ? Lâcher son travail de serveuse ? Rompre avec Germain, l’homme avec lequel elle vit ? Certes, il est comptable et porte des chaussons, mais il est gentil.
Lorsque Molly reçoit quelques jours après l’enterrement un mystérieux paquet contenant douze lettres de Marie, elle comprend que celle qui lui manque tant n’avait pas l’intention de se contenter de paroles en l’air et que son engagement va l’entraîner bien plus loin que ce qu’elle imaginait…

Un roman pétillant sur l’amitié et le pouvoir de changer sa vie.

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[Chronique] Dites aux loups que je suis chez moi de Carol Rifka Brunt

ditesauxloups

Publié aux éditions 10/18 (version poche) – Juin 2016 – 504 pages (Grand format chez Buchet/Chastel)

resume

Nous sommes au milieu des années 1980, aux États-Unis. June est une adolescente taciturne, écrasée par une sœur aînée histrionique et des parents aussi absents qu’ennuyeux. Depuis sa banlieue triste du New Jersey, elle rêve d’art et de son oncle Finn, un peintre new-yorkais reconnu. Mais Finn est très affaibli et meurt bientôt de cette maladie qu’on n’évoque qu’à demi-mot, le sida. Inconsolable, la jeune fille se lie d’amitié avec un homme étrange, Toby, qui se présente comme l’ami de Finn. Confrontée à l’incompréhension de son entourage, et à la réalité d’une maladie encore honteuse, June va brusquement basculer dans le monde des adultes et son hypocrisie.

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[Chronique] M pour Mabel de Helen Macdonald

MpourMabel

Publié aux éditions Fleuve – Août 2016 – Rentrée littéraire – 380 pages

 

resumeEnfant, Helen rêvait d’être fauconnier. Elle nourrit des années durant son rêve par la lecture.
Devenue adulte, elle va avoir l’occasion de le réaliser.

De manière brutale et inattendue, son père, journaliste qui a marqué profondément sa vision du monde, s’effondre un matin dans la rue.
Terrassée par le chagrin, passant par toutes les phases du deuil, le déni, la colère, la tristesse, Helen va entreprendre un long voyage physique et métaphysique. Elle va se procurer un rapace de huit semaines, le plus sauvage de son espèce, Mabel. Réputé impossible à apprivoiser. Elle va s’isoler du monde, de la ville, des hommes. Et emprunter un chemin étonnant. Lire la suite

[Chronique] Juste avant le bonheur de Agnès Ledig

juste avant le bonheur

Edition présentée : publiée aux éditions Pocket – Octobre 2014 – 327 pages

resumeJulie, 20 ans, qui élève seule son fils Lulu, est caissière dans un supermarché. Elle attire l’attention d’un client, quinquagénaire aisé à nouveau célibataire. Généreux et désintéressé, Paul invite Julie à passer quelques jours dans sa belle villa de bord de mer en Bretagne. Ils y retrouvent Jérôme, le fils de Paul, qui se remet mal du suicide de sa jeune femme. Gaieté et optimisme reviennent grâce à l’attachante présence du petit Lulu. Mais au retour, un nouveau drame survient. Une chaîne de soutien, d’affection et de tendresse se forme autour de Julie. Avec elle, à travers elle, des êtres désemparés tentent de réapprendre à vivre et de saisir une deuxième chance. La force des épreuves surmontées, l’espoir d’un nouvel amour, ainsi qu’une bonne dose d’intelligence et d’humour peuvent réussir ce miracle. Un conte de fées moderne. L’émotion partagée avec des personnages profondément attachants et les dialogues d’une rare vivacité donnent un livre bourré de grâce, d optimisme et d énergie, qui réconcilie avec la vie ! Lire la suite

[Chronique] The Air he breathes de Brittainy C. Cherry

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Publié aux éditions Hugo – New Romance – 7 juillet 2016 – 422 pages

Merci à Hugo pour cette lecture resume

Tristan et Elizabeth sont voisins, ils n’ont rien en commun à part leur passé douloureux. Elle a choisi de continuer à vivre ne serait-ce que pour sa petite fille Emma. Il a choisi de s’extraire du monde. Mais Elizabeth ne l’entend pas de cette façon. Elle sait qu’ils sont tous les deux en miettes et qu’ensemble ils seront plus forts pour affronter leurs fantômes.

C’est sans compter avec toutes les embûches que les habitants de leur petite ville vont mettre sur leur route.

Ensemble, ils sauront vaincre les idées reçues.

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[Chronique] À demain, Lou de Marie-Claude Vincent

AdemainlouPublié aux Éditions Robert Laffont –  Avril 2016 -168 pages

Livre découvert grâce à Pretty Books, merci ❤

resume

Élisabeth, Lou et la petite Laura forment avec leurs parents une famille unie et joyeuse. Jusqu’au jour où Éli part passer le week-end chez une amie et ne revient pas. Bloquée par le silence des adultes, Lou n’ose pas poser de questions. Le corps pressent ce que l’esprit refuse d’accepter, mais admettre qu’Éli est morte serait plus terrible encore que ce mutisme qui, peu à peu, empoisonne tout.

C’est sur cet événement que Lou revient à la veille de ses seize ans, l’âge d’Éli à sa disparition. Comment continuer à vivre sans cette grande soeur qu’elle chérit tant ? Comment se résoudre à devenir plus vieille qu’elle ? Comment cesser d’être « la petite soeur d’Éli » ? Il va bien falloir, pourtant, passer ce cap…

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Quel sujet touchant, émouvant, bouleversant que celui du deuil. Je crois que je vous en ai déjà parlé sur mon blog, mais le deuil ainsi que l’accompagnement de fin de vie sont des sujets qui me passionnent. N’y voyez rien de morbide, seulement une envie de comprendre ce processus, d’accompagner, aider les gens. Ici, Lou aurait sans doute dû bénéficier d’un accompagnement. À 12 ans, comment comprendre que sa grande sœur chérie ne reviendra jamais ? À la veille de ses 16 ans, l’âge auquel son aînée a disparu, Lou revient sur les 4 dernières années, celles passées sans Éli, celle à attendre son retour. Mais comment, maintenant qu’elle a bien compris que sa sœur était morte peut-elle accepter de devenir plus vieille qu’Éli au moment de la mort de cette dernière ? Comment accepter alors de ne plus être « la petite sœur d’Éli ».

Vous l’aurez compris, ici, le deuil est raconté sous une forme différente, originale. La narratrice Lou va plonger dans ses souvenirs des jours qui ont précédé le drame, des jours qui ont suivi, des mois de déni, des moments d’acceptation et surtout cette angoisse d’être plus vieille que sa soeur. Quand Éli est partie pour le week-end chez une copine, après de formidables vacances en famille, Lou était triste. Mais Éli, lui a promis de rentrer le lendemain « À demain, Lou ». Mais Éli ne rentre pas, on parle à Lou d’accident et qu’Éli est « partie ».

« Cela fait quatre ans que ma sœur aînée est morte. Laura, ma petite sœur n’avait qu’un an à la mort d’Éli. Moi j’en avais douze, mais il a fallu qu’oncle Charles rentre de Yokohama le jour de mes treize ans pour que je réalise que je ne reverrais plus jamais Éli. Mon oncle est le premier à avoir prononcé ces mots : Élisabeth est morte ».

Voilà les premières lignes de ce roman. Il aura fallu des mois à Lou « Louloulou » pour admettre la vérité, comprendre que sa sœur ne reviendrait pas. Pendant de longs mois, elle fera tout ce qu’elle peut pour oublier l’absence de son aînée, imaginant des stratagèmes voués à occulter la vérité. Elle sera profondément bouleversée, mais surtout, autour d’elle, tout n’est que silence. Personne ne parle d’Éli, personne ne dit qu’elle est morte, on évite d’en parler, on décroche sa photo du mur, on vide ses tiroirs, donne ses vêtements. Lou, elle, ne comprend pas ce silence et va devoir malgré tout avancer. Mais la pauvre jeune fille est comme bloquée par ce silence. Elle n’ose pas poser de questions. Elle ne peut pas se confronter à une réalité que ses parents, pensant bien faire et gérant leur chagrin comme ils le peuvent, font tout pour occulter. Ne plus parler d’Éli semble pour eux la solution pour que chacun puisse faire son deuil.

Pour autant, Lou vit dans une famille équilibrée, soudée, aimante et qui prend soin d’elle. Seulement, quand on est parents et qu’on perd un enfant, il doit être très difficile de gérer son propre chagrin et en plus de comprendre celui des autres enfants restants. Ses parents, même s’ils commettent, en quelques sortes, cette erreur du silence, ne cesseront d’être présents pour Lou et Laura. Ils ne deviendront pas des fantômes, ne laisseront jamais tomber leurs autres filles, seulement, ils sont silencieux.

Lorsqu’à la veille de ses 16 ans, Lou prend conscience que bientôt, elle sera plus vieille que sa propre grande sœur, elle panique et perd de nouveau contrôle de ses émotions. C’est ainsi qu’elle nous raconte son parcours. Elle nous ouvre la porte de son cœur, de son chagrin, de ses pensées les plus intimes, et nous livre un récit, certes court, mais profondément touchant. Nous comprenons sa détresse et aussi les étapes par lesquelles elle est passée. Nous acceptons que pour elle, Éli ne peut pas être partie pour toujours. Elle développe des TOC, des réflexes et nous, lecteurs, nous lisons sa souffrance, impuissants. Quelle douleur plus vive que la perte de quelqu’un d’aussi proche ? Lou a perdu son modèle, son repère, sa bouffée d’oxygène et elle ne sait plus quoi faire de cet âge qui s’approche et la ramène à tant de douloureux souvenirs. Lou prend conscience de tout ce que sa sœur aurait dû vivre.

C’est une histoire magnifique qui peut tirer quelques larmes. Après avoir refermé le livre, il m’a fallu quelques heures pour me poser et digérer l’histoire. L’émotion est puissante, belle, salvatrice. L’écriture, un peu particulière, reste sublime et parfaitement adaptée à Lou. Nous avons l’impression de vivre ce deuil à ses côtés sans jamais pouvoir l’atteindre, ni l’aider. Nous vivons vraiment cette épreuve comme si nous étions dans la tête d’une jeune fille de 12 ans et non comme un adulte le raconterait. Bravo à l’auteure pour cette prouesse. Nous pourrions, peut-être, juste regretter la brièveté de ce roman, quelques pages sur les autres années de Lou, auraient peut être pu renforcer notre attachement à la jeune fille. En revanche, il est très facile de succomber au charme de « l’âme » d’Éli et encore plus à celui de Laura, adorable petite fille que cette mort n’a pas vraiment atteint.

enbref

À demain, Lou est un court roman sur le deuil. À 12 ans comment admettre la mort de sa sœur aînée et son caractère immuable ? Avec une plume profondément adaptée à l’âge de la narratrice sans faire enfantin pour autant, l’auteure nous entraîne aux côtés de Lou qui va devoir grandir et devenir plus vieille que sa grande sœur. Une histoire d’une émotion intense et bouleversante. Quelques pages de plus auraient pu prolonger notre émotion et l’intensifier.

MANOTE

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