[Chronique] Ma vie de bacha posh de Nadia Hashimi

Publié aux éditions Castelmore – 20 septembre 2017 – 312 pages
Publié dans la collection 8-12 ans
Merci à Castelmore et Livraddict pour cette lecture.

La famille d’Obayda aurait bien besoin d’un peu de chance : depuis l’accident de leur père, la vie dans la campagne afghane n’est pas facile pour la fillette de dix ans et ses soeurs. La tante d’Obayda a une idée pour leur porter bonheur : transformer la fillette en bacha posh, c’est-à-dire la faire passer pour un garçon. D’abord désemparée, Obayda – désormais appelée Obayd – devient amie avec Rahim, une autre bacha posh. En sa compagnie, elle va découvrir la liberté…

« Un livre remarquable qui offre un aperçu de la vie en Afghanistan et évoque la différence des rôles attribués aux filles et aux garçons à travers le monde. » School Library Journal

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[Chronique] Pourvu que la nuit s’achève de Nadia Hashimi

Publié aux éditions Milady – 7 juillet 2017 – 544 pages
Merci à Milady pour cette lecture

Lorsque Zeba est retrouvée devant chez elle, le cadavre de son mari gisant à ses pieds, il paraît évident aux yeux de tous qu’elle l’a tué. Depuis son retour de la guerre, Kamal était devenu un autre homme, alcoolique et violent. Mais cette épouse et mère de famille dévouée est-elle vraiment capable d’un tel crime ? Présumée coupable, Zeba est incarcérée dans la prison pour femmes de Chil Mahtab, laissant derrière elle ses quatre enfants.
C’est à Yusuf, fraîchement revenu des États-Unis pour régler une dette symbolique envers son pays d’origine, que revient la défense de ce cas désespéré. Mais alors que son avocat l’exhorte à parler, Zeba garde obstinément le silence. Quel terrible secret cache-t-elle ? Qui cherche-t-elle à protéger en acceptant de jouer le rôle du suspect idéal ? Il faudra beaucoup de courage à Yusuf pour braver un système judiciaire corrompu et faire innocenter celle que tout le monde voit déjà pendue haut et court.

Titre original : A House Without Windows 

 

Un nouveau roman de Nadia Hashimi ne pouvait que me donner l’immense envie de le lire. L’an dernier je découvrais la plume de l’auteure avec Si la lune éclaire nos pas. Depuis, c’est une évidence, l’auteure entre dans mon top et je me suis promis de suivre ses publications. Une nouvelle fois ici, l’auteure met en avant une femme au destin particulier et l’action prend place en Afghanistan. Comme personne, Nadia Hashimi nous immerge dans un pays, un contexte, un mode de vie, des coutumes, des lois, une religion souveraine. Je ne vais pas vous le cacher, ce roman se révèle sombre et un sentiment d’impuissance mêlé à celui de l’injustice vous saisira bien souvent. Mais, en dépit de ces émotions, vous continuerez de lire, avides de connaitre le sort de Zeba et des autres personnes que nous rencontrons dans toute cette histoire. Et vous chercherez la lumière, attendrez que la nuit s’achève et (référence au titre original) qu’une fenêtre s’ouvre dans cette maison si obscure.

« J’avais imaginé un million de morts pour mon mari : il aurait pu mourir frappé par la foudre. Ca aurait été tellement plus simple pour tous le monde : un éclair tombé du ciel. Une fin douloureuse mais brève. Hélas, les orages ne sont jamais là quand on a besoin d’eux. »

« C’est le genre de bruit que nul ne voulait entendre. Le genre de bruit dont on préférait se détourner ». 

Zeba, fille de Gulnaz, redoutée jadugar (sorcière) est mariée à Kamal depuis des années. Ce dernier n’est pas un homme bon, mais Zeba survit et avance pour ses enfants. Un jour pourtant comme les autres, quelque chose, un bruit plus exactement, mais aussi un pressentiment, attirent Zeba dans son jardin. Quelques minutes plus tard, elle est retrouvée à genoux devant le corps sans vie de son mari et couverte de sang. L’évidence frappe le village et le chef de la police : Zeba est une meurtrière, elle a assassiné de sang-froid son mari. Elle est alors conduite en prison où elle se mure dans un silence protecteur et salvateur. Yusuf, américain, mais d’origine afghane, revient dans son pays pour aider à défendre les gens sans moyens. Bon avocat, il sera profondément bouleversé de sa rencontre avec Zeba. Déterminé à la défendre il va tout faire pour qu’elle s’ouvre à lui et lui raconte ce qui s’est passé. Mais Zeba est une femme d’honneur et elle reste silencieuse. Petit à petit, la vie en prison va prendre une saveur différente pour notre femme accusée sans preuve. Elle va vite comprendre qu’ici, règne l’injustice. Pourrait-il en être autrement dans un pays où la parole d’une femme vaut deux fois moins que celle d’un homme ?

La première chose que j’ai admirée dans ce roman c’est le soin apporté aux personnages et à leur histoire. Nadia Hashimi a pris le temps de nous dépeindre leur vie et les différents contextes, les heurts et les joies, les visions du monde et les guerres. Ainsi, nous apprenons à connaitre Zeba mais elle ne s’ouvre pas plus au lecteur qu’à son avocat. Nous comprenons toutefois rapidement que c’est une femme bien et que derrière son apparente culpabilité se cache un secret. Peut-être a-t-elle vraiment tué son mari, mais pas sans « bonne raison ». Qui était Kamal ? Comment vivait la famille ? Qui sont les membres de cette famille ? Sont-ils des gens respectables ? Quels sont leurs péchés ? Autant de questionnements et d’immersion culturelle qui, petit à petit nous plongent dans un pays que nous ne connaissons que si peu. Bien entendu, il s’agit de défendre Zeba et de lui éviter la peine de mort, donc l’aspect justice sera omniprésent. Mais cette justice se fait plus par les voies d’Allah que celles d’une véritable loi. La femme n’y a que peu de place, peu de chance de s’en sortir sitôt qu’elle est accusée. Viennent aussi les rencontres avec les autres détenues, pour la plupart accusées à tort de zina (relations sexuelles hors mariage ou adultère).

Le sentiment le plus saisissant de ce roman est très probablement l’injustice. Nous allons en croiser encore et encore. Nous devons faire l’effort de comprendre un pays qui ne fonctionne pas comme nous. Mais nous ne pouvons pas non plus tout accepter. Profondément féministe, ce roman nous donne envie de nous impliquer et d’aider ces femmes enfermées et condamnées à une mort certaine. Nous nous sentons aussi impuissants, révoltés. Mais Nadia Hashimi sait parfaitement doser les émotions et nous fera passer également de doux moments auprès de personnages variés, elle instillera l’espoir au cœur d’une prison si sombre où l’odeur de la mort imprègne chaque coin de mur. Elle nous apprendra ce qu’est l’honneur et le sens du sacrifice, mais aussi la peur, la reconnaissance et surtout l’amour. L’amour d’une mère pour ses enfants, d’une femme pour l’innocence, d’une jadugar pour la justice…

La mère de Zeba est un personnage atypique qui m’aura beaucoup marquée. Oui, Gulnaz est différente et sa réputation de jadugar n’est plus à faire. Mais elle nous réserve un tas de surprises et surtout, c’est une femme forte et indépendante qui n’a pas peur de s’élever contre les hommes et leur toute-puissance. Les codétenues, elles, ont chacune une histoire à nous raconter et bien souvent, l’émotion et la rage sont au rendez-vous. Yusuf va nous aider à comprendre à quel point le pays est empêtré par des lois et une morale qui ne tiennent plus la route. Chaque mot, chaque action nous apporte de la connaissance et de la compréhension. Nous ne ressortons pas indemnes de cette lecture, mais bien changés et les pensées se dirigent alors vers ces femmes privées de liberté bien souvent pour des crimes qu’elles n’ont pas commis ou pour leur seule faute d’aimer un homme. Soulignons enfin, l’amour des mots et des rimes dont nous gratifie Zeba tout au long de cet enfer. Encore une fois, ce roman est une réussite totale et un coup de cœur magistral.

 

Ce nouveau roman de Nadia Hashimi ne peut laisser personne indifférent. Un intense sentiment d’injustice imprègne l’histoire et nous cherchons à comprendre le sens des lois d’un pays qui ne fonctionne pas comme le nôtre. Profondément féministe, le roman nous offre également une sublime notion d’honneur et de sacrifice. Un nouveau coup de cœur, surgi de l’obscurité.

 

[Chronique] Si la lune éclaire nos pas de Nadia Hashimi

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A paraître aux éditions Milady – 21 octobre 2016 – 512 pages

Merci à Netgalley et Milady pour cette lecture

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Kaboul est entre les mains des talibans. Depuis que son mari, considéré comme un ennemi du régime, a été assassiné, Fereiba est livrée à elle-même. Si elle ne veut pas connaître le même sort que son mari, elle doit fuir. Après avoir vendu le peu qu’elle possède, elle entreprend un voyage périlleux avec ses trois enfants, dans l’espoir de trouver refuge chez sa sœur, à Londres. Comme des milliers d’autres, elle traverse l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie et la France. Hélas, les routes de l’exil sont semées d’embûches : que devra-t-elle sacrifier pour de meilleurs lendemains ?

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[Chronique] L’insouciance de Karine Tuil

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Publié aux éditions Gallimard – 18 août 2016 – 524 pages

resumeDe retour d’Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes, le lieutenant Romain Roller est dévasté. Au cours du séjour de décompression organisé par l’armée à Chypre, il a une liaison avec la jeune journaliste et écrivain Marion Decker. Dès le lendemain, il apprend qu’elle est mariée à François Vély, un charismatique entrepreneur franco-américain, fils d’un ancien ministre et résistant juif. En France, Marion et Romain se revoient et vivent en secret une grande passion amoureuse. Mais François est accusé de racisme après avoir posé pour un magazine, assis sur une œuvre d’art représentant une femme noire. À la veille d’une importante fusion avec une société américaine, son empire est menacé. Un ami d’enfance de Romain, Osman Diboula, fils d’immigrés ivoiriens devenu au lendemain des émeutes de 2005 une personnalité politique montante, prend alors publiquement la défense de l’homme d’affaires, entraînant malgré lui tous les protagonistes dans une épopée puissante qui révèle la violence du monde.

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[Chronique] Mille soleils splendides de Khaled Hosseini

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Présente édition publiée chez 10/18 – 2013 – 409 pages

resumeForcée d’épouser un homme de trente ans son aîné, Mariam ne parvient pas à lui donner un fils. Après dix-huit années de soumission à cet homme brutal, elle doit endurer une nouvelle épreuve : l’arrivée sous son propre toit de Laila, une petite voisine de quartoze ans. Enceinte, Laila met au monde une fille. D’abord rongée par la jalousie, Mariam va finir par trouver une alliée en sa rivale. Toutes deux victimes de la violence et de la misogynie de leur mari, elles vont unir leur courage pour tenter de fuir l’Afghanistan. Mais parviendront-elles à s’arracher à cette terre afghane sacrifiée, et à leur ville, Kaboul, celle qui dissimulait autrefois derrière ses murs, « mille soleils splendides »?MONAVISV2

Voici un livre que j’ai lu grâce à My Pretty Books qui a su en parler à merveille et ce à plusieurs reprises. C’est un genre un peu inédit pour moi, une nouveauté que de me plonger dans la vie de femmes afghanes. Mais ce livre est un tel coup de coeur, il est tellement bouleversant que je suis vraiment heureuse de l’avoir lu. C’est d’une telle beauté, d’une telle cruauté, c’est dur, douloureux et j’ai bien peur que ma chronique ne soit pas à la hauteur de la plume, de l’ouvrage. C’est un livre dont vous ne ressortez pas indemnes, qui vous arrache des larmes et de l’admiration. Un livre qui vous fait vous recentrer et comprendre que la vie peut être si dure ailleurs. Un roman sur la vie, la condition des femmes, la guerre, la mort, l’amour, l’amitié. Un livre bouleversant, touchant, merveilleux, qu’il faut avoir lu.

Dans ce livre exceptionnel nous allons suivre le destin de deux femmes : Mariam et Laila. Deux femmes qui commencent par se détester avant de s’allier. Deux femmes qui vont nous faire vivre, au travers de leur regard la vie en Afghanistan et le quotidien de la guerre, de la peur, de la mort, mais aussi l’amour d’un pays, l’amour de Kaboul. Mariam est arrachée à son triste quotidien très jeune, lorsque sa maman meurt et est forcée par son père d’épouser un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Un homme violent qu’elle n’aimera jamais. Un homme qui l’obligera à s’isoler socialement. Un homme qui lui fera porter la burqa. Un homme à qui elle ne parviendra jamais à donner un fils. Des années plus tard, Laila, la petite adolescente des voisins se retrouve orpheline et vient vivre sous leur toit. Enceinte, elle accouche d’une merveilleuse petite fille. Elle réussit là où Mariam échoue. Ses deux femmes, qui ont en commun de détester leur époux vont d’abord s’ignorer, se jauger, s’affronter avant de comprendre qu’elle peuvent s’aider, s’aimer. C’est une formidable histoire d’amitié qui nait alors entre elle, et avec, l’espoir d’un monde meilleur, d’une fuite, d’une nouvelle vie. Alors que Laila ne pense qu’à son amour de jeunesse qu’on lui a annoncé mort, Mariam elle ne songe plus qu’à une vie plus douce, loin de la guerre, de la mort, de la terreur mais surtout de cet homme violent dont elles dépendent. Un monde meilleur pour les enfants de Laila qu’elle aime comme elle aurait aimé les siens.

L’histoire est si intense. L’amitié si profonde, si bouleversante, si touchante. Mariam est une femme qui aura connu des épreuves horribles au cours de sa vie, c’est une femme dévouée et qui a le sens du sacrifice. C’est une femme qui a perdu ses rêves, ses illusions, qui est soumise par un homme violent et méchant. Une femme qui n’a pas eu la chance de l’argent, des possibilités. Laila, jeune fille très intelligente qui adorait lire, amoureuse d’un homme disparu ne peut plus, elle non plus se contenter de cette vie…Elles doivent partir, trouver une solution.

C’est un roman sur la dure réalité d’un pays en guerre perpétuelle. Un pays qui a changé de mains tellement de fois. Un pays où l’odeur de la poudre se mêle à celle de la mort, du sang, de la terreur, les cris se fondent avec le bruit des bombes et des membres arrachés. Un pays où l’avenir est plus qu’incertain, sombre. Un pays où les femmes n’ont aucun droit. Ce livre nous plonge dans le quotidien de ces femmes objets, soumises, brimées. Qui n’ont pas eu d’autre choix, juste parce qu’elles sont justement des femmes. Une dure réalité qu’on se prend en pleine face au cours de cette intense lecture.

enbrefUn roman exceptionnel, une plume magique, envoûtante, percutante qui parvient à nous transmettre de la beauté derrière les horreurs du quotidien. Une amitié hors norme, un amour magique, des femmes exceptionnelles qui se battent pour leur liberté, pour leur vie. Et l’amour d’un pays pourtant si dur…si menacé et menaçant. Un livre profondément marquant, un chef d’oeuvre qui nous ouvre les yeux sur ce qu’on a tendance à oublier.

MANOTE

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