[Chronique] À un cheveu de Lise Syven, le roman aux messages importants

Publié aux éditions Castelmore – Septembre 2018- 409 pages
Merci à Castelmore pour cette lecture 

L’amour et la popularité, ça ne tient parfois qu’à un cheveu…

En terminale dans un lycée parisien, Matthéo était un garçon tout à fait ordinaire… jusqu’à ce que la calvitie s’installe et le transforme en sosie de Michel Blanc, la moustache en moins. Depuis, sa vie est un enfer. Non content d’être la bête noire du lycée, Matthéo a perdu tout espoir d’attirer l’attention de la belle Suraya.
Résolue à l’aider, sa cousine le force à essayer un postiche, et, là, c’est la transformation : il est carrément craquant !

Pourtant, pas question de porter ses nouveaux cheveux au lycée : en attendant d’être à la fac, dans une ville où on ne le connaît pas, il en profitera pendant le weekend. C’est décidé : il se fait passer pour Paul, le cousin de Matthéo le loser. Peut-être que lui saura plaire à Suraya…

J’ai posté il y a quelques jours, une mini chronique sur Instagram et comme je le fais désormais pour chacun des livres concernés, je vous la recopie ici, si vous préférez la version brève à la chronique plus détaillée.

1er October – Impossible de nier l’automne. Les feuilles tombent désormais. Et moi j’entends :
« Quand te reverrai-je, pays merveilleux 🎶”. Je n’avais plus eu cette chanson en tête depuis disons 1991 et je ne sais pas à combien de rediffusions nous étions alors. Mais nous n’allons pas parler ski ou bronzés mais cheveux. Si si promis. Ou plutôt de cette ambiance désertique sur le crâne de Matthéo, lycéen de terminale. Avouez que pas de poil sur le caillou ne rime pas avec petite amie et popularité. Matt n’assume pas sa calvitie précoce et et qui pourrait le lui reprocher alors qu’il est la cible de tout le lycée. Sauf que le jeune homme va profiter du week-end pour essayer un « complément capillaire ». Et qu’avec ça il devient presque irrésistible… jouer du subterfuge ou assumer ?

Vous imaginez vivre avec un tel souci à l’époque du lycée ? À côté l’acné passe pour un jeu de morpion ! Abordant des sujets très juste, Lise Syven nous entraîne au cœur de l’adolescence, et nous invite à réfléchir sur la tolérance ! Résultat on passe un super moment avec Matt ! Revue complète sur le blog sous peu.

Avant-propos : ce roman n’est pas une injonction à porter un postiche en cas de calvitie. Il ne s’agit pas d’un plaidoyer anti-défauts et objectif beauté conforme aux critères de la société. Le sujet de la calvitie est ici central, car à l’âge de Matthéo, c’est ce qui le définit totalement, malheureusement. Enfin, ça reste à voir, mais les élèves de son lycée le jugent qu’en fonction de son physique et ce dernier ne répond pas à leurs attentes. Et mettre un postiche n’y répondrait pas non plus. Imaginez une jeune fille qu’on juge trop plate et qui arrive du jour au lendemain avec une « jolie » poitrine. On va forcément se moquer de ce qu’elle aura glissé dans son soutien-gorge pour plaire à la majorité des personnes qui l’entourent. Donc surtout, ne pensez pas que l’autrice ait quelque chose contre la calvitie, cela me semble totalement impossible de sa part d’ailleurs et elle le précisera, pour elle  » la seule chose importante étant, selon moi, de trouver le chemin du bonheur ». Et en se rendant sur son blog, on peut lire ce qui suit :  » Ce texte est avant tout une comédie, un roman feel good avec un fond de romance ! Mais il n’empêche que sous couvert de perruque, il parle de la différence et de la difficulté à s’accepter, surtout quand on a perdu d’avance, car aucun de nos choix ne parviendra à répondre aux injonctions (irréalisables) de notre société. »

Après ce blabla d’introduction, venons-en au roman. Nous allons suivre tout au long des 400 pages environ, un jeune lycéen de terminale, Matthéo. Jusqu’à il y a peu, il menait une vie ordinaire pour un adolescent parisien. Jusqu’à ce qu’il commence à perdre ses cheveux, mais genre vraiment. En effet, il souffre en gros d’alopécie précoce et il n’y a rien à faire. À l’heure actuelle, il lui reste une sorte de couronne… il camoufle donc le tout sous une casquette, mais cela n’empêche en rien les insultes, brimades et agressions dont il est victime dans son établissement scolaire. Non, Matt n’arrive pas à s’assumer chauve, sa calvitie est un réel problème et nous ne pouvons qu’imaginer la difficulté à se construire…

Mais un jour, sa cousine vient habiter chez eux. Elle est cool et intelligente et surtout elle sait comment communiquer avec Matthéo. En effet, elle est métisse chinoise et elle s’est récolté son lot de blagues racistes et boutades soi-disant amicales. Elle l’entraine alors dans un salon de coiffure spécialisé qui lui pose un postiche. Le jeune homme étant anti « moumoute », c’est un pari risqué pour la jeune femme. Contre toutes attentes, le résultat est tellement parfait, que Matt est subjugué et se redécouvre. Il prend pourtant la décision de ne pas porter son « complément capillaire » au lycée, et l’on comprend bien pourquoi, mais seulement pendant les week-ends et vacances et à partir de l’an prochain quand il sera dans un établissement où personne ne le connait. Et s’il se rendait à la médiathèque où étudie la jeune femme pour qui son cœur bat, armé de ce postiche ? Saura-t-elle le reconnaitre ? Eh non, alors Mesdames et Messieurs, je vous présente Paul. Paul est canon, cool, mystérieux. De quoi éclipser Matt le looser chauve, n’est pas les filles ?

Suivre les deux vies et les péripéties de notre personnage principal est un régal. Nous adorons quand il est Matthéo, avec sa famille et sa petite sœur au caractère affirmé. Quand il est Paul, il ne change pas vraiment de personnalité, mais a plus d’assurance, et personne ne le reconnait. D’ailleurs, comment pourrait-on le reconnaitre, puisqu’à part pour le harceler, personne ne fait attention à lui. L’amour se mêle de cette histoire et tout se complique. Finalement, c’est la quête de bonheur de notre adolescent que nous suivons, celle qui consiste à briser les stéréotypes et si celle-ci doit passer par un complément capillaire, alors soit ! Au fond, est-ce différent du maquillage porté pour unifier le teint et du liner/mascara pour donner plus de profondeur à un regard ? Je n’en suis pas certaine, et j’avoue avoir réellement compris ce que ressentait notre héros. Attention toutefois, il est loin d’être parfait, et pour cela, merci Lise, il est humain. Chaque personnage l’est. Humain avec qualités et défauts, expérience et visions des choses. C’est ce qui rend le roman encore plus intéressant, car vous pouvez vous reconnaitre ou reconnaitre un de vos camarades dans les personnages que vous allez croiser.

Paul (enfin Matthéo) fait parfois les mauvais choix, mais si vous lisez le livre vous verrez que c’est bien plus complexe que cela en a l’air. Je l’ai trouvé tellement attachant que ses mauvaises idées me faisaient sourire. Sachez d’ailleurs que l’autrice maitrise l’humour, l’ironie, l’autodérision, le sarcasme et les jeux de mots à merveille. Sans que le roman ne devienne un sketch bien entendu ! Finalement, c’est un roman adolescent fascinant que nous avons entre les mains, une histoire assez douce (mais qui ne nie pas l’intolérance de notre monde et les normes de la société), pleine d’espoir et d’humour, d’amour et de solidarité, portant le lecteur à ouvrir son esprit encore plus largement. Formidable pour les adolescents, mais aussi pour les parents, qui pourraient bien comprendre des choses sur la difficulté de l’adolescence. Quant aux lecteurs comme moi, c’est un régal et un rappel : ce monde n’en a pas fini avec le rejet de la différence, ensemble nous pouvons changer les choses. Très beau message porté par une plume irrésistible. (Et vive la Bretagne).

Un roman à lire de toute urgence ! Portait d’un adolescent qui ne s’aime pas, l’autrice nous entraine à la rencontre de nombreux préjugés et aussi de solution. Avec un humour sans failles et une intrigue bien bâtie, l’histoire devient addictive. Sans compter que l’on s’attache drôlement aux personnages de cette histoire et que l’épilogue est particulièrement satisfaisant (souvenez-vous, j’ai un problème avec la majeure partie des épilogues).

Eh bien, que rajouter franchement ? À lire, à partager, à faire découvrir ! Chauve ou pas, gros ou pas, petit ou grand, poilu ou pas, laid ou pas, qui sommes nous pour juger ?

 

31 réflexions sur “[Chronique] À un cheveu de Lise Syven, le roman aux messages importants

  1. lecture en blog dit :

    c’est vrai que l’adolescence est une période plutôt mesquine. Il est parfois difficile de s’aimer soi-même quand on subit les moqueries des autres au quotidien. Ce livre à l’air d’être interessant par le problème qu’à choisie l’auteure pour évoquer le sujet

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  2. Satine's books dit :

    Je l’ai vu aux Halliénnales samedi ! J’ai trouvé le titre accrocheur et le résumé sympathique. Ce que tu en dis m’interpelles. Il serai temps que le monde entier accepte tout le monde avec leur physique. Seigneur… Merci pour ton avis 🙂
    Je pense le partager sur la page cette semaine.

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  3. Serena dit :

    Coucou,
    Oh j’aime bien les romans qui parlent de l’adolescence ! Puis c’est pas simple comme période, souvent on a dû mal à s’aimer et le regard des autres n’aide pas. Je pense que ce livre me plairait bien 🙂
    Des bisous !

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  4. Wolkaiw dit :

    Une très belle chronique, complète et enrichissante ! Je ne suis vraiment pas fan des feel-good, et encore moins des romans « adolescents », mais la façon dont tu parles de ce livre me donne envie de le découvrir ! Le rejet de la différence est un fléau qu’il faut combattre… La différence c’est ce qui nous rend unique, ce qui fait aussi le charme de certaines personnes.
    Je note ce titre de suite !

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  5. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Et dire que je n’ai toujours pas eu l’occasion de découvrir cette auteure…Peut-être que j’en aurai l’occasion avec ce roman qui me fait diablement envie, ce que tu confirmes avec ce sublime avis ma belle !

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  6. EmilieH dit :

    Le résumé me tentait bien et ton avis a fini de me convaincre!
    Je n’ai pas de calvitie mais j’ai eu des cheveux blancs très jeune. A seize ans, j’avais plus de cheveux blancs que ma mère, et c’est encore le cas maintenant, mais je le cache…
    Mais bref, je m’égare avec mes histoires de cheveux…
    Je le note vite!
    merci pour la découverte!

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  7. Mallys dit :

    En ce moment je n’ai pas tellement le temps de lire (merci Netflix). J’aime bien l’idée de tes mini chroniques sur Instagram.
    La peur de l’autre, le rejet de la différence voilà un sujet intrigant et intéressant. Merci pour ce petit moment d’évasion littéraire ❤️

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  8. crozaclive dit :

    Je trouve ce livre original. C’est pas facile de traiter les sujets de l’adaptation de soit quand on est ado et je trouve cette idée de potiches parfaite… je pense que je passerai un bon moment avec ce livre

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  9. apprendreareverblog dit :

    Hello! Tout d’abord j’adore ta photo! Elle m’a donné envie d’aller me blottir sous un plaid et de lire un bon livre en buvant un thé! cocoonning à souhait
    Pour le livre, l’adolescence est un vaste sujet mais comme souvent tes résumés sont tellement bien écrits qu’ils me donnent envie de lire le livre!!

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