Publié aux éditions Pocket Jeunesse – Juin 2018 – 496 pages
Merci à PKJ pour cette lecture
Et si le monde entier avait accès à vos émotions ?
Nathan et ses amis sont en permanence connectés à Interfeel, un réseau social qui permet de partager ses émotions. Pour l’immense majorité des habitants de la planète, connaître les émotions de chacun est tout aussi naturel que téléphoner. Mais un événement tragique va se produire sous leurs yeux et bouleverser Nathan. Fasciné par Élizabeth, une « sans-Réseau » qui vit en marge de la société, il voit toutes ses certitudes vaciller. Ce que les deux adolescents découvriront pourrait bien changer le monde à jamais…
Aujourd’hui, je vous propose une chronique deux en un : express et détaillée. Comme ça, vous avez le choix de lire peu et vous jeter sur le roman, ou d’en savoir plus sans que je vous dévoile les éléments importants.
Pour cette version Chroniqu’Express, j’ai repris tout simplement ce que j’avais publié sur Instagram le 15 août dernier.
Fermez les yeux et laissez-moi vous transporter dans une société futuriste… Ah pardon, si vous fermez les yeux vous ne pouvez pas me lire. Alors, calibrez bien vos émotions. Car oui dans ce futur, un réseau social d’un genre bien particulier a pris possession de la planète et donc des humains. Tout le monde est équipé d’une puce dans l’oreille gauche qui retransmet aux autres ses émotions. Plus de mensonges ou malentendus, tout est sous contrôle. Nathan a 16 ans et il n’a jamais vécu sans Interfeel. Enlever sa puce ? Bien trop douloureux ! Pourtant, lorsqu’il va se confronter à une émotion étrange lors d’un drame, il commence à s’interroger sur la nature exacte du réseau. Quelque chose ne va pas et il le sait. Ne reste plus qu’à se rendre dans le quartier Est où les gens refusent en bloc Interfeel, et par conséquent vivent en marge de la société. Mais attention, Nathan, es-tu vraiment libre de tes mouvements ?
J’avoue avoir passé un agréable moment avec ce roman. L’auteur a su créer un monde bien flippant de dépendance et de paraître. Car si l’idée d’afficher les émotions peut être intéressante dans des cas bien précis, elle mène évidemment dans son utilisation abusive à un contrôle ferme et à une dissimulation des émotions authentiques, voire même primitives. Notre jeune protagoniste va devoir s’armer de courage pour comprendre, mettre en jeu sa vie faite de certitudes et laisser le réel prendre le pas. Seule ombre au tableau : comment savoir à qui faire confiance sans Interfeel ? Une épopée qui nous entraîne à une fin terriblement frustrante, car très ouverte, mais j’ai pu lire que l’auteur souhaite écrire une suite. Croisons les doigts et vérifiez votre oreille gauche, une puce s’y trouve peut-être ?

Chronique au format ordinaire.

Si vous suivez mon blog et mes lectures depuis un moment, il est fort probable que vous ayez constaté que je suis relativement attachée au domaine des émotions. Que ce soit leur formation, apparition, manifestation, interprétation, verbalisation. Bref, l’émotion humaine est quelque chose qui me fascine et que j’avais d’ailleurs choisi comme sujet de mémoire quand j’étais à l’Université de Psychologie (mémoire inachevé, mais bref). Alors quand j’ai vu le principe d’
Interfeel, je me suis dit que ça allait me plaire, me parler. Et cela fut franchement le cas. Déjà, arrêtons-nous quelques secondes sur la couverture de ce roman, réalisée à merveille
par Léonard Dupond, cliquez sur son nom vous découvrirez son travail. J’aime énormément ce qu’il arrive à raconter dans ses illustrations, et pourtant ce n’est pas le style que j’admire le plus habituellement. Mais voilà, je voulais vraiment vous inviter à le découvrir, promis je ne suis pas payée pour lui faire sa pub, ce n’est pas un ami etc. Donc honnêteté totale quant à cette couverture.
« Ils bougeaient sans arrêt, pour se faire comprendre, exprimer leurs émotions… Ils articulaient des phrases à rallonge et utilisaient des mots que Nathan n’avait jamais entendu. Il ne put s’empêcher de ressentir une sorte de pitié pour ces personnes… et du dégoût. Il ne comprenait pas leur attitude. »
Parenthèse artistique passée, bien que la littérature soit aussi de l’art, intéressons-nous de plus près au roman en lui-même. C’est un roman jeunesse peu ordinaire qui nous est proposé là, et ce, sur pas mal d’aspects. Déjà, nous sommes dans un monde futuriste et désormais les citoyens sont connectés les uns aux autres via Interfeel, un réseau social d’émotions, et ce, grâce à une puce dans l’oreille. Vivre sans le réseau est pour les jeunes, principalement, mais pas seulement, une aberration puisqu’ils n’ont plus à faire face d’eux-mêmes à leurs propres émotions ni à se laisser submerger par les émotions négatives des autres. Tout est sous contrôle. Le rêve, non ? NON. En tout cas, pas pour moi. Mais Nathan, notre protagoniste, n’a jamais vécu sans. Et il ne se voit pas changer ses habitudes, c’est bien trop complexe. Jusqu’au jour où un drame va briser quelque chose en lui, jusqu’au jour où il va, le temps d’une rencontre dans les quartiers Est, se déconnecter. Les quartiers Est étant réputés pour être peuplés des rebelles qui se refusent à Interfeel, les conséquences pour Nathan ne peuvent pas être nulles…
« Silence. Il explosa.
– QU’EST-CE QUE JE VOUS INSPIRE ?
La classe sursauta de frayeur. Quelqu’un murmura :
– J’ai peur…
– Bien sûr que vous avez peur. Vous êtes confrontés à votre propre opinion, vos propres émotions. Vous ne vous basez plus sur ce que « ressent » l’autre pour établir votre avis. Vous ne dépendez de personne, vous n’avez que votre propre interprétation. Vous avez peur car tout ce qu’il y a à l’intérieur de vous, désormais, est un vide immense… »
Les « Sans Réseau » vivent comme « nous » pourrions-nous dire. Ils font face à leurs propres émotions, affrontent celles des autres, y compris la violence, le vice ou l’envie. Elizabeth, elle, a fait ce choix, mais comprend parfaitement le jeune garçon. Entre eux, quelque chose passe, et certainement pas via le réseau émotionnel. Bien entendu, quand un adolescent en quête d’identité rencontre une personne qui bouleverse ses convictions, cela donne une immense remise en question et pourquoi pas une rébellion. Toutefois, tout remettre en cause n’est pas anodin ! Nathan est-il vraiment prêt à affronter tout cela ? À quitter tout son confort et devenir un paria ? C’est sans compter sur les forces de l’ordre qui ne semblent pas trop s’amuser à ce petit jeu là. Nathan va découvrir au cours de ce tome des milliers de choses, mais aussi d’émotions, des plus douces aux plus douloureuses.

Nathan n’est pas réellement seul dans l’histoire puisqu’il est entouré de toute sa bande. Seulement, quand les émotions envoyées par chacun sont filtrées par un réseau social, comment être certain de bien connaitre les gens ? Prenons le géant Facebook, je compte près de 1000 amis dans ma liste, et via leurs statuts, je peux déduire des choses sur leur état d’esprit ou leur vie. Mais est-ce que je les connais pour autant ? Parce que les émotions d’Interfeel, peuvent-elles vraiment être sincères alors que chacun a le contrôle ? Pourtant, le système n’est pas dénué totalement d’intérêt, et c’est toute la problématique de l’éthique, des débordements, de la manipulation, de la contrainte, que va venir aborder de manière pédagogique et intéressante, Antonin Autger.
« Adila avait toujours eu trois convictions qui jalonnaient sa vie. Elle savait que demain serait encore mieux qu’aujourd’hui, que plus tard elle serait archéologue et, surtout, elle savait qu’elle aimait Nathan. »
Si le début du roman est très déroutant, parfois presque long, il n’en retient pas moins l’intention. L’auteur a un style bien à lui, direct et efficace, il a su adapter les discours et les réflexions à l’âge de ses personnages et quant à la création de ces derniers, elle est plus que réussie. Nous avons de suite ceux qu’on adore et ceux dont on doute. Encore que sans Interfeel, voyez-vous on pourrait se tromper. À moins que ce soit avec Interfeel ? Au fait, vous avez vérifié votre oreille gauche récemment ? Pas de puce ? Vous êtes certains ?
Le développement technologique de ce monde futuriste m’a également convaincue, de par ses proportions et retenues. L’auteur n’est pas parti dans des éléments invraisemblables, mais bien des pistes de développement palpables ou crédibles. Gros coup de cœur pour l’Opale, dont je ne peux pas vous parler plus ici, je vous laisse le plaisir de sa découverte.
La fin du roman vous laisse sur une terrible frustration et si la puce Interfeel ne régulait pas mes émotions à l’heure où je vous écris, je pense, mais vraiment je ne suis pas certaine, car ma puce m’envoie tellement d’ondes douces et sereines, je pense, donc que je pourrais aussi vous parler de colère. Mais la colère c’est vilain alors disons de surprise. Bref, à quand la suite Mr L’auteur et Messieurs Dames PKJ ?
Vous l’avez compris, j’ai passé un très bon moment avec ce livre. Tout n’y est pas parfait, mais l’ensemble est cohérent et pousse à la réflexion. Je n’ai aucun doute quant à l’impact d’un tel roman sur le public visé. Après tout, j’ai passé la fin de ma soirée à imaginer comment serait notre vie avec la puce. Et puis j’ai pensé à notre gouvernement, etc. Et puis, à vous de découvrir ce roman addictif ! Bon voyage au pays des émotions avec Nathan.
Une excellente découverte, un premier tome intéressant et qui laisse tout plein de questions en suspens alors vite, la suite !
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Je crois que tu as oublié de mettre le lien de mon article Throwback Thursday de cette semaine.
Maya
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Coucou ! Je suis un peu à la bourre je vois demain 😘
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Lu aussi et je partage complètement ton avis ! Et au vu de cette fin, nous sommes bien d’accord qu’une suite est absolument indispensable, hein ? 🙂 C’est vrai qu’il y a quelques petites longueurs, mais le tout dans sa globalité est très bon et propose des réflexions vraiment intéressantes. Le livre me trotte encore dans la tête ! C’est en lisant sa phrase d’accroche sur les émotions que je me suis décidée à l’acheter, étant aussi particulièrement attachée au domaine des émotions, comme toi.
Merci pour ton article ^^
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Il a l’air intéressant ce roman !
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J’aimerais tellement lire la suite si elle sort un jour. J’ai trouvé l’ambiance addictive et l’univers riche/à développer.
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