[Chronique] Le faiseur de rêves de Laini Taylor, mon immense coup de coeur YA de 2018…

Publié aux éditions Lumen – Avril 2018 – 670 pages
Traduction Sarah Dali
Merci aux éditions Lumen pour cette lecture

C’est le rêve qui choisit le rêveur, et non l’inverse…
Il est une ville, au centre du désert, où nul n’a le droit de se rendre sous peine de mort. De ses entrailles sortaient autrefois d’interminables caravanes chargées de trésors mais, depuis deux cents ans, la cité est coupée du reste du monde… Pire encore, un soir d’hiver, le nom de ce lieu de légende s’évanouit en un clin d’œil de la mémoire de tous – Lazlo Lestrange, orphelin de cinq ans à peine, ne fait pas exception à la règle. Frappé au cœur, le petit garçon restera irrémédiablement fasciné par cette énigme.

Quinze ans plus tard, il travaille dans la plus grande bibliothèque du monde, à Zosma, en rêvant de fabuleuses découvertes quand, de la Cité oubliée, émerge tout à coup une curieuse expédition venue recruter les meilleurs scientifiques du continent. Pourquoi diable s’obstiner à réunir ces esprits éminents ? Mystère… Et pourquoi Lazlo voit-il donc ses songes se peupler de visions étranges – à commencer par une déesse à la peau bleue pourtant assassinée, des années plus tôt, par les habitants de la ville interdite ? Qui est-elle vraiment ? Comment le jeune homme, qui ignore tout de sa légende, peut-il bien la voir en rêve ?

Rien de tout cela n’est possible, bien sûr – mais pareil détail a-t-il jamais empêché un rêveur de rêver ? Songes, monstres, dieux, fantômes, alchimie et guerre totale : après quatre années d’attente, Laini Taylor, finaliste du National Book Award américain et auteure de séries multi-récompensées, nous livre enfin un aperçu de son nouvel univers, à la plus grande joie de ses nombreux fans.

Mesdames et Messieurs, votre attention s’il vous plait. Venez, venez, oui, oui, approchez. Je vous promets que je ne mords pas. En tout cas, pas encore. Allez venez, je vais vous conter une histoire incroyable. Asseyez-vous confortablement, détendez-vous, inspirez et fermez les yeux. Bienvenue dans un monde où les secrets règnent, le mystère s’infuse, la peur se sent de loin, l’ombre domine. Mais, rassurez-vous, Mesdames et Messieurs, notre conte ne commencera pas par Il était une fois. Quant à la fin, je n’en sais encore rien. Posons un pied au début de ce premier tome, accrochez-vous, c’est parti pour 670 pages de découverte, d’émerveillement, d’aventure, de frissons, de sentiments. C’est un grand roman fantasy young adult que vous voyez là entre mes mains. Oh, il n’est pas grand par son nombre de pages, non ! Ce qui fait sa magnificence est l’histoire qu’il renferme, les personnages qui s’y animent. Chut, écoutez… Et si Lazlo Lestrange en personne vous permettait de le suivre, discrètement ?

Mais avant cela, laissez-moi vous présenter cette vidéo des éditions Lumen qui va vous aider à imaginer et modeler le monde qui vous est offert.

« Le jour du deuxième Sabbat de la douzième Lune, dans la ville de Désolation, une fille tomba du ciel.
Elle avait la peau bleue et le sang rouge. »

Quand je suis allée voir comment ce livre était reçu en dehors de la France, je me suis rendue sur Goodreads et une phrase m’a de suite interpellée. La jeune femme en question disait : « Have you ever loved a book so much that it completely fills your soul, warms your heart, and heals your broken pieces? «  (Crédit page Goodreads – Crédit Profil de Mélanie). Pourquoi ai-je choisi ce début de revue ? Parce que c’est exactement ce que j’ai ressenti avec ce livre. D’habitude, je suis une lectrice assez « rapide » (ce qui ne veut pas dire, non, que je lise en diagonale), mais dès la première page, je fus tellement emportée par l’histoire que j’ai décidé de lire sur une semaine, plus ou moins. Cela dit, vu que c’est un pavé ou belle brique, cela n’allait pas vraiment me « frustrer » de ne pas « avancer plus vite ». Je ne regrette pas un seul instant ce choix. Je l’ai dégusté, savourant les mots, l’histoire, découvrant les personnages. Je reposais mon livre, fermais les yeux et partais pour Désolation, avide de rencontrer Sarai et Lazlo, mais aussi les autres victimes d’un drame qui s’est joué quinze ans plus tôt.

« Les mots pouvaient se perdre ou s’oublier. Lazlo Lestrange était bien placé pour le savoir. Il avait autrefois porté un autre nom, qui avait sombré dans l’oubli telle une chanson que plus personne ne chante. C’était peut-être un patronyme ancien, exalté par des générations et des générations d’usage… ou bien un surnom donné par un être cher. Il se plaisait à le croire, mais n’en savait en fait absolument rien. Il ne lui restait plus que « Lazlo » et « Lestrange » : Lestrange, le nom de famille attribué à tous les orphelins du royaume de Zosma, et Lazlo, d’après l’oncle muet d’un moine. »

Source des images : site

L’histoire nous dira pourquoi ce fameux moine est muet, mais je vous laisse le soin de le découvrir, car nous n’aurons pas vraiment besoin de nous y appuyer. Intéressons-nous à Lazlo, le protagoniste masculin de ce roman. Lazlo est un jeune garçon orphelin qui ne parvenait pas vraiment à s’adapter avec les moines. Par un mystérieux hasard et un travail acharné, il est devenu bibliothécaire, obsessionnel, avalant autant de savoir que possible. Sa passion ? Désolation. Oui, c’est la ville qui n’a plus de nom et où personne n’est plus venu depuis si longtemps. Le jeune homme n’a qu’un rêve : découvrir les mystères de cette citée oubliée, retrouver le nom de la ville. Oui, les noms se perdent, mais comment ? Notre jeune érudit au physique pas spécialement avantageux va user ses yeux clairs sur les manuscrits et ouvrages à sa disposition. Rien ne l’anime plus que l’envie de partir… Alors quand l’occasion se présente, celle unique de partir à la découverte de Désolation et des souffrances qu’elle endure, Lazlo se jette à l’eau. Au-delà de l’aspect formateur d’un voyage, de la magnificence d’une ville où le sol est fait de Lapis Lazuli, Lazlo va vivre une expérience humaine incroyable. Et faire une rencontre encore plus surprenante. Saura-t-il comprendre les mystères de ce lieu dont il a tant rêvé ?

« -Je pense que tu es un contes de fées. Magique, courageuse, magnifique et…
Sa voix s’enroua, gagnée par la timidité. Il n’y avait que dans un rêve qu’il pouvait parler ainsi, se montrer aussi audacieux.
– J’espère que tu me laisseras faire partie de ton histoire, conclut-il. »

Pour apprécier au mieux votre lecture, j’ai envie de vous conseiller de ne pas relire la quatrième de couverture avant de plonger dans l’univers de Lazlo. Ce n’est pas qu’elle en dise trop, c’est simplement que la découverte n’en sera que meilleure et que vous comprendrez la place de chaque mot, de chaque détail, du moindre décor, le sens de la formule et vous allez être envoutés. Je viens de reprendre mon cahier annuel de lecture et même si j’ai eu d’autres coups de cœur puissants dans l’année, je crois que rien ne surpasse celui-ci. C’est un travail exceptionnel qui nous est livré et je me languis déjà du second tome. Car oui, ce premier opus est une véritable claque. Un tsunami d’informations sur un monde inédit, mais aussi de messages et d’émotions. Vous ne pouvez pas rester passif mentalement pendant cette lecture. Laini vous construit un rêve, il s’installe dans votre tête, coule dans vos veines. Vous imaginez les lieux, opulents ou sanglants, cauchemardesques ou d’absolue tranquillité. Chaque pas représente un mouvement si intéressant que vous retenez votre souffle. Et puis quand vous pensiez en avoir fini, l’autrice vous surprend avec un nouvel élément, que ce soit une révélation ou une action. Le moindre personnage a son importance, sa connexion avec un univers qui est tout sauf évidente à comprendre. Quant à l’enjeu, que cache-t-il exactement ? Eh bien, pour le moment il nous faudra attendre la suite. Désormais la partie se joue à un autre niveau, avec de nouvelles consciences et connaissances. Le jeu pourrait bien être très serré. L’amour et la tolérance pourront-ils triompher de l’adversité et de la haine cultivées année après année ?

« Qu’était-ce donc l’alchimie ? C’était l’art de la métallurgie enrobé d’une couche de mysticisme. Une quête de spiritualité mâtinée de matérialité. Une noble tentative de maîtriser les éléments pour obtenir pureté, perfection et divinité.
Ah… Et de l’or aussi. Il ne faudrait pas l’oublier. »

L’opposition Dieu/Humain est saisissante et n’est pas sans rappeler certaines situations de l’histoire de l’humanité. Cruel clin d’œil, nous ne pouvons que nous pencher sur le sujet et le comparer. Nous dire « ce qu’ils font est-il vraiment différent de ce que l’autre peuple a fait ? De ce que l’humain dans notre monde a fait ? ». En même temps qu’un conte de rêves et d’amour, d’espoir et de vie, nous lisant son opposé sombre, sanglant, dépourvu d’espoir ou de liberté. La balance est parfaite sous la plume de l’autrice, mais cela ne veut pas dire qu’elle soit équitable, en aucun cas elle n’incarne la justice. D’ailleurs, quelle est la limite entre justice et soif de vengeance ? Entre peur et haine ? Lazlo, lui, nous apparait droit et juste. Mais les toutes dernières informations portées à sa connaissance, de même que les menaces qui planent, pourraient bien changer le destin de Désolation. Peut-être un jour la ville retrouvera-t-elle son nom et sa beauté, cette dernière étant aussi dans les yeux et le cœur de celui qui la contemple.

Si vous vous offrez le plaisir de cette lecture, prenez le temps de la déguster, d’imaginer les décors, les odeurs, les personnages, leur magie, leurs rêves. Ce ne sont pas de simples êtres d’encre et de papier qui vous sont offerts, mais des êtres bien vivants, comme s’ils sortaient de la page pour vous conter leur histoire. Une histoire faite de beauté et de laideur, d’horreurs et de splendeurs. Une histoire faite de Dieux et d’Humains, les uns asservissant les autres qui alors en retour les haïssent et laissent enfler la colère. C’est un message de paix, de tolérance, de colère et de soif de vengeance. Mais par-dessus tout l’histoire d’un rêve, celui de la liberté d’aimer et de voguer où bon leur semble. Le récit de deux êtres différents, mais qui veulent grandir ensemble. Le récit d’une identité volée, dissoute dans l’air et qui pourrait peut-être bien devenir la clé du royaume de la sagesse. Apprenez à discerner vos sentiments, vibrez avec nos personnages faits non pas de marbre, mais de colère contenue.

La Faiseur de rêves est un roman magique et bouleversant. Une si belle fantasy young adult ne peut qu’emporter le lecteur, bien qu’il y a des longueurs sur les descriptions. Mais chacune d’entre elles a sa raison, comme chaque action, chaque parole, chaque souvenir et surtout chaque rêve. Travailler à un monde meilleur dans l’univers onirique peut-il vraiment aider à bâtir ce nouvel univers de paix et de tolérance ? À suivre dans le très attendu tome 2.

Coup de cœur absolu, mon plus gros coup de cœur pour ce premier semestre 2018 dans le domaine du young adult. J’aime découvrir des mondes aussi riches et solides, des univers où perfection et imperfection s’affrontent tout comme le bien et le mal. Réconcilier deux peuples en guerre, une histoire vieille comme le monde, mais qui pourrait bien changer avec le courageux et intelligent Lazlo, ce Lestrange qui décidément n’est pas comme tout le monde. D’ailleurs, c’est une plume incroyable et unique que vous allez découvrir, un récit à la construction dense et surprenante, comme un voyage entre les mots. À lire absolument !

PS : j’ai normalement une phobie assez intense des papillons de nuit. Mais, grâce à l’autrice, j’ai pu constater une très légère diminution de cette dernière. Désormais quand je vois un papillon de nuit j’ai une pensée émue mais sincère pour Sarai et Lazlo.

Je vous invite à découvrir les fans art extraordinaires réalisés par BlackBirdInk dont voici un extrait :

 

29 réflexions sur “[Chronique] Le faiseur de rêves de Laini Taylor, mon immense coup de coeur YA de 2018…

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Wahou, quel avis ma belle, tu m’as littéralement transporté dans ce coup de coeur, tu m’as plus que donné envie, toi aussi tu m’as fait rêver pour le coup ❤

    J’aime

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