Publié aux éditions La Geste – Mars 2018
240 pages – Format relié 30x30cm
Lecture pour Masse Critique Babelio
Après avoir effectué toute ma carrière dans une grande entreprise nazairienne dédiée à l’export, je dois admettre, non sans étonnement, que j’ignorais presque tout de cette ville. La rédaction de ce livre a profondément changé ma perception de Saint-Nazaire, j’ai découvert son histoire exceptionnelle, ses femmes et ses hommes hors du commun.
Mais surtout, sous l’impulsion décisive du grand projet de développement Ville-Port initié par Joël Batteux, projet poursuivi et transformé par le maire actuel David Samzun, j’ai réalisé que Saint-Nazaire avait pris un nouvel essor dont nous n’avons pas fini de constater les retombées. Le développement industriel prodigieux de la ville a masqué des changements dans L’agglomération et dans les mentalités qui sont passés inaperçus. Nous sommes Loin de l’image négative d’une ville ouvrière grise et triste, image qu’il est judicieux de confronter à la vision, sans a priori, d’artistes contemporains ; ceux-ci nous apportent un tout autre regard. Ainsi, lors de ses promenades dans Saint-Nazaire, Toby Paterson a fait plus de 600 photos, il nous en dévoile les couleurs. Et, surprise, ses conclusions sont inattendues : ce sont surtout des teintes pastel et lumineuses qui émergent. Quant à l’écrivain Antoine Chaplin, invité en résidence d’écriture, il a, lui aussi, parcouru les différents quartiers. Ce montagnard, habitué de la nature et des grandes randonnées, a été sidéré par la profusion des espaces qui irriguent la ville.
Oublions donc les clichés surannés et tenaces, Saint-Nazaire, loin d’être une ville figée dans son passé, a entrepris une métamorphose qui s’est opérée en toute discrétion et dans un laps de temps relativement court.
Ce livre cherche à rendre à Saint-Nazaire l’image qu’elle mérite : son dynamisme et son potentiel lui garantissent une place de premier plan dans l’avenir.
Vous ne le savez peut-être pas, mais quand on me demande d’où je viens, où je suis née et où j’ai grandi, mon coeur se divise toujours en deux parties et je réponds alors : Saint Nazaire mais aussi les alentours de La Rochelle. Pourquoi ? Eh bien si j’ai vécu à Saint Nazaire de ma naissance à ma majorité, j’ai toujours considéré appartenir à la Charente Maritime et en particulier à Angoulins sur mer. TOUTE ma famille est de là bas (même mon fichu géniteur ! D’ailleurs sa faute à lui si ma mère s’est retrouvée à Saint Nazaire, mais ce n’est pas le sujet). Enfant, je trouvais Saint Nazaire plutôt ordinaire mais je ne me plaignais pas. De toute façon je n’ai pas de souvenirs de mon enfance. Adolescente, je trouvais Saint Nazaire sinistre, emmerdante, perdue, laide… bref je détestais cette fichue ville. Mais, attendez avant de crier au scandale : je lui trouvais des atouts quand même. Depuis, le visage de la ville a complètement changé, les efforts déployés sont incroyables et très sincèrement, aujourd’hui, je retournerai bien y vivre. Parce qu’il y a l’océan et que dans mon vignoble je m’asphyxie. Pourquoi pas les alentours de La Rochelle ? Dans l’immédiat, trop loin pour le travail de mon mari.
J’ai eu envie de vous citer les lieux marquants de mon enfance/adolescence à Saint Nazaire, parce que même si elle craignait cette ville, il y a des choses qui marquent :
- Le pont de Saint Nazaire, légendaire rouge et blanc et ses mythes autour de sa construction
- Les bus jaunes de la Stran (n’existent plus) et les Ty Bus, jaunes aussi
- Saint Marc sur Mer avec la Courance et la plage de Monsieur Hulot
- Le Victoria (dédicace Jo’ si tu passes par là, love ya)
- Le lycée Aristide Briand (alors pas les cours mais les copines, coucou Élo et Sweva)
- Le lycée expérimental
- Le parc paysager
- La rue des Amandiers et ma chambre au 14e étage avec vue sur la mer (l’immeuble a été détruit)
- La médiathèque de la Bouletterie, la piscine du même quartier et le marchand de journaux/tabac
- La Trébale, la Chesnaie, Les Landettes
- Le bâtiment (immonde) où résidait France Télécom, boulevard Laënnec
- Le parc de Porcé et la plage de Porcé
- Trébezy, les vrais connaissent
- Le paquebot, quelle idée ? Mais le paquebot quand même
- L’école de musique et celle d’arts plastique où j’ai passé tant d’heures
- La caserne de gendarmerie, là où je devais aller vivre
- Villès Martin et le bord de mer
- La crêperie Doux Soleil
- Le port et ses paquebots légendaires
- Les cinémas « à l’ancienne »
- Le VIP et mes premiers vrais concerts
- La Soucoupe
- Les Escales, festival (où j’ai pu travailler)
Je dois l’avouer, Saint Nazaire me manque, mais en toute sincérité c’est probablement pour 3 raisons :
- J’y ai grandi, m’y suis construite et les choses douloureuses qui y sont liées finiront un jour par s’estomper
- L’océan, la plage
- Le nouveau visage.
Et c’est précisément ce nouveau visage que l’auteur du livre va nous présenter et il le fait bien. Nous sentons toute sa passion pour sa ville, et que c’est entrainant ! Je sais que je peux parfois ressentir un élan d’affection important pour cette ville même si le vrai chez moi de mon coeur sera toujours Angoulins et sa plage de Saint Jean qui me manque chaque jour qui passe, gouffre béant dans ma poitrine, mais qui me fait encore bien trop souffrir. Quand je vois les efforts déployés par la ville de Saint Nazaire, cela me laisse rêveuse. Parce que moi, quand j’y vivais, c’était tout sauf vendeur.
Anciennement ville grise et triste, elle porte aujourd’hui fièrement ses atouts sur bien des domaines. Ville des Chantiers Navals elle fut longtemps boudée en raison de son aspect sinistre et de ses rues mortes, désertées de toute population enthousiaste. Ado, avec mes amis, nous n’avions qu’un seul lieu où on pouvait vraiment sortir le week-end, après fallait partir sur Pornichet ou La Baule… Pourtant, même si la ville n’est pas devenue festive, elle s’est considérablement dynamisée et ça fait du bien.
De nombreux efforts restent à faire, bien entendu. Je suis toujours très triste que l’immeuble où j’ai toujours vécu, c’est à dire pendant 18 ans, eut été détruit pour reconstruire des plus petits collectifs, bien insuffisant pour répondre à la demande. Nous vivions dans des appartements très spacieux, certes l’environnement laissait sincèrement à désirer. Aujourd’hui quand je retourne vers là bas, je ne reconnais rien et surtout j’ai mal au coeur. Et puis il y a toujours ce quartier « à problèmes », la Bouletterie. La ville a fait des choses mais visiblement insuffisantes N’étant pas sur place, je ne peux pas « juger » de cet aspect.
Ce que je voulais surtout préciser c’est que j’ai appris à relativiser mon « dégoût » de Saint Nazaire en acceptant son histoire, celle d’une ville détruite à 90% lors de la seconde guerre mondiale. Celle d’une ville qui a du être reconstruite dans des situations peu idéales. Alors, peut-on vraiment dire que la ville a mis trop de temps à redorer son blason ? Je ne pense pas. Tout cela a un coût. Saint Nazaire est resté sous le même maire pendant des années (de 1983 jusqu’à 2008), les mandats de Monsieur Joël Batteux se succédant. Cet homme est à l’origine de l’impulsion Ville-Port qui, plutôt que de tenter de cacher le port ou de le reléguer dans un coin, a décidé de le faire dynamiser, de le rendre attractif. Et je pense sincèrement que c’était une excellente idée. Je ne vais pas partir dans des aspects politiques, car je n’ai aucune vision sur ce qu’il a pu faire ou ne pas faire. J’aime à penser que Saint Nazaire, blessée par la guerre, a gardé ses marques. Aujourd’hui encore, la guerre est visible clairement avec blockhaus, statue commémoratives, et pour moi, une ville c’est « vivant ». Sans impulsion pour renaitre, refleurir et s’épanouir, elle ne peut trouver seule cet élan. Je n’ai jamais cru en Saint Nazaire. Jusqu’à il y a quelques années. Et aujourd’hui, pour la première fois, je peux dire que oui, je suis Nazairienne, que oui ça craignait quand j’étais adolescente, mais que désormais c’est une ville à découvrir et que je me vois bien y vivre… en bord de mer bien entendu.
Si vous connaissez la ville, vous prendrez plaisir, à mon sens, à la redécouvrir. Non seulement l’ouvrage est riches en illustrations et photographies, mais en plus l’auteur nous documente au sujet du visage de la ville avant sa destruction par la guerre, avec de sublimes reproductions de carte postale d’époque. J’étais très surprise d’y retrouver « Le Grand Café » qui existe toujours et dans lequel j’avais passé un peu de temps avec mon école d’arts plastiques. Tellement de bâtiments détruits… et combien de vies ? Je suis vraiment très admirative du travail accompli ici par Mr Lescaudron et les personnes dont il s’est entouré.
NB : il est possible de suivre Saint-Nazaire le projet de toute une ville
Effectivement, c’est un très bel ouvrage… au voit St Nazaire d’un oeil différent, mais c’est le « nouveau » St Nazaire que je vois évoluer au quotidien et de mieux en mieux.Bon, certes,comme toi, ma préférence reste en Charente Maritime, à Angoulins, mon coeur y est pour toujours même si l’absence y est devenu quasi insupportable… Heureusement, à St Nazaire, il y a la mer… et ça, c’est primordial pour moi !!
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Saint Jean reste imbattable.
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