[Chronique] La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose, le livre qui fait un bien fou et met du rose dans ta vie!

Publié aux éditions Flammarion – 28 février 2018 – 288 pages
Merci à Diane Ducret et Flammarion pour cette lecture

 

La loi de Murphy n’est rien comparée à la loi d’Enaid : tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera plus mal encore qu’on aurait humainement pu le prévoir.
Après avoir été quittée à Gdansk par téléphone, Enaid se rend à l’évidence : les fées qui se sont penchées sur son berceau ont dû s’ emmêler les pinceaux. Comment expliquer, sinon, la sensation qu’elle a depuis l’enfance qu’il lui a toujours manqué quelqu’un ? Il y a de quoi se poser des questions quand les parents adoptifs sont en fait les grands-parents, que la mère est danseuse de nuit, que le père change de religion comme de famille, que les bunkers de l’ETA servent d’école buissonnière. Et que l’accident d’un instant devient la fracture de toute une vie…
On peut se laisser choir ou faire le saut de l’ange. Être boiteux ou devenir un flamant rose. Sur ses jambes fragiles, tenir en équilibre avec grâce par le pouvoir de l’esprit, un humour décapant et le courage de rester soi.

« C’est la puberté, madame, un phénomène tout à fait normal, quoiqu’un peu précoce chez votre fille. »
Yvette me fait les gros yeux et nous repartons, toutes deux confuses. 
« C’est du propre de vouloir être une précoce ! On t’a pas élevé comme ça nous, on est des gens bien ! » me dit-elle en m’embarquant dans la voiture.

Vous est-il arrivé de vous sentir… misérable ? Tel le chat noir de la planète pour qui rien ne se passera jamais bien ? Oui ? Eh bien je parie que vous n’arrivez pas au niveau d’Enaid! Si je vous jure. Enaid, c’est la poisse 24 h/24 alors qu’elle est pleine de bonnes volontés. Avouons aussi que son départ dans la vie ne fut pas le plus évident. Entre un père bien paumé et démissionnaire, une mère qui danse dans les night-clubs, déjà le postulat était complexe. Ajoutez-y qu’elle fut élevée par des parents adoptifs qui, en fait, n’étaient autres que les grands-parents, très croyants… Bref, et puis vous faites votre chemin, les rencontres, mauvaises souvent, l’innocence d’une môme qui passe son adolescence au travers des années 90 (Coucou Enaid, je te comprends on a le même âge), avec surfeurs, révolutionnaires et ETA tout atour. Vous vous blessez et cela deviendra votre ennemi pour le meilleur ou pour le pire. Il ne vous reste plus qu’à décider d’avancer ou non. Et pour se mouvoir, quoi de mieux que devenir un joli flamant rose ? Enaid va user et abuser d’humour. Et quand une personne de sa vie viendra la rattraper soudainement, elle va avoir besoin de beaucoup de recul. L’occasion de nous raconter ses moments les plus importants, et bien souvent les plus catastrophiques.

« La semaine prochaine, je passe le baccalauréat. Tous les lycéens de France sont en train de réviser, moi je suis dans une voiture avec deux inconnus en direction d’Ibiza. »

Si j’ai voulu lire ce roman pour son titre et son magnifique flamant rose (oh, Bettie aime les flamants ?), j’en suis ressortie avec une super amie. Enaid ! Oh oui, ce personnage c’est de l’or, du diamant, ce que vous souhaitez, mais cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi proche d’une héroïne de roman, que ses anecdotes et sombres aventures ne m’avaient pas happée à ce point pour cause, parfois, de similitudes, d’autres fois de situations connues sous une autre formes. J’ai adoré cette jeune femme, depuis toute petite jusqu’à nos jours. J’aurais pu être amie/camarade de classe d’Enaid, je crois même que j’aurais pu trainer dans les mauvais coins comme elle, en revanche, ma mère aurait été plus vigilante que la sienne, c’est certain, et surtout moins à l’ouest que les pauvres grands-parents de notre jeune femme. Alors, Diane Ducret, à vous qui m’avez fait envoyer si gentiment votre nouveau roman, laissez-moi vous remercier et vous dire que grâce à vous, j’ai une nouvelle amie et que franchement, elle est super cool. Que grâce à vous deux, le flamant rose a pu prendre une signification encore plus positive dans mon existence, que le sens que vous lui donnez est juste parfait. J’ai dévoré votre roman le temps d’une soirée et je l’ai refermée en me sentant bien, le sourire aux lèvres. Et ça, ça fait du bien par ces temps de tourmente.

« Yvette avait raison, je l’ai bien cherché, les chiens ne font pas des chats, peut-être que je suis comme Léna, une moins que rien. »

Le flamant rose peut vous sembler omniprésent dans le roman à cause du titre ou de la couverture, mais il n’en sera rien. L’oiseau au plumage de rêve sera plutôt comme un fil cousu au travers des aventures et mésaventures, rappelant à Enaid qu’on peut se relever et avancer si l’on sait choisir la posture idéale. Nous retrouvons notre ami aux jambes si particulières dans les moments qu’il faut sans jamais avoir de quête autour de lui. Certes, c’est la construction identitaire d’Enaid que nous allons suivre, pauvre enfant lâchée dans un monde un peu sauvage. Pas de parents, mais des personnes âgées qui l’adoptent. Oh attendez, en fait ce sont ses grands-parents ? Enchantée. Avancer dans la vie, comme on le peut, et quand on est un véritable chat noir comme Enaid que chaque projet se termine en catastrophe totale, dur dur. Pourtant, elle fera tout pour avancer et s’aimer même quand la vie lui envoie les signaux contraires. Mais alors pourquoi ne fait-elle jamais partie des femmes qu’un homme aime ? Pour laquelle il va se battre ? D’ailleurs, a-t-elle vraiment besoin de cela pour avancer ? Enaid passera par d’énormes épreuves, mais nous montrera toujours avec humour les raisons des échecs, les points positifs et le reste. L’humour comme arme de défense, mais aussi comme caractéristique d’une plume, non pas celle du flamant rose, mais celle de Diane Ducret (à moins que l’auteure ait plumé un flamant rose pour écrire son texte ?), qu’on dévore avec un plaisir immense !

La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose

« Je marche à l’ombre et n’ose plus soutenir le regard des animaux, jusqu’à ce que que tombe nez à bec avec une bête inouïe. Rose de partout, on dirait qu’elle set montée à l’envers. Le corps est comme un oeuf tout en plumes posé sur deux échasses. Le cou se plie sur lui-même tant de fois qu’il semble onduler comme un serpentin. D’un coup il se redresse et l’on dirait le télescope d’un sous-marin. Il se tient sur une patte, pliée vers l’arrière, si bien que le bas ne va pas dans la même direction que le haut. Soudain il étend ses ailes aux bordures noires, qu’il fait vibrer comme celles d’un papillon. C’est la chose la plus merveilleuse sur laquelle mes yeux se soient posés, une bête qu’on ne voit que dans les dessins animés. […]Je ne comprends pas comment les deux aiguilles à tricoter qui lui servent de pattes peuvent soutenir ce danseur ballet en tutu rose et le regarde en me demandant si elles ne vont pas céder à chaque coup de vent. »

Un roman qui fait du bien, je n’en lis plus autant qu’avant. Mais franchement, quelle bouffée d’oxygène! Au-delà de la construction identitaire de la jeune femme, c’est aussi un lien qui est étudié. Un manque, crucial, vital, mais difficile à combler. De quelle nature est-il ? Où peut-elle trouver de quoi le combler ? Ce manque qui court après elle depuis toujours, qu’elle a tenté d’endormir, en vain. Un lien qui parlera à beaucoup de personnes, un manque qui peut prendre forme dans l’esprit du lecteur, à sa façon. Car oui, nous pouvons facilement nous identifier à Enaid, et ce même si notre parcours de vie est forcément différent. Enaid, c’est une bouffée d’oxygène, c’est l’amie à qui il arrive sans cesse les pires trucs, mais qui a un humour incroyable pour les raconter. Volontairement, je n’ai pas mis vraiment les mots sur chaque expérience de notre amie, cela serait dommage de savoir en avance, croyez-moi c’est tellement mieux que ce soit elle qui vous expose tout. Grâce à Diane Ducret, c’est une rencontre que vous allez vivre, et sous sa plume, l’humour et l’autodérision vous feront sourire, rire, aimer. Très honnêtement, je ne lâche pas cela dans le vide car, beaucoup d’entre vous savent que je suis en dépression depuis un bon moment maintenant, mais ce livre m’a fait du bien, sur un grand nombre de niveaux. Grâce à ce roman, j’ai senti mon cœur se réchauffer et les larmes se tarir. Pour sûr, quand j’en aurai besoin, j’appellerai Enaid et elle me dira :

« Il m’a toujours manqué quelqu’un, au plus profond de moi, jusqu’au jour où j’ai décidé de ne plus attendre personne. »

Un roman rempli de rires et d’émotions, d’humanité et d’authenticité ! N’hésitez pas à aller rencontrer Enaid, et avec elle, apprenez à adopter l’élégante démarche du flamant rose, vous pourriez aller loin. Une histoire qui fait du bien, qui fait écho en nous à un moment ou un autre et qui nous fait voir du pays ! Enaid, meilleure héroïne feel-good de 2018 !

Foncez ! Vous verrez, c’est une parenthèse de bonheur, de rires, de sourires, de soupirs, d’émotions et peut-être aussi de larmes. Mais Enaid a toujours une idée derrière la tête pour nous faire rebondir avec elle. Quitte à s’apitoyer sur son sort en Pologne… et faire une gaffe magistrale !
 » Demander du charbon en Pologne, je n’ai rien trouvé de mieux ? C’est comme demander à un Esquimau qui se les pèle s’il n’a pas de la glace, à un Bédouin s’il a du sable sous sa tente. »

 

18 réflexions sur “[Chronique] La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose, le livre qui fait un bien fou et met du rose dans ta vie!

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Non mais déjà, ce livre était absolument fait pour toi ma belle, un flamant rose en couverture quoi ! Trêve de plaisanterie, il me fait extrêmement envie celui-là, je sens bien que la bonne humeur qui s’en dégage, me correspond totalement en ce moment 😃

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  2. Lectrice discrète dit :

    Ce livre a été un coup de coeur extreme pour moi aussi ! Je l’ai dévoré en une soiree, et suis presque tentee de le relire. Diane Ducret a réveillé puis mis du baume sur certaines de mes blessures. Je l’avoue elle m’a fait pleurer.
    Et que j’ai aimé trouver mon pays basque adoré dans ce roman.. !
    Mais je ressors de cette lecture avec une impression de force, d’optimisme. Le flamant rose tatoué sur mes côtes a pris une signification bien forte..! J’espere pouvoir re voir Diane Ducret, que j’avais rencontré lors d’une dedicace des Indesirables,

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    • BettieRose dit :

      Le flamant rose est tatoué sur mon bras pour ma part. Je lui accorde une grande importante, une grande signification. D’autant plus que le jour de la première séance, triste coïncidence, mon petit furet Coffee, qui se battait contre un cancer est mort dans mes bras. Deux heures avant. Je suis arrivée là bas totalement dévastée mais je me suis dit que le flamant avait un pouvoir incroyable, celui d’avancer, celui d’y croire. Je le considère aussi comme un homme à ce petit furet d’amour qui a tout fait pour rester auprès de nous. Dans ce livre, on est obligés de se reconnaitre un minimum. Tellement poignant.

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