RABAT – ÉTÉ 2015

Leïla Slimani fait la connaissance de Nour, une Marocaine qui lui raconte sans tabou sa sexualité et les tragédies intimes que subissent la plupart des femmes qu’elle connaît.

Ce témoignage poignant, suivi d’autres rencontres à travers le pays, bouleverse la romancière franco-marocaine qui décide de mettre la parole de ces femmes à l’honneur. À travers leurs histoires personnelles, on découvre le drame de la condition sexuelle féminine au Maroc au sein d’une société hypocrite qui condamne le désir et la liberté d’aimer.

Cette BD reportage dépeint sans concession la réalité complexe d’un pays où l’islam est religion d’État et rappelle à chacun de nous l’importance du combat pour les droits fondamentaux de la femme.

Je n’ai pas du tout l’habitude de me prêter à l’exercice de la critique d’un roman graphique. Déjà, j’en lis très peu. Mais celui-ci me faisait tellement envie que quand je l’ai trouvé d’occasion à un prix intéressant, je n’ai pas hésité une seconde. C’est aussi la lecture du mois pour le Club de lectures féministes de mon amie Carnet Parisien. Autant vous le dire de suite, j’ai adoré lire ce roman et prendre conscience de la réalité du quotidien au Maroc quand on est une femme, célibataire et potentiellement active sexuellement. Il apparait évident que le Maroc a de grands pas en avant à faire mais le texte de Leila Slimani reste délicat et tente d’expliquer les différents freins.

Dans un pays où la religion a un poids important et ou la « honte » se fuit en famille, il est peu évident pour une femme de vivre à l’occidental, être libre sexuellement et profiter. Là-bas, on attend plus de la femme qu’elle soit mariée et élève des enfants en entretenant la maison, et je ne fais pas ici de clichés ni de raccourcis. C’est une vue d’ensemble que nous propose l’auteure, bien entendu ce n’est pas adapté à chacun des cas. Nous allons rencontrer en tout cas une foule de personnages via des histoires qui sont racontées à notre auteure et chacune va venir appuyer un aspect particulier du manque de liberté ou des tabous. 

Pour ce qui est du style graphique, j’ai tout simplement adoré les traits de Laetitia Coryn, qui a su nous transporter au Maroc en un tour de mine et qui parvient admirablement bien à croquer les émotions et les discussions. Nous sommes réellement immergés dans les discussion de Leila avec ses rencontres et les histoires, racontées sont captivantes. Si l’on se plaint en France de harcèlement etc, que dire de la situation au Maroc ? Attention, ça ne dédramatise pas ce qui se passe dans notre pays ! Je veux juste souligner la dramatique situation des femmes marocaines dans une société fermée et très hypocrite. 

Je suis donc très heureuse d’avoir donné une chance à cet ouvrage car il a largement répondu à mes attentes. Je ne vais pas vous en dire plus, découvrez-le, il en vaut la peine. C’est un excellent reportage mais sans les côtés soporifiques du genre, si vous voyez ce que je veux dire. Petite précision : non il n’y aura pas de scène de sexe explicite dans ces planches, nous ne sommes surtout pas dans le registre érotique.