[Chronique] Après nous – Tome 1 : Au commencement de Myra Eljundir, la nouvelle saga Y.A. sur laquelle il faudra compter.

Publié aux éditions Collection R – Novembre 2017 – 384 pages
Illustrations Magali VILLENEUVE
Merci à la Collection R pour cette lecture

Les visages les plus angéliques sont les masques des démons les plus cruels. 
Jeune fille à la beauté ensorcelante et à la voix envoûtante, Jezebel Kern a tout pour être heureuse… Mais elle porte en elle un secret qui la ronge chaque jour davantage.
Lorsque ses parents meurent dans un terrible accident, Jezebel découvre une effroyable vérité sur son passé et le leur. Elle se sent trahie. Son univers s’effondre.
Y a-t-il un lien avec son secret ? Qui est-elle vraiment ?
Il est des questions dont il vaut mieux ne jamais connaître les réponses. Celles que Jezebel trouvera risquent bien de faire vaciller ses croyances comme sa raison.
Après son inoubliable trilogie Kaleb, la nouvelle saga fantastique de Myra Eljundir.

« Avant elle
Au commencement, il n’y avait rien.
Et soudain juste une onde, un frémissement.

L’apparition de la vie sous sa forme la plus archaïque, à peine quelques cellules appliquant un programme génétique, se divisant et s’agglutinant, transformant jusqu’à leur but final, une étape après l’autre.
Un oeil non averti aurait bien été incapable de prédire ce qu’elles deviendraient en observant cette petite mûre granuleuse seulement détectable au microscope, perdue dans son écrin moelleux. »apres-nous-tome-1-de-myra-eljundir

Dans ma PAL résident depuis quelque temps déjà, les trois tomes de Kaleb, la précédente série jeunesse de l’auteure. Vous connaissez sûrement Myra sous son autre nom Ingrid Desjours. Elle représente ces femmes que j’admire, n’hésitant pas à prendre la parole sur des thèmes et actualités importants. Ses discours, toujours réfléchis, se révèlent profondément marquants et intelligents. Tout comme le roman, Les Fauves, l’était. Je n’ai eu aucun doute en me lançant dans Après Nous. Certes, j’ai vu que certains serials Readers n’étaient pas aussi convaincus que moi, même certains qui ont abandonné. Je peux comprendre. Parce que ce n’est pas seulement une nouvelle série Y.A. que nous livre l’auteure ici. C’est un univers, un monde avec ses habitants, leurs comportements, les conséquences et les responsabilités. Un lieu où le mal peut se cacher derrière le plus angélique des visages. Un monde de course au pouvoir et de corruptions, de faux semblants et de sentiments à usage unique. Un monde où la terreur n’est plus très loin et menace de le recouvrir.

Nous rencontrons une jeune femme à la crémation de ses parents, Jezebel. Encore mineure elle est envoyée dans une famille d’accueil. N’ayant pas particulièrement d’attaches, la jeune femme semble le vivre plutôt « bien ». Débrouillarde et tête dure, elle n’a pas l’habitude de se laisser atteindre et semble presque n’avoir peur de rien. Elle va très vite prendre ses marques et « fréquenter » Jarod, Noé et Rowan. Toutefois, les choses ne seront pas faciles… Jezebel est très peu ordinaire et surprend parfois de manière brutale. Rowan est jalouse de l’attention de Noé pour la nouvelle et Jarod, lui, semble totalement obsédé par elle. Jarod n’est pas le genre de fréquentation de Rowan et Noé. Mauvais garçon, il donne l’impression d’avoir toujours le nez dans les problèmes. C’est une tout autre réalité qui nous attendra à son sujet… Comme au sujet de chaque personnage en fait. Car une chose est certaine, chacun a un rôle à jouer. Et l’attachante petite Rowan aux cheveux roses n’en finira pas de nous surprendre… Sigil Lucifer

Quand j’ai commencé ce roman, j’ai de suite compris qu’il me serait alors impossible de le lâcher. Déjà, les personnages nous attrapent dans leurs filets en un tour de page. Nous sommes collés à eux, suivant leurs mouvements, leurs pensées et modes de fonctionnement. La psychologie de chacun est tellement approfondie que nous sommes pris au piège. Mais, cela serait mal connaitre Myra que de croire que tout est acquis. Usant et abusant pour notre plus grand plaisir de révélations et de retournements de situation, nous parvenons à la fin de notre roman sans plus vraiment savoir sur qui compter. Qui est bon ? Qui est mauvais ? Qui cache son jeu ? Qui est au courant de tous les travers de cette histoire ? Car une chose est certaine, l’arrivée de Jezebel a mis en branle quelque chose et cela s’annonce mal, très mal. Sombre et dévastateur. Bienvenue dans un univers dérangeant, ténébreux, où l’espoir peine à filtrer par les interstices du mal. Un univers qui ne connait ni pitié ni compassion. Une Terre de manipulation et de trahisons, manipulée dans un but qui semble terrifiant.

L’histoire de Myra ne connait pas de temps morts inutiles. Chaque instant est employé de la manière la plus intelligente qui soit : découverte d’un passé, introspection, révélations, passé qui nous est raconté par une personne tierce, course à la vérité, protection, entraide, sentiments qui s’éveillent… Bref, une multitude d’états qui font que l’on ne peut pas s’ennuyer dans ces lignes. Cette psychologie approfondie des personnages est tout simplement formidable et grâce à ses personnages, l’auteure nous expose la réalité d’un monde qui dépérît, empli de haines et de violences, mais nous prouve aussi un certain éveil des consciences. Oui, même à l’adolescence, il est possible de s’arrêter quelques instants et de revoir la définition de bien et de mal, comprendre les choix des uns et des autres, et tenter d’agir pour le bien d’autrui. Se protéger, mais aussi ceux qu’on aime, faire preuve d’empathie dans un monde où la course à l’individualité et à la performance concurrentielle est devenue la règle absolue. De très nombreux messages de tolérance vont passer au travers de cette histoire, ainsi que des thèmes de société un peu plus graves. Nous allons de surprises en découvertes et je ne veux surtout pas vous parler de tout ce qui m’a parlé, percuté de plein fouet, car il faut que vous puissiez expérimenter la puissance des mots de l’auteure par vous-même.

« Les adultes finissent toujours par oublier ce que cela fait d’être des enfants. Rares sont ceux qui soupçonnent ce qui se passe dans leur tête, quelle est leur compréhension exacte du monde qui les entour, de ses mystères, de quel bois sont faits leurs espoirs ou quels cauchemars les traquent jusque dans leur sommeil. »

 

Sigil Lucifer

Le nom « Lucifer » signifie en latin « Porteur de lumière » (lux, « lumière », et ferre, « porter »). C’était à l’origine, l’un des noms que les Romains donnèrent à l’« étoile du matin », c’est-à-dire la planète Vénus. Dans la Vulgate, Lucifer devient un nom propre utilisé pour traduire l’expression « astre brillant » du livre d’Isaïe (14.12). Dans la tradition chrétienne, Lucifer est associé à l’orgueil. Il est considéré comme un ange déchu pour s’être rebellé contre Dieu. Il est alors assimilé à Satan et au Diable.

Attardons-nous quelques instants sur la jeune femme qui orne notre couverture via une sublime illustration (d’ailleurs, vous en retrouverez dans le roman, je ne vous les dévoile pas ici). Jezebel. Elle est la nouvelle de la ville, suite à la mort de ses parents. Elle sait qu’elle n’est pas vraiment comme les autres. Logée chez une famille d’accueil formidable, elle tente de rester responsable et attends l’âge de partir sur ses propres chemins. Mais ce personnage sera aussi celui qui se verra révéler des informations capitales et dangereuses. Petit à petit, elle prend conscience de son don, son pouvoir. Cela l’effraie et l’électrise en même temps. Elle en joue pour parvenir à ses fins, qui ne ferait pas de même ? Mais ne peut-elle pas perdre le contrôle et être un danger pour elle-même ? Notre jeune femme au charme si intense n’est pas au bout de ses surprises et sa quête identitaire risque de se révéler fascinante par la suite. D’autant plus qu’il se pourrait bien qu’elle ait des liens avec quelqu’un de pas si éloigné que cela d’elle… trouvera-t-elle l’apaisement de sa colère ? Étanchera-t-elle sa soif de vengeance face aux injustices ?

« Entrer dans l’adolescence, c’est entre dans un monde fait de violence, d’humiliations et d’espoirs un peu fous. Seule, face au miroir des toilettes, elle constatait, impuissante, les marques de passages à ce nouvel âge. […] Mais Alice se tut et coupa son visage encore et encore, et descendit jusqu’au décolleté lorsque sa tortionnaire lui en donna l’ordre. […]
– Alors, le steak haché ? Tu crois que tu vas supporter le tien, de reflet, maintenant ? »Sigil Lucifer

Les personnages qui gravitent autour de Jezebel sont fascinants. Nous avons Rowan et Noé, élevés par des mères formidables. Ces deux-là sont inséparables et n’ont pas besoin de lien du sang pour s’aimer. Rowan, jeune fille discrète, introvertie et fragile nous touche, nous ensorcelle à sa manière. Nous comprenons vite qu’elle n’est pas forcément ce qu’elle prétend. Noé, lui, nous apparait plus ordinaire, et évidemment comme tous les garçons du lycée, il va tomber sous le charme de la nouvelle, avec une puissance inédite. Mais il n’est pas le seul et Jarod semble bien plus entreprenant que lui. Qui est réellement Jarod ? D’où vient-il ? Que lui vaut cette confiance en lui absolue ? Entre Noé et Jarod, la guerre se prépare alors que les filles, elles, tentent d’apprendre à se connaitre. Une seule question : qu’est-ce qui relie ces 4 adolescents ? Et surtout, que nous réserve la suite ? Car la fin du roman, raconté via Rowan nous laisse sur un suspens insoutenable… La suite promet d’être explosive, et encore je ne vous ai pas parlé de beaucoup, beaucoup de choses qui se sont passées et qu’il vous faut découvrir par vous-même.

Je termine rapidement par le style de Myra même si cela a été évoqué au travers de cet avis. Il est tout simplement addictif. Le mode de narration peut décontenancer le lecteur au départ, mais il reste immersif et contemplatif en même temps, comme si nous avions plusieurs angles de prise de vue sur la scène et cela nous la rend plus vivante, plus vibrante. Même si nous sommes dans un roman adolescent, Myra ne mâche pas ses mots ni ses pensées, n’hésite pas à utiliser les mots justes et sans pudeur s’il le faut, notamment quand on parle de la sexualité adolescente (enfin une auteure qui admet que non, les adolescents au lycée ne sont pas si prudes qu’il n’y parait). Mais en aucun cas, la vulgarité ne viendra parasiter son texte écrit d’une main de maitre, cette main qui crée un univers incroyable et lui confère une atmosphère unique, effroyable. Myra nous a ici lancé dans un monde où les bouleversements sont attendus et désormais, elle nous tient captifs, à la pointe de son stylo (ou aux touches de son ordinateur). Ce que j’admire le plus c’est l’éblouissant travail sur la psychologie des personnages tout en y mêlant aspects ésotériques et scientifiques. Bref, un immense coup de cœur, l’attente parait déjà longue.

« – Tu n’envisages tout de même pas le suicide, *****?
– Pas pour l’instant. Je veux simplement quitter ce monde qui ne me correspond pas, qui ne m’apporte que tristesse et solitude. Et ne te fatigue pas à essayer de me convaincre que la vie est belle et les gens formidables. Tout me heure ici, la cruauté et l’arrogance des hommes, même ma propre existence est une aberration, une insulte à la nature. »

Au commencent, Tome 1 de Après nous, porte parfaitement son nom puisque l’auteure nous introduit dans un univers particulièrement fouillé et pourtant si proche du nôtre. Difficile de savoir à qui faire confiance, le doute et la suspicion sont partout. Qui est bon, qui est mauvais ? En tout cas, les nombreux messages délivrés par l’auteure devraient cheminer dans l’esprit des lecteurs et nous ne pouvons plus qu’attendre la suite avec une immense impatience… En effet, Myra a jugé bon de nous laisser sur un suspens terrifiant. Tremblons, Lucifer est dans la course…

J’ai bien conscience que ce roman divise les foules au niveau des avis. Pour ma part, ce fut une claque monumentale. J’ai absolument TOUT aimé dans ce livre et le style de Myra m’a totalement convaincue. Les messages sont d’une importance capitale. Les personnages sont parfaitement construits et l’on cherche qui est bon ou qui est mauvais dans toute cette histoire. Je n’ai déjà plus qu’une hâte : lire la suite et comprendre TOUT sur ce monde perverti pas si éloigné du nôtre. Fantastique ! Je lui décerne donc 5 Sigils de Lucifer !

Pour ceux qui préfèrent les flamants rose aux Sigil ça donne :

18 réflexions sur “[Chronique] Après nous – Tome 1 : Au commencement de Myra Eljundir, la nouvelle saga Y.A. sur laquelle il faudra compter.

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Je suis tellement fan de Myra Eljundir, j’espère pouvoir très vite me mettre à ce roman ! Après un tel avis, je suis quasiment certainne de l’aimer également, d’autant plus que « Kaleb » était déjà l’un de mes plus gros coups de coeur ❤

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    • BettieRose dit :

      Ouais alors toi si ça se trouve tu vas pas aimer :p
      Non mais j’ai remarqué que nos avis divergent beaucoup des fois, c’est pour ça que je dis ça.
      Et chez les Serial Readers tout le monde n’a pas aimé. Moi c’est juste le coup de coeur, la bombe livresque !

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    • BettieRose dit :

      Merci Marlène, et encore je n’ai mis aucune des illustrations à l’intérieur. Elles sont faites façon Magic, le célèbre jeu de cartes (mais j’y connais pas grand chose). Myra a une plume sensationnelle et j’aime ce ton franc ! Bref, ce livre, c’est une bombe.

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  2. La route des lecteurs dit :

    J’ai entendu des avis négatifs, en effet. Maintenant, cela fait quelques jours que je vois également des avis positifs. Ta chronique me donne vraiment envie de laisser une chance à cette auteure et à cette histoire ! C’est décidé, je l’ajoute à ma wish-list 🙂

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