[Chronique] The Gravity of us – The Elements 4 de Brittainy C. Cherry

Publié aux éditions Hugo New Romance – Novembre 2017 – 375 pages
Traduction Marie-Christine Tricottet
Merci à Hugo New Romance pour cette lecture

Nous n’étions pas faits l’un pour l’autre…

J’obéissais à mes émotions, il était apathique. Je rêvais. Pour lui, la vie n’était qu’une succession de cauchemars. J’étais capable de pleurer, il était dépourvu de larmes.

En dépit de son coeur gelé et de ma propension à fuir, il nous arrivait de partager de brefs instants. Des instants au cours desquels nos regards se rencontraient, nous laissant entrevoir nos secrets mutuels. Des instants où le goût de mes peurs s’attardait sur ses lèvres et où le parfum de ses souffrances s’insinuait en moi. Des instants durant lesquels nous imaginions tous les deux ce que cela ferait d’être amoureux l’un de l’autre.
De bref instants où nous flottions, comme sur un petit nuage mais quand la réalité nous heurtait de plein fouet, elle nous forçait à redescendre sur terre.

Graham Russell était un homme qui ne savait pas aimer, et moi une femme qui ne savait pas non plus. Cependant, si l’occasion m’était accordée de tomber, une fois encore, je tomberais avec lui pour toujours.
Même si nous devions, inéluctablement nous écraser au sol. 

 

La saga The Elements se clôture sur ce tome, The Gravity of us. Rappelons toutefois que les personnages de chaque tome ne se croisent pas, ne se connaissent pas et que vous pouvez lire dans l’ordre souhaité ou n’en lire qu’un, bref, ce sont bien quatre histoires totalement indépendantes. J’ai eu un coup de cœur pour chacune d’entre elles. Brittainy C.Cherry a su me marquer, me bouleverser, m’arracher des larmes. Les histoires contiennent toutes leur propre dose d’émotion et de douleur, de rédemption et de bonheur. Car nos héros et héroïnes si différents et si semblables se complètent à merveille. Parce que l’amour c’est une équation bien plus complexe que A+B. Partons à la découverte de Lucy et Graham et de leur trajectoire si tourmentée.

« L’air au-dessus de ma tête, la terre sous mes pieds, le feu en moi et l’eau tout autour… »

Ce roman m’a apporté tellement d’émotions que j’ai eu besoin de recul avant de vous en parler. Si je suis certaine d’une chose, c’est que cette auteure sait comment m’atteindre en plein cœur, comment me le briser, le reconstituer et recommencer. Dans cet opus, elle parvient à allier ténèbres et lumière d’une façon si touchante et si naturelle que le lecteur ne peut qu’être embarqué. C’est une histoire d’amour entre deux personnes qui n’étaient pas faites l’un pour l’autre. Mais, qui vraisemblablement, ensemble, devenaient encore meilleurs. C’est l’histoire d’un homme qui nage dans les plus grandes profondeurs de la noirceur, qui n’a jamais été véritablement aimé et n’a jamais aimé. Un homme qui s’est construit armure sur armure et qui ne sait plus ce qu’est un sourire ou un mot gentil. Mais la jeune femme, elle, privée pourtant de l’amour d’une mère et d’une stabilité quelconque,  est si optimiste, si rayonnante qu’elle ne peut qu’éblouir l’homme trop sombre. Lucy incarne la lumière dans sa plus belle pureté, dans son éclat le plus intense. Mais sait-elle aimer réellement ?

« L’amour.
Le sentiment qui pousse les êtres à la fois à s’élever dans les airs et à s’écraser au sol. L’émotion qui embrase les humains et consume leur coeurs. L’alpha et l’oméga de chaque itinéraire, le début et la fin de chaque voyage. » 

La rencontre entre Lucy et Graham s’inscrit dans ce cadre des rencontres improbables et pourtant. Lucy est fleuriste, elle tient une boutique avec Mari, sa sœur ainée qui a survécu au cancer, mais perdu son mari, trop lâche pour rester près d’elle. Les deux femmes sont très proches et très amies. Lucy est en couple avec un artiste et se contente de ce que la vie lui apporte au quotidien, prenant chaque instant de bonheur. Ce jour-là elle doit se rendre à l’enterrement d’une grande personnalité du milieu littéraire pour y déposer des compositions. Par un malheureux concours de circonstances et sans doute aussi parce que cela fait partie de la personnalité de la jeune femme, elle se retrouve enfermée à l’extérieur du bâtiment, après une cérémonie pompeuse. Elle ne tardera pas à être rejointe par le fils du défunt, le célèbre Graham Russel. Son écrivain préféré, auteur reconnu de nombreux thrillers qui se terminent toujours mal. Grossier personnage, froid et piquant, on ne peut pas dire qu’il soit très avenant. Nous comprenons très vite qu’il détestait son père, mais que son humeur n’est pas passagère. Graham n’aime pas et ne laisse personne atteindre son cœur. Il ne veut pas être abandonné. Il est marié, mais ce n’est pas une question d’amour. Et Lucy va justement avoir un véritable choc en rencontrant la femme de l’écrivain. C’est à partir de ce moment-là que leurs destins vont se lier. Mais uniquement les trajectoires de leurs existences, pour le reste, ce sera bien plus complexe.

« Elle avait un sourire qui me rappelait mon passé, un beau sourire empli d’espoir.
L’espoir était le remède du faible pour répondre aux problèmes de la vie.
Ce que j’avais vécu dans le passé m’avait enseigné cette vérité. »

Les choses vont faire que Lucy va être amenée à beaucoup fréquenter Graham, qui a aura besoin d’aide avec sa fille. Lucy, qui donne tout ce qu’elle a et entièrement, va vraiment s’investir auprès de l’auteur bougon et parfois même cruel. Car Graham ne sait pas vivre, ne sait pas aimer et à part écrire ses romans, rien ne trouve grâce à ses yeux. Pourtant, Lucy est son rayon de soleil, on sent toute l’énergie positive qu’elle véhicule autour de lui, prenant soin d’un bébé adorable qu’elle aime de tout son cœur. Lucy ne laisse jamais tomber les autres, mais ne prend pas le temps de vraiment s’occuper d’elle pour autant. Que dire de son petit ami avec qui elle est depuis 5 ans ? Que penser des sentiments interdits qu’elle éprouve pour l’irascible Graham ?

Graham n’est pas l’homme dont vous tombez amoureuse au bout de quelques pages. Non. Je ne peux même pas vous dire que je le mets dans mes book boyfriends parce que ce n’est pas le cas. Graham n’est que parce qu’il agit avec Lucy. Sans elle, il n’est qu’une enveloppe charnelle dénuée d’âme et d’émotions. De nombreuses épreuves ont façonné l’homme séduisant et talentueux qu’il est. Mais Graham a la plus cruelle des peurs tapies dans son cœur et dans la moindre cellule de son corps : la peur de l’abandon. Celle des gens qui partent, vous laissent tomber, celle des gens qui n’honorent pas leurs promesses. Une seule personne trouve réellement grâce à ses yeux, le professeur Oliver. Ce personnage, très âgé, est le sage de l’histoire et le boute-en-train de la vie éditoriale de Graham. C’est un homme que j’ai aimé à la première seconde et qui m’a touchée, véritablement. Lui et sa famille, la thématique véhiculée au travers de cette famille, les valeurs.

« La solitude est mauvaise conseillère, dit Graham, assis sur le bord de son lit. Elle est toxique et mortelle la plupart du temps. Elle pousse les gens à croire qu’ils sont mieux lotis avec le diable lui-même qu’en restant seuls, parce que, quelque part, être seul signifie qu’on a échoué. Quelque part, être seul signifie qu’on n’est pas assez bien. Alors, le plus souvent, le poison de la solitude s’insinue en vous et vous fait croire que le moindre geste d’attention équivaut à de l’amour. »

Car oui, encore une fois, Brittainy. C. Cherry distille en douceur des valeurs majestueuses et universelles. Celles de l’amour et du respect. Du pardon et de la seconde chance. Du bonheur et des émotions. De la transmission. Des valeurs qui nous vont droit au cœur tant elles sont importantes et apaisantes. L’auteure accepte chaque personnage comme il l’est et lui donne la parole avec le même respect. Ainsi nous aurons les points de vue de Lucy et aussi de Graham. La vérité sans concessions. Les barrières et leurs cruautés. Les faiblesses et l’élévation. Très vite, mais en douceur, nous sentons que Lucy veut « aider » l’homme qui ne veut pas être aidé. La femme qui ressent tout veut se blottir contre l’homme qui ne ressent rien et redémarrer son cœur. Lucy est la seule à connaitre et comprendre le chemin du cœur de l’écrivain. Mais encore faut-il qu’il soit permis de l’emprunter…

« Chaque fois que je la voyais, j’étais un peu plus épris. »

Comme vous pouvez vous en douter, nos personnages sont en couple lorsqu’ils se rencontrent. Je voudrais juste insister sur un point important : il ne sera pas question d’adultère, l’histoire ne prend pas ce chemin-là. Elle prend la trajectoire inévitable de deux êtes qui n’étant pas faits l’un pour l’autre ne peuvent pour autant se repousser. Mais ces deux êtres sont les plus respectueux du monde à ce sujet. Vous assisterez d’ailleurs à une scène mémorable entre Graham et le petit ami de Lucy. L’auteure nous donne les moyens de comprendre leur relation, mais aussi celles qu’ils ont en se rencontrant. Elle leur apprend ce que veut dire aimer et que même si l’on pense ne plus avoir de place dans le cœur pour aimer, il y en aura toujours. Bien entendu, l’histoire de Lucy et Graham ne sera pas simple, mais déchirante et complexe. Toutefois, c’est une histoire qui nous apparait si authentique, si proche de nous que nous ne pouvons qu’aimer les choix faits ici.

« – Quand je suis près de vous, il se passe quelque chose d’étrange en moi, quelque chose qui ne m’est pas arrivé depuis très, très longtemps.
– Qu’est-ce qui se passe ?
Il prit ma main dans la sienne et la porta à sa poitrine, et les mots qui suivirent sortirent dans un murmure.
– Mon cœur recommence à battre. »

Mais au-delà de l’histoire d’amour entre deux êtres que tout oppose, de nombreux thèmes seront abordés avec justesse : la violence conjugale, l’enfance martyre, le manque d’amour, le deuil, l’amour fraternel, la trahison, la déception, la manipulation, la haine, l’amour paternel, l’homosexualité, l’adoption… Des valeurs importantes, mais jamais de leçon de morale. Non, Brittainy C. Cherry n’a pas besoin de faire la morale à qui que ce soit. Son enseignement se tire de la beauté et de la pureté de ses mots, des facettes de ses personnages et des épreuves qu’ils vivent, mais surtout de l’amour qui, jamais, ne quitte les lignes du roman. Elle s’inscrit définitivement dans mon top 3 des auteurs du genre, aux côtés de l’indétronable Colleen Hoover et de Mia Sheridan. Tout comme Lucy a trouvé le chemin vers le cœur de Graham, Brittainy a trouvé celui qui mène au mien par la beauté de ses mots, sa bonté, sa douceur et ses émotions qui m’ont, à plusieurs reprises, arraché des larmes. Magnifique, c’est évidemment un coup de cœur absolu.

« La belle jeune femme qui ressentait tout.
Ses émotions ne la rendaient pas faible.
Elles faisaient sa force au contraire. »

Quatre romans, quatre histoires d’amour et autant de coups de cœur. Si j’en doutais encore (enfin non), désormais ce n’est plus permis, Brittainy C. Cherry est une auteure que je vais continuer de suivre avec passion. Sa plume est le chemin direct vers mon cœur et mes larmes et si ses livres me font pleurer, ce n’est que mieux m’apaiser et me proposer des valeurs et des sentiments puissants. Si tous les auteurs du monde dispensaient autant de bonté, on pourrait peut-être alors réapprendre à l’humanité ce qu’implique d’aimer. Merveilleux.

« Parce que c’était ça, le truc avec les cœurs, quand on pensait qu’ils étaient totalement pleins, on s’apercevait qu’il y avait encore de la place pour un peu plus d’amour. »

Ai-je vraiment besoin d’en dire plus pour justifier ce fabuleux coup de cœur ? Ce roman a joué avec mes émotions, mon cœur, mes nerfs, mais j’en ai aimé chacun des mots, du début à la fin. Lucy est un personnage touchant comme on n’en voit que très peu, Graham nous brise le cœur par sa douleur. Le roman est une bulle temporelle, je me suis enfermée dedans et je ne pouvais plus le lâcher. Je restais accrochée à l’espoir, à l’humour, à l’amour, au pardon. Je ne peux que vous recommander de découvrir cette auteure. Et pour celles et ceux qui ont peur de scènes de sexe trop présentes, aucun risque avec celui-ci, foncez. Mention spéciale pour la traduction, c’est un beau texte bien travaillé qui nous est offert ici. 

Retrouvez mes chroniques des autres tomes

THE ELEMENTS 1 -DISPONIBLE DÉSORMAIS EN POCHE

THE ELEMENTS 2

THE ELEMENTS 3

 

30 réflexions sur “[Chronique] The Gravity of us – The Elements 4 de Brittainy C. Cherry

  1. Natieak dit :

    On peut dire qu’ils n’ont pas pris le plus moche des garçon pour la couverture ! C’est d’ailleurs le point commun de toutes ces couvertures. ^^ Par curiosité , je regarderai si je la trouve dans ma médiathèque.

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  2. Les tests de sevy dit :

    La couverture donne super envie puis on lit ton article détaillé et on en a encore plus envie lol merci pour cet article je ne connaissais absolument pas et avec ses journées froides qui arrive ce sera parfait

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  3. Steph lejournaldunefan dit :

    J’ai tellement aimé ce livre final! Et je valide tout à fait ton choix d’auteures incroyables: Brittainy C. Cherry, Colleen Hoover et Mia Sheridan. Je rajouterai quand même Penelope Ward =)

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  4. Satine's books dit :

    Tu vois, je ne suis pas forcément très fan de ce genre de lecture mais tu vends tellement bien le truc que le premier tome n’a pas volé de ses petites ailes dans ma Wish List maiiiiis dans la WL de Noël! Merci pour la découverte et cet avis qui est formidable =)

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  5. Louloutediary dit :

    Je passerai bien un petit moment avec le charmant Môsieur de la première couverture hihihi
    Bon … J’ai vu passer The gravity of us un nombre incalculable de fois sur les RS, et j’ai toujours pensé que c’était une énième saga à la 50 shades. Du coup je ne m’étais jamais attardée dessus, mais en lisant ton article, je pense (je suis même certaine) que ça pourrait me plaire !
    Je vais me les noter du coup, merci !!
    Bonne soirée
    Elsa

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  6. Girls n Nantes Eva (@GirlsnNantes) dit :

    coucou

    han mais cette couverture (ok je suis futile), bon en vérité au début de ta chronique me suis dis bof c’est pas pour moi mais la faon dont tu t’exprimes et dont tu détailles les personnages et ceci mêlé au plaisir que tu as manifestement eu à lire ce livre, ben ça me donne envie de le lire à mon tour 🙂 bravo !

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  7. Serena dit :

    Coucou,
    Ahah la couverture donne envie d’ouvrir le livre LOL On va dire que c’est une couverture vendeuse XD
    Pourquoi pas tenter cette lecture à l’occasion, ça donne envie de se plonger dans le livre vu comment tu en parles en tout cas^^
    Gros bisous à toi 🙂

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