[Chronique] Le choix d’une vie d’Alia Cardyn

Publié aux éditions Charleston – 08 novembre 2017 – 384 pages
Lu dans le cadre de la fabuleuse aventure Lectrice Charleston 2017

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« Un sujet de société contemporain traité avec brio dans un récit très documenté et déculpabilisant ! »
Aurélia Dejond – Marie Claire Belgique

« Voici mon histoire. Elle aurait pu être si différente. Sans doute est-ce le réflexe facile d’une vie mature que de revisiter ses choix, d’oser les regarder pour ce qu’ils sont, autant de pas dans toutes les directions. Pourtant, je n’avais de cesse de marcher avec un but précis. À la minute de ma naissance, alors que je prenais ma première inspiration pour pousser ce cri puissant en quête d’air et de chaleur, mon destin était déjà tracé. Une chance m’était enlevée et le chronomètre lancé. Les lumières éblouissaient mes yeux s’ouvrant sur ce monde et il me restait si peu de temps pour réaliser mon rêve. »

L’épouse d’Archibald a disparu.
Mary s’interroge sur son désir d’enfant.
L’assurance du beau Jack est sur le point de vaciller.
Et la très discrète Adélaïde aura bientôt plus d’un secret.

Ils ont tous un point commun. Oseront-ils faire ce choix qui changera leur destin ?

« J’ai lu beaucoup de livres et j’en lirai encore beaucoup. Mais celui d’Alia Cardyn a marqué une page de mon âme, son histoire forte et intensément belle m’a séduite. Un roman lumineux. »
Nicky Depasse – Elle Belgique

Le choix d’une vie fut pour moi la découverte de la plume d’Alia Cardyn bien que j’ai entendu parler de son précédent roman. Pour moi, ce roman constituait un peu un challenge, puisqu’il évoque principalement la maternité, le désir d’être mère. Or, je suis ce qu’on appelle childfree, c’est-à-dire que j’ai fait le choix de ne pas être mère, ni maintenant ni demain. Toutefois, si dans votre existence vous avez connu des femmes qui doivent se battre pour enfanter (ce qui est mon cas), alors il est évident que ce roman ne peut que percuter, accrocher, émouvoir. De même, il sera précieux à toutes les mères qui ont peur, au quotidien et sous la pression sociale, de ne pas être à la hauteur des exigences, de ne pas faire ce qu’il faut, de ne pas être une bonne mère.
Alia Cardyn dispose d’un atout non négligeable, celui d’une plume qui happe son lecteur immédiatement.

Quand j’ai commencé ce roman, il me fut difficile de le lâcher. Je désirais appréhender les choix de notre jeune femme et l’impact réel sur sa vie. Comprendre ce que veulent dire maternité et préoccupations d’une vie. Toucher du doigt ce que c’est que d’élever un enfant seul. Et puis aussi, me rapprocher du thème de la procréation médicale assistée. La maternité, son désir, son accessibilité y sont abordés d’une manière juste et touchante. L’auteure nous offre une réelle réflexion sur la culpabilité ressentie par les mères, qui ont toujours l’impression de ne pas faire assez. Mais aussi sur celles qui ne sont pas en mesure de concevoir leur enfant naturellement, pour une raison ou une autre. Elle nous expose de nombreuses situations liées à la maternité et déculpabilise avec une lumière incroyable. Pour les lecteurs qui n’ont jamais vécu les difficultés liées à la conception d’un enfant, le roman se fait alors particulièrement instructif, sans, bien entendu, verser dans le documentaire fiction. C’est un parcours rude qu’a choisi de nous conter l’auteur, mais elle relève le challenge avec brio.

Dans son récit, Alia nous fait rencontrer différents personnages qui suivent tous un chemin de vie différent, et pourtant, leurs existences ne cessent de se croiser. Au-delà de l’histoire de Mary, cette jeune femme qui doit faire le choix d’une vie, nous suivons Jack, jeune homme ambitieux et talentueux, Archibald, jardinier accablé de tristesse depuis que sa femme est partie, mais aussi notre secrétaire médicale, qui a toujours un petit mot pour les autres. Chacun de ces personnages souffre de solitude, manque d’amour. Ils ignorent qu’en se croisant, se côtoyant parfois sans le savoir, un réseau de liens solides se met en place.
Divisé en plusieurs parties, le roman devient vite totalement addictif et la plume si belle qu’elle nous immerge dans nombre de problématiques sensibles et nous fait nous poser des questions existentielles. Nous prenons plaisir à découvrir la vie de chaque personnage, avec ses émotions et ses secrets, ses souvenirs et plaies. Tous sont différents, mais touchants, et nous n’espérons qu’une chose : que le lien se fasse entre tous, car oui, qu’est-ce qui peut bien relier ces personnages si peu assortis ? J’avoue avoir ressenti des émotions intenses, profondes et beaucoup de compassion quant à l’histoire d’Archibald. Ce personnage ne peut que nous donner envie de l’aimer même si ses choix de vie et de culpabilisation nous rendent tristes pour lui. Jack sera le personnage solaire au milieu de tout cela, même s’il va, lui aussi subir des épreuves très difficiles, mais importantes pour évoluer. Quant à notre adorable secrétaire, Adélaïde, ne nous fions pas à sa timidité, angoisse ou encore pudeur, elle a beaucoup à donner, en particulier son cœur et son amour ainsi qu’une belle dose d’espoir, de magie…

Au cœur de tout cela, la culpabilisation des mères ou la course à la perfection. C’est ce qui hante Mary, qui pense ne pouvoir jamais être une assez bonne mère et qui s’en veut alors de ne pouvoir offrir un père à sa fille. Bien entendu, l’histoire d’Alia n’aurait pu être complète si l’enfant n’était prise en compte. Dans la mesure où notre récit se déroule sur une vingtaine d’années, nous verrons cette enfant grandir et se poser des questions sur son père. Comment répondre ? Mary choisira la franchise, mais toujours gardera la boule au ventre, de peur que sa fille lui en veuille. Qu’elle cesse de l’aimer. Je n’ai pu m’empêcher de penser à ces « super mamans » d’internet qui exposent leur prétendue perfection à la face du monde et font culpabiliser de nombreuses femmes, spectatrices de leur « succès » dans leur maternité. Mais existe-t-il une recette miracle si ce n’est l’amour ? Bien entendu ici, nous irons aussi dans tous les mécanismes relatifs à la PMA, avec une enfant qui voudra savoir, plus que tout. Chaque personnage apportera sa lumière, son expérience de vie, son aide.

Mary fera des choix, des bons comme des mauvais, mais, quoi qu’il en soit, ces derniers n’ont d’autre but que de la conduire à son destin, son avenir et celui de son enfant. Nous passerons aussi par d’autres thèmes très difficiles avec nos autres personnages, mais cela, je vous laisse le découvrir par vous-même. C’est un roman parfois triste, mais qui fait du bien. À offrir à toutes les mamans du monde. À celles qui ont décidé de faire un enfant seules. À ceux qui se sentent trop seuls et se refusent le bonheur comme pénitence. Vous ressortez de cette histoire profondément émus, touchés par la douceur et la chaleur d’une plume faite pour conter des existences et des destins. Il se pourrait même que les larmes viennent envahir vos yeux face à un final de toute beauté !

Le choix d’une vie est un très beau roman, porté par une plume élégante et vibrante. Nous y suivons le parcours d’une femme qui est confrontée à un choix crucial pour le reste de son existence, mais aussi les personnages tournant autour d’elles. Empreint d’un grand réalisme, le récit évoque les difficultés de la maternité et les questions à jamais sans réponse. Mais la beauté des sentiments ne constitue-t-elle pas une réponse à elle toute seule ?

J’ai passé un excellent moment dans l’univers créée par Alia Cardyn. Conteuse née, elle a totalement réussi à me faire plonger dans l’histoire, vivant les émotions liées à l’introspection de notre jeune héroïne. Le désir de maternité, la pression de la société à ce sujet, trouver le bon partenaire ou avoir un enfant seul, ce sont des problématiques désormais universelles et intemporelles. Étant child free, je ne pensais pas accrocher plus que cela à ce récit. J’ai eu bien tort ! L’injustice nous émeut, les difficultés nous rappellent forcément le parcours d’un proche ou d’une connaissance… Puis la quête d’identité de l’enfant est si forte qu’elle en est bouleversante. Chacun des personnages nous touche à sa façon, avec son histoire, ses secrets, ses plaies et nous éprouvons une bouffée d’amour pour tout ce petit monde, dont les liens sont plus forts qu’on ne pourrait le penser. Une lecture vraiment belle, des personnages intègres, mais pas parfaits, bref, un récit dont le goût d’authenticité nous reste en bouche comme la plus délicieuse des sucreries…

14 réflexions sur “[Chronique] Le choix d’une vie d’Alia Cardyn

  1. Julie Juz dit :

    Je suis en train de le lire, donc j’ai lu ta chronique sans trop m’y plonger, pour ne pas me faire dévoiler des éléments que je n’aurais pas encore découverts ! Mais j’avais lu Une vie à t’attendre (son premier roman) également, et la plume d’Alia est assez efficace ! 🙂

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  2. prettyrosemary dit :

    C’est marrant, je suis entrée dans ce roman avec un sentiment un peu semblable au tien, me sentant peu concernée par le sujet, mais on ne peut s’empêcher d’être touchée par la plume d’Alia Cardyn et par la délicatesse avec laquelle elle évoque ce sujet. Pour moi on était entre le roman et un livre de développement personnel hyper doux. ❤

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