[Chronique] Mirror, Mirror de Cara Delevingne (et Rowan Coleman)

Publié aux éditions Hachette- 4 octobre 2017 – 356 pages
Merci à Netgalley et Hachette pour cette lecture

Peut-être que je ne suis pas aussi réglo que je le croyais.
Peut-être que je suis vraiment un monstre.

Red a une mère alcoolique et un père absent.
Le frère de Leo l’entraîne sur une pente sombre et violente.
Rose se réfugie dans les bras des garçons et dans l’alcool pour noyer ses mauvais souvenirs.
Naomi fugue à la recherche d’une liberté qui lui échappe.
Ils sont seuls contre le monde… Jusqu’au jour où ils se réunissent pour former un groupe. Avec Mirror, Mirror, ils peuvent enfin être eux-mêmes.

C’est alors que Naomi disparaît. On la retrouve des semaines plus tard, au bord de la mort, dans la Tamise. La police pense à une tentative de suicide. Ses amis sont dévastés. Comment ont-ils pu ne pas remarquer qu’elle allait si mal  ? Connaissaient-ils vraiment Naomi  ? Se connaissent-ils vraiment  ?
Bientôt, une série d’indices sème le doute. La réponse n’est peut-être pas celle que l’on croit. Sur le chemin de la vérité, Red, Leo et Rose devront affronter leurs propres peurs et leurs propres secrets. À présent, rien ne sera jamais plus pareil  : nul ne peut réparer un miroir brisé.

Beaucoup d’entre vous l’ont remarqué, le nom de la coauteure n’a que peu de place sur la couverture. J’ai pourtant décidé de la créditer dans le titre. J’ignore la dose de travail fournie par chacune, et j’ignore tout des accords commerciaux, de la stratégie marketing, etc. Je ne rentrerai pas dans le débat de la popularité de l’auteure primant sur la coauteure, car, je manque d’éléments tangibles pour me forger ma propre opinion. N’oublions pas de respecter les gens et de s’informer avant de crier au scandale. (Il est évident que si j’apprends que Rowan Coleman a écrit 80% du livre, je vais être en colère pour elle, soyons clairs). Bien, Cara, c’est la it-girl depuis des années. Je n’ai jamais figuré au rang de ses admiratrices, mais en tant que mannequin et égérie de beaucoup de marques de beauté, elle a rythmé mon quotidien de conseillère en parfumerie pendant un grand moment. Les femmes voulaient un make-up à la Cara, des astuces pour avoir une aussi jolie bouche et des sourcils autant travaillés tout en paraissant ultra naturels. Donc, j’ai appris à la connaître, ou du moins son physique. Toutefois, quand le roman est sorti, il m’a intrigué. Mannequin, actrice et désormais écrivaine, pourquoi pas ? Qu’est-ce qui l’empêcherait d’écrire après tout ? Comme vous le savez, j’aime découvrir et juger par moi-même. À l’instar de Paranoïa, écrit par la blogueuse Melissa Bellevigne (Golden Wendy), je me suis dit que notre autre activité ne devrait jamais fournir d’arguments envers notre roman. Et pour ce qui est du livre de Melissa, j’avais adoré. Malheureusement, Cara, je m’excuse, mais Mirror, Mirror fait partie de ces déceptions un peu amères. Sans doute la communication a-t-elle été trop virulente sur ce titre, qui à mon sens ne le méritait pas. S’il contient des messages intéressants, ces derniers ne suffiront pas à relever le niveau d’un livre plutôt moyen.

Mirror, Mirror est un roman d’amitié tout à fait contemporaine et qui va nous entrainer dans les grands huit émotionnels si typiques de l’adolescence tout en y mêlant un drame. Habillement, l’auteure va se service de l’errance de ses personnages et de leur inquiétude pour leur amie Nai (Naomi) pour aborder de nombreuses thématiques importantes de l’âge dit ingrat. Nous allons donc suivre Red, qui va nous entrainer dans cette folle histoire de disparition. Red, surnom lié à la couleur de ses cheveux, n’a jamais été populaire, mais depuis que le groupe de musique du lycée cartonne, les choses ont un peu changé. Avec Rose au chant, Naomi à la basse (et qui déchire à priori), Leo à la guitare et Red à la batterie, le groupe enchaine les compositions talentueuses et les succès. Pourtant tous le savent, après le lycée, la musique, ou plutôt le groupe sera derrière eux, ils n’en vivront pas. Il faut dire que certains d’entre eux ont une vie bien compliquée : Leo frémit de peur à l’approche de la libération de prison de son frère, qui au-delà d’être un délinquant nous apparaitra aussi sous la forme d’un véritable taré; Rose reste très secrète sur sa vie, mais elle ne semble pas être compliquée, mis à part un secret traumatisant dont elle ne parle à personne; Red affronte un quotidien sinistre à s’occuper de sa petite sœur, pendant que son père, toujours absent, est en train de se faire sa maitresse et que sa mère s’oublie dans l’alcool. Et puis Naomi. Qui, sous ses airs de gothique lolita vient de disparaitre de la circulation, sans un mot. Où est-elle partie, elle qui semblait si heureuse ? Que cache-t-elle ? Les adolescents ne vont pas vraiment avoir d’autre choix que de se battre pour sauver leur amie, car ils en sont convaincus, elle n’a pas fugué. Quand cette dernière est retrouvée dans un sale état et sans certitude de se réveiller un jour, tout s’accélère et la bande enquête.

Au travers de l’enquête pour retrouver celui qui a pu faire du mal à leur camarade, les adolescents du groupe Mirror, Mirror, qui sont amis sans rien avoir en commun à l’origine, vont devoir abaisser les barrières et dévoiler certains de leurs secrets. C’est sans doute en cela que le roman fut comparé à Nous les menteurs, mais honnêtement, je ne vois pas vraiment le rapport. Si un twist inattendu vient cueillir le lecteur au beau milieu de sa lecture, il ne sera malheureusement pas suffisant pour faire de l’ensemble un élément palpitant (surtout quand certains journaux le dévoilent…). Vu que nous suivons Red, ce personnage va devenir notre référence, et comme je l’ai dit, chacun a ses secrets. Le beau Leo, qui a un succès incroyable avec les filles en a un aussi, en revanche, tout le monde connait son frère et le redoute, ce qui ne rend pas les choses faciles pour lui et son avenir. Et puis, rodant sans cesse autour des adolescents, leur professeur, celui qui leur a fait former le groupe. Un homme omniprésent et particulièrement bienveillant en qui tous ont confiance. Bien entendu, nous rencontrerons aussi la famille de Naomi qui a des parents extraordinaires et adorables ainsi que sa grande sœur, l’indéchiffrable Ash. Ash, ou plutôt Ashira, deviendra un personnage clé de l’enquête et s’associera avec Red pour résoudre le mystère de la disparition de sa sœur.

Les thèmes de l’adolescence sont abordés avec justesse, mais parfois bien trop survolés. Attendez-vous à les retrouver tous condensés dans un ouvrage, mais sans forcément de justification pour le reste de l’histoire. J’ai eu du mal à me faire au style de ce roman, j’ai même cru que je n’y arriverai pas. Le vocabulaire me semblait bien médiocre et rien ne m’accrochait. Je trouvais qu’on tournait bien trop en rond autour de Red et j’avais hâte qu’on décolle un peu plus. Toutefois, dès que le tout se met en branle, c’est la course aux indices et aux réponses. Et là, j’y ai décelé beaucoup trop de facilités et de raccourcis. Si l’ensemble nous permet de nous promener dans Londres, ville ô combien agréable, la logique de l’intrigue m’a parfois bien échappée. De même, les personnages restent pour certains, inaccessibles. On ne comprend pas toujours les réactions de chacun. Les parents de Red sont aussi, selon moi, caricaturaux et prennent des décisions miracles bien trop facilement. Red a de lourdes responsabilités, mais sa petite sœur nous fera sourire. Quant à l’enquête sur l’agresseur de Naomi, j’ai senti le coup venir dès le début. Alors pas dans les détails sordides choisis ici, mais sur l’identité principale. Rien de surprenant. J’ai aussi été un peu choquée de la réaction des médecins qui m’a semblé caricaturale également.

Mirror, Mirror se débrouille pour aborder des sujets pertinents, mais le fond est plat et finalement nous ne retenons rien de bien intéressant de ce roman. On frise l’ennui pour ensuite partir dans une course contre la montre, et l’amitié y est toutefois touchante. Mais tout le reste est trop facile, parfois tiré par les cheveux. Dommage, il y avait un excellent potentiel dans cette histoire, mais un peu plus de psychologie aurait été intéressant. Quant à la fin, façon happy end, on s’en serait passé. Certes, la force du roman se trouve en ses personnages, ces adolescents particulièrement ambigus et sombres, mais qui, grâce à leurs liens amicaux, s’illuminent et se révèlent capable de tout. Il leur restera à continuer leur combat pour la construction identitaire et à préserver une amitié atypique, mais sincèrement forte. À mon avis, à l’avenir, certains apprendront à ne pas garder leurs secrets. Notons enfin la plume, à qui l’attribuer, je l’ignore, mais celle-ci est déconcertante et comme je le disais j’ai failli abandonner. Mais, comme je sais parfaitement que je suis plus âgée que le public visé, j’ai pris le temps de m’y adapter. L’emploi du langage jeune est omniprésent, parfois cru, brut, adolescent. Une fois que l’on s’y fait, le livre devient plus évident à parcourir et même s’il ne m’a pas vraiment convaincue, avouons que quand ça finit par prendre, nous avons du mal à en décrocher, voulant à tout prix aller jusqu’au bout de l’histoire.

Mirror, Mirror n’est pas à la hauteur du battage médiatique qu’on en fait. Se baser sur la popularité de l’auteure n’aura pas suffi à faire de ce roman une expérience inoubliable. L’histoire est sympathique, la bande d’amis aussi et le quotidien londonien bien agréable à parcourir, mais tout manque de profondeur et parfois de crédibilité. Dommage, le potentiel de départ était plutôt fort. De plus, il faut être patient avant de voir le tout vraiment démarrer et nous entrainer enfin sur les fameux grands huit émotionnels de l’adolescence. À retenir comme sympathique roman d’amitié.

C’est un livre qui possède un potentiel riche et qui permettra très certainement aux adolescents d’y trouver des thèmes intéressants. Dommage, à trop vouloir en traiter de différents, sous le prétexte de montrer à chaque ado qu’il faut s’aimer comme on est, tous restent flous, pas suffisamment creusés. Heureusement, le personnage de Red nous apportera un regard assez pertinent sur les liens, l’amitié et les secrets et incarnera parfaitement cette période clé et difficile qu’est l’adolescence. Saluons le twist que je n’ai pas vu venir (toutefois mieux utilisé dans un autre roman que je ne vais pas citer, car d’une part la comparaison est hasardeuse, d’autre part il s’agirait d’un énorme spoiler), mais pour le reste, c’était plutôt prévisible et trop de coïncidences ou de hasards finissent par nuire à une histoire qui aurait pu être bien plus passionnante. Pour moi, ce livre fut trop mis en avant, bien trop sous les feux des projecteurs alors que son auteure bénéficie déjà d’une énorme médiatisation à travers le monde. Cela se fait sans doute au détriment d’autres petits bijoux. (Par exemple, même si je n’ai pas eu de coup de cœur pour Mes hauts, mes bats et mes coups de cœur en série, il abordait selon moi beaucoup plus en profondeur les émois adolescents). Enfin, l’ensemble se lit vite et facilement et nous passons un bon moment en dépit des défauts cités.

35 réflexions sur “[Chronique] Mirror, Mirror de Cara Delevingne (et Rowan Coleman)

  1. lire à la folie dit :

    C’est vrai que l’agresseur de Naomi, tu le grilles à l’instant où il apparait. C’est dommage. Le twist du milieu m’a aussi plus, mais je te rejoint sur tes critiques. De bonnes idées, un bon moment, mais pas non plus faramineux, avec des maladresses.
    J’ai autant de bons points de de points négatifs à soulever pour ce roman, dommage!

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  2. LittleGirly dit :

    Je suis totalement d’accord avec toi, tu analyses tellement bien les romans 🙂 Personnellement, j’en attendais vraiment rien de ce roman, c’est peut-être pour cette raison que j’ai un avis un peu plus positif. Néanmoins, comme toi, j’ai vu venir « l’identité » du coupable, c’était tellement évident…Pour l’autre twist, si c’est à quoi je pense, je suis passée à côté je crois…C’est Emilie qui me l’a fait remarquée ^^

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    • BettieRose dit :

      Merci 🙂
      C’est dommage hein de sentir à plein nez ce coupable, tellement gros comme fil ! Je me suis sentie un peu prise pour une neuneu ^^
      Je pense que oui le twist c’est concernant notre personnage principal ^^

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  3. Steph lejournaldunefan dit :

    Malheureusement, je ne suis pas tentée. Non pas que je n’estime pas Cara capable! Au contraire, je refuse de cataloguer quelqu’un et de le coincer dans une seule case. Mais le fait qu’il y ait 2 auteures dont la plus connue soit mise énormément en avant, ça me gêne. J’ai l’impression qu’on tente de me flouer!

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    • BettieRose dit :

      Pareil, je refuse d’étiqueter les gens. On peut être mannequin ET auteure, blogueur ET auteur… Mais je suis d’accord avec toi pour la mise en avant. Je vais essayer de demander pourquoi ce nom est bien secondaire…

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  4. pepparshoes dit :

    J’étais attirée mais après avoir lu ta chronique c’est passé ^^ Ce serait passé de toute facon probablement mais si tu avais criée au Chef d’oeuvre, je m’y serais certainement intéressée plus intensément. Merci pour cet avis très construit !

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  5. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Pour tout te dire, voir qu’elle avait écrit un roman m’a légèrement hérissé le poil, j’ai l’impression que c’est devenu une mode et ça m’agace prodigieusement lol Je ne suis vraiment pas sûre de le lire, je ne sais vraiment pas si je serai objective en fait…

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    • BettieRose dit :

      Je pense qu’il y a l’effet de mode et l’effet marketing.
      J’aime les publications Hachette de manière générale et je trouve cela bien qu’ils aient choisi ce livre si la popularité de Cara aide un peu les jeunes. Mais tout est tellement effleuré qu’on ne sait dire si vraiment on va y trouver un quelque chose qui force à s’accepter comme on est.

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  6. theblondmane dit :

    Merci pour ton avis, j’ai appris qu’elle avait sorti son livre seulement y’a 3/4 jours, j’étais plutôt surprise! Ton avis était très intéressant et constructif. Je pense ne pas lire ce livre car pour moi c’est le genre de scénario vu et revu, peut-être même un peu lassant. Je ne craquerai pas pour cette fois ahah!
    bisous

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    • BettieRose dit :

      Alors il y a eu beaucoup de médiatisation à l’annonce de la parution, puis avec l’été, cela s’est un peu tassé mais retour en force juste avant la sortie.
      C’est dommage, vu sa notoriété elle aurait pu faire un vrai message porteur de valeurs pertinente et pas juste effleurées…

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