[Chronique] Aux livres exquis de Fanny Vandermeersch

Publié aux éditions Charleston – Octobre 2017 – 192 pages
Lu dans le cadre de la formidable expérience Lectrice Charleston 2017

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Chloé n’aime pas la routine. Mère d’un enfant, mariée à un homme qu’elle ne voit jamais, elle refuse de rester la gentille femme au foyer qui attend son mari. Quand elle lit dans le journal qu’un café littéraire, Aux Livres Exquis, cherche une serveuse en CDD, c’est le rêve. Or, si elle s’entend à merveille avec le comptable, les débuts sont difficiles avec le patron, David. Et quand elle découvre son portrait dessiné à plusieurs reprises dans le carnet d’une cliente mystérieuse qui s’est volatilisée, elle comprend qu’elle arrive à un tournant de sa vie.

Entre muffins brûlés, énigmes, crises de larmes, de rire, voyage au Maroc, révélations sur le décès de sa mère et découverte de ses origines, la vie de Chloé ne sera plus la même.

Il ne m’arrive que rarement de faire des chroniques négatives d’un roman, car je tente toujours de trouver ce qui ressort de positif. Bien entendu, Aux livres exquis a de très bons atouts, mais souffre d’un trop grand nombre de clichés et de lourdeurs, quel dommage. Je suis d’autant plus triste de ne pas avoir su apprécier ce roman, puisque j’ai déjà eu l’occasion d’échanger avec son auteure (et que j’avais même acheté la version alors autoéditée du roman). Ainsi, Fanny, toutes mes excuses, je ne remets absolument pas ton talent en cause, c’est juste que ce n’était finalement ni pour moi, ni le bon moment. Ce qui ne m’empêchera pas de le recommander aux amateurs du genre.

L’histoire de base nous séduit forcément. Nous rencontrons une mère de deux enfants, Chloé, qui vit avec un homme détestable qui fut jadis l’homme de sa vie, mais devient peu à peu un inconnu. Lasse de son quotidien de femme au foyer et dans l’espoir de raviver la flamme avec son mari qui ne cesse de fuir et de découcher, elle prend une décision. Elle décide alors de retourner à la vie active, et se fait embaucher dans un café littéraire Aux livres exquis. Amatrice de lecture, cet emploi ne pouvait que la séduire. De plus, le café semble fort sympathique avec une équipe accueillante, quoi que pas tous, et Chloé s’y sent de suite bien. Ce qu’elle ignore, c’est que cette mission va venir bouleverser toute sa vie, lui permettant de se reconstruire sur bien des points et d’avancer. Toujours soutenue par ses amies, toujours une bonne maman que possible, Chloé tente de conjuguer ses nouvelles activités. Ce qui n’est pas forcément du goût du désagréable mari qu’elle traine comme un boulet et qui, de plus est, ne la respecte jamais, la rabaissant à un statut primitif de femme. Macho et totalement à l’ouest, le lecteur ne peut que le détester. Chloé, elle, est sympathique et nous voyons qu’elle veut y croire. Mais j’ai trouvé parfois ses réactions trop vives, trop faciles, trop évidentes.

Si cela semble fortement agréable, on tombe très vite dans le caricatural pour les personnages et les intrigues, il y a beaucoup trop de facilités et de coups de sort. De même, le couple de notre héroïne ne m’a pas du tout convaincu. Certes, il n’y a pas d’amour, mais l’homme est tout simplement ultra caricatural, du genre qui réunit tous les défauts de l’espèce humaine. La réaction de Chloé face à son mari ne m’a pas convaincue non plus, j’ai trouvé les choses beaucoup trop simples et lui, apparait comme un sombre crétin doublé d’un idiot. J’avoue que j’aurais apprécié un traitement un peu différent de ce couple, même si son mec est un crétin, j’aurais voulu qu’elle soit plus incisive avec lui encore et qu’il ne soit pas aussi débile. Malheureusement, je sais bien que ce genre d’hommes existe, c’est déplorable. À trop cumuler le cliché et les frasques de couples, j’ai fini par me lasser de l’histoire et à souffler quand le mari entrait en scène.

Au café, Chloé va rencontrer le sympathique comptable, et là forcément… il est gay et super friendly. Nouveau cliché, mais bon ça passe encore, nous sommes dans un feelgood et ce charmant personnage n’en fait pas trop. C’est, au contraire, un personnage que nous apprécierons très facilement, tant il est souriant et positif, aimant et plein d’empathie. Il ne juge pas, mais tend la main, et fait de son mieux pour mener la barque qu’est Aux livres exquis. Le patron en revanche, c’est une autre histoire. L’entretien d’embauche absolument pas crédible donne le ton. Des scènes ridicules viennent ponctuer le tout et, personnellement, je n’ai pas réussi à en rire, j’ai trouvé cela « too much ». Dommage. Mais surtout, nous retombons sur un nouveau cliché, celui de l’homme ronchon/aigri/démoli (rayez la mention inutile) parce que sa femme est morte… Je respecte parfaitement le deuil et son processus, mais et c’est là que ça coince, un changement bien trop soudain et des explications bien trop vives surgissent de nulle part. Enfin si, d’une phrase de son frère, et voilà que l’acariâtre redevient gentil et… particulièrement entreprenant. Quelle rapide évolution, je n’ai pas su la comprendre. Je ne dis pas que c’est grotesque, car après tout, chacun a sa manière de porter son deuil et de se relever, mais vraiment cela ne m’a pas convaincue.

Mais enfin, je crois que ce qui m’a paru le plus incongru c’est l’histoire du carnet et de la mystérieuse femme, bien trop rocambolesque et trop facile. En un rien de temps, ils découvrent l’énigme du carnet, presque par magie, et s’envolent pour 24 h au Maroc pendant que la personne en question les attend au même endroit chaque jour qui passe. Si l’émotion est au rendez-vous pour Chloé, le lecteur, lui, n’en profitera guère et se demandera comment tout cela est arrivé. Comment tout peut être aussi facile? Oui, oui, je sais, on ne se prend pas la tête c’est du feel-good. Mais voyez-vous, même avec le recul, je ne suis pas convaincue. Et ce, même si le roman est globalement sympathique et mérite tout à fait d’être publié. Alors oui, le roman reste super agréable à lire, se lit même très vite, c’est feel-good et ça donne le sourire. Mais il y a trop de lourdeurs (vocabulaire répétitif comme « Si ça tombe ») par exemple, trop de clichés, trop de facilités qui conduisent au dénouement dont on se doute de toute façon. Encore une fois, je respecte le travail de l’auteure et cela me peine de devoir vous dire tout cela, mais je ne vais pas mentir sur mon ressenti ni zapper cette chronique. Pourquoi ? Parce que je suis persuadée que ce livre a son public, mais que je suis passée à côté ou que je l’ai lu au mauvais moment ou peut-être avec les mauvaises attentes. Je pensais vraiment plonger plus dans le quotidien et l’ambiance du café littéraire, à la rencontre de clients, de livres et de secrets, mais ce ne fut pas tout à fait le cas. Je recommande toutefois cette lecture pour passer un moment zen et se vider la tête car en dehors des points négatifs, ne nions pas que la plume est agréable et entrainante, que son rythme est soutenu et entrainant. Dommage de ne pas nous avoir immergés un peu plus dans ce café littéraire, j’aurais vraiment aimé en savoir plus sur les habitués et gourmandises préférées, l’ambiance générale que j’ai trouvée trop survolée. Eh oui, je me voyais déjà attablée dans le café avec un thé et un bon livre, observant les habitudes de chacun et décrochant les sourires de l’équipe si pétillante. Je regrette vraiment de ne pas avoir pu plonger plus dans ce roman et de n’avoir rien ressenti pour ce qui est de la romance.

Dommage, le roman n’aura pas su me convaincre et je suis restée à côté. L’idée de départ m’emballait, mais son développement m’a déçue. Toutefois, c’est frais, cela met du baume au cœur et nous entraine à la rencontre de personnages touchants et certains amusants. Un feel-good à dévorer en cas de coup de blues, je regrette que le café littéraire ne soit qu’en arrière plan.

Aux livres exquis, incarne le livre feel-good au dénouement heureux par excellence. S’il n’est pas très « profond », nous passons de bons moments et certains personnages sont drôles et l’ensemble est intelligent. Dommage que le tout soit entaché par des clichés et un style parfois redondant. La caricature n’assure pas l’humour et vient rendre certaines scènes peu crédibles. L’idée de départ était intéressante, mais tout va beaucoup trop vite par la suite et nous n’avons pas le temps de nous attacher aux personnages. En fait, même si je n’ai pas su apprécier ce roman, je pense que des pages en plus m’auraient permises de m’y accrocher un peu plus. J’en ferai toutefois une relecture à une autre période, dans un autre état d’esprit, car je suis convaincue du potentiel de Fanny.

Edit du 09/10/2017 : vous le savez, je ne reviens pas sur mes avis généralement, et je ne vais pas le faire ici. Cependant, je tenais à ajouter une information qui pourrait avoir toute son importance quant à l’appréciation de ce roman. Nous, Lectrices Charleston avions reçu le manuscrit le 10 juillet. Oui, ça remonte. Ce que nous ignorions alors c’est que le texte a, depuis, été retravaillé avec l’éditrice pour permettre d’enlever certains points. Alors, actuellement, je n’ai pas le temps de le relire, mais peut-être qu’en étant retravaillé, le texte vous séduira plus que la version que nous avions reçue.

 

23 réflexions sur “[Chronique] Aux livres exquis de Fanny Vandermeersch

  1. Xiouxiou dit :

    Je l’ai acheté il y a quelques mois dans sa version auto-éditée, et je pensais même le lire ce mois-ci pour valider un de mes challenges, mais bon comme j’ai trouvé un autre livre qui me tentait plus, je l’ai repoussé à plus tard. Mais j’avoue que ta chronique ne me donne pas spécialement envie de me jeter dessus ^^ Bon après comme je le possède, je le lirai certainement un jour, mais ce ne sera pas pour tout de suite je pense 🙂

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    • BettieRose dit :

      Du coup j’avais aussi la version auto-éditée, mais j’ai lu le manuscrit. Là, on vient de nous apprendre que le texte a été retravaillé. Alors la version définitive qui vient de sortir est sans doute mieux que celle qu’on a lu 🙂

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        • BettieRose dit :

          J’ai reçu hier la version papier, je vais le faire lire par ma mère et elle en fera sûrement une chronique sur son tout nouveau blog.
          Dommage en effet qu’on est pas eu la version définitive, car comme tu t’en doutes, on se base sur la ligne éditoriale lors d’une année de Lectrice Charleston. Enfin, comme je l’ai dit : il a son public et je crois en toi 🙂

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  2. pepparshoes dit :

    Je suis d’accord Avec ton avis dans sa totalité, et moi aussi je suis un peu triste, parce qu’il avait vraiment du potentiel. Bon, moi c’est le genre qui ne me botte absolument pas. En général, quand je vois feel-good ou chick-lit je sélectionne de facon hyper difficile, ou alors je prends mes jambes a mon cou ^^ Mais je le relirai peut-être a un Moment où j’aurai plus le temps, et la Motivation 🙂

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