[Chronique] L’empire de sable de Kayla Olson

Publié aux éditions Collection R – 21 Septembre 2017 – 486 pages
Merci à la CollectionR pour cette lecture 

Comment survivre quand il n’y a plus d’espoir ?
Il suffit d’un grain de sable pour faire s’écrouler un empire. 
Une page s’est tournée dans l’histoire de l’humanité depuis que les dérèglements climatiques ont rendu la plus grande partie du globe inhabitable. Puis a eu lieu la révolution orchestrée par les Loups, un puissant groupe armé. Ce jour-là, ils ont pris le pouvoir. Ce jour-là, ils ont tout pris à Eden, qui n’a rien vu venir. La voilà désormais détenue dans un camp de travail sous haute sécurité.
Son seul espoir ? Gagner l’île de Sanctuary dont lui a parlé son père, le dernier territoire encore neutre. Mais quand Eden parvient finalement à y accoster avec d’autres évadés, l’île se révèle encore plus dangereuse que leur précédente prison..

« À la croisée du Labyrinthe et de la série Lost, cette dystopie vous réserve rebondissements et coups de théâtre jusqu’à la toute dernière page ! » Beth Revis, auteur de la série best-seller Au-delà des étoiles.
La dystopie écologique qui a conquis Leonardo Dicaprio, bientôt adaptée au cinéma.

Je préfère vous prévenir de suite, si vous ne m’avez pas vu crier mon enthousiasme sur les réseaux sociaux, mais ce roman fut un véritable coup de cœur ! Cela faisait bien longtemps qu’une dystopie ne m’avait pas autant plu, embarquée. C’est une petite pépite, doublée d’un diamant brut, avec des personnages modelés et déterminés, construits et fascinants. Quant à la plume de l’auteur, elle est tout simplement prodigieuse, d’une beauté surprenante sans jamais verser dans une élégance trop stricte. Mais nous allons voir cela tout en détail. Blasés des dystopies ? Vous pourriez aimer celle-ci ! Envie de découvrir une dystopie ? L’empire de sable est pour vous ! Vous souhaitez lire un roman post-apocalyptique traitant de l’écologie et des actions humaines ? Prenez ce roman de Kayla Olson. Commençons déjà par admirer l’objet-livre. C’est peut-être un détail, mais la couverture glacée fait ressortir l’illustration et les pages sont super douces. Bon, bien évidemment, vous n’aurez pas une odeur de vieux livre, mais bien de livre tout frais sorti de l’imprimerie.

Bon j’ai tenté une mini expérience vidéo, totalement à l’arrache mais je pense en refaire plus qualitatives à l’avenir. D’ailleurs, ce serait en complément de mon projet booktube.

« Quand les Loups nous ont volé nos océans, nos plages, notre liberté, notre joie de vivre et tous ceux que nous aimions, j’ai repris mes levers de soleil. Le soleil était fidèle. Le soleil ne mentait pas. Le soleil pulvérisait l’obscurité en un milliard d’invisibles petits éclats avec ses rayons jaunes, orange, rouges et, parfois même, roses et violets. J’en regardais le plus possible. Seule, mis à part pour les gardes faisant leur ronde, assise sur le ponton de bois. Il fait noir, maintenant. C’est peut-être la nuit la plus noire de toute ma vie. Et j’ai bien l’intention de voir le lever du soleil demain matin. »

Notre narratrice, Eden va nous entrainer dans son monde impitoyable et insécurisé. Orpheline, elle se débrouille pour vivre seule dans ce monde de chaos, parqué à la zone où l’on travaille la soie qui équipe de nombreuses technologies. Logeant en dortoir, elle ne jouit d’aucune intimité. Cependant, depuis pas mal dedans, elle se prépare à s’enfuir. Chaque jour, elle va s’asseoir sur le même ponton pour regarder la mer et planifier son évasion. Passer par la plage est hors de question, celle-ci est truffée de mines. Et c’est d’ailleurs dans une scène d’horreur et de bain de sang, que la providence va permettre à notre héroïne de s’enfuir sur un bateau, mais sur lequel elle ne sera pas seule. Trois autres filles venant de secteurs différents du sien se retrouvent dans l’aventure. Et avant toute chose, il va falloir se décider pour une localisation. Eden, elle sait où elle veut se rendre. Sur Sanctuary, l’île dont son père, ingénieur et inventeur plus que reconnu dans ce monde de Loups, lui parlait beaucoup. En dehors d’un morbide héritage, Eden possède un carnet où son père a consigné de précieuses informations, même si certaines sont totalement floues pour la jeune femme. Cap sur l’île où de nombreuses, très nombreuses surprises attendent nos jeunes femmes.

« L’ennemi est resté si longtemps déguisé en agneua avant de montrer les crocs et de passer à l’attaque. 
Nos pères. Nos frères. La serveuse qui nous préparait notre café crème quotidien; le type derrière l’étal de poissons au supermarché; la fille de Sephora sui nous a appris à mettre de l’eyeliner. Aucun rapport entre eux, à priori. Jusqu’à ce qu’un jour ils ne deviennent une véritable force.
Après Zéro, tout est devenu si évident : les flyers fluo collés sur les poteaux téléphoniques; le hastag #lameute qu’on prenait tous pour un genre de fanclub; ces drôles de pendentifs dont tout le monde était persuadés qu’ils seraient vite démodés… les signes étaient partout. Mais nous étions bien trop absorbés par nos petites vites pour le remarquer. »

La dystopie repose sur un monde méconnaissable pour le lecteur puisque les États-Unis sont réduits à 5 états, dirigés par les hommes les plus puissants, les Barons. Beaucoup de côtes ont été immergées et il est évident que le continent ne va plus tarder à disparaitre. Ainsi, des chercheurs, dont le père d’Eden, travaillaient sur une idée alternative. Mais, le père de notre jeune femme est décédé, s’opposant aux plus puissants de tous : Les Loups. Concrètement, le système est renversé, les pauvres ont pris possession des riches demeures, les riches sont en camp. Je vous ai ici résumé grossièrement, car je ne souhaite pas vous mâcher tout le travail. Vous aurez deviné que l’homme est responsable de ce nouveau monde envahi d’eau, et c’est sur cela même que va reposer la question écologique avant d’aller bien plus loin, mais là, je n’en dirai pas plus. L’île qu’Eden a cherchée ne s’avère pas vraiment à la hauteur de ses attentes. Elle ne semble en aucun cas être un havre de paix pour les réfugiées qu’elles sont. Mais pourquoi son père aurait-il menti ? Et pourquoi est-il mort alors, si ce n’est pour cette cause ? Eden et ses 3 compagnes vont devoir apprendre à se faire confiance, et quand des garçons débarquent, l’ambiance est encore plus tendue…

« Envirotech prévoyait de construire la Cité Atlas : un programme immobilier de pointe, projet innovant d’habitat subaquatique, à la tête duquel mon père avait été nommé. On avait appris, par la suite, que les places à bord seraient extrêmement limitées et les appartements vendus aux plus offrants. Approchez, approches, mesdames et messieurs ! Venez voir comme c’est bien, la vie en milieu marin… si vous avez les moyens. »

L’île se transforme rapidement en cauchemar. Nous avons presque l’impression d’être dans la jungle d’Hunger Games ou encore dans la série Lost. Illusions, désillusions, plantes étranges et multiples surprises attendent notre groupe. Quoi qu’il en soit, cette île qui devait être un paradis est pour le moment bien hostile. Eden, de nature méfiante va avoir beaucoup de mal à accorder sa confiance à ses compagnons d’infortune, à l’exception de l’un d’entre eux. Ne partez pas ! Oui, romance, dystopie, tout cela, c’est déjà vu. Mais ici, pas du tout. C’est abordé de manière très naturelle, crédible. Vous verrez que l’auteur ne décrit que très peu le physique de ses personnages et qu’à aucun moment l’une ou l’autre ne sera en pâmoison devant un des garçons alors que la terre s’écroule à côté. Non. Pensez aux clichés agaçants des dystopies que vous avez lues récemment et dites-vous qu’ils ne figurent pas dans L’empire de sable. Parce que Kayla Olson a vu les choses en grand et en plusieurs niveaux. 

La richesse de ce roman est incroyable. Elle nous entraine sur des thématiques fortes et sensibles. Chaque personnage est construit à la perfection et se révèle attachant, y compris dans ses faiblesses. Bien entendu, ils iront de surprise en surprise, et Eden qui se pensait prête à tout, va devoir s’accrocher. La dimension politique de cet univers est assez fascinante : la Meute, autrement dit les Loups ont pris le pouvoir un jour qu’ils nomment tous désormais Zéro. Depuis, ils règnent en maitre, ayant de très nombreux alliés à chaque recoin. Quand Eden raconte ce fameux jour Zéro, nous avons l’impression d’être à ses côtés et de paniquer face à ces changements soudains. Une révolte qui est donc à l’origine du monde que nous allons apprendre à connaitre. Ce même monde est absolument fascinant du point de vue de la technologie et en même temps parfaitement effrayant. Nous allons découvrir des technologies qui font froid dans le dos et qui nous interrogent sur l’avenir même de notre société. Car finalement, en refermant ce livre, je me suis dit que nous n’étions pas si loin de ça de ces vérités. Et en parfaite analogie avec l’histoire, les clans de prisonniers devant travailler pour la Meute, où chaque personne a un tatouage sur le petit doigt avec son prénom et d’une couleur différente selon le secteur.

Je voulais revenir quand même sur nos personnages. S’ils sont attachants, c’est parce qu’ils sont loin d’être parfaits. Pour autant, ils n’ont pas cette image banale d’antihéros. Ils sont simplement eux-mêmes, sans réelle façade si ce n’est un peu de réserve. Et ça, c’est agréable ! Ils font des choix et des erreurs, ont des avis divergents, discutent, sont solidaires pour survire, apprennent l’échec et le lâcher-prise, n’ont pas honte d’avoir peur et non, ils ne les dépassent pas en un clin d’œil. Rapidement, ce qui devient touchant n’est autre que la solidarité entre ces personnes qui se connaissent à peine, mais qui veulent s’en sortir à tout prix, trouver une solution pour enfin vivre en paix. L’océan sera bien au cœur de cette histoire et j’ai beaucoup aimé l’approche de Kayla Olson à ce sujet. Cela ne m’étonne pas que Leonardo DiCaprio souhaite en faire un filme ! Il y a tellement de choses tout au long de ce roman. Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, c’est un page turner totalement immersif, j’ai eu tellement de mal à le reposer pour me coucher et tellement de mots, de paroles ont fait écho en moi.

La plume de l’auteure est juste prodigieuse, belle. Sans jamais tomber dans une élégance stricte ou pompeuse, elle a l’art et la manière de créer un univers sous nos yeux, aussi beau qu’effrayant, de nous faire ressentir les émotions des personnages, que ce soit les effets météorologiques, la peur, les bruits, la faim, la fatigue, l’épuisement, l’inexplicable attirance et harmonie… Bref, c’est un régal et elle nous entraine dans des paysages et recoins d’une beauté à couper le souffle. Sa plume est si réaliste que j’avoue avoir eu un sacré vertige lors d’une scène bien spécifique du roman ! Il me fut presque difficile de lire les descriptions au début, mais finalement grâce aux indices donnés avant, on peut le passer sereinement. Quand j’ai terminé le livre, j’en voulais encore. On ne peut pas dire que la fin soit un horrible cliffhanger, ce serait quand même abusé de dire cela, mais disons qu’il nous rend quand même impatients pour la suite, car un sacré bouleversement a eu lieu, c’est certain. En tout cas, je dois avouer avoir grandement apprécié ce roman, où tout est réfléchi et non pas forcément héroïque, un récit où les personnages sont pleinement conscients des risques et même les acceptent, tel un sacrifice. Les émotions et épreuves sont bouleversantes, mais on ne prend pas le temps de trop ressasser. Chaque moment compte si l’on souhaite véritablement rétablir l’ordre si la Terre. Nos personnages, ex-riches donc, ne demandent pas à récupérer cette vie-là, mais juste une équité. Ce que les Loups ne semblent pas prêts à entendre ni certains personnages bien abjects que vous aurez l’occasion alors de rencontrer. En tout cas, nous pouvons remercier l’auteure pour la puissance et la justesse des mots qui nous font passer par diverses émotions. Le rythme linguistique est aussi parfaitement adapté et vu que nous voyons tout de point de vue d’Eden, nous comprenons parfaitement comme elle fonctionne et comment elle voir les personnes qui l’entourent. Elle n’hésitera pas à admettre ses torts ou exprimer ses craintes, les larmes ne lui font pas peur et elle aura tellement de choses à découvrir qu’il vaut mieux qu’elle soit bien accrochée. Pour revenir sur la romance, là où l’auteure nous joue la carte de l’intelligence, c’est que cet amour ne sera pas prioritaire, absolument pas. Si des choses se passent, c’est naturellement mais personne n’oublie qu’il y a déjà un monde à sauver avant de penser à se retrouver.

Une guerre pacifiste, une révolution discrète, voilà ce qui est au programme de ce magnifique premier tome. Ce qui devait être une simple fuite vers un refuge se transforme en course contre la montre pour la vie, la survie et l’avenir de l’humanité. Seront alors dénoncés les actes égoïstes des hommes les plus puissants, et cela ne sera qu’un clin d’œil à notre univers. Car si en soi, le renversement des riches par les Loups peut se comprendre, la lutte menée par la suite n’est pas juste, mais bel et bien révoltante puisqu’ils ont droit de vie ou de mort sur chacun des civils qu’ils parquent comme du bétail. J’ai l’impression de vous avoir dit tout ce que je voulais et en même temps pas assez, mais je ne peux que vous inciter à lire ce prodigieux tome qui est pour moi un coup de cœur absolu. La dernière fois qu’une dystopie m’a autant plu, c’était La Faucheuse, dont le tome 2 sortira normalement au premier trimestre 2018, toujours chez la CollectionR.

Magnifique, addictive et intelligente, cette dystopie écologique nous pousse sur des pistes de réflexion pertinentes tout en nous offrant une aventure palpitante. De rebondissements en découvertes, nos personnages vont apprendre des choses stupéfiantes sur un monde qu’ils croyaient plus simple que cela. L’écriture est tellement délicieuse qu’il devient difficile de lâcher ce roman et l’on ne peut que se languir de la suite. MAGISTRAL. Un coup de cœur !

31 réflexions sur “[Chronique] L’empire de sable de Kayla Olson

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Wahou, c’est un avis de dingue ma belle, j’ai adoré te lire et t’écouter également pour le coup ! Vivement que je puisse m’y mettre, j’ai encore plus hâte maintenant 😃

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    • BettieRose dit :

      ah ah va falloir que j’articule et me mette dans un filtre antipop si je veux faire d’autres enregistrements ^^
      Hâte de savoir ce que tu as en penser mais à vrai dire, je ne suis pas trop inquiète connaissant tes goûts.

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  2. Les étagères d'Eleutheria dit :

    Ce n’est pas vraiment mon genre de lecture mais j’en ai tellement entendu du bien que je pense que je ne vais pas pouvoir résister longtemps.

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  3. stephanie blondiau dit :

    Ta voix ❤ cette vidéo ❤ ta vois m’apaise, j’aime j’aime j’aime en plus la citation que tu as choisie ❤
    Moi aussi j’ai ressenti le vertige et le passage avec les bestioles heurk c’est une de mes phobies !! j’ai tout ressenti comme notre héroïne
    Superbe chronique bien plus complète que la mienne,bon quand est-ce que tu nous écris un livre ? Tu as un de ces talents !

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  4. Annaëlle dit :

    Il y a un incroyable enthousiasme autour de ce livre, absolurent partout. Les avis sont unanimes et j’ai bien envie de tenter. Et puis la phrase finale « La dystopie écologique qui a conquis Leonardo Dicaprio, bientôt adaptée au cinéma » qui achève tout. Je dois le lire #fangirltotal. En tout cas, ton avis fait sacrément envie. J’espère aimer autant !

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    • BettieRose dit :

      Franchement, avec le recul, je me dis que c’est vraiment une perle ce livre. LA dystopie à lire, celle qui s’affranchit de tout un tas de clichés mielleux ou post-apocalyptique classiques. Les personnages sont bons, l’intrigue excellent, la traduction parfaite, bref je le recommande vraiment.

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