[Chronique] Pour te perdre un peu moins de Martin Diwo

Publié aux éditions Plon – 24 août 2017 – 284 pages
Merci aux éditions Plon pour cette lecture

Lui, elle, une histoire universelle. Elle s’en va, il la rêve.

Un garçon, une fille, une histoire universelle. Ils s’aiment, se déchirent, elle s’en va. Lui s’écroule. La jeunesse et l’innocence avec. Un roman qui frappe, âpre, enlevé, emporté, qui ne s’oublie pas. Une signature, une écriture, une voix, une époque, une génération.
« Pendant un temps, tout reste normal. On saute et on rebondit, on s’élance et on atterrit, pourtant la fin est proche, très proche. Lorsqu’on en prend conscience, qu’on réalise que l’on ne saute plus aussi haut qu’avant et qu’on peine à atteindre les sommets que l’on caressait du bout des doigts en se hissant sur la pointe des pieds, il est déjà trop tard. Le fil se détache, et il faudrait courir s’agripper là ou on le peut, mais on ne le fait pas, et on s’élance, certain que tout va rentrer dans l’ordre. La chute n’en est que plus douloureuse. Mort d’inquiétude à l’idée de heurter le sol qui, seconde après seconde, se rapproche, on hurle, on se débat, et plein d’espoir, on attrape le fil encore pendu à notre coeur, mais ce fil, ah ! ce fil, il n’est plus relié à rien. »

Autre résumé disponible : 

Un garçon, une fille, une histoire universelle. Ils s’aiment, se déchirent, elle s’en va. Lui s’écroule. La jeunesse et l’innocence avec. Un roman qui frappe, âpre, enlevé, emporté, qui ne s’oublie pas. Une signature, une écriture, une voix, une époque, une génération.
« Vous avez peur ?
– Oui. Peur de l’après. Peur, parce que mettre le mot fin à ce livre, c’est mettre le mot « fin » à notre histoire. Aujourd’hui, Elle existe grâce à l’écriture, mais après ? Après, Elle n’existera plus et ça, je ne sais pas si je suis capable de le supporter.
– N’avez-vous pas envie qu’il soit lu ?
– Vous savez quoi ? Je l’ignore. Enfin, il faudrait déjà que je le termine. Je ne sais pas si j’ai le courage d’écrire certaines choses. Celles que je vous confie par exemple. A vous, je peux les dire, mais au lecteur ? Nos conversations sont quand même très personnelles, non ? Et puis le but du livre n’est pas de déballer mes sentiments, c’est un roman, vous savez ? Enfin… un roman… en réalité c’est un double meurtre, un cri.
– Et ce cri, n’est-ce pas pour être entendu que vous l’avez poussé ?
– Ok je vois où vous voulez en venir. Vous pensez que j’ai écrit ce livre pour la faire revenir, c’est ça ? »

Pour te perdre un peu moins est un titre de la Rentrée littéraire qui me faisait très envie et je remercie les éditions Plon pour cette lecture. Premier roman veut dire découverte d’une plume. Une histoire universelle ? Que demander de mieux ? Plongez dans ces moments de vie qui vous parlent, que vous comprenez, saisissez. Nous avons tous un vécu différent, n’est-ce pas ? Mais certaines étapes sont universelles dans le sens où l’on passe par les mêmes émotions et sentiments dans les plus grandes lignes. Pour te perdre un peu moins, c’est le récit d’une rupture et d’un jeune homme qui se refuse à cette réalité. Un garçon qui attend Son retour, culpabilise, se remet en question, dégringole, va mal, est anéanti, ne veut pas croire que tout soit terminé comme ça, d’un coup. Car une rupture se vit par étapes, comme un deuil. Et qu’avec un grand talent, Martin Diwo a réussi à retranscrire des émotions, des sentiments, des pensées intimes, mais que nous pouvons comprendre, surtout si nous sommes passés par là. Si vous avez connu un chagrin d’amour, vous vous reconnaitrez dans ce roman.

Inutile de vous mentir, Pour te perdre un peu moins est un manifeste de plus de 280 pages au sujet d’une rupture. Ne vous attendez pas à des milliers de rebondissements, l’ouvrage est introspectif et observateur, analytique. En décortiquant ses sentiments, les portant dans des situations modulables à l’infini quand il laisse jouer son imagination, en se battant avec sa conscience, en parlant avec ses amis, en rembobinant le film de cette histoire d’amour, l’auteur nous entraine au cœur de la douleur et de son évolution. En L’écrivant, il La retient encore un peu. Écrire ce qu’Elle est pour ne pas qu’Elle disparaisse. La retenir par les mots couchés sur le papier, pour La garder près de lui et de son cœur. Rêver les yeux ouverts pour La retrouver chaque nuit. Écrire son parcours pour ne pas La laisser filer totalement. Oui, écrire, car le temps passe, les souvenirs deviennent plus flous… Écrire pour ne pas oublier et ne pas cesser d’aimer… Mais s’il faut aller au bout du deuil, alors notre équilibriste va jouer sur le fil, tenter de se retenir, sombre, remonter… Son cœur bat, preuve qu’il est vivant, mais l’amour peut-il s’éteindre ? Peut-on vraiment cesser d’aimer, comme ça, d’un coup ? Ou n’est-ce pas le fruit d’une usure discrète et polie ?

Martin Diwo pose les mots justes. Beaucoup de mots, d’introspection. Une plume vive et percutante, une écriture absolument magistrale, prodigieuse à restituer ce que l’on pense que, jamais, les autres ne peuvent comprendre. Le jeune homme expérimente la douleur, celle qu’il n’avait jamais connue et qui n’est comparable à aucune autre. Il ne la savoure pas, voudrait l’oublier et se demande « Et si ». Il s’interroge, ne cesse de se mettre en cause, refuse de l’imaginer, Elle, avec quelqu’un d’autre. Il lui témoigne un respect incroyable, ne part pas dans des litanies assassines sur la femme qu’il a tant aimée. Il est dur avec lui-même, mais conscient petit à petit de ne pas être le seul responsable. Il nous entraine au bord, dans les gouffres de souffrances absolues avant de capter un moment de lumière, un moment d’absence, un flash où Elle était là et que tout allait bien. Il est dérouté par Son parfum (coïncidence : je portais le même parfum que la jeune femme à son âge) qu’il sent sur une autre, il La voit partout où Elle n’est pas, il veut la voir et jamais la croiser pour autant. Bref, Martin Diwo réussit ici une prouesse : l’analyse d’une rupture sentimentale terriblement réaliste, sur laquelle il pose des émotions si humaines qu’elles vous serrent la gorge et vous donne les larmes aux yeux. Car, si vous avez vécu cette situation, les souvenirs remontent, qu’importe si désormais la personne en question vous indiffère, vous ne pouvez nier être passé par des étapes similaires. Martin Diwo livre son cœur et lit le vôtre à la perfection et sa plume majestueuse, moderne et altruiste est à retenir, à suivre.

La chronique est courte, car l’histoire se lit, ne se raconte pas. Les émotions se vivent, ne se rapportent pas. N’ayez pas peur de craquer pour un roman aussi percutant qui finalement agit comme un baume au cœur. Vous déculpabilise de certaines choses que vous avez pu ressentir, vous normalise face à des réactions, vous comprend au plus profond. Oui, Martin Diwo, en voulant La perdre un peu moins, nous offre un récit riche en douceur, amour.

L’histoire universelle contée par Martin Diwo est magistrale et touche en plein cœur. Pendant près de 300 pages, il tente de La retenir, d’un peu moins la perde. Écrire pour exorciser les émotions vives et douloureuses, mais aussi pour qu’Elle existe encore. Un premier roman magnifique, porté par une plume d’une justesse incroyable et qui panse nos blessures. Un auteur à suivre.

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