[Chronique] La méthode 15-33 de Shannon Kirk

Publié aux éditions Folio (Thriller) – 2017  – 352 pages
Merci à Folio et Livraddict pour cette lecture en partenariat

Imaginez une jeune fille de seize ans, enceinte et vulnérable, que l’on jette dans une camionnette crasseuse. Vous la croyez terrifiée?
Bien au contraire, elle n’est pas comme les autres, elle ne ressent aucune empathie. Un handicap qui va devenir une force redoutable : méthodique et calculatrice, elle met au point un plan d’évasion où rien n’est laissé au hasard.
Dès les premières minutes de son enlèvement, elle se focalise avec calme et détermination sur deux choses : sauver l’enfant qu’elle porte et se venger.
Sa volonté de fer et son ingéniosité seront ses meilleures armes contre la perversité de ses oppresseurs, et il ne lui restera alors plus qu’à attendre le moment idéal pour lancer son attaque.

Déception. Voilà ce qui me vient en tête quand je me remémore cette histoire. Alors que j’imaginais quelque chose de particulièrement sombre, je me suis ennuyée du début à la fin de ce roman. Tout est trop facile, trop lisse, trop de coups du sort, de fils évidents. On me promettait une héroïne pire que ses ravisseurs… certes, elle l’est, mais je ne l’ai absolument pas trouvé « badass » pour autant. Sans pitié, ça oui, calculatrice et très intelligente très certainement, mais si sûre d’elle qu’elle en devient presque gonflante. Résultat, une semaine et quelques après ma lecture, je n’ai plus grand-chose d’autre que la lassitude en mémoire. J’en attendais trop, vraiment, le titre me laissait imaginer une méthode hallucinante, mais qui nous serait bien détaillée, expliquée… Et finalement, pas tant que cela.

Notre héroïne est enceinte et compte bien aller au bout de sa grossesse. Cependant, un matin elle est enlevée par un homme qui la conduit dans une chambre où il l’enferme. Privée de beaucoup de choses, mais pas de son intelligence supérieure à la normale, la jeune femme ne perd pas une seconde pour élaborer un plan de survie et d’évasion. Mais elle sait aussi que le temps, l’observation sont ses meilleurs alliés si elle veut véritablement aller au bout de ses convictions : infliger de la souffrance à son immonde ravisseur. Ce dernier, réglé comme une horloge ne laisse que peu de place quant au suspens des journées. Ainsi, elle peut tout prévoir, tout calculer.

L’histoire nous est racontée 17 ans plus tard avec une certaine froideur, caractéristique de notre jeune femme. Pas vraiment sociopathe, mais pas loin, elle dépeint les évènements avec méthode et une chronologie plutôt intéressante. Nous comprenons ainsi son mode de fonctionnement, mais elle ne nous laisse pas vraiment accéder à ses émotions si ce n’est celle de la revanche. De même, elle nous ne parle que très peu d’elle, sa famille, sa grossesse. Pendant tout le temps de sa captivité, elle a fait appel à sa capacité à éteindre les émotions pour se donner une nouvelle force, une raison de se battre. Bien entendu, son état de santé ne sera pas étranger au choix des méthodes, car il est évident qu’en étant enceinte de 7 mois elle n’a pas vraiment les mêmes réflexes qu’avant. Privant le lecteur de ses ressentis les plus profonds, il devient alors vraiment difficile de s’attacher à notre captive ou d’avoir peur pour elle. Nous attendons parfois avec lassitude le moment où enfin tout cela va démarrer… Et c’est long, trop long. J’ai eu bien souvent envie de sauter des pages, de faire avance rapide… Pourtant l’auteure parvient à nous plonger dans une confusion en ajoutant les rapports d’un enquêteur et de sa mystérieuse collègue, mais également en mêlant des faits. Cela aurait pu constituer un rebondissement fascinant, mais malheureusement ce dernier est bien mal exploité.

Si La Méthode 15-33 laisse présager d’un affrontement psychologique très violent entre geôlier et prisonnière, il n’en est rien. Certes, elle parvient à déconcerter l’homme un peu bête qui la détient, mais l’agacement est bien souvent de courte durée. Quant aux raisons de sa captivité et les autres victimes, il aurait été bon de détailler plus l’affaire pour donner plus de relief au livre. Mais après tout, notre narratrice n’est pas là pour raconter l’histoire des autres, mais bel et bien la sienne, sans détour, sans émotion, sans fausse modestie. Heureusement que les interventions policières sont plus atténuées et plus humbles, car on frise la grosse tête pour notre captive doublée d’un génie. Toutefois, soulignons que la plume est efficace, sobre et volontairement froide ce qui nous plonge parfaitement dans l’état d’esprit de la détenue. Je pense en revanche que ma principale déconvenue réside dans le côté trop young adult de ce thriller. Pourtant amatrice du genre YA, ici je m’attendais à quelque chose de bien plus mature. Je suis certaine que ce thriller fera vibrer les plus jeunes et qu’ils le trouveront original et bien construit. 

Un roman qui ne m’a pas convaincue de par le manque d’émotions. Certes, notre héroïne n’en présente aucune, mais le peu de profondeur apportée aux évènements ne parvient pas à faire de ce récit quelque chose de palpitant. Quant au côté calculateur de la prisonnière, il reste bien trop théorique et n’implique jamais le lecteur. Dommage, à réserver au public cherchant un thriller sans grande profondeur. 

18 réflexions sur “[Chronique] La méthode 15-33 de Shannon Kirk

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Ah tiens, la couleur de la couverture est assez originale ! Au vue de ton avis, je pense que l’émotion qui manque va me déplaire également, alors je passe malheureusement mon tour…

    J’aime

  2. NovaBaby dit :

    Le résumé laissait penser une lecture addictive et surprenante, mais vu ton avis, je ne vais pas me laisser tenter, je pense… J’aurais des attentes visiblement disproportionnées par rapport au rendu final…

    J’aime

Un petit mot ? Une réaction ? Une émotion à partager ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.