[Chronique] Lucia, Lucia de Adriana Trigiani

Publié aux éditions Charleston – 7 juin 2017 – 304 pages
Merci aux éditions Charleston pour cette lecture dans le cadre de mon expérience Lectrice Charleston

1950, New York.

Lucia Sartori, 25 ans, est la très jolie fille d’un épicier italien prospère de Greenwich Village. L’après-guerre a ouvert de nombreuses possibilités aux jeunes femmes ambitieuses, et Lucia vient de commencer comme apprentie couturière au très chic grand magasin B. Altman sur la 5e Avenue. Fiancée à son amour d’enfance, l’inébranlable Dante DeMartino, Lucia est déchirée lorsqu’elle rencontre un bel inconnu qui lui promet une vie de luxe dans les beaux quartiers, une vie comme elle n’en lit que dans les magazines. Forcée de choisir entre sa famille et ses rêves, Lucia se retrouve au centre d’un scandale qui révèlera des secrets enfouis. L’honneur des Sartori est en jeu…

Ah les années 50, l’après-guerre, la mode et la couture ! C’était joué d’avance, ce livre avait absolument tout pour me plaire ! Et le coup de cœur fut bien au rendez-vous, car j’ai totalement fondu pour cette histoire à l’issue peu banale. Certes, j’ai un très léger bémol à apporter, mais c’est un tel détail que cela n’a pas joué dans mon appréciation générale. J’ai en revanche pu découvrir la vie des familles italiennes dans un New York en pleine ébullition, sujet sur lequel je n’étais pas calée. Si la mode et la couture des années 50 ne sont pas un mystère pour moi, mais plus une source de fascination, je fus largement comblée par la passion et l’élégance de Lucia.

Lucia a 25 ans, plus jeune fille de sa famille, Italienne, et son père tient l’épicerie la plus célèbre et chaleureuse de Greenwich Village. Lucia, encore célibataire, travaille dans le grand magasin Altman sur la 5e Avenue. Pour elle, son métier est une véritable passion et sa meilleure amie n’est autre que sa collègue. Amoureuse des belles étoffes et des tenues chics, Lucia rêve de s’épanouir professionnellement dans cette carrière… Oui, mais nous sommes dans les années 50 et souvenons-nous que les femmes qui font carrière à cette époque sont encore rares. Fiancée à son amour d’enfance, l’adorable Dante DeMartino, Lucia comprend vite qu’elle devra faire un choix entre lui, son foyer (et la belle-maman intraitable qui va avec) ou son emploi. Alors qu’elle rêve d’indépendance, Lucia ne rencontrera que la vie de femme au foyer. Tout ce qu’elle a toujours fui et ce en dépit des traditions familiales. Ses certitudes vacillent encore plus le jour où elle rencontre un séduisant homme qui induit en elle l’envie de luxe et de beaux quartiers. Alors qu’il lui promet monts et merveilles, Lucia est confrontée à un choix crucial. Et puis le scandale, les rumeurs et l’honneur de la famille sont soudainement en jeu…

L’histoire commence quand Kit, jeune artiste scénariste de théâtre, accepte de prendre une tasse de thé avec l’élégante et mystérieuse Tante Lu, qui jamais ne se sépare de son manteau de fourrure. Tante Lu, de son vrai prénom Lucia, est au crépuscule de son existence et à la suite d’une question anodine de sa jeune voisine sur le fameux vêtement, elle se lance dans le récit de sa vie, ou plutôt des 2 années les plus importantes de celle-ci selon elle. Elle nous entraine ainsi en 1950 et nous plonge instantanément dans une ambiance italienne conviviale et familiale. L’auteure nous transmet l’amour du pays, de ses traditions, de la famille et de la bonne cuisine. Lucia, destinée à se marier à Dante, a bien du mal à accepter son avenir de femme au foyer. Elle se rêve indépendante et l’affirme haut et fort. Difficile pourtant de se confronter à ses parents et ses frères. Alors que l’un de ses frères va accidentellement attirer l’attention sur lui, Lucia en profite pour réaffirmer son besoin d’indépendance financière. Amoureuse de son fiancé, elle ne doute pas de ses sentiments, mais bien de la vie qu’il a à lui offrir. Lorsqu’elle rencontre John, tout vacille, car au fond, seul cet homme peut lui offrir la vie assez luxueuse à laquelle elle aspire. Soyez rassurés, pas de triangle amoureux dans cette histoire. Lucia est une femme au tempérament fort et qui sait prendre des décisions. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Nous sommes alors dans la parfaite introduction de ce roman qui dresse un portrait élégant et authentique de la vie quotidienne dans les années 50 et de son penchant luxe pour lequel Lucia travaille.

Bien entendu, l’amour, le couple sont au cœur de l’histoire avec, surtout, en fond, la condition féminine des années 50. Si un vent de révolte souffle sur la grande ville de New York et que de nombreuses femmes aspirent désormais à travailler et faire carrière, encore plus nombreuses sont celles qui restent au foyer pour s’occuper des enfants, de la maison et de leur mari. Dans la famille de Lucia, il est inconcevable qu’une femme ne soit pas présente aux côtés de son mari, à l’attendre pendant que lui travaille ou fait la tournée des bars pour se détendre. Référez vous, si vous le souhaitez à Mad Men et sa première saison particulièrement, tout y est. Métier passion, la couture devient vite la principale préoccupation de Lucia. Dans son atelier, malheureusement menacé de fermeture au profit de prêt-à-porter, elle s’épanouit auprès de ses collègues et de son adorable patron, Demarr. Demarr est un homme talentueux qui n’aspire qu’à une plus belle carrière. Il aime faire les fêtes et rencontrer de nouvelles femmes. Toujours agréable, il ne cesse d’encourager Lucia dans sa détermination. Oui, mais… le poids des traditions familiales peut-il être moins important ? Les règles de la société peuvent-elles la laisser vivre sa vie ? C’est bel et bien en rencontrant John qu’elle pourra enfin rêver d’un meilleur lendemain.

Sauf qu’il n’y aurait rien à raconter si tout se passait comme dans un conte de fées. Je reste admirative du nombre de sujets que l’auteure a su aborder dans ce roman fascinant : le mariage, la famille, le pêché, la duperie, le doute, la carrière, la condition féminine, le luxe et la mode, les soirée mondaines, la tradition italienne et l’Italie en elle-même, les enfants, le devoir envers ses parents, l’échec, l’abnégation, le deuil, le renoncement… Tant de thèmes percutants et habilement amenés dans ce récit. J’ai dévoré le livre, toujours suspendue aux lèvres de Lucia qui nous raconte son histoire avec une nostalgie et une douceur brillantes. Et puis, survient l’épilogue bien entendu, retour avec Kit dans le temps présent. Que s’est-il passé après les bouleversements subis en 1952 par Lucia ? Que sont devenus tous ces personnages hauts en couleur qu’elle nous a présentés ? Quel homme a-t-elle choisi ? Qu’a-t-elle fait de sa vie ? Des réponses tantôt douloureuses et l’on se rend compte que Lucia, si déterminée et motivée, n’a pas toujours pu être maitre de sa destinée. Parfois, une seule mauvaise décision vous conduit à un fâcheux endroit. Mais elle n’est point ici pour réécrire l’histoire. Cet épilogue laissera sa part d’émotion au lecteur… Et c’est là qu’est mon très léger bémol : sans l’introduction et l’épilogue avec Kit, qu’aurait pu être l’histoire ? En effet, le fil conducteur entre la Lucia des années 50 et la Lucia qui prend le thé avec Kit se déroule grâce à un manteau de vison (important dans son récit) et Lucia résume dramatiquement « Ce manteau, c’est l’histoire de ma vie » dès les premières pages du roman. Ainsi, ce vêtement n’évoque que 2 petites années de sa longue existence et Lucia semble avoir oublié le reste… Dur constat, n’est-il pas ? Enfin, l’épilogue permet malgré tout de trouver des réponses à certaines questions, et nous terminons le roman ému et touché par cette histoire de la plus belle fille de Greenwich Village.

Un roman très touchant qui prend place au cœur des années 50 dans une Greenwich Village renaissant. Luxe et mode sont le quotidien de Lucia, mais cette grande romantique se retrouve confrontée à un choix difficile. En nous plongeant dans la vie de cette femme déterminée à sortir du lot et nous contant une romance incroyable, l’auteure nous offre un roman addictif et coup de cœur. Un fabuleux portrait de femme !

14 réflexions sur “[Chronique] Lucia, Lucia de Adriana Trigiani

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Ah, encore une réussite Charleston, ça fait plaisir ma belle ! Je suis assez fan des années 50 aux États-Unis, alors je note, il a l’air passionnant 😃

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  2. La route des lecteurs dit :

    Et bien, avant que je découvre ton avis, je ne pensais pas forcément lire ce roman. Il ne me tentait pas particulièrement. Par contre, maintenant que je connais un peu plus l’intrigue, j’ai finalement envie de me faire mon propre avis alors je le note ! 😉

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