Publié aux éditions Rageot – 17 mai 2017 – 406 pages
Merci aux éditions Rageot pour cette lecture
Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux sœurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois. Comme toujours, elles se soutiennent face à l’intolérance, la peur, la pitié. Et, envers et contre tout, elles vivent ! Mais lorsque Grace tombe amoureuse, son monde vacille. Pourra-t-elle jamais avoir une vie qui n’appartienne qu’à elle ?
Traduit par Clémentine Beauvais
Si certaines personnes peuvent reprocher la mise en avant du nom de Clémentine Beauvais sur cette lecture, il est pour moi plus que légitime que son travail remarquable de traduction soit mis en avant. Cela n’empêche pas que les honneurs reviennent à l’auteure pour la création de ce roman, véritable chef-d’œuvre, atypique et touchant, sensible et percutant, duquel nous ressortons forcément troublés, émus, bouleversés. Je ne vais pas vous cacher mon émotion face à cette histoire. Ce livre écrit en vers vous prend aux tripes et rassurez-vous, jamais cette forme ne viendra vous perturber ou alléger la lecture. Car toute la prouesse ici était de proposer un roman parfaitement accessible au public jeunesse (ou pas), de faire voyager une histoire importante sur deux jeunes filles qui ne veulent qu’une chose : vivre une vie aussi normale que possible, être comme tous les autres en permanence.
Grace et Tippi sont des sœurs siamoises, deux personnes distinctes partageant le même corps. Jusque là, les jeunes femmes étaient préservées plus ou moins de l’intolérance et des moqueries en suivant des cours à domicile. Mais le foyer connait certaines perturbations et les filles doivent faire leurs premiers pas au lycée. Redoutant plus que tout leur intégration, les sœurs inséparables et complices depuis toujours ignorent encore qu’elles s’apprêtent à vivre une belle et grande aventure dans ce lycée si nouveau. En effet, dès le premier jour, deux autres élèves viennent à leur rencontre, Jon et Yasmeen. Si les premiers temps, la peur domine, très vite, l’amitié va prendre le pas sur le reste, et peut-être même un premier amour pour Grace ? Mais comment peut-on vraiment vivre sa propre vie alors qu’on partage un corps ? Ces deux personnalités différentes aux aspirations différentes également savent cohabiter depuis toujours, mais l’amour a-t-il vraiment sa place dans une telle situation ? Rollercoaster émotionnel au rendez-vous pour ce roman épatant.
La narration se fait via Grace, nous sommes dans sa tête et elle nous livre ses pensées sur différents sujets, souvenirs, faits liés à leur condition de sœurs siamoises, ou encore les émotions, craintes et nouvelles aventures. Nous vivons chacune des ambiances et sensibilités au travers de Grace, que ce soit sur Tippi, la petite sœur Dragon, les parents, les médecins et thérapeutes, les autres élèves du lycée et leurs premiers amis, Jon et Yasmeen. Très touchante, Grace ne s’apitoie pas sur son sort et nous fait partager le formidable amour et l’unique complicité qui la lient avec sa sœur, cette autre partie d’elle-même, à la fois unique et semblable. Le mode de pensée de Grace nous apparait alors clairement et nous comprenons vraiment ce qu’elle vit. Nous ne pouvons qu’être touchés bien entendu, car c’est un sujet très sensible et que nous ne connaissons pas vraiment. Pour nous, difficile de se projeter à partager un corps tout en ayant son propre cœur, son propre esprit, mais finalement pas tant de libre arbitre que cela, puisque Grace et Tippi ne peuvent rien faire sans consulter l’autre d’abord. Avec sensibilité et poésie, l’auteure nous entraine dans leur monde et nous peint des personnages sympathiques autour d’elles. La forme en vers donne un rythme, une douceur, et le tout se fait si addictif qu’il devient très difficile de lâcher sa lecture.
Les émotions sont très présentes, car, d’une certaine manière, l’histoire narrée par Grace nous amène à nous projeter dans leur vie et tenter d’en comprendre les enjeux. Impossible toutefois, nous ne pouvons qu’essayer d’appréhender le tout. L’auteure parvient à ne pas nous abreuver de termes médicaux ou trop scientifiques, mais veille bien à simplifier les choses pour le lecteur. Au-delà de la condition des sœurs, c’est l’amour qui nous est donné à découvrir. Une forme d’amour inconditionnelle, unique et terriblement puissante. De même, nous apprécions cette nouvelle amitié qui se crée avec Jon et Yasmeen, car c’est un sublime cadeau qu’ils offrent aux sœurs, malgré eux et avec tout le naturel possible. Jamais Sarah Crossan ne va oublier ce qu’est l’adolescence, en dépit de tout ce que les jeunes filles vivent, et dressera le sublime portrait de cette période si importante. Enfin, nous apprécions que l’auteure n’ait pas trop insisté sur les moqueries à l’école ou autres remarques, même si elles font partie de la réalité, les sœurs parviennent malgré tout à s’intégrer dans ce lycée et les railleries finissent par se tarir.
Que dire de plus ? Rien, puisqu’il n’est pas évident de poser les mots sur cette histoire. Lisez-la, il me semble presque certain que vous en savourerez la douceur, la sensibilité, la poésie, mais aussi l’humour apporté en touches lumineuses dans la narration de Tippi. Car si cette histoire nous arrache des larmes, elle nous enseigne également quelque chose d’essentiel, l’amour. Dégustez-la, appréciez à sa juste valeur le travail de l’auteure et de la traductrice, laissez-vous emporter dans la vie de cette famille en souffrance, mais soudée, aimante. Coup de cœur, il ne pourrait en être autrement.
De l’émotion, des sentiments, de la poésie et des enseignements précieux sont au programme de ce formidable roman atypique et écrit en vers. Nous ne pouvons qu’adorer Grace et Tippi et sortir le cœur en miettes de cette lecture incroyable et addictive. Un livre qu’il faut avoir lu à tout prix. Apprenez à aimer, à écouter, à accepter. Inoubliable.
Bonjour Bettie Rose
Ce livre me tente énormément, l’histoire, l’écriture que j’imagine belle et émouvante, je m’attends à un mélange d’émotions à la lecture.
Merci pour cette belle chronique.
Bonne journée.
Carole.
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Merci à toi, je ne peux que vivement le recommander, vraiment !
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Voilà une lecture atypique qui a l’air prometteuse. Tu m’intrigues cher Flamand Rose
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Ah mais j’espère bien! il vaut la peine d’être découvert.
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Alors ce roman, je le vois absolument partout, mais c’est grâce à ton avis que je le découvre vraiment et comment dire que c’est un coup de coeur, avant même de le lire ! Oui, oui, c’est possible, l’histoire me fait tellement envie et le sujet est extrêmement original, bref, j’adore ❤
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C’est un sujet assez inédit, c’est vrai mais très touchant
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Je l’ai fini avant-hier soir et je suis encore prise dans son ambiance. Difficile encore de poser les mots pour en parler comme tu le dis, mais tu le fais vraiment bien avec cette chronique !
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Merci ! Il m’a fallu un peu de temps avant d’aborder le côté chronique. Il faut laisser le temps de digérer les émotions.
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Les critiques sont dithyrambiques alors je pense vraiment me l’acheter très prochainement. Je n’ai jamais lu sur ce thème et cela me rend très curieuse. La mise en avant de la traduction de Clémentine Beauvais est, à mon sens, un plus ! Cette auteure est déjà très talentueuse alors je ne doute pas de ces pouvoirs de traduction 🙂
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Tout à fait pour Clémentine Beauvais, surtout qu’il faut être capable de traduire un roman en vers tout en gardant le style, la poésie. Un vrai challenge !
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coup de coeur partagé! un superbe roman que je ne suis pas prête d’oublier 😉
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Ca fait plaisir qu’il plaise autant !
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Merci pour la découverte, je note ! 😉
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Cette lecture semble superbe, encore un livre qui finit dans ma WL à cause de toi 🙂
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Bon je crois qu’un achat va devoir se faire très prochainement car j’avais envie de le lire mais là tu me donnes juste envie de me jeter dessus !
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Je vois beaucoup passer ce livre en ce moment et tu me donnes grandement envie de le lire !
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Mille fois oui… Ce roman m’a bouleversée comme rarement.
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Je n’ai pas lu Songe à la douceur et ne le ferais certainement pas. Je ne suis pas tenté par la forme/le style de narration (en vers). Pourtant, une chronique avec un extrait a su me donner envie de lire « Inséparables ». Alors je testerais certainement celui-ci 🙂
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Inséparables est beaucoup plus simple à lire en vers que Songe à la douceur. Ce n’est pas le même concept mais surtout ce n’est pas le même style de base 🙂
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