[Chronique Manga Yaoï] Love stories de Thoru Tagura

Publié aux éditions Taifu Comics – Mars 2017 – 190 pages
Titre original : Koi monogatari
Merci à Livraddict et Taifu Comics pour ce partenariat

Quand Yuiji Hasegawa apprend accidentellement que son camarade de classe, Yamato Yoshinaga, est gay, il comprend rapidement que le regard de ce dernier est tourné vers un amour impossible. Faisant partie du même groupe de travail, les deux garçons apprennent à se connaître et à s’apprécier. De son côté, Yoshinaga est terriblement sérieux dans sa réflexion sur ses sentiments et sa manière de se comporter, le bonheur semble bien loin, néanmoins, Hasegawa fait ce qu’il peut pour le soutenir.

Lorsque j’ai pris connaissance de la publication de ce manga, ce fut pour moi comme une évidence : je voulais le lire. D’instinct, il apparaissait que la mangaka allait nous offrir un récit tout en réalisme et traitant avec justesse de l’adolescence et plus particulièrement de l’homosexualité. Rien que le résumé indique que les thèmes du rejet et du mal-être seront abordés dans ce récit qui démarre très fort et directement dans le thème. Toutefois, je ne suis pas parvenue à apprécier cette histoire à sa juste valeur, et ce, en dépit de nombreuses qualités. J’ai eu malheureusement l’impression de tourner en rond autour des questionnements répétitifs d’Hasegawa et le peu d’action m’a déçue. Pourtant, il demeure indéniable que notre mangaka, aidée d’une plume d’une finesse incroyable pour faire apparaitre ses personnages dans des décors du quotidien et réalistes, parvient à entrer en profondeur dans le sujet encore bien trop délicat de l’homosexualité.

Hasegawa est un lycéen parfaitement ordinaire, qui ne pose pas de problèmes, qui manque encore un peu de maturité, mais qui a malgré tout une petite amie jolie et respectable. Surtout, cette dernière est patiente, car l’adolescent est loin d’incarner le petit ami idéal. Toutefois, il a un très bon fond et quand il va apprendre que son camarade de classe, Yoshinaga est homosexuel, son monde va être ébranlé. Amené à faire plus ample connaissance du jeune homme, Hasegawa ressentira une sorte de fascination pour son ami. Acceptant parfaitement son homosexualité et en gardant le secret, il ne pourra pourtant s’empêcher de s’interroger sans cesse sur le fonctionnement de son camarade et même sur la notion d’attirance, de sentiments. Abordant plusieurs points de vue, l’auteure nous fera rentrer dans la peau de Yoshinaga qui est déchiré entre le fait de garder le secret ou de se révéler aux yeux des autres. Mais il n’a qu’une crainte : le rejet, la solitude et qu’on lui dise qu’il n’est pas normal. En même temps il s’en veut de mentir et redoute qu’on lui en tienne rigueur par la suite, pensant qu’il est faux. Un dilemme que Hasegawa ne peut qu’imaginer, mais cela ne l’empêchera pas de soutenir son nouvel ami. Seul hic : Yoshinaga est amoureux du meilleur ami d’Hasegawa, Kyôsuke. Ce dernier étant plutôt porté sur les idoles… cela demeure un amour impossible.

Ce que nous pouvant apprécier d’entrée de jeu c’est la parfaite neutralité et objectivité de la mangaka. Ici, hétérosexuels et homosexuels sont sur le même pied d’égalité et elle évite avec une habileté indéniable les clichés du genre. Même lorsqu’un autre étudiant homosexuel fera son apparition, elle restera dans le réaliste et l’authentique, bien que ce dernier ne vive pas sa sexualité de la même manière que notre lycéen solitaire et timide. Elle prendra également le temps de placer ses personnages dans tout un tas de scènes du quotidien et non uniquement au lycée. Cela viendra pallier au manque de rythme flagrant du récit. Pour ma part, c’est la chronologie qui m’a grandement dérangée ici. Il n’y en a aucune. Nous vivons au jour le jour, certes, mais je ne sais pourquoi, j’aurais aimé pouvoir mieux dater les évènements et le temps qui passe entre chaque rencontre ou scène. J’ai eu l’impression d’avancer soit trop vite, soit trop lentement et malheureusement cela a nuit à mon appréciation du manga.

En revanche, nous apprécierons la qualité du dessin ainsi que de l’impression et même du papier de ce manga. Il semblerait que la série ne s’étende pas sur beaucoup de tomes et j’avoue mourir d’envie de savoir comment Hasegawa va évoluer, lui qui, pendant son observation discrète, mais aussi son soutien appuyé envers Yoshinaga, se pose énormément de questions. Rien ne nous empêche de penser au développement d’une romance alors inédite pour l’un comme pour l’autre. Hasegawa n’est peut-être pas le petit ami idéal à l’heure actuelle, mais nous ne pouvons lui enlever sa qualité d’ami, que ce soit sur l’écoute, la sincérité et sa capacité à garder les secrets. Il est un ami fiable et fidèle, qui ne juge pas et accepte. De plus il est parfaitement capable de se remettre en question. Et c’est là aussi que j’ai cru m’arracher les cheveux : ses questions sont redondantes et font tourner en rond. S’il est tout à fait logique qu’il s’interroge, que l’adolescence apporte son lot de complications, j’ai toutefois eu l’impression d’en revenir toujours plus au moins au même, et ce au détriment du reste de l’histoire. Pourtant, l’ambiance douce et délicate, authentique et réaliste permet d’explorer en profondeur les sujets chers à l’adolescence tels que la sexualité et l’amitié…

Enfin, accordons à la mangaka un soin particulier de ses personnages, tant sur le plan graphique que sur leur personnalité. Nous comprenons rapidement qui est qui, et qui peut aider qui. Si le thème majeur est l’homosexualité masculine, elle n’en oublie pas les indispensables personnages féminins, dont une confidente exceptionnelle pour notre adolescent en plein tourment. J’ai toutefois trouvé que cela manquait d’émotions et de sentiments, de profondeur et d’éclat. Mais après tout nous ne sommes ici que dans le premier tome… Reste à voir ce que nous réserve la suite, car, je l’avoue, nos deux garçons principaux sont terriblement attachants et nous font vivre leur histoire avec une finesse pertinente, portant un regard juste et mature sur le thème alors abordé.


Avec ce premier tome, la mangaka nous offre une belle entrée en matière dans le monde de deux adolescents qui deviennent amis et se comprennent. Les tourments de l’homosexualité et de l’adolescente sont abordés avec une grande justesse, mais le tout manque de profondeur et de rythme. À voir ce que le second tome pourra nous offrir à ce sujet là… Un manga à suivre pour son potentiel.

13 réflexions sur “[Chronique Manga Yaoï] Love stories de Thoru Tagura

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    J’avoue que c’est sûrement le style de manga qui me plairait le plus ! Autant j’adore le fantastique, autant je préfère le réalisme lorsqu’il s’agit de manga 😃

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