[Chronique] La maison aux secrets de Catherine Robertson

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Publié aux éditions Charleston – 7 février 2017 – 412 pages
Lu dans le cadre de mon année Lectrice Charleston 2017

 

resumeDepuis que son petit garçon a été renversé par une voiture, April Turner ne vit plus. Cela fait cinq ans maintenant qu’elle s’est écartée de tout ce qu’elle aime et de tous ceux qui l’aiment, et entend bien continuer son existence ainsi.

Lorsqu’une lettre lui parvient de la part d’un notaire anglais, l’informant qu’elle est l’héritière d’une propriété abandonnée en Angleterre, Empyrean, la jeune femme tente de résister. Mais le mystère entourant cet héritage est intrigant, et elle décide de quitter temporairement la Nouvelle-Zélande pour le vieux continent, où elle va rencontrer des habitants étonnants, notamment Sunny, dite Lady Day, qui approche des 90 ans.

Sunny avait connu Empyrean lors de son âge d’or, et son histoire rend le passé encore plus vivant. Mais April sera-t-elle prête à renoncer à ses principes pour, enfin, revivre à nouveau ?

Une histoire qui vous apprend ce que signifie être vivant…lectrice charleston

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Je crois que La maison aux secrets est le premier roman Charleston à me rendre un peu dubitative, à m’inviter à un avis mitigé. Ce qui est assez étrange, car, il y a plein de bonnes choses dans ce roman. Mais aussi beaucoup d’autres qui m’ont dérangée, voire laissée de marbre. Il faut dire qu’il est presque difficile de s’attacher à notre héroïne qui fait des choix tellement rudes. De plus, je m’attendais à bien plus de secrets, de rebondissements, ou encore d’action. Finalement, même, si cette maison a ses drames et mystères, ils ne s’avèrent pas si palpitants que cela et la remontée dans le temps se fait presque amère.

April a perdu son fils il y a 5 ans et considère que tout est de sa faute. Sa pénitence, elle ne s’en détourne pas : aucun plaisir, aucune émotion, aucun sentiment, aucune joie, aucune distraction, etc. Elle vit de manière austère, toujours vêtue de gris et s’interdit la moindre diversion. Elle s’inflige cette discipline jusque dans l’alimentation qui se réduit au strict minimum vital. Elle se punit donc au quotidien et semble bien difficile à dérider. Pourtant, elle est appréciée… Mais lorsqu’elle apprend être l’héritière d’une maison en Angleterre, elle ne va pas avoir d’autres choix que de quitter, du moins temporairement, sa Nouvelle-Zélande natale pour aller à la rencontre de ce don. Force est de constater que la bâtisse a besoin d’une sacrée rénovation, pourtant, il est aisé de deviner toute la splendeur de l’Empyrean et de ses soirées mondaines.

Ce que notre héroïne ignorait c’est que cette nouvelle bâtisse qui lui appartient désormais contient de nombreux secrets. Son notaire semble l’encourager à garder la maison, tout comme cette vieille dame qui a connu l’âge d’or des lieux, Sunny. Cette mamie va raconter, petit à petit l’histoire des lieux et de ses habitants. April se montrera en effet très curieuse sur cette propriété et, pendant qu’elle vivra dans une maison très sommaire juste à côté, elle se retroussera les manches pour rendre la maison présentable et donc… vendable. Ce qu’elle oublie c’est que le passé peut parfois nous amener à reconsidérer notre présent. Si elle n’est vivante que « physiologiquement », les histoires et les rencontres qu’elle va faire grâce à la vieille propriété pourraient bien lui apprendre à revivre.

Et c’est bel et bien de cela qu’il est question dans le roman. Plus que de chasses au trésor ou de lourds secrets, il s’agit d’apprendre à vivre. Pour April, pour Sunny qui est « en fin de vie » (elle n’est pas mourante mais bien âgée) et qui malgré son entrain impressionnant a ses propres soucis à résoudre avec ses enfants, pour tous les personnages que nous allons rencontrer ici. Le mystérieux James et les rouges-gorges qui apparaissent comme autant de symboles de cette vie qui se poursuit, du deuil qui se fait, mais pour lequel il n’existe aucun manuel. Et puis le tempétueux et ô combien séduisant Oran qui lui aussi doit faire son propre deuil, mais d’une manière encore bien différente. Ces personnages se croisent et se décroisent, se lient et se délient au fil des émotions et de l’avancement dans leur chemin de vie personnel. Et ils sont touchants, sans hésiter.

Mais, malgré une plume irréprochable pour la description des lieux et des caractères, nous avons l’impression de parcourir tout ce chemin pour pas grand-chose. Sans doute est-ce même le souhait de l’auteure, cette frustration concernant le secret, cette chasse au trésor presque insipide. Finalement, le vrai secret ne se trouve pas dans ce qu’il y a à trouver de la part de l’ancêtre James, mais plutôt dans le cœur de chacun, pour réparer, apaiser, mettre du baume et avancer. April sera plutôt résistante au changement, mais rien n’est impossible. Et même si nous, lecteurs, nous aurions aimé en savoir plus sur l’histoire de l’Empirean, nous devrons nous contenter de bribes d’informations qui ne suffisent pas à redorer le blason de la propriété ni à susciter un intérêt profond pour ces lieux. Et que dire du chapitre final ? Tellement mystérieux, qu’on peut soit se creuser la tête à en chercher la signification pendant des heures, soit tout simplement, comme je l’ai fait, laisser tomber. Concrètement, La maison aux secrets est une lecture agréable, mais en demie teinte. J’aurais aimé plus de profondeur dans la chasse au « trésor », dans les secrets familiaux et de plus grandes explications sur le passé. Remercions enfin l’auteure pour les notes plus légères et l’humour qu’elle a su saupoudrer sur la vie morne et grise d’April, mais aussi sur les autres personnages entourant la jeune femme en deuil et dépression. Une ode à la vie et au bonheur, incontestablement.

enbref

Si La maison aux secrets n’a pas répondu à mes attentes, il n’en reste pas moins une lecture agréable avec une variété de personnages nous guidant sur la trace de la renaissance. En utilisant une vieille bâtisse et ses souvenirs, c’est la conception du deuil et du combat contre la dépression qui nous est illustré. Une ode à la vie et au bonheur qui manque juste d’un peu de profondeur et de clarté.

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charlestonlogo

“Nous passons un agréable moment dans cette bâtisse que nous rêvons de voir renaitre de ces cendres et redorer ses lettres de noblesse. Une belle leçon sur la vie et ses sacrifices, les erreurs et les conséquences.”

10 réflexions sur “[Chronique] La maison aux secrets de Catherine Robertson

  1. anouklibrary dit :

    C’est un des seuls Charleston qui ne me tente pas plus que cela… Je suis assez sceptique après avoir lu quelques critiques mitigées et du coup, je pense vraiment prioriser ceux qui me tente dès que je vois la couverture 🙂

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