[Chronique] L’année du flamant rose de Anne de Kinkelin

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Publié aux éditions Charleston – 6 janvier 2017 – 197 pages
Lu dans le cadre de mon année Lectrice Charleston

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Louise, Ethel, Caroline. Trois amies, joyeuses mais solitaires, partagent tout, leurs peines et leurs bonheurs, leur passion aussi pour les belles choses. Toutes trois sont des créatrices, des faiseuses de rêves, dans leurs ateliers qui se font face dans un passage parisien.
Louise, joaillière, crée des bijoux qui réjouissent le coeur et les yeux. Ethel, corsetière, réveille les sentiments et les sens des amoureuses éperdues (et des autres). Caroline, relieuse, redonne vie aux livres anciens, tout en rêvant la sienne. Toutes trois, passionnées, sont amoureuses de l’amour, mais celui-ci leur semble inatteignable…
Le jour où Louise s’entiche d’un flamant rose empaillé, superbe et quelque peu étrange, qu’elle installe dans son atelier, son regard sur la vie semble changer. Après sa rupture, elle est face à un défi : se relever, tenir debout, comme le flamant sur une patte, pour sa petite fille, Rose, malgré sa fragilité et les obstacles.
Cette année, les trois femmes sauront-elles trouver la force de se reconstruire ?
Sous l’oeil d’un flamant rose, le chemin de vie de ces trois femmes pas parfaites se dessine.

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Voilà, c’est le jour J. L’année du flamant rose est en librairie et moi je vous livre ma chronique de cette lecture si symbolique pour moi (mais oui un flamant !!) et surtout ma première chronique d’un livre lu en tant que Lectrice Charleston. C’est incroyable, le temps passe très vite, nous avons déjà lu des petits bijoux, j’en ai d’autres qui m’attendent et j’ai hâte. Mais j’étais vraiment impatiente de vous parler de ce titre là. Parce que vous êtes nombreux à m’avoir dit « Oh bah il est fait pour toi ce livre ». Bon, en vrai, Anne de Kinkelin ne l’a pas écrit pour moi, mais le symbole était très fort en tout cas.

lannee-du-flamant-roseSur cette photo j’ai tenté de vous représenter l’ambiance du livre, sans les apéros et les thés. Ainsi vous voyez l’art d’Ethel, la lingerie, l’art de Caroline, la restauration d’ouvrages anciens et puis l’art de Louise, la joaillerie. Le tout avec un ruban reliant ces femmes entre elles, celui de l’amitié, des fleurs parce que (cf roman) et puis un flamant qui veille sur tout cela (d’ailleurs en dehors du flamant en haut et de celui de la couverture, un troisième se cache bien sûr la photo. Merci à mon mari pour la prise de vue finale.  

Comme l’auteure, je n’ai pas eu besoin d’attendre que le flamant soit à la mode de partout pour y succomber. Peut-être suis-je moi aussi une intuitive ? En tout cas mon intuition ne m’a pas trompé sur ce livre : sans incarner le coup de cœur, j’ai passé un excellent moment dans cet univers artisanal fascinant, mais aussi au cœur même de l’artisanat le plus précieux : celui du bonheur à tisser et infuser dans sa vie, à relier en multiples pages à son cœur et à porter fièrement comme la plus belle des parures de bijoux. Vieux livres et colles, satin et dentelles, or et pierres, rien n’est trop beau pour se réapproprier sa féminité, son corps, sa vie. Occasion privilégiée de soigner ses amitiés, de les comprendre, de s’unir au fil d’or, tout en sachant que même éloignées, les vraies amies perdurent.

Le flamant rose demeure central dans ce roman. Premier geste de rébellion de Louise envers son mari, l’achat de l’oiseau empaillé incarnera le renouveau, la douceur, la couleur, l’éclat et la nouvelle vie de notre joaillière. Ce flamant semble presque animé de vie, de conscience propre et nous pourrions croire que sa mission auprès de Louise, qui vient de voir son mari la quitter soudainement, serait celle d’un ange gardien. Si l’on reste dans un registre purement rationnel, il est indéniable que l’oiseau sera source de motivations et de changements et se verra accompagné de signes du destin fascinants [quand, comme moi, on y croit].

L’année du flamant rose incarne une histoire de femmes, un trio sympathique, éclectique et purement attachant. Même si la psychologie des personnages ne s’avère pas des plus fouillées, nous entrons avec plaisir dans leur univers parisien. Car l’auteure nous offre ici une ode à Paris. Au travers de ses mots et ses lieux, elle nous partage son amour de la capitale. Si, comme moi, Paris ne vous est pas vraiment familière, il pourrait vous en prendre l’envie soudaine d’y séjourner et de découvrir des endroits fascinants, que seuls les initiés connaissent et approuvent. Et puis, flâner, admirer l’artisanat et pourquoi pas prendre l’apéro avec des copines qui partagent vos rêves, vos peurs, vos échecs, vos victoires. Comment ne pas parler de l’immense place faite à l’artisanat dans ce roman. La plume douce et passionnée nous entraine au cœur même des ateliers, nous sentons les odeurs de colle et de papiers vieillis par les années, touchons les étoffes et les caressons en rêvant, percevons l’éclat du métal et la lumière renvoyée par les pierres précieuses. Chacune des femmes aime son art, chacune a ses raisons de pratiquer son métier. Fortuites ou déterminantes, leurs rencontres ponctuent leur quotidien et leurs relations avec les clients se veulent tout à fait différentes. Si les réalités économiques de tels métiers ne sont qu’effleurées, elles le seront bien moins que celles de la panne d’inspiration, la lassitude ou le charme rompu, réel quotidien des artistes et artisans. Mais il n’est jamais trop tard pour redonner de l’élan créatif et un sens à la vie.

Si Louise est notre principale narratrice, nous aurons aussi le droit de passer des moments privilégiés auprès d’Ethel et de Caroline. Ces instants nous permettent alors de mieux les comprendre, mieux les apprécier, mais surtout d’accéder à l’amitié du trio, qui, telles celles de nos vies, connait des hauts et des bas, des erreurs et des jugements, de la distance et de la rancune. Chaque femme évolue en fonction de son passé, de son expérience et son caractère, ce qui favorise les réactions inattendues et pimente les échanges et apéros entre les trois amies. Toutefois, on a parfois l’impression que la réflexion reste en retrait par rapport à l’impulsion, ce qui conduit à des situations négatives ou immatures. Certes, elles donnent l’élan à leur vie, mais rien n’interdit de se poser un peu pour y penser, de se laisser porter oui, mais avec un minimum de risques calculés. Bien entendu, je ne parle ici qu’avec mon propre vécu et non avec celui de ces trois amies ni celui de l’auteure.

Revenons-en à notre principale héroïne, Louise. C’est une femme à laquelle il est aisé de s’attacher et à qui l’on a envie de tendre la main. L’achat de son flamant rose est très symbolique puisque contre l’avis de son mari avec qui les choses ne vont plus. Ainsi, quand il partira vers une autre histoire, Louise va utiliser le flamant comme moteur de sa nouvelle vie. De plus, le bel emplumé ne manquera pas d’attirer les regards sur sa boutique artisanale. Louise nous épate par sa capacité à rebondir et aussi à garder la tête haute. Elle assume son rôle de maman comme il se doit et reste droite pour sa fille. Peu à peu elle parviendra à prendre une distance respectable, mais nécessaire avec son mari et elle s’épanouira avec maturité loin de lui. Cette année du flamant est la sienne et l’auteure nous entraine alors au fil des saisons et des événements pour nous présenter Louise sous un jour nouveau.

Caroline est en quelque sorte la benjamine, la petite sœur du groupe et elle rêve d’autre chose que son quotidien solitaire parmi les livres anciens. Curieusement, je dois dire qu’elle me surprendra beaucoup dans son évolution et que j’ai aimé son chemin de vie au cours cette année qu’elle a partagée avec nous, sous le signe du flamant rose bien entendu. Quant à Ethel, il s’agit sans doute de la plus mystérieuse d’entre elles, épatante créatrice de lingerie de luxe, voluptueuse, sensuelle et charnelle. Les étoffes nous séduisent et les rubans et perles nous font frissonner, les mains expertes tissant et nouant les corsets nous font rêver. Même si l’on peut reprocher à nos trois femmes de se bercer toujours d’illusions ou de faire preuve d’une légère naïveté, nous prenons plaisir à passer un an avec elles, auprès d’elle et de les voir se reconstruire au fil des saisons, sous l’œil vigilant de l’oiseau rose. Car L’année du flamant rose ne demande qu’à accomplir sa vocation et notre oiseau à laisser les couleurs chatoyantes de son plumage nous inspirer.

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L’auteure nous offre une très jolie histoire d’amour et d’amitié, de passion et de reconstruction. Véritable ode à l’artisanat et poème d’amour dédié à Paris, l’amitié est exposée sous son jour le plus réaliste. Notre flamant a-t-il accompli sa mission ? À vous de le découvrir. Si la fin reste plutôt ouverte, ce n’est que pour mieux laisser vivre nos 3 héroïnes.

MANOTE17/20

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Ma phrase publié dans le livre en tant que Lectrice Charleston « La plume de l’auteur est fluide, agréable et nous capte dès le début dans cette histoire douce et feel-good. »

charlestonlogoMerci aux éditions Charleston

Photo illustrative : Grégory Dutein pour BettieRose books

19 réflexions sur “[Chronique] L’année du flamant rose de Anne de Kinkelin

  1. Carole dit :

    Bonsoir Bettie Rose,
    Superbe chronique! Un Paris de cinéma et de littérature, des ateliers, des vies qui changent pour mieux se transformer… J’ai très envie de découvrir ce roman 😍
    Merci pour la découverte!
    Belle soirée.
    Carole.

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  2. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Non mais ce roman était carrément fait pour toi ma belle, une couverture avec un flamant rose, c’était une évidence ! Trêve de plaisanterie, il a l’air vraiment génial, plein de beaux sentiments, ça me fait bien envie 😀

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  3. NovaBaby dit :

    J’ai lu un avis bien plus mitigé, alors je ne sais pas si je me laisserai tenter (mais effectivement, je me suis tout de suite dit qu’il était pour toi ce bouquin !)
    (et sinon, j’ai bugué bien 30 secondes à chercher le 3è flamant rose sur la photo)) (tu devrais créer des où est Charlie-like ^^)

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  4. prettyrosemary dit :

    Waw, quelle jolie chronique, et je suis fan de ta mise en scène sur la photo ! Je n’ai pas autant apprécié ma lecture que toi, en revanche je suis d’accord à 100% avec toi en ce qui concerne l’ambiance. Anne de Kinkelin a un vrai talent pour retranscrire des ambiances chaleureuses et ultra romantiques. ❤

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