[Chronique] Larmes de cendres de Lydie Blaizot

larmesdecendres
Publié aux éditions du Chat Noir – Novembre 2016 – 298 pages (Collection Féline)
Merci aux éditions du Chat Noir pour cette lecture

resume

En Sibérie, Darya Kovalevski, jeune orpheline, est passeuse de drogue pour un ami mafieux. Ce boulot dur et solitaire lui convient parfaitement car, depuis l’accident de voiture qui a coûté la vie à ses parents, elle souffre d’une étrange affliction : elle voit les vivants tels qu’ils seront le jour de leur mort. Une épreuve difficile à vivre au quotidien, surtout qu’elle s’accompagne des apparitions fréquentes d’un fantôme dont Darya ne comprend pas le langage. Un jour, son patron lui propose un nouvel emploi : servir de guide à un étranger, Rempert Dal Magro. Dès qu’elle le voit, sa différence saute aux yeux de la jeune fille et amène celui-ci à se confier sur sa situation un peu particulière. Il est un vampire dont l’âge altère son mental. Schizophrène, il a tendance à perdre les pédales et sa mémoire s’efface à un rythme inquiétant. Aujourd’hui proche de la folie et de l’amnésie complète, il veut à tout prix achever des recherches entamées plusieurs années plus tôt pour remédier au problème. Les dernières pièces du puzzle se trouvent en Sibérie et il a besoin de Darya pour les retrouver. Mais la jeune fille ne risque-t-elle pas sa vie avec lui ?MONAVISV2

J’ai eu la surprise de recevoir ce livre dans ma boite aux lettres et je dois dire qu’il tombait à point, car je l’avais repéré ! J’avais en effet beaucoup aimé la couverture, cette jeune fille un peu masculine avec une cicatrice, et le titre m’intriguait. En plus, des vampires, j’apprécie. Ce n’est pas ce que je lis le plus, mais j’adore pimenter mes lectures avec un peu de bit-lit de temps à autre. Je ne connaissais absolument pas l’auteure, au moins ce titre m’aura donné l’occasion de découvrir sa plume. Quand je vois qu’elle a un bon nombre d’écrits à son actif, il y a de quoi lire. Enfin, Larmes de cendres est publié dans la collection Féline, qui a tout pour me plaire :

Des héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux et des créatures aux dents longues.

Tel est le programme de la collection Féline. Humour, action et romance pour de l’urban fantasy et de la bit-lit originales, matures et (presque) raffinées !feline

Notre héroïne Darya est orpheline est se débrouille très bien pour survivre et assurer ses besoins en travaillant pour un ami mafieux ultra protecteur. En tant que passeuse de drogue, elle est amenée à se déplacer dans le cœur de l’hiver de la Sibérie et ce métier lui convient, car discrétion oblige, elle ne rencontre personne et doit se montrer furtive. Darya n’aime pas les gens, pas qu’elle ne veuille pas se montrer sociable, mais depuis l’accident qui a tué ses parents, elle souffre d’une sorte de malédiction qui fait qu’elle voit les êtres humains tels qu’ils seront le jour de leur mort. En aucun cas, elle ne devine quand ils vont mourir, mais les tableaux les plus sanglants ne lui sont pas épargnés. Ainsi, moins elle croise de personnes, moins elle visualise de « cadavres ambulants ». De plus, un fantôme la hante chaque nuit, l’invectivant dans une langue qu’elle ne comprend pas. Darya souffre terriblement de ces deux soucis et de la mort de ses parents, mais elle incarne vraiment l’héroïne forte et déterminée. Son seul souhait est de se débarrasser de cette malédiction. Un jour, son patron mafieux va lui proposer un drôle de contrat : escorter un homme italien et riche dans les montagnes qu’elle connait si bien. Servir de guide ? Pourquoi pas. Mais Darya ne s’attendait certainement pas à rencontrer un vampire… assez délirant. Fascinée par Rempert, Darya va tout mettre en œuvre pour l’aider dans sa quête, faisant abstraction des crises délirantes ou schizophréniques de son client. Toutefois, le vampire gardant peu de souvenirs de ce qu’il recherche, la quête s’annonce longue et périlleuse, surtout qu’ils ne semblent pas les seuls sur la piste du mystérieux objet. Darya risque sa vie pour Rempert, mais ne peut s’empêcher de s’attacher à ce bel italien élégant, mais démodé.

Généralement, quand un récit se situe en Sibérie, j’ai beaucoup de mal à m’y immerger, me représenter les lieux et accepter la froideur qui se dégage des paysages, mais aussi des personnages et échanges entre eux. Ici, Lydie Blaizot a tout de suite posé les bases nécessaires pour que le lecteur se sente presque comme chez lui au cœur de cette nature hostile et glaciale. À l’aide d’une plume élégante et sobre, elle construit son histoire autour de la quête mystérieuse de Rempert et nous peint le portrait de Darya par la même occasion. Écrit à la troisième personne, le récit nous permettra de partir à la découverte d’autres personnages intrigants, fascinants, voire attachants et nous faisons alors défiler les pages à une vitesse folle. Nous comprenons très rapidement que la quête présente un enjeu déterminant pour la race des vampires, mais il nous faudra du temps pour en percevoir l’importance.

Darya nous touche par sa malédiction et aussi pour le deuil qu’elle porte. Encore très jeune, ses parents lui manquent et elle a du mal à accepter qu’ils soient vraiment morts dans ce terrible accident de voiture dont elle était également passagère. Ses nuits sont hantées par des cauchemars de l’accident, revoyant alors ses parents sans vie et ensanglantés dans l’habitacle, mais aussi par cette mystérieuse femme qui semble venue d’un autre âge et qui parle un langage totalement inaccessible à la jeune fille. Cette étrangère, fantôme, va représenter une intrigue à part entière dans le roman et je dois dire que j’ai trouvé son histoire fascinante et parfaitement mise en place. Nous découvrons des éléments de la personnalité de Darya en même temps qu’elle et comprenons toute la souffrance qu’elle a pu porter sur ses épaules depuis la tragédie. Rempert ne sera pas étranger à la résolution des problèmes de la jeune femme.

Rempert incarne le vampire chic et poli, très âgé et venu d’un autre temps. D’une gentillesse incroyable, il est également serviable. Même s’il semble froid et autoritaire au premier abord, il succombera vite face au caractère de la demoiselle qui lui sert de guide. Il nous apparait évident que Rempert n’est pas n’importe quel vampire et il sera fascinant d’essayer d’assimiler son histoire, ou du moins une partie. Déboussolé, il ne contrôle plus vraiment sa vie et peut réagir de manière particulièrement virulente et inexpliquée. Toutefois, pour quelqu’un qui le perce à jour comme Darya, il devient vite irrésistible et attachant. Nous sommes pendus à ses paroles, attendons que sa mémoire revienne pour comprendre ce qu’il cherche et pourquoi. Rempert est un vampire d’une intelligence incroyable et qui nous fera voir le vampire sous un jour encore différent de par ce qu’il a accompli au cours de sa vie.

Les personnages secondaires sont tous parfaitement travaillés et étoffés, alors qu’ils sont pourtant nombreux. Comme je le disais précédemment, l’auteure a réussi à les rendre soit détestables soit fascinants. Certains s’apprivoisent aussi au cours du roman. Nous succombons très vite au charme bourru du mafieux et de son garde du corps, qui veillent sur Darya comme sur leur propre fille. La relation entre ces trois personnages est touchante et surprenante. En effet, s’ils se comportent comme des anges avec Darya, ils peuvent se montrer totalement impitoyables avec leurs adversaires et tiennent parfaitement leur réputation. Nous découvrons également deux duos qui marchent sur les traces de l’objet mystérieux, chacun pour des raisons bien différentes. L’un des duos est absolument abominable alors que l’autre va petit à petit nous faire totalement succomber. Je ne peux en dire plus, car ce serait vous gâcher le plaisir de la découverte.

L’intrigue se tient parfaitement, les chemins se croisent et s’imbriquent au bon moment et l’ensemble est totalement crédible. Nous n’avons pas trop d’insistance sur les vampires, mais juste les détails nécessaires pour mieux comprendre leur monde. La mythologie est solide et les aspects les plus modernes mis en avant (l’histoire se déroule en 2011) apparaissent authentiques. Le décor nous envahit, le froid nous engourdit et nous suivons cette quête avec passion. Le seul bémol que j’ai pu noter dans ce livre se trouve dans la romance, qui, à mon sens, débute sans grandes émotions. J’aurais aimé que les choses soient plus approfondies, sans pour autant tomber dans la romance pure et dure. Toutefois, j’ai hâte de voir ce que cela donnera pour le second tome qu’il me tarde de lire.

enbref

Un univers glacial et parfaitement mis en place, voilà ce qui nous permet de suivre les aventures de Darya et son ami vampire Rempert sur une quête à l’objet mystérieux. À l’aide de personnages construits et déterminés, l’auteure nous fait tourner les pages à toute vitesse. Un premier tome très intéressant, vivement le tome 2. Pour les amateurs de bit-lit ou d’héroïne au caractère bien trempé.

MANOTE

17/20

4flamants

Juste parce que je suis fan du logo :cadre-logo

21 réflexions sur “[Chronique] Larmes de cendres de Lydie Blaizot

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Aaaaaaaaaaaah, c’est l’un des romans qui me fait le plus envie, je crois que je pleure de désespoir là, parce que ton avis est trop bon et qu’il me fait encore plus !

    J’aime

  2. Audrey dit :

    J’ai entendu de bonnes critiques sur l’auteure mais je n’ai encore lu aucun de ses ouvrages même si je possède l’un de ses recueils… SI j’adhère au style d’écriture, je m’essaierai peut-être à ce roman 🙂

    J’aime

  3. Benedicte - Un monde livresque dit :

    Grâce à la MC Babelio je vais le recevoir. Ce livre me tentait déjà énormément mais ton avis me donne encore plus envie de le découvrir ! Puis, la Sibérie, l’univers glacial que tu décris si bien tombent à point nommé avec l’hiver et noël qui approchent !

    J’aime

Répondre à Audrey Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.