[Chronique] Je m’appelle Leon de Kit de Waal

jemappelleleonPublié aux éditions Kero – Août 2016 – 352 pages

Merci aux éditions Kero et à Netgalley France pour cette lecture

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Leon, 9 ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n’arrive plus à se lever le matin, il s’occupe de son demi-frère Jake. Quand l’assistante sociale emmène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c’est lui qui sait de quoi le bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu’on lui dit que chez ses nouveaux parents il n’y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c’en est trop. Heureusement Leon rencontre Tufty, qui est grand et fort, qui fait du vélo comme lui et qui, dans son jardin, lui apprend comment prendre soin d’une petite plante fragile. Mais Leon n’oublie pas sa promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant. Le jour où il entend une conversation qui ne lui était pas destinée, il décide de passer à l’action…

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Leon est un jeune garçon qui paraît plus vieux. Non seulement il est courageux, mais aussi grand et fort pour son âge. À la naissance de son petit frère, ou plutôt demi-frère, Leon s’attache à lui très rapidement. Il ignore alors encore qu’il s’agit d’amour fraternel. Quelque temps plus tard, leur mère ne s’occupe plus d’eux, ni de la maison, ni même d’elle. Au travers de ce que voit et raconte Leon nous comprenons que quelque chose ne va pas. Leon assume comme il peut et jamais ne cesse de prendre soin de son frère. Il ne va plus à l’école. Mais quand l’argent vient à manquer, il n’a pas d’autres choix que de monter voir sa « Tata » au-dessus de chez eux. Malheureusement/heureusement pour Leon et son petit frère, les services sociaux sont prévenus. L’angoisse commence, leur mère disparait. Leon et Jake sont alors placés chez Maureen, une adorable femme pétillante qui s’occupe bien d’eux. Toutefois, très vite, Jake sera adopté par une famille, et Leon n’y aura pas sa place. Bien sûr, il veut vivre avec son frère, lui. Il affirme qu’il est le seul à savoir comment s’en occuper. Mais Maureen lui confirme qu’il ne rejoindra pas Jake : ce dernier est un bébé blanc, parfait pour l’adoption. Leon lui est un enfant noir et déjà grand, personne ne l’adoptera.

Des problématique touchantes, la famille et la couleur de peau au coeur de l’histoire

Je m’appelle Leon confronte le lecteur a deux problématiques lourdes et touchantes : la séparation des frères et sœurs en cas de placement et le racisme. Leon est encore à cet âge où l’innocence prend le dessus. Même s’il réfléchit beaucoup et connait beaucoup de choses de la vie courante, il se retrouve déstabilisé par cette rude séparation. Psychologiquement, l’impact s’incarne par de menus larcins et des mensonges. Quand Maureen se voit dans l’obligation de le confier quelque temps à sa sœur Syvlia, Leon retrouve un peu d’innocence auprès de jardiniers qui lui enseignent des choses nouvelles. Mais jamais il n’oublie qu’il veut récupérer son frère et il prépare son plan, petit à petit et méthodiquement. Du moins aussi méthodiquement qu’un garçon de 9/10 ans le puisse. Rusé, rapide et malin, Leon nous surprendra par sa détermination, son courage. Mais Leon n’est qu’un enfant et le contexte social lui échappe. Lui qui n’aspire qu’à retrouver sa famille va devoir accepter que désormais sa seule famille s’incarne en la personne de Maureen et de Sylvia. Dure réalité pour ce petit garçon, déchiré par le manque de son frère et qui sait que ce dernier, très jeune, ne se souviendra pas de lui. Difficile aussi d’assimiler que sa famille dysfonctionnelle ait volé en morceaux et que jamais plus il ne pourra vivre avec son papa et sa maman.

Ce roman se révèle touchant, émouvant. Nous ne pouvons que nous sentir impuissants face à cette séparation, cette intolérable situation. Les travailleurs sociaux n’y apparaissent pas sous leur meilleur jour, mais le contexte historique n’est pas le même. D’ailleurs, nous pourrons situer ce dernier grâce à plusieurs références historiques à Martin Luther King et au conflit nord-irlandais. Nous évoluons donc dans un contexte difficile pour les Noirs et ce petit garçon apprend que sa couleur de peau conditionne déjà une partie de son avenir. Se liant d’amitié avec Tufty, un jardinier adulte, il aura l’occasion d’assister à discussions et conflits relatant de violences policières sur les noirs et de racisme radical. Cette vérité n’effraie pas pour autant notre jeune garçon qui ne pense qu’à son frère. Le roman met en avant la puissance et la beauté de ce lien fraternel que rien ne saurait briser. Pourtant, les équipes de l’aide à l’enfance prennent la décision de séparer les deux frères à jamais. Reste alors l’espoir de se retrouver à l’âge adulte. Mais quand on a 10 ans, peut-on penser à cette période si lointaine de notre vie ?

Des longueurs embarrassantes, venant atténuer les émotions

Si Je m’appelle Leon incarne typiquement le roman émouvant sur les liens familiaux, il saura également laisser transparaître des moments de joie et des apprentissages de la vie. Nous nous attachons énormément à Leon, ce petit garçon adorable et aimant qui ne demande qu’une famille ordinaire. Il chaparde certes, mais jamais ne cherche à faire mal. Maureen constitue la figure maternelle par excellente. Douce, mais ferme en même temps, elle sait prendre soin des enfants, elle y a consacré toute sa vie. Leon représentera pour elle beaucoup, et l’attachement entre le deux se veut alors très touchant. Ils parviennent à se comprendre et se respecter. Sylvia, un peu plus bourrue, apportera autre chose à Leon, quelque chose d’essentiel aussi. Et si l’équilibre se construisait au travers de plusieurs personnes ? Toutefois, le défaut majeur de ce roman réside dans des longueurs parfois bien inutiles, ennuyeuses. Certaines scènes traînent et même si elles présentent l’avantage de nous situer dans le contexte historique, elles nous feront alors souffler. Cependant, le livre reste assez court et se lit très facilement. Et puis quel plaisir de lire au travers du point de vue d’un enfant aussi touchant!

enbref

Je m’appelle Leon est un roman touchant mettant en scène un petit garçon adorable Leon. Apprendre à vivre et grandir sans sa famille est une expérience inattendue et bouleversante. Dommage que le récit présente certaines longueurs qui viennent parfois briser l’émotion. Des sentiments, de l’espoir et un lien fraternel inébranlable. À découvrir, Leon ne peut que vous séduire.

MANOTE

15/20

4flamants

 

29 réflexions sur “[Chronique] Je m’appelle Leon de Kit de Waal

  1. Gabyelle dit :

    Je veux absolument découvrir Léon ! Ta chronique m’a « mis les poils ». De plus la thématique séparation de fratrie m’intéresse énormément. Merci pour ce bel avis. Bisous.

    J’aime

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