[Chronique] The memory book de Lara Avery

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Publié aux éditions Lumen – Mai 2016 – 422 pages

resumeOn me dit que ma mémoire ne sera plus jamais la même, que je vais commencer à oublier des choses. Au début juste quelques-unes, mais ensuite beaucoup plus. Alors je t’écris, cher futur moi, pour que tu te souviennes !

Sam a toujours eu un plan : sortir première du lycée et filer vivre à New York. Rien ne l’en empêchera – pas même une anomalie génétique rare qui, lentement, va commencer à lui voler ses souvenirs, puis sa santé. Désormais, ce qu’il lui faut, c’est un nouveau plan.
C’est ainsi que naît son journal : ce sont les notes qu’elle s’envoie à elle-même dans le futur, la trace des heures, petites et grandes, qu’elle vit. C’est là qu’elle consignera chaque détail proche de la perfection de son premier rendez-vous avec son amour de toujours, Stuart. Le but ? Contre toute attente, contre vents et marées : ne rien oublier.

MONAVISV2Sam considère son avenir comme tout tracé, et c’est ce qu’elle nous confie tout au début de son journal. Elle travaille dur depuis longtemps pour arriver à ses fins et hors question de faire preuve de médiocrité. Cependant, elle voit ses plans remis en cause par un diagnostic alarmant d’une maladie incurable jouant sur la mémoire dans un premier temps. La première réaction de la jeune fille est le déni, elle refuse de prendre en compte la pathologie, mais ne reste pas sans stratégies pour la contourner. Ainsi, son journal va devenir sa mémoire, elle y consigne toutes les informations qu’elle juge importantes à destination de son futur elle, au cas où elle ne pourrait échapper à la fatalité. Le roman que nous avons entre les mains incarne ce journal où Sam se parle à elle-même. Nous pouvons donc considérer que la narration constitue un point fort du livre, par son originalité et l’implication du lecteur qui semble contempler à distance, Sam s’entretenir avec sa future incarnation.

Sam est une jeune fille déterminée et organisée. Elle n’agit jamais impulsivement, tout est toujours réglé, en passant par un plan élaboré dans sa tête. Elle a une soif de vivre et d’apprendre impressionnante, mais ne sait pas se lâcher et juste profiter de la vie. Tout est soigneusement calculé et elle se rend difficile d’accès. Sa passion ? Les débats politiques et elle excelle dans le domaine. D’ailleurs, nous la retrouvons en pleine préparation d’un concours très important pour elle. Elle nous confie aussi son coup de cœur pour un jeune homme nommé Stuart, un peu plus âgé qu’elle. Elle nous raconte sa longue amitié d’enfance avec Cooper, cette relation appartenant dorénavant au passé. Sam ne perd jamais espoir et tout ce roman/journal en témoigne. Nous la verrons, bien sûr, prendre conscience de la maladie qui la rattrape. Son malheur va aussi l’aider à réaliser qui elle est véritablement, cette version d’elle étant bien différente de ce qu’elle voulait montrer. C’est donc l’issue sinistre et fatale de son affection qui lui apprend à vivre en se laissant porter, sans tout calculer. Sam s’ouvre et se lâche, au rythme des instants de vie qu’il lui reste avant de perdre tout contrôle de son corps et de sa mémoire.

La valeur de la famille incarne une position importante dans ce roman. Sam est très entourée, très aimée par ses parents. Le foyer est soudé pour faire face à la maladie, même si au fond il ne reste rien à espérer si ce n’est de profiter du temps accordé. Nous n’assistons pas à des moments de total désarroi, l’auteure ne verse jamais dans l’excès de larmes ou de fatalité. Tout est justement dosé pour nous montrer la force de cette unité familiale, mais aussi pour mettre en avant les symptômes de la pathologie. Sam ne croit pas vraiment que la maladie puisse la rattraper, après tout à l’adolescence ne nous pensons pas immortels ? C’est peut-être ce qui explique que Sam ne laisse filtrer que peu d’émotions, peu de sentiments dans ses écrits et nous met un peu à l’écart du déroulement de ce drame. Toutefois, rappelons-nous que le style de narration implique qu’elle rédige pour son futur elle et non à l’intention de nous, lecteurs. Pour ma part, cet aspect « froid » m’a légèrement dérangée. Je n’ai pas réussi à m’attacher totalement à notre héroïne, et ce même si nous la voyons, en très peu de temps, affronter diverses situations et connaître un amour pur et authentique.

Cooper et Stuart, les deux garçons qui l’entourent, jouissent en revanche chacun d’une personnalité et d’un charisme propres. Ils ne peuvent être comparés et ne s’apprécient pas plus que cela. Sam parlera beaucoup d’eux dans son journal, chacun lui ayant apporté quelque chose d’unique, de précieux. Elle n’est pas forcément objective à leur sujet bien entendu, mais c’est aussi ce qui incarne la force de son amour pour eux. N’oublions pas que le principal défaut de la jeune fille réside dans sa tendance au jugement hâtif, elle ne prend pas le temps de comprendre, cela va avec sa stratégie de vie où tout est déterminé à l’avance et calculé. Paradoxalement, le temps incarne une notion qui va changer d’angle de vue pour Sam. Avant la maladie, la moindre seconde devait être optimisée et utilisée dans l’intérêt de son avenir, de ses études, cette constante course à la performance. Alors quand la maladie survient, elle comprend que le temps lui est compté, et si elle commence par l’ignorer, rapidement elle va réaliser que ce temps, précieux, se chérit et qu’elle doit vivre pleinement. Ainsi, elle va apprendre, enfin, à lâcher prise.

Les moments les plus touchants de ce roman se situent vers la fin. Je n’en dis pas plus, mais même si pour moi les émotions sont trop effleurées pendant une trop grande partie du récit, cette « fin » nous bouleverse, les évènements qui s’y précipitent nous touchent. Un autre bémol toutefois dans ce roman (pour moi) réside dans l’utilisation de certains clichés typiques du genre Young Adult qui peuvent entacher le réalisme du journal. Certaines choses paraissent jouées d’avance et nous n’avons plus qu’à attendre qu’elles se produisent et que Sam nous les relate. J’ai également trouvé un léger manque de cohérence dans le journal quant à la retranscription des dialogues qui sonne un peu trop juste. Toutefois, The Memory Book reste une très belle histoire de maladie et d’amour. Certains lecteurs la comparent à Nos étoiles contraires… À vous de me dire.

enbrefThe Memory Book est une histoire touchante sur la maladie à un âge où l’on se pense immortel. Malheureusement, le récit, qui pourtant revêt une narration originale, souffre de clichés et d’éléments trop attendus ainsi que d’un léger manque d’émotions de la part de l’héroïne même. Nous passons toutefois un doux moment aux côtés de Sam et ne pouvons être que bouleversés par ce destin percutant.

MANOTE14/20

3flamants

27 réflexions sur “[Chronique] The memory book de Lara Avery

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Ah, dommage pour le côté cliché, c’est pourtant parfaitement le style de roman qui me fait envie, mais il faut que ce soit maîtrisé tout de même !

    J’aime

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