[Chronique] Hier encore c’était l’été de Julie De Lestrange

HierencorecetaitletePublié aux éditions Mazarine – Mars 2016 – 382 pages –

Disponible au format numérique

resumeAlexandre, Marco, Sophie et les autres se connaissent depuis l’enfance.
Ensemble ils sont nés, ensemble ils ont grandi, en toute insouciance et en toute innocence. Mais lorsque la vie les prend au sortir de l’adolescence, la claque est brutale.
En une décennie, ceux que les intellectuels appellent la jeunesse perdue et désillusionnée vont devoir apprendre à se battre pour exister. La vie les perdra par endroits.
À travers les drames, les fous rires et les joies subsiste alors l’amitié. Et l’amour qui les sauvera.
Tendre portrait d’une génération et d’une époque, Hier encore, c’était l’été prend aux tripes pour ne plus vous lâcher. C’est l’histoire de nos guerres quotidiennes, de ses victoires et de ses peines. C’est surtout l’histoire de la vie et d’une bande d’amis dont on voudrait faire partie.

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Ce livre me tentait depuis un petit moment et sur les conseils de ma copinaute Carnet Parisien je me suis lancée. J’ai attendu toutefois d’avoir lu l’ouvrage avant de lire SA chronique, car je voulais me laisser porter par le livre, découvrir l’univers de ce roman. Si j’ai aimé ce livre, ce ne fut pas un coup de cœur. En effet, par moment, je lui ai trouvé des langueurs (et non des longueurs) inutiles et je me suis même parfois ennuyée en me demandant où voulait en venir l’auteure.

Pourtant, je n’ai absolument rien à reprocher à la plume de Julie De Lestrange, bien au contraire. Son style est moderne, raffiné et percutant. Elle saisit les instants de vie pour nous les retranscrire avec une justesse émouvante, touchante. Nous sommes en immersion totale dans ce groupe d’amis. Le choix de la narration est également original puisqu’il se situera principalement du point de vue d’Alexandre. Toutefois, l’auteure n’en oubliera jamais les autres personnages, Marco, Sophie et Anouk en particulier. Les autres seront plus secondaires. Alexandre n’a pas tout à fait 20 ans quand nous le rencontrons et c’est un garçon qui nous apparait touchant. Il se surprend à éprouver des sentiments très forts pour Marie, la copine de sa meilleure amie Sophie. Il va alors tout entreprendre pour la séduire.

Et puis la vie. Oui, la vie et son tourbillon, qui emportent tout, vous entrainent sur des chemins non imaginés et inattendus, bonnes ou mauvaises surprises, échecs ou réussites, désillusions ou rêves qui s’accomplissent. Chacun fait sa route, l’amitié survit, parfois difficilement. Il y a des moments où nos héros grandissent à part, ne se comprennent plus. Mais toujours cette force de l’amitié, plus puissante que tout pour les sauver. Nous les verrons faire diverses expériences, passer ce difficile cap qui vous entraine de la fin de l’adolescence et de son insouciance à l’âge de s’assumer, de travailler et de construire sa vie. Car c’est précisément la période que couvre l’auteure ici, des 19/20 ans à la fin de la vingtaine.

Pour être de la même génération que nos personnages et donc avoir eu le même âge qu’eux dans les mêmes années, je peux vous dire que c’est un récit vraiment juste et touchant. Je me suis reconnue non pas dans un personnage, mais dans plusieurs. J’y ai identifié mes amis aussi, ceux qui sont encore là ou ceux qui ont pris un autre chemin. J’y ai discerné mon expérience de la vie, dans une certaine mesure, et je peux affirmer que c’est saisissant de réalisme, que les questions que se posent nos personnages sont pertinentes, authentiques et parfois difficiles. Qu’est-ce que la vie ? Quand doit-on abandonner l’insouciance et devenir véritablement adulte ? Peut-on fuir ce modèle ? Et si oui, peut-on être en adéquation avec les autres, ceux qui avancent ?

Des questionnements sur la vie, le cycle de celle-ci, les générations, la fin de l’insouciance, mais aussi sur l’amour et la mort. Des notions fondamentales. Le lâcher-prise. L’envie de vivre et de rester éternellement jeune. Celle de faire carrière et de se tuer à la tâche. Celle de renouer avec la famille et d’enfin la comprendre. Celle des expériences terriblement douloureuses, mais alors tellement formatrices. Oui, Hier encore c’était l’été est un récit de vie, qui retrace une décennie clé, sans doute la plus belle à vivre, celle où vous passez de l’insouciance de vos 20 ans à l’assurance de vos 30 ans. Car, si à 20 ans on s’amuse sans penser au lendemain, à 30 on fatigue certes plus vite, mais on plus de confiance, on sait alors enfin qui on est, même si c’est encore un long chemin qu’il faut parcourir jusqu’au crépuscule de la vie.

Malgré tous ces points positifs, j’ai parfois eu du mal à rester accrochée à ce récit. J’ai trouvé que certaines scènes, bien que très réalistes, étaient trop lentes, trop décrites peut-être et je me suis ennuyée sur certaines. Ces quelques passages à vide ont donc légèrement gâché mon expérience de lecture. J’avais quelque peu hâte de finir le roman pour comprendre où voulait vraiment en venir l’auteur. Toutefois, quand j’ai eu terminé ce roman, j’ai ressenti quelque chose de particulier : une certaine lassitude, à cause des scènes « ennuyeuses » et une forme de gratitude envers cette histoire qui a fait écho en moi. Les interrogations sur la vie sont des questions captivantes et que je me pose très souvent. Où sont passées ces 10 dernières années ? Qu’ai-je accompli ? Qu’est-ce que l’insouciance m’a apporté ? Et si ? Etc.

La fin du roman est très certainement la plus belle façon de refermer cet ouvrage. Même si cet ultime chapitre peut apparaitre comme « facile », il reste cohérent avec la situation sociale de notre cher Alexandre et ne surprend pas plus que cela. Chaque personnage aura su nous toucher en plein cœur et chacun nous aura apporté un peu de son expérience, un éclairage différent, fonction de la personnalité et du vécu, mais terriblement humaine, incroyablement réaliste.

enbrefUn roman saisissant de réalisme sur la vie et l’amitié dans la période charnière qu’est la vingtaine. Quand l’insouciance de l’adolescence s’efface pour les responsabilités adultes, chacun doit trouver son rythme. Des portraits touchants pour des personnages attachants qui apportent chacun une lumière particulière au lecteur. Dommage d’y croiser certains passages à vide, car la plume, vibrante, est d’une élégance redoutable.

MANOTE15/20

18 réflexions sur “[Chronique] Hier encore c’était l’été de Julie De Lestrange

  1. Carnet Parisien dit :

    Merci encore d’avoir lu ce roman et de m’avoir fait confiance ❤ Ca n'a pas été un coup de coeur pour moi non plus mais c'était une très bonne lecture je trouve. Tu le sais déjà, j'ai principalement aimé le style de l'écriture.
    Comme tu le dis, chaque personnage m'a touchée. Je n'ai pas vraiment trouvé de longueurs au récit pour ma part, peut-être parce que j'ai mis du temps à le lire, ou parce que tout me semblait si cohérent, si réaliste, si criant de vérité… je ne sais pas. En tout cas, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et je suivrai l'auteure.
    Bisous 🙂

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