[Chronique] Derrière la haine de Barbara Abel

Derrierelahaine

Edition présentée : Pocket – 2013 – 344 pages

resume

D’un côté, il y a Tiphaine et Sylvain ; de l’autre, il y a Laetitia et David. Deux couples voisins et amis, ayant chacun un enfant du même âge. Deux couples fusionnels et solidaires qui vivent côté à côte dans une harmonie parfaite. Jusqu’au jour du drame. Un tragique accident fait voler en éclats leur entente idyllique, et la cloison qui sépare leurs maisons tout comme la haie qui sépare leurs jardins ne seront pas de trop pour les protéger les uns des autres. Désormais, les seuls convives invités à la table des anciens amis s’appellent Culpabilité, Suspicion, Paranoïa et Haine…

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Voici un autre livre qui a beaucoup fait parler de lui et qui a été largement plébiscité par les chroniques et divers avis enthousiastes. Si je vous donne l’impression d’être une rabat-joie, pardonnez-moi, mais il m’est impossible de vous mentir, ce n’est pas le but de ce blog. Alors oui, j’ai aimé Derrière la haine, mais non, ce n’est ni un coup de cœur ni un livre qui a su me surprendre de A à Z comme je m’y attendais. Malheureusement pour moi, certaines choses se sentaient à plein nez… Pas tout bien entendu.

Tout commence par une belle histoire d’amitié que l’auteur nous conte à l’aide de flashback et de moments présents. Tiphaine et Sylvain sont très proches de Laetitia et David, habitant des maisons mitoyennes et étant dans les mêmes âges. Tellement proches qu’ils élèvent leurs enfants ensemble, comme des frères et que cette famille est devenue inséparable. Mais un jour, un drame survient et fait tout voler en éclat. Il ne reste plus grand-chose de la grande amitié éternelle si ce n’est soupçons et idées noires, reproches et culpabilité. À la place des belles soirées idylliques, la paranoïa s’invite ne tardant pas à convier sa grande alliée, la haine. Qui a tort ? Qui a raison ? Paranoïa ou craintes fondées ? Barbara Abel va tout faire pour semer le doute dans l’esprit de son lecteur…

Le premier reproche que je pourrais adresser à ce livre c’est la lenteur de la mise en place de l’intrigue. Alors certes, il est certainement très important de bien s’installer dans le climat de confiance pour mieux ressentir la destruction de la précieuse cellule amicale, pour mieux vivre la paranoïa, mais en lisant toute cette histoire d’amitié parfaite, on n’a qu’une envie : qu’on en vienne aux faits. En revanche, une fois le drame survenu, pas de temps de repos, et nous dévorons alors le livre à une vitesse incroyable pour comprendre la vérité et surtout voir où tout cela va nous mener. L’intrigue en soi est bien ficelée même si certaines choses peuvent apparaitre évidentes, mais l’auteure joue particulièrement habillement sur la psychologie des personnages pour nous faire douter ou faire monter l’angoisse.

Si la psychologie des personnages est parfaitement employée et maitrisée dans l’intrigue, elle manque un peu dans la construction même des amants des deux maisons mitoyennes qui restent alors un brin mystérieux pour le lecteur. Au moins, cela aura le mérite de laisser place à la surprise de certaines réactions, mais certaines choses nous paraissent parfois trop effleurées. Pourtant, l’auteur ne nous épargne pas les pensées des deux couples, mais il manque alors la touche venant décrire la réelle identité et personnalité de chacun. La notion d’amitié, la complicité et l’entente entre les deux couples sont parfaitement mises en place et l’on comprend même que pour eux, une véritable atmosphère familiale s’installe. Mais que deviennent les belles paroles quand le drame survient? Alors que le duo non touché par le drame veut venir en aide à celui qui souffre, il est rejeté. Comment peut-on rejeter sa propre famille ? L’incompréhension est au rendez-vous. Et puis, habilement, l’auteur sème le doute dans l’esprit d’une des deux femmes, et parvient aussi à le semer dans le nôtre. On a pourtant l’impression qu’une guerre de chiffonnière se prépare, mais il n’en est rien. La paranoïa est un sentiment très difficile à écrire et à faire ressentir au lecteur, ici Barbara Abel excelle dans l’art de nous faire virer tout aussi paranoïaque que son personnage principal. Quant à la haine, elle nous atteint aussi facilement et rapidement.

Nous serons surpris également de ressentir un certain sentiment d’impuissance totale face au déroulement des choses. J’ai d’ailleurs trouvé que la fin était certes adaptée à l’intrigue, mais un peu trop facile et théâtrale. Elle nous glace bien entendu le sang et quand on sait qu’un second livre vient prendre le relai de cette première intrigue particulièrement machiavélique, on ne peut qu’avoir envie de lire la suite. Si ce roman n’est pas parfait, il n’en est pas moins addictif et malgré quelques petites choses agaçantes il se dévore en un rien de temps. Cette fin théâtrale reste surprenante même si comme je le disais on pouvait s’y attendre (sur le fond, pas sur la forme). Pour tout vous dire, j’avais compris ce qui était visé par la femme du couple en question, mais je ne m’attendais quand même pas à ce que cela aille jusque là. Bravo pour la surprise au milieu de choses plus évidentes. L’atmosphère est lourde, tendue et le lecteur se retrouve sur le point de craquer, tout comme l’un des couples qui ne sait plus comment reprendre pied.

enbref

Quand une relation idyllique ne parvient pas à survivre à un drame, elle devient alors toxique. Quand cette histoire concerne des voisins, le quotidien devient vite un enfer où s’invitent haine et paranoïa. Au cœur de l’intrigue, l’enfance à préserver à tout prix. Mais à qui faire confiance ? Qui est fiable dans l’histoire ? Doute et suspens sont au rendez-vous dans ce récit addictif qui souffre quand même de petites facilités.

MANOTE

15/20

4flamants

 

24 réflexions sur “[Chronique] Derrière la haine de Barbara Abel

  1. Kerry Legres dit :

    Dans ce genre de livres, j’aime vraiment être surprise, je n’aime pas que certains éléments soient prévisibles ça pourrait aussi entacher ma lecture ! Néanmoins je pense quand même le lire, ça fait un moment qu’il me tente.

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  2. Josiane dit :

    Je l’ai lu et je l’ai aimé ! Je l’ai dévoré je dois dire tellement pressée d’en connaître l’épilogue !! Et le second m’a plus tout autant !!

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  3. La route des lecteurs dit :

    Pour ma part, j’ai adoré ce roman, même si c’est vrai que le retournement prend du temps à venir. Toutefois, j’ai vraiment trouvé l’intrigue addictive et, à présent que j’ai emprunté le tome 2, j’ai hâte de voir ce que l’auteure a écrit avec Après la fin 😀

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