[Chronique] La déferlante de Michael Buckley

ladeferlante

Publié aux éditions PKJ – Avril 2016 – 379 pages

resumeTrente mille créatures inquiétantes surgies de la mer : les Alphas.
Veulent-elles nous envahir ou fuient-elles un danger terrifiant ?
Lyric, une humaine, et Fathom, le prince des Alphas, doivent absolument s’entendre pour sauver l’humanité.

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Attention, O.L.N.I (objet littéraire non identifié) garanti ! Voici un livre jeunesse qui change un peu même s’il reprend bien sûr certains codes de genre Y. A. L’auteur ici n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à faire apparaitre l’espèce humaine sous ses pires aspects et lancer des piques morales. Ce premier tome, dont la sortie semble être passée un peu inaperçue en France, est une excellente introduction à un univers puissant, riche en possibilités et totalement atypique. L’intrigue connait de nombreux rebondissements et chacun amène le lecteur à une réflexion, une introspection voir une prise de conscience.

La puissance de ce roman est l’immersion totale et immédiate dans un monde nouveau, inédit. Nous le découvrons petit à petit, page après page. Notre personne principal, Lyric, est une jeune lycéenne pas tout à fait ordinaire et inséparable de ses deux meilleurs amis. Lyric redoute le grand évènement à venir : l’intégration de six Alphas, ces êtres venus de la mer il y a 3 ans, au lycée. Les Alphas nous sont présentés comme des êtres supérieurs aux Humains et ils vivent sur la plage de Coney Island, territoire auquel ils sont limités. La ville entière de Coney Island est tombée dans le chaos, une ZONE a été créée, et il est difficile d’en sortir.

Dans la façon de raconter l’intégration des Alphas au lycée et la protestation véhémente des opposants (les Niners) aux Alphas, nous pouvons y voir un parallèle maitrisé à la déségrégation engagée aux U.S.A. en 1957 lorsque que les 9 premiers élèves noirs ont intégré un lycée jusqu’à alors réservé aux Blancs. Ces 9 étudiants étaient appelés les Little Rock Nine (du nom de la ville concernée) et furent victimes d’une forte opposition et violence incroyables (voir ICI et des livres qui parlent du sujet). Comme pour les Little Rock Nine, les Alphas vont devoir bénéficier de la protection de l’armée. Toutefois, ici, les Alphas ne sont pas humains, ils sont dotés de facultés incroyables et sont, sur certains points, bien plus évolués que les humains qu’ils nomment détritivores. Lyric n’est pas une opposante formelle à cette intégration, mais, pour sa propre sécurité et celle de sa famille, elle souhaite rester éloignée de ces nouveaux élèves. Très vite, elle se retrouvera, malgré elle, à devoir côtoyer le Prince des Alphas, Fathom. Elle est alors loin d’imaginer ce qui l’attend en pénétrant dans ce monde nouveau où le danger rôde. Lyric et Fathom pourraient bien avoir le destin de l’Humanité entre leurs mains… Et les sacrifices seront certainement nécessaires pour tout changer.

Les descriptions sont fabuleuses et nous découvrons avec émerveillement un monde fascinant dont nous imaginons facilement les caractéristiques physiques et sociales. Cette société, celle des Alphas, est très différente de celle des humains. Mais est-elle meilleure ou pire ? Faut-il s’allier ou se faire la guerre ? Qui peut donner une leçon de vie à l’autre ? Même si les Alphas ont un comportement qui, à nos yeux humains, est assez primitif, voire barbare, ils constituent une civilisation très ancienne et très complexe. Leur hiérarchie est impressionnante, leurs rites et coutumes toujours en relation avec l’Océan dont ils sont issus. C’est un vrai bonheur que d’en découvrir un peu plus sur eux, page après page. Nous avons alors l’impression de les connaître, de les comprendre et leur existence devient réelle, possible. Rien que par cette envie d’en savoir plus sur les Alphas nous devenons addicts et le roman se transforme en un véritable page turner qui est bien difficile à reposer. Si tout au début du livre nous avons l’impression d’être noyés dans ce monde, il n’en est rien finalement. Certes, il apparait évident que nous avons encore beaucoup de choses à apprendre dans les tomes suivants, mais cela ne gâche en rien le plaisir de ce premier tome.

Ceux qui aiment les critiques ouvertes de la société et les pensées écologiques apprécieront cette histoire qui n’est pourtant pas si moralisatrice que ça. De même ceux qui se sont intéressés aux histoires de déségrégation et d’égalité trouveront leur compte ici. Enfin, si vous êtes amateurs de mythologie océanique, vous serez largement servis et découvrirez des êtres fascinants au sein même de cette population Alpha. Nous apprenons ici à nous recentrer sur l’essentiel, la famille, l’amour, la solidarité, la loyauté, le respect de notre Monde. Ce peuple dévoué à la nature, à l’Océan nous donne des leçons essentielles. Le mystère quant à l’arrivée des Alphas sur les plages reste présent un long moment, le suspens est préservé et monte crescendo. Quant une nouvelle menace pointe c’est tout qui s’accélère et nous entraine dans une folle course pour sauver l’humanité. L’auteur n’hésite pas à causer des pertes, humaines ou alphas, lourdes et nombreuses, ce qui fait que le lecteur se raccroche encore plus aux personnages restants en jeu dans cette fantastique aventure. Chaque personnage, quel qu’il soit, principal ou secondaire, alpha ou humain, bénéficie d’une psychologie soignée et suffisamment élaborée pour créer un phénomène d’attachement, de compassion. Les amateurs de romance seront satisfaits également, le tout avec un grand naturel et douceur.

Les scènes d’actions sont très cinématographiques et ne laissent pas le temps au lecteur de reprendre son souffle. Enfin, il est indéniable que ce roman se dévore très vite et nous relâche sur un cliffhanger presque insoutenable. Nous refermons le livre en ayant qu’une envie : lire la suite et retrouver nos héros. L’Humanité est-elle en danger ?

 

enbrefCe premier tome nous plonge dans un univers fascinant, original et qui est porteur de messages forts et percutants. À l’aide de personnages soignés, l’auteur nous immerge dans son histoire et nous rend accros. Un vrai page-turner avec un potentiel BookBoyfriend hors-norme. Brillant.

MANOTE17/20

4flamants

 

 

28 réflexions sur “[Chronique] La déferlante de Michael Buckley

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Ah, celui-là me tente énormément, surtout le côté un peu violent, que je trouve assez rare dans le style, alors forcément, ton avis est d’autant plus tentant ma belle !

    J’aime

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