[Chronique] La maison des hautes falaises de Karen Viggers

lamaisondeshautesfalaisesPublié aux éditions Les Escales – Mars 2016 – 424 pages

resumeAfin d’échapper à des souvenirs douloureux, Lex Henderson part s’installer dans un petit village côtier, loin de tout. Les promenades sur la plage et la contemplation des richesses de la nature lui permettent de reprendre goût à la vie. Lui qui n’avait plus rien ressenti depuis si longtemps se voit renaître. Il fait alors la connaissance de Callista Bennett, artiste locale aux fêlures proches des siennes. Tous deux ont abandonné l’espoir de faire confiance, de trouver un jour l’amour, et, pourtant, il semble bien que cela soit à nouveau possible. Mais arriveront-ils à oublier leur passé pour guérir et laisser place à un futur plus clément ?MONAVISV2

Ce second roman de l’auteure nous entraine dans une très émouvante histoire d’amour, et ce, au sens large du terme. Nous allons suivre le parcours de Lex, brisé par les drames de la vie et qui a quitté sa routine citadine pour une maison perchée sur les falaises de la côte australienne. Là-bas, il passe des heures face à l’océan et il y voit même des baleines qui vont alors le fasciner. Ce que Lex ignore encore c’est que sa demeure est chargée d’histoire et qu’il lui faudra sortir de sa coquille s’il souhaite s’intégrer et se faire accepter des habitants de Merrigan. Mais nous rencontrons également Callista, jeune artiste élevée dans le bush et un peu en marge de cette communauté rurale. Elle aussi a connu son lot de drame et est façonnée par son vécu et ses aléas. Elle devra, à son tour, se montrer capable de chasser les fantômes du passé et de sortir de ses réserves sans pour autant sortir de ses gonds. Lex et Callista vont se rencontrer et ressentir une fascinante attirance. Mais rien ne sera simple entre eux, chacun luttant avec son caractère. Certes, il s’agit d’une relation passionnée qui nait alors sous nos yeux, mais l’observation des baleines, qui se joue en filigrane de cette histoire, peut-elle aider ce « couple en devenir » à guérir et à s’épanouir ?

Voici un livre que vous avez envie de faire durer pour la beauté et la poésie des mots, pour l’émotion que procurent les baleines, et pour nos imparfaits personnages et notre souhait de les voir avancer et cicatriser. L’auteure a réussi à nous peindre une histoire d’amour magnifique et différente à travers une forme atypique, complexe, mais par le biais d’un autre regard : celui que l’Homme peut porter sur les baleines (et la Vie en général). C’est tout un univers, tout un fonctionnement que l’auteure parvient à nous faire découvrir. Les descriptions sont si justes que le lecteur se prend à ressentir chaque émotion, et même chaque instant que Lex vit aux côtés de ces mystérieux mammifères qui nous fascinent alors, nous aussi. Naturellement, il voudra partager son enthousiasme avec Callista, mais il se pourrait bien que la jeune femme ne voit pas les choses comme lui. Usant de l’influence des baleines, c’est vers une reconstruction, une transformation, une renaissance de Lex et Callista que nous entraine l’auteure. Accepter le passé, en faire sa force pour avancer et s’ouvrir aux autres, ne plus avoir peur de vivre et de ressentir les émotions les plus douces comme les plus brutes, sont alors les enseignements que découvrent et nous livrent nos protagonistes.

Mais au-delà du tourbillon d’émotions que nous ressentons – et qui sait, de quelques larmes versées -, c’est une sublime leçon de vie qui nous est livrée. De vie et d’amour. De respect des différences, des forces et des faiblesses. Ce petit village est bien particulier, avec un fonctionnement assez solidaire, communautaire, bien rodé et tout le monde se connait. Et, bien sûr, tout le monde connait l’histoire de la maison de Lex, qui, intrigué par les nombreux ouvrages sur la chasse à la baleine, abandonnés dans sa demeure, va vouloir en savoir plus. Certaines vérités sont pourtant difficiles à comprendre, certains héritages de vrais fardeaux à porter.

Grâce à la délicatesse de sa plume, Karen Viggers n’a aucun mal à inviter le lecteur à la découverte de la nature sauvage, d’un océan noble et puissant et à se confronter aux éléments naturels, rappelant alors à l’Homme sa place sur Terre. Les baleines, créatures majestueuses et mystérieuses, ont beaucoup à transmettre et, malgré elles, toucheront et, transformeront nos deux âmes en peine. Les scènes « marines » nous procurent de véritables sensations d’apaisement, nous nous ressourçons devant ce spectacle à la beauté fascinante. Nous nous reconstruisons, au fil des pages, en même temps que Lex et Callista, petit à petit, au rythme que la vie permet. Que dire de cette Australie sauvage, sublime et puissante ? Merrigan nous apparait sous ses meilleurs et ses pires aspects et est peuplé de gens très différents qui avancent ensemble, s’aident et s’aiment à leur manière. Parfois, ils doivent faire face aux éléments déchainés, à l’océan qui prend le pouvoir et aux vents terribles qui soufflent. C’est aussi le bush et sa chaleur, ses paysages secs et naturels, à l’état brut.

Les personnages de Karen Viggers sont « ordinaires » et « beaux ». De vrais humains imparfaits à la personnalité unique et touchante, loin des clichés et très loin d’être lisses, qui jouissent d’un caractère façonné par les épreuves de la vie, dont ils vont devoir apprendre à faire une force. Chacun a peur de s’ouvrir, de révéler ses secrets, d’abaisser les barrières pour laisser l’autre entrer dans sa vie, le mettre à nu. Et puis, ces deux amants qui n’ont pas la même opinion au sujet de la chasse aux baleines, ce qui les oppose, vont devoir apprendre que dans la vie, rien n’est tout noir ou tout blanc. Dans les mots de l’écrivain, nous sentons chaque émotion, chaque blessure avec justesse et Karen Viggers nous entraine dans une sublime histoire passionnelle et de reconstruction en parfaite harmonie avec la découverte de la vie des baleines.

enbref

Ce roman, inoubliable, et à l’atmosphère unique, se fait doux et sauvage à la fois, à l’image des baleines qui nous fascinent au fil des pages. L’histoire d’amour passionnelle, conflictuelle et fragile de deux âmes brisées de cette histoire touchera le lecteur en plein cœur. La plume est sensible, émouvante et parvient à mêler le monde des baleines en filigrane au destin de Lex et Callista. Amour et rédemption, acceptation et confiance en l’avenir seront les maîtres mots de ce livre. Magnifique. Dépaysant.

MANOTE

18/20

4flamants

 

34 réflexions sur “[Chronique] La maison des hautes falaises de Karen Viggers

  1. Josiane dit :

    Voilà un livre que j’adorerais lire… J’aime la mer, j’aime les baleines, j’aime la poésie, j’aime les grands espaces, donc tout est réuni ici pour me plaire !

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  2. Isa dit :

    J’avais adoré son premier roman, je me suis donc précipitée pour acheter celui-là; mais je l’ai abandonnée aux trois quarts.. Je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire, pourtant je me suis accrochée, mais pas moyen..

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  3. voyageauboutdelapage dit :

    Ce n’est pas forcément mon genre de prédilection, mais vu comme tu en parles, ça me donne sacrément envie de m’y intéresser ! 🙂

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  4. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Je ne connaissais pas du tout l’auteure, du coup, tu m’as donné envie de découvrir ses romans, alors merci beaucoup ma belle !

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  5. à la page des livres dit :

    Je crois que je vais adorer ! Merci ! J’aime de plus en plus les romans avec une atmosphère particulière, des sentiments profonds et lorsque l’auteur nous dresse des portraits psychologiques… Je vais de ce pas me renseigner sur l’auteure et son premier livre.

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