[Chronique] Bienvenue à Night Vale de Joseph Fink et Jeffrey Cranor

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Publié aux Editions Bragelonne – Mars 2016 – 378 pages

Lu grâce à Babelio lors de son opération Masse Critique Imaginaire – Merci

resumeNight Vale? Une sympathique communauté au cœur du désert, où de mystérieuses lumières nous survolent pendant que nous faisons tous semblant de dormir. Un endroit à part, peuplé de spectres, d’anges et d’extraterrestres, où prennent vie théories conspirationnistes et légendes urbaines… une ville où il ne fait pas bon croiser les créatures encapuchonnées qui ont investi le nouveau parc à chiens interdit au public, où la police secrète a pignon sur rue, où l’acquisition d’un poisson rouge vous fera vous poser des questions sur son régime de souris, où certains jours de la semaine sont annulés à cause de contraintes de calendrier. Bienvenue à Night Vale.

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Attention, voici un sacré O.V.N.I. livresque même si jusqu’à preuve du contraire, les livres ne volent pas. Mais il se pourrait bien qu’ils en soient capables à Night Vale vu que les bibliothécaires y sont les plus vicieuses des créatures. Night Vale, charmante commune où rien n’a de sens, si ce n’est le sens qu’on lui donne à ce sens. Oui, vous avez bien lu. Bon, je n’ai absolument pas l’humour des auteurs qui ne s’arrêtent pas une seconde pour nous faire tomber dans un monde absurde, irréel, surréaliste, farfelu, loufoque, invraisemblable, délirant, hors-norme, fou, sens dessus dessous, un monde où le temps n’a pas de prise sur les gens, une ville où veillent des agents d’une agence gouvernementale aussi floue que menaçante qui ne savent pas enlever le flash des appareils photo. Une ville où vous n’avez pas le droit de croire aux anges, où vous pouvez prendre une décharge par votre téléphone si vous contactez quelqu’un que vous ne devriez pas essayer de joindre, voilà c’est que Night Vale.

Ce roman est tiré d’un podcast américain qui tourne depuis 2012 et diffuse deux émissions par mois. Le but est de proposer des histoires tordues et intelligentes à la fois, étranges, mais merveilleuses. Night Vale est tout cela : une ville effrayante et attirante. Un endroit qu’on veut à tout prix à éviter, mais absolument visiter. Les règles de vie y sont absurdes, véritable critique de notre réalité. Car oui, derrière ses apparences de comédie burlesque, cet ouvrage drôle dépeint avec complexité et sévérité notre société en usant et abusant des codes de l’absurde, et de l’extravagant.

Les personnages du roman vont se retrouver confrontés à une sorte de problème commun. Deux femmes qui ne s’apprécient pas plus que cela vont devoir unir leurs forces pour mettre la main sur un homme qui leur cause des ennuis. Depuis qu’un mystérieux visiteur est venu à la boutique de Jackie, cette dernière est prisonnière d’un morceau de papier collé dans sa main. Impossible de s’en défaire. « King City » martèle le satané papier. Elle n’est pas la seule à subir ça. Comment Diane se retrouve-t-elle mêlée à cela ? Et bien, son fils pourrait bien être celui d’un homme qui pose problème. Jackie est une jeune femme curieusement bloquée à 19 ans. Elle n’a jamais passé d’autre cap. Certes, le temps à Night Vale est particulier, mais sur Jackie encore plus que les autres. Elle est même incapable de nous dire depuis combien de temps elle a 19 ans. Diane élève seule son fils adolescent qui peut prendre n’importe quelle forme, qu’elle soit humaine, plus ou moins ou pas du tout. Quel quotidien de vivre avec un insecte, une larve, un vers, un garçon, bref la métaphore de l’adolescence dans sa forme la plus exacerbée. Diane et Jackie vont donc devoir collaborer. Au passage, nous rencontrerons une Police secrète aussi inefficace que peu discrète, un animateur de radio locale totalement déjanté (au fait, vous a-t-il parlé de son petit ami scientifique qui ne résout rien, mais la science, c’est sérieux), des bibliothécaires très dangereux, des informations télévisuelles que vous ne pouvez pas couper et dont les présentateurs s’adressent directement à vous, des participations à des loteries automatiques… Bref un monde délirant.

Mais alors ce roman étrange, on aime ou pas ? Et bien j’ai envie de dire que c’est difficile à prévoir. Au début, je trouvais le concept complètement dingue et j’ai bien eu peur de ne rien y comprendre. Finalement, ça se lit très facilement, bien que parfois l’humour frise la lourdeur, et l’on s’attache à cette histoire à l’ambiance si particulière. On se sent bien dans ces pages, même si l’on ne sait pas toujours où veulent en venir les auteurs, ce qu’ils veulent faire vivre à leurs personnages. Par contre, il est difficile de parler d’empathie ou d’attachement aux personnages, ils sont tellement particuliers dans un monde absolument étrange qu’il n’est pas aisé de s’y identifier. Toutefois, on apprécie de suivre leurs aventures, certaines hilarantes, d’autres plus cocasses. Bref en lisant ce livre fantasmagorique attendez-vous à tout sauf ce à quoi vous vous attendez, OK ? Ah, surtout, ne soyez pas surpris, cette semaine, on saute le vendredi, mais promis la semaine prochaine il y en aura deux pour se rattraper.

enbrefCe roman est totalement loufoque, déjanté et c’est une jolie critique bien acide de notre société grâce à une belle maitrise du cynisme et de l’absurde. Une pointe de science-fiction, de burlesque et des personnages hors du commun donnent à ce livre une ambiance agréable. Toutefois, l’humour, parfois un peu lourd, peut dérouter le lecteur. Toujours est-il qu’on finit par passer un moment bien « sympathique » à Night Vale sous les yeux d’une agence gouvernementale aussi floue que menaçante. Bienvenue à Night Vale et profitez de votre voyage. Le retour n’est pas garanti.

MANOTE15/20

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16 réflexions sur “[Chronique] Bienvenue à Night Vale de Joseph Fink et Jeffrey Cranor

  1. Gabyelle dit :

    Hi, hi décidément ! Encore une livre que je souhaitais découvrir mais qui au vu de ton avis n’est pas fait pour moi. En fait, c’est très bien que tu lises tout cela avant moi, mon banquier va être ravi^^

    Aimé par 1 personne

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